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Une affaire personnelle est un roman très dérangeant et cruel.
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Bird est un homme de 27 ans, qui est sur le point d'avoir un enfant avec sa compagne. Pourtant, son esprit est loin d'être focalisé sur sa future paternité, il rêve d'ailleurs et notamment de partir en Afrique, en attendant, il se contente de collectionner des cartes de ce continent. C'est un alcoolique, et il est répétiteur d'anglais à l'université. Il ne s'investit nulle part sauf dans ses rêves d'Afrique. Tout bascule quand son fils naît, il arrive à l'hôpital, et on lui apprend que son enfant est né "anormal", avec un handicap physique et mental. Sa belle-famille lui enjoint de ne pas en parler à sa femme et de lui dire qu'il est mort-né. Il consulte les médecins qui lui disent que l'enfant va sans doute mourir dans les prochaines heures. Reste donc attendre. Sauf que l'enfant prend des forces et se bat, au point que l'équipe médicale propose de l'opérer pour soulager un peu son handicap. Ce verdict plonge alors Bird dans un profond tourment. Va-t-il devoir élever un enfant handicapé ? Ou va-t-il devoir le tuer ? A partir de ce moment, Bird renoue avec une femme de son passé et une bataille acharnée se joue en lui. Commettra-t-il cet acte ultime ?
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Cette lecture est très déstabilisante, comme Kenzaburo Ôé nous a habitués à lire, et cette lecture est encore plus cruelle que les autres. On ne peut qu'être horrifié en lisant les pensées et les paroles de Bird quand il parle et pense à son fils. C'est aussi un magnifique récit sur un fils jugé anormal par la société qui transforme son père en homme.
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Un roman intense et dérangeant

Dans ce livre inspiré par la naissance de son propre fils, lui-même handicapé, Kenzaburo Oe fait le récit du cheminement terrible que va vivre Bird lors de la naissance de son fils lourdement atteint par une hernie cérébrale.

La lecture est difficile, car le protagoniste dévoile d'entrée, une face lâche et cruelle ; aucun espoir semble pointer et un scénario horrible se profile de page en page.
Ce mal est pourtant nécessaire, car après avoir touché le fond, le désespoir le plus total et assumé sa pire facette, Bird finira par remonter à la surface afin de prendre ses responsabilités.

Kenzaburo Oe est un auteur marquant, on ne peut pas dire qu'on prend plaisir à lire Une affaire personnelle, mais la dureté des propos de ce livre - même s'ils perturbent - touchent malgré tout, tant on imagine l'exutoire qu'a dû être l'écriture de ce livre pour l'auteur...
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Roman de Ôé à la structure plus classique et où la place à l'imaginaire est moins importante. Il y a bien quelques descriptions des rêves aventureux d'Afrique du héros Bird, mais le génie narratif du nobelisé est moins évident. Mais le récit est prenant. Ce héros qui ne pense qu'à fuir, désir décuplé depuis la naissance d'un fils "monstrueux", nous intéresse par sa complexité et ses ambivalences. Et la tonalité dramatique est toujours atténuée de-ci de-là par des pointes sarcastiques et des situations ridicules.
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Oé a reçu le Nobel pour son "tableau déroutant de la fragile situation humaine actuelle".
Ah ça oui, c'est bien, bien, bien... déroutant.
Pendant trois jours de chaos, le héros attend des nouvelles de l'accouchement de sa femme, reçoit l'annonce d'un enfant "anormal", espère sa mort rapide, quitte à aider la Nature... puis finit par accepter sa paternité. (Non je ne divulgâche pas : la moitié de ses livres parlent de son fils handicapé.)
Trois jours de chaos pendant lesquels sa honte le fait passer d'ado attardé à père de famille. le renoncement, le dilemme moral, la difficulté à prendre une décision sont explorés par le biais de ses actes incohérents, davantage que par ses pensées.
Au stade ado, il s'achète des cartes routières pour un voyage en Afrique, va tester sa force dans un jeu de fête foraine et se prend une murge colossale (ce qui lui fait perdre son boulot).
Première prise de conscience : des ados, des vrais, lui mettent la misère. Mais bon, il parvient à les chasser ce qui restaure un peu son estime de lui-même.
Apprenant dans la foulée la naissance du bébé et sa malformation, il a une conversation des plus ambiguës avec un médecin, et donne alors le sentiment de n'entendre que ce qu'il veut entendre, en toute irresponsabilité.
Puis tant qu'à faire, il va passer une partie de ces trois jours avec une fille qu'il a violée 10 ans avant - mais qui ne semble ni rancunière ni traumatisée.
Deuxième prise de conscience : au lit, elle lui fait des trucs qu'il ne connaissait même pas encore.
Un roman d'apprentissage, donc, ça se confirme.
La rencontre avec un ancien camarade qu'il avait lâchement abandonné, petit, dans la forêt, est le point final de cette prise de conscience : allez papa, on arrête de se battre pour fuir ses responsabilités, on grandit et on sort le berceau de son emballage. Adieu les rêves d'Afrique, bienvenue dans la vraie vie de grande personne.
Voilà ce que, pour ma part, il me semble avoir compris de ce roman déconcertant, au demeurant très bien écrit et captivant à lire.
Par contre, si quelqu'un a un indice sur la présence du Russe, je suis preneuse.
Il m'a aussi paru étrange que ce roman soit traduit de l'anglais, par Claude Elsen, mais d'après Wikipedia, c'est curieusement Oé lui-même qui demande à ce que la version anglaise serve de base aux traductions, de préférence à la version japonaise originale.
Challenge Nobel
Commenter  J’apprécie          1910
L'arrivé d'un enfant handicapé n'est pas fait pour arranger la vie d'un jeune homme déjà asservi par une foule d'angoisses existentielles. Alors commence pour le "héro" une fuite envers ses responsabilités qui le conduira tout naturellement vers l'alcool et les rapports extra conjugaux.
Le thème de la parentalité d'un enfant handicapé est assez peu traité en roman il me semble.
C'est un roman qui à bien vieilli, où la gente masculine n'en sort pas grandi ce qui pourrait faire très dans l'air du temps si le livre n'avait pas été écrit dans les années 60.

Hormis le personnage du père et son amante les autres personnages font plutôt figure d'intervenant en particulier la mère une absente de taille, une quasi ellipse qui traduit bien la solitude du père face au bouleversement que représente cette naissance.

Dans l'ensemble c'est un bon roman qui se lit facilement mais je n'ai pas été particulièrement bouleverser par l'histoire ni choqué par la noirceur du récit comme certains l'ont été. Est ce du à l'habitude de la littérature Japonaise qui sait faire bien plus en la matière ?
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"Une affaire personnelle" est un roman écrit en 1964, par l'écrivain japonais Kenzaburo Oé, prix Nobel de Littérature 1994.

Un roman très étrange qu'il faut lire jusqu'au bout pour apprécier. Un jeune trentenaire, surnommé "Bird", est confronté à la naissance de son enfant atteint d'une difformité monstrueuse. Il n'arrive pas à faire face et s'enlise dans l'alcool, les relations sexuelles faciles et des rêves de fuite en Afrique. Ce n'est qu'à la fin du roman qu'il arrive à se ressaisir : "Si je regarde les choses en face plutôt que de leur tourner le dos comme je n'ai pas cessé de le faire depuis que tout ça a commencé, il n'y a que deux solutions possibles : ou bien j'étrangle cet enfant de mes propres mains, ou bien je l'accepte tel qu'il est et je l'élève."

Mais avant d'en arriver là, il faut lire 200 pages d'atmosphère assez malsaine que je n'ai pas trop aimées (beuverie et sexe à outrance).
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A la lecture du synopsis et de quelques commentaires sur Internet, j'imaginais un texte violent et pesant, un peu à l'image de Lumière pâle sur les collines de Kazuo Ishiguro, dont les non-dits et la violence larvée m'ont mis mal à l'aise.

Mais Une affaire personnelle n'est pas un roman construit sur des pulsions meurtrières, sur des sentiments particulièrement malsains ou sur une difformité abominable.

En fait la lecture est même assez facile et Bird, le héros, m'a paru tout à fait humain, presque sympathique.

Bien sûr il est cynique et potentiellement capable du pire, mais l'auteur le décrit de manière à la fois crue et banale. Et je trouve que cette manière de le rendre banal renvoie le lecteur au fait que, sous couvert de la normalité civilisée, chacun d'entre nous peut avoir des pensées horribles / déplacées / malsaines / cyniques. de la même manière que le difforme fait partie de la vie, la violence ou le meurtre peuvent faire partie de mon inconscient ou de mes pensées conscientes.

Ce roman traite aussi des choix que l'on fait, des mensonges qu'on fait à soi-même ou à ses proches et des décisions que l'on prend par égoïsme, tout en sachant qu'il serait préférable de renoncer.

Chaque lecteur pourra certainement s'identifier un petit peu à Bird. J'ai cédé à telle mesquinerie, telle peur, telle lâcheté et croyant préserver un confort égoïste, j'ai finalement été la première victime de mes mensonges.

Mais, jusqu'à la dernière seconde, l'être humain conserve son libre arbitre et la possibilité par ses choix de renverser une situation.

La fin est un peu abrupte et le roman dans son ensemble un peu "facile", mais c'est aussi cette facilité qui rend l'histoire proche du lecteur.
Mais le propos est très pertinent.
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Un livre déstabilisant. Bird, qui rêve de partir en Afrique, qui déteste son boulot minable, qui est écoeuré par sa femme, devient père d'un enfant anormal. Cette fracassante arrivée bouleverse sa vie et le plonge dans les affres d'un dilemme : souhaiter la mort du bébé ou assumer l'énorme responsabilité qui lui incombe désormais. C'est l'histoire de personnages qui refusent d'avancer, d'assumer leurs responsabilités, qui fuient la réalité : Himi, Bird, le diplomate russe. Tous errent dans Tokyo, se perdent dans l'alcool, le sexe et s'enferment dans l'immobilisme. L'intrigue est glauque, et les atermoiements de Bird, paumé dans sa vie, fuyant la réalité vous tiennent en haleine. Va-t-il renoncer à ses rêves et assumer une vie qui le dégoûte ? Va-t-il commettre l'irréparable ? Cet effrayant et étouffant déchirement s'étend sur trois jours, durant lesquels Bird refuse de pendre une décision et attend que le destin le libère.
Le thème de l'histoire est très personnel, les sentiments sont très justes, même s'ils peuvent sembler condamnables, on sent bien que l'auteur cherche à raconter quelque chose d'intime, de très personnel sur son fils handicapé, et sur la difficulté qu'il y a à accepter une paternité qui mettra fin aux rêves d'ado et fera advenir l'adulte dans la douleur et la frustration. C'est l'histoire d'une double naissance, celle d'un bébé monstrueux et celle homme dont on ne sait pas s'il sera un père ou un meurtrier.
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Glaçant, écoeurant ce livre et pourtant lu d'une traite, en apnée, avec la nausée certes. Il faut dire que l'auteur présente son personnage principal immédiatement de façon très antipathique, de manière à ne pouvoir l'aimer. Un être méprisable, nauséabond. Tant psychologiquement que physiquement. Un homme lâche et menteur.

Un homme de vingt-sept ans, surnommé « Bird » depuis l'âge de quinze ans, petit et mince, aux épaules recroquevillées telles celles d'un vieillard, au nez luisant et crochu ressemblant à un bec, aux yeux brillants, d'une couleur indécise, n'exprimant pas d'émotion, aux lèvres minces toujours serrées, au visage en forme d'un V pointu. Un homme frêle ressemblant à un oiseau fragile. Un alcoolique, sentant la sueur et à l'haleine fétide. Voilà notre homme peu ragoutant qui va devenir papa. Avant même l'accouchement, Bird sait que l'arrivée de cet enfant va fermer définitivement la porte à sa liberté et notamment à son rêve le plus cher, le seul rêve : aller en Afrique. Il semble être enfermé dans une cage, dans son rôle de mari alors qu'il a le dégout des femmes, redevable envers sa belle-famille à qui il doit son emploi (sorte de chargé de cours dans une boite à bac). Bird s'est marié à vingt-cinq ans, en mai, et « au cours de ce premier été il n'avait pas dessoûlé pendant quatre semaines, Robinson abruti en perdition sur un océan d'alcool. Négligeant ses obligations, son travail, ses études, se désintéressant de tout, il passait ses journées et ses soirées enfermé dans la cuisine de son appartement, les volets clos, à écouter des disques en buvant du whisky. » Pas la peine de vous dire que l'arrivée de cet enfant l'angoisse terriblement. Il n'a pas les épaules pour être un mari responsable, il ne les a encore moins pour être papa.

Le comble : cet enfant est lourdement handicapé ; il souffre d'une hernie cérébrale et est difforme avec sa boursouflure énorme sur son crâne. Comme s'il avait deux têtes. Un handicap très rare. Nous le pressentons immédiatement, ce bébé le renvoie à sa propre monstruosité et la honte aussitôt éprouvée est celle qu'il porte sur lui-même. Une punition. D'ailleurs tout le monde semble le regarder lui à la maternité, comme si personne n'était dupe de sa nature méprisable, et non le bébé. Honte qu'il tente d'oublier en se soulant le jour même de l'accouchement et en couchant avec une femme à la dérive, qu'il avait vaguement violé dans le passé, ivre et quasi inconscient. Une fuite ignoble. Une envie de voir mourir cet enfant. Mais lâche et menteur comme il est, il préfère que ce soit le corps médical qui se charge de cette basse besogne. Mais l'enfant ne meurt pas « Apparemment, il n'était plus sur le point de mourir, et cette pensée oppressait Bird. Plus question de se réfugier dans un chagrin facile. L'enfant commençait à vivre, férocement, en traînant le boulet de sa difformité. Mènerait-il une existence de végétal ? ». Bird est incapable d'agir, n'a pas le courage d'être soit un monstre et le tuer lui-même ou un ange en décidant de le sauver via une opération.

Contre toute attente, Bird choisira finalement l'opération pour sauver cet enfant. C'est pour lui qu'il le fait, seul espoir qui lui reste de ne plus être un homme qui fuit sans cesse ses responsabilités. Cette expérience le fera grandir. Ce livre se révèle être une fable piquante, mettant en valeur ce que peuvent apporter les épreuves dans la vie. Même sur un être aussi répugnant que Bird.


L'ambiance est oppressante grâce à une écriture nerveuse, surprenante, à la margelle du rêve, de la folie, elle fait mouche et nous met dans la peau de cet homme, nous donne à voir et à ressentir cette oppression. J'avais l'impression de suer, de mal respirer, d'être regardé avec suspicion, de sentir cette odeur rance et fétide. La scène où Bird regarde tous les nouveaux nés regroupés dans une salle afin de trouver le sien est juste incroyable, je vous mets un petit passage afin de vous donner une idée de cette écriture puissante : « Obéissant à ces regards, Bird plia les genoux et jeta un coup d'oeil dans l'incubateur le plus proche. Il y vit un bébé à peine plus gros qu'un poulet plumé, avec une peau bizarrement marbrée ou crevassée. Il était nu, un petit sac de vinyle enveloppait son minuscule pénis et il avait de la gaze sur le nombril. Tel un nain sur une illustration de conte de fées, il parut regarder Bird avec une expression d'antique circonspection, comme si lui aussi avait participé au jeu des devinettes. Bien que ce ne fût manifestement pas son fils, cet enfançon silencieux, au visage de vieillard prématuré, inspira à Bird une curieuse sympathie. »

Selon moi, Bird est la version caricaturale et exagérée de l'auteur qui a eu lui-même un enfant handicapé, et qui a du confusément ressentir ce qu'a ressenti Bird en termes de honte, d'envie de fuite, d'envie de mort. Kenzaburo Oé a voulu analyser son histoire personnelle, faire ressortir ses sentiments honteux et inavouables qu'instinctivement il a probablement du éprouver. Son expérience personnelle amplifiée tel un exutoire. Son affaire personnelle. Cette face sombre et glauque à la fois universelle et taboue, tue et combattue en société, par la société. Une affaire personnelle qui peut être celle de n'importe qui. Ecrire l'indicible, écrire l'instinct. La vomir pour s'en délester. Par moment c'est non plus Bird mais Kenzaburo Oé que nous entendons parler : « Ce qui m'arrive me donne l'impression que je m'enfonce, seul, dans un tunnel sans fond, en m'éloignant de plus en plus du monde des autres. Comment faire partager à quiconque ce que j'éprouve ? ». Son histoire personnelle liée à son fils handicapé est présente dans d'autres livres qu'il me faut absolument découvrir.

Merci à @Bison qui m'a ouvert une porte en chroniquant « Gibier d'élevage » du même auteur.


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J'ai eu de la difficulté à finir ce livre. Non parce qu'il m'ennuyait, mais que je le trouvais très dur...Que faire lorsqu'on apprend que votre nouveau-né est anormal ? le héros du livre entrevoit douloureusement, voire cyniquement, toutes les possibilités qui pourraient s'offrir à lui pour échapper à ce qu'il considère comme une condamnation.
Deux heures de récurage de la conscience qui font mal pour un père de famille...
Le fils ainé de Kenzaburo Oé était handicapé.
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