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« Comment tu sais tout ça ?
- Parce que je suis bibliothécaire, bordel. »

Et si les bibliothécaires étaient aujourd'hui les observateurs les plus fins de nos sociétés modernes, et particulièrement de nos travers ?

C'est ce que n'est pas loin de penser Lizzie, bibliothécaire à Brooklyn qui en complément de cet emploi vient prêter main forte à son amie Sylvia experte médiatisée des questions liées au changement climatique, pour répondre aux questionnements de ses followers.

Le cumul de ces fonctions la place à un double poste d'observation pour porter témoignage sur le monde tel qu'il dérive, à travers une galerie de portraits des personnages qui peuplent son quotidien, tour à tour loufoques, névrosés, déséquilibrés, insouciants, égoïstes ou narcissiques (liste non exhaustive…).

Mais sous un aspect fantasque où la blagounette pointe son nez ci-et-là, atmosphères de Jenny Offill – traduit par Laetitia Devaux – est beaucoup plus sérieux qu'il n'y paraît, dénonçant une société qui se délite un peu plus chaque jour et des individus en pleine déstructuration.

Heureusement, s'il y a d'un côté le monde qui part en vrille, glissant doucement mais surement vers le chaos qui lui est promis, Jenny Offill lui oppose de l'autre l'espoir d'une naissance et d'une renaissance. Certes fragile et vacillante, mais qui reste cependant une lueur encourageante.

Une faible lueur d'espoir que Lizzie veut conserver malgré tout (sinon, y a quoi d'autre ?), à l'image de son total dévouement envers son frère, dépressif chronique qu'elle soutient à bout de bras, métaphore de ce monde qui sombre mais où baisser les bras n'est pas une option.

D'abord déboussolé – et pas totalement emballé – par un style qui fait la part belle aux successions de notices désordonnées, j'ai fini par m'y habituer et réaliser que cet ensemble saccadé, hyper rythmé comme le quotidien de Lizzie, finissait par faire sens. Offill porte une parole forte, sous une forme certes atypique qui pourra déstabiliser, mais avec une puissance qui reste longtemps en tête une fois le livre refermé.
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Carte d'identité et univers de Lizzie: la quarantaine, épouse de Ben, maman d'Eli, soeur d'Henry, bibliothécaire à Brooklyn, amie de Sylvia (conférencière dressant un constat peu optimiste sur l'état de la planète) et de Margot (prof de yoga). Il y a aussi la voisine redoutable Mrs. Kovinski qu'on ne veut surtout pas croiser et puis, Mr. Jimmy chauffeur de taxi, Mohan l'épicier du coin,... Toute une kyrielle de personnages un peu foldingues mais ô combien attachants.
Lizzie, comme tant d'autres, court dans tous les sens pour remplir ses différents rôles dans sa vie bien chargée. Elle a ses tracas : son genou qui la fait souffrir, le monde qui va mal, prendre soin de son frère (ex-toxicomane) afin qu'il ne rechute pas, comment venir en aide à sa mère qui ne gagne pas beaucoup d'argent et se montre très généreuse à l'égard des autres, penser à l'endroit idéal où vivre en cas de catastrophe terrestre qui prendrait des airs de fin du monde…
Partir à la découverte de tous ces personnages m'a procuré beaucoup de plaisir.
Ce livre rempli de fantaisies est ce qui, à mes yeux, en fait la force. J'ai eu l'impression de me retrouver des années en arrière dans un épisode de Seinfeld (ok, ça ne nous rajeunit pas) où les petites névroses de chacun donnent le sourire sans pour autant que des sujets plus sérieux soient abordés.
Le point fort du livre qui sera sans doute le talon d'Achille pour d'autres, c'est sa construction atypique. Ce roman fait de petits bouts de phrases, de réflexions, de petits moments de vie qui, mis bout à bout forment une histoire cohérente. Cette histoire est un ensemble de feuilletons bien différents les uns des autres mais qui ont un fil rouge.
Je sais que certains bloqueront sur la construction de ce roman et pourtant, c'est selon moi ce qui en fait sa force. Il suffit de se laisser porter et tout prend sens sans effort.
Un petit bijou de lecture ! Une réelle bouffée d'air frais qui m'a fait le plus grand bien.
La maison d'édition me souhaitait une bonne lecture dalvesque, ce qu'elle fut véritablement. J'ai hâte de découvrir plus en avant cette toute jeune maison car si elle révèle d'autres histoires aussi dalvesques, je suis preneuse. Bonne chance dans votre projet ! Belle lecture à tous !
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Merci beaucoup aux éditions Dalva et à Babelio pour ce roman excentrique et… inquiétant.
***
Le titre français du roman de Jenny Offill exploite pertinemment le double, voire triple, sens du mot français Atmosphère. Une narratrice à la première personne, Lizzie, nous fait partager sa vie en la présentant comme un patchwork en cours de réalisation, ou comme un puzzle dont il faut avoir placé certaines pièces avant de pouvoir en emboîter d'autres. Je voudrais m'abstenir de le résumer parce j'ai pris plaisir à (re)construire cette histoire : c'est au lecteur de jouer. le roman se divise en 6 parties, dont chacune est composée de paragraphes, la plupart du temps très courts, et eux-mêmes subdivisés par de larges interlignes ou trois astérisques centrés. Je viens de finir L'Étrangère, de Claudia Durastanti et, si ces deux livres n'ont en commun ni le fond, ni le style, la forme est apparentée. le lecteur est bombardé de renseignements au tout début pour éviter qu'il ne se perde ensuite. Dans Atmosphère, on comprend dès les trois premières pages que Lizzie est bibliothécaire, qu'elle fait ses courses en rentrant chez elle, qu'elle est mariée, qu'elle a un fils qui s'appelle Eli, et que son frère est un ancien toxicomane, toujours dépressif.
***
La narratrice laisse son esprit vagabonder, du concret à l'abstrait, du plus trivial au plus profond, du noble au ridicule et du drôle au tragique. On suit sa pensée sans linéarité, en passant parfois du coq-à-l'âne, en retournant dans le passé ou en se projetant dans l'avenir. Un avenir qui n'est pas rose, d'ailleurs. Pour mettre du beurre dans les épinards, Lizzie accepte d'aider Sylvia, son ancienne directrice de thèse, qui donne des conférences et produit des podcasts sur les dérèglements climatiques : comme Sylvia est débordée, Lizzie répondra à ses courriels, réponses qu'on retrouve, souvent en encadré, dans le texte. Ainsi, entre ses proches, les abonnés déjantés de la bibliothèque et les correspondants aussi anxiogènes que leurs questions, Jenny Offill nous présente une image de la société d'aujourd'hui. J'ai été intéressée par les nombreuses références culturelles dans des domaines variés, et les limpides allusions politiques. À ces remarques, il faut ajouter quelques blagues dont certaines se révèlent franchement hilarantes. Et le lecteur comprend vite que, sous cet apparent désordre, se cache la cohérence d'un récit qui met en scène une grande insatisfaction et une profonde angoisse. L'Atmosphère ne concerne pas que le climat, mais aussi l'ambiance délétère qui s'est installée avant (et après !) les élections de 2016, la pauvreté de plus en plus criante, les difficultés des relations humaines, l'insatisfaction et l'amertume face aux échecs, etc. La grande bonté de Lizzie, sa profonde empathie, le souci qu'elle a des autres finissent par peser lourdement sur son moral, sans qu'elle perdre jamais vraiment espoir. Je ne veux pas plomber l'ambiance : ce livre est très drôle, même si l'humour est souvent absurde ou grinçant, ou les deux à la fois… Une belle surprise !
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Un livre réjouissant à lire, des fragments de la vie de Lizzie, quarante ans, vivant à Brooklyn. Elle vit avec son mari Ben, créateur de jeux vidéo 3D à but éducatif, son fils Eli, huit ans, et son frère Henry qui squatte son canapé.
Le quartier de Brooklyn où ils vivent est appelé "Le petit Bangladesh" ou "le petit Pakistan" par ceux qui n'y vivent pas. Lizzie a mis son fils dans une école publique, après une école maternelle qui peut aiguiller les enfants vers une école primaire privée, les enfants passent des "examens" pour ça. Lizzie ne tient pas à faire d'Eli une sorte d'élite. Elle veut qu'il aille où il se sent bien. Et il se sent bien dans le public. Sa meilleure amie est Amina, du Bengladesh. Il y a dix pour cent de blancs dans cette école, et ces dix pour cent viennent de familles "hippies".
L'auteure utilise le terme "hippie" pour qualifier toutes les catégories de bobos, d'écolos militants, vegans, survivalistes, membres d'"Extinction Rebellion", extrémistes de tout poil, collapsologues, et tout ce qui peut tourner autour. Et elle travaille dans une bibliothèque fréquentée par des thésards ou des junkies, et tous ces hippies qui cherchent matière à réflexion. Elle a une prof qui lui demande de répondre à son courrier, plein de questions existentielles sur le changement climatique, la survie, la théorie de l'effondrement, les thèories apocalyptiques. Lizzie y répond. Elle a étudié tout ça avec Sylvia, qui lui demande aussi de l'assister pendant ses conférences qu'elle donne dans diverses universités. Et qui fait des podcasts, sur ces sujets-là, qui génèrent des mails à qui Lizzie doit aussi répondre.

Lizzie s'occupe aussi de son frère Henri, toxico parfois repenti, allant aux réunions des Addicts Anonymes, parfois rechutant. Il est aussi dépressif d'une manière chronique. Il ne veut pas voir de psy, il parle à sa soeur, uniquement sa soeur. Qui prend tout ça à bras le corps. Lizzie raconte tout ce qu'elle pense, ce qu'elle voit, sans aucun classement, par petits fragments, sérieux jusqu'à l'humour noir souvent. La vie, la vie des autres, les sans-abris qui veulent aussi raconter leurs soucis, Lizzie se rend compte qu'elle doit écouter et répondre à tout le monde, des gens du quartier jusqu'aux hippies et aux gens de plus en plus concernés par le climat, la fin du monde. Ceux qui pensent qu'ils sont une charge carbone pour la planète. La question qui revient sur le fait de faire des enfants. Sur ce qu'on laissera à nos enfants. Et pendant ce temps-là, son mari et Eli se débrouillent seuls.

Ces petites observations, fragmentées, ces questions et les réponses de Lizzie, les remarques agressives des extrémistes de tout poil, ses fatigues et sa bataille contre la dépression, on rit, on s'étonne, on apprend l'ampleur du phénomène dans les milieux "bobos" et estudiantins américains. C'est l'Atmosphère et l'atmosphère. Et autant la vie prise sur le vif est hilarante, autant les délires extrêmes sur le changement climatique et la probable fin du monde sont angoissants. Pas sur le coup, mais j'ai lu le livre hier, et aujourd'hui j'ai le moral à zéro. Suis-je sensible à ce point, ou est-ce que Jenny Offill a écrit ce livre dans le but de nous faire nous questionner ? À vous de voir. Moi je suis foutue pour la journée, je vous le dis.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Difficile d'exprimer mieux la quintessence de ce livre que ne l'a déjà admirablement fait ici Cathy Borie, et je vous invite donc à lire sa chronique* si vous souhaitez avoir un aperçu pertinent de cette oeuvre particulière.

En attendant, je me permettrai de la citer : "humour grinçant", "désespoir poli", "entre réalité banale et univers déjanté"... En ajoutant que personnellement, j'ai eu du mal à entrer dans ce récit volontairement hachuré, insidieusement angoissant de par son ambiance de décadence morose et son obsession pour la collapsologie climatique.

* et ses livres !
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Les éditions Dalva nous proposent comme troisième roman, Atmosphère de Jenny Offill, autrice américaine, et quelle belle idée, ce roman est comme annoncé sur la quatrième de couverture un incontournable pour les amoureux de l'Amérique.

Lizzie est bibliothécaire, a la quarantaine, une famille à porter sur ses épaules et est un peu philosophe. de plus, elle a accepté un second job et répond à des emails qui sont destinés à une spécialiste de la crise climatique. du coup, elle nous offre ses disgressions sur la vie, elle nous fait vivre ses rencontres et nous dévoile les échanges mails auxquels elle répond. La forme est parfaite, même si au premier abord cela peut-être perturbant.

J'ai aimé le climat de ce roman, entre éco-anxiété, psychose sociale et peur de l'avenir. Nous sommes juste avant et juste après l'élection de Trump. C'est le moment où l'Amérique est assez divisée et où les peurs pour l'avenir surgissent. Alors entre des lecteurs un peu décalés, un frère complètement nocif et un mari juif et parano, cette mère de famille à de quoi bien cogiter.

Il y a plein d'humour dans ces pages, Jenny Offill par le biais de Lizzie nous fait partager une vie plutôt classique mais perturbée par ce qu'il se passe dans le monde et aux États-Unis, c'est extrêmement bien écrit et parfaitement dosé.

Une lecture qui amène à réfléchir tout en étant à la porté de tous. C'est le genre de livre qui aide à comprendre la société d'aujourd'hui. Il faut le lire et ne pas passer à côté.
Lien : https://readlookhear.wordpre..
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Ce roman est une chronique à l'humour grinçant, rédigée par une narratrice urbaine dont on sent entre les lignes le désespoir poli. Lizzie vit à Brooklyn et décrit les personnages de son entourage professionnel et familial, son mari, son fils, son frère, sa mère, ses collègues, etc. ainsi que des situations diverses, au gré de ce qui lui arrive, que ce soit important ou anecdotiques, mais toujours sur le fil entre une réalité banale et un univers un peu déjanté. Son écriture, des phrases courtes agencées en paragraphes brefs, donnent une certaine poésie à l'ensemble, une vision impressionniste de la vie de Lizzie grâce aux petites touches bien agencées de sa plume. Pourtant, malgré la drôlerie de certaines scènes, l'autodérision dont la narratrice fait preuve et la légèreté apparente, on ne peut s'empêcher d'avoir l'impression que nous est exposé ici un monde en équilibre précaire, lourd d'une fragilité mal dissimulée et dont les protagonistes portent une vraie angoisse qui transpire sous les propos ironiques.
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Autour du fil conducteur d'une prochaine fin du monde, Jenny Offill décline de courtes variations qui s'incarnent dans le personnage de Lizzie, une bibliothécaire new-yorkaise qui peine à ne pas être débordée par son travail, son fils, son frère, ses courses et l'écho constant d'un monde à la dérive.
On découvre petit à petit la vie de ce personnage féminin qui porte sur les épaules tellement d'angoisses, que l'on se demande quand elle va s'effondrer. Pas d'apitoiement toutefois, le ton reste léger alors qu'elle doit être une mère parfaite pour son fils, sauver son frère de la dépendance et de la dépression, répondre aux messages de survivalistes tous plus inquiétants les uns que les autres et rester en empathie avec son entourage.
Si la forme, décousue et morcelée, convient à ce contenu, composé de bribes de réflexions, de morceaux de vie, de courts dialogues d'un humour souvent grinçant, elle ne peut tenir sur la durée et j'ai ressenti pour ma part, une certaine lassitude à la fin du livre.
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La musiquette de l'effondrement fantasmé devient rengaine tant Lizzie cultive le pessimisme léger, les bras ballants. Ben, en mari bienveillant et patient, sait qu'elle parle et agit peu. Moi, j'ai envie de la secouer, elle et son frère, bien empêtrés dans une relation aliénante.
J'ai bien aimé les petites blagues, teintées d'humour juif, les phrases courtes sur la vie du quartier et de ses habitants, les polaroids sur les habitués de la bibliothèque. J'ai goûté un bon temps, le charme d'un style insolite, composé de sautes de pensées, de saynètes attendries avec Eli, l'enfant unique. D'ailleurs, faut-il encore en faire ?
Plus courte, la chronique m'aurait ravi.Trop répétitive, elle a sapé le capital confiance accumulé sur les deux tiers de ce mini manuel de survivalisme. La déprime, surgie à la dernière page, m'a vite quitté. Ouf !
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Comme le titre l'annonce, ce livre est une atmosphère ou plutôt plusieurs atmosphères même.
Une atmosphère d'urgence par moment lorsque Lizzie est avec Sylvia, son amie pour qui elle travaille sur le climat et qui est dans une tendance de fin du monde.
Une atmosphère plutôt angoissée en famille, entre son mari, son fils et surtout son frère malade et ancien toxico aux médicaments.
Une atmosphère plus ou moins déjantée et décalée au quotidien au travers de rencontres avec les gens qui viennent à la bibliothèque où travaille Lizzie avec toute leur vie sur le dos tels des escargots et parfois, c'est un peu lourd à porter tout seul alors ils s'expriment et c'est drôle...
Bref, avec un style auquel il faut quand même s'habituer car ce sont de tout petits paragraphes qui sautent d'un sujet ou d'une personne à l'autre très rapidement, Jenny Offill nous peint une société un peu perdue et qui surnage comme elle peut souvent au travers de sujets clairs et graves comme le dérèglement climatique et ce que l'on va laisser à nos enfants et des sujets sous-entendus mais tout aussi graves comme l'élection de Trump (jamais cité mais, à mes yeux en tout cas, bien présent en filigrane), qui entraîne l'avènement de la haine sans fards.
Une chronique donc d'une bibliothécaire à travers ses rencontres du quotidien et c'est ma foi plutôt réussi malgré un style d'écriture particulier.
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