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Laetitia Devaux (Traducteur)
EAN : 978B094K2Z7JV
208 pages
DALVA (19/08/2021)
2.88/5   53 notes
Résumé :
Quand on est bibliothécaire à Brooklyn, on voit défiler une foule franchement bigarrée. Et si, comme Lizzie on accepte de répondre au courrier d’une spécialiste de la crise climatique pour arrondir ses fins de mois, on finit par échanger avec tout ce que la terre compte d’illuminés. Il y a cette fille qui s’approvisionne en papier toilette à la bibliothèque, les stressés chroniques qui la pressent de questions sur le destin de l’humanité, son petit garçon lunaire, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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« Comment tu sais tout ça ?
- Parce que je suis bibliothécaire, bordel. »

Et si les bibliothécaires étaient aujourd'hui les observateurs les plus fins de nos sociétés modernes, et particulièrement de nos travers ?

C'est ce que n'est pas loin de penser Lizzie, bibliothécaire à Brooklyn qui en complément de cet emploi vient prêter main forte à son amie Sylvia experte médiatisée des questions liées au changement climatique, pour répondre aux questionnements de ses followers.

Le cumul de ces fonctions la place à un double poste d'observation pour porter témoignage sur le monde tel qu'il dérive, à travers une galerie de portraits des personnages qui peuplent son quotidien, tour à tour loufoques, névrosés, déséquilibrés, insouciants, égoïstes ou narcissiques (liste non exhaustive…).

Mais sous un aspect fantasque où la blagounette pointe son nez ci-et-là, atmosphères de Jenny Offill – traduit par Laetitia Devaux – est beaucoup plus sérieux qu'il n'y paraît, dénonçant une société qui se délite un peu plus chaque jour et des individus en pleine déstructuration.

Heureusement, s'il y a d'un côté le monde qui part en vrille, glissant doucement mais surement vers le chaos qui lui est promis, Jenny Offill lui oppose de l'autre l'espoir d'une naissance et d'une renaissance. Certes fragile et vacillante, mais qui reste cependant une lueur encourageante.

Une faible lueur d'espoir que Lizzie veut conserver malgré tout (sinon, y a quoi d'autre ?), à l'image de son total dévouement envers son frère, dépressif chronique qu'elle soutient à bout de bras, métaphore de ce monde qui sombre mais où baisser les bras n'est pas une option.

D'abord déboussolé – et pas totalement emballé – par un style qui fait la part belle aux successions de notices désordonnées, j'ai fini par m'y habituer et réaliser que cet ensemble saccadé, hyper rythmé comme le quotidien de Lizzie, finissait par faire sens. Offill porte une parole forte, sous une forme certes atypique qui pourra déstabiliser, mais avec une puissance qui reste longtemps en tête une fois le livre refermé.
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Merci beaucoup aux éditions Dalva et à Babelio pour ce roman excentrique et… inquiétant.
***
Le titre français du roman de Jenny Offill exploite pertinemment le double, voire triple, sens du mot français Atmosphère. Une narratrice à la première personne, Lizzie, nous fait partager sa vie en la présentant comme un patchwork en cours de réalisation, ou comme un puzzle dont il faut avoir placé certaines pièces avant de pouvoir en emboîter d'autres. Je voudrais m'abstenir de le résumer parce j'ai pris plaisir à (re)construire cette histoire : c'est au lecteur de jouer. le roman se divise en 6 parties, dont chacune est composée de paragraphes, la plupart du temps très courts, et eux-mêmes subdivisés par de larges interlignes ou trois astérisques centrés. Je viens de finir L'Étrangère, de Claudia Durastanti et, si ces deux livres n'ont en commun ni le fond, ni le style, la forme est apparentée. le lecteur est bombardé de renseignements au tout début pour éviter qu'il ne se perde ensuite. Dans Atmosphère, on comprend dès les trois premières pages que Lizzie est bibliothécaire, qu'elle fait ses courses en rentrant chez elle, qu'elle est mariée, qu'elle a un fils qui s'appelle Eli, et que son frère est un ancien toxicomane, toujours dépressif.
***
La narratrice laisse son esprit vagabonder, du concret à l'abstrait, du plus trivial au plus profond, du noble au ridicule et du drôle au tragique. On suit sa pensée sans linéarité, en passant parfois du coq-à-l'âne, en retournant dans le passé ou en se projetant dans l'avenir. Un avenir qui n'est pas rose, d'ailleurs. Pour mettre du beurre dans les épinards, Lizzie accepte d'aider Sylvia, son ancienne directrice de thèse, qui donne des conférences et produit des podcasts sur les dérèglements climatiques : comme Sylvia est débordée, Lizzie répondra à ses courriels, réponses qu'on retrouve, souvent en encadré, dans le texte. Ainsi, entre ses proches, les abonnés déjantés de la bibliothèque et les correspondants aussi anxiogènes que leurs questions, Jenny Offill nous présente une image de la société d'aujourd'hui. J'ai été intéressée par les nombreuses références culturelles dans des domaines variés, et les limpides allusions politiques. À ces remarques, il faut ajouter quelques blagues dont certaines se révèlent franchement hilarantes. Et le lecteur comprend vite que, sous cet apparent désordre, se cache la cohérence d'un récit qui met en scène une grande insatisfaction et une profonde angoisse. L'Atmosphère ne concerne pas que le climat, mais aussi l'ambiance délétère qui s'est installée avant (et après !) les élections de 2016, la pauvreté de plus en plus criante, les difficultés des relations humaines, l'insatisfaction et l'amertume face aux échecs, etc. La grande bonté de Lizzie, sa profonde empathie, le souci qu'elle a des autres finissent par peser lourdement sur son moral, sans qu'elle perdre jamais vraiment espoir. Je ne veux pas plomber l'ambiance : ce livre est très drôle, même si l'humour est souvent absurde ou grinçant, ou les deux à la fois… Une belle surprise !
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Carte d'identité et univers de Lizzie: la quarantaine, épouse de Ben, maman d'Eli, soeur d'Henry, bibliothécaire à Brooklyn, amie de Sylvia (conférencière dressant un constat peu optimiste sur l'état de la planète) et de Margot (prof de yoga). Il y a aussi la voisine redoutable Mrs. Kovinski qu'on ne veut surtout pas croiser et puis, Mr. Jimmy chauffeur de taxi, Mohan l'épicier du coin,... Toute une kyrielle de personnages un peu foldingues mais ô combien attachants.
Lizzie, comme tant d'autres, court dans tous les sens pour remplir ses différents rôles dans sa vie bien chargée. Elle a ses tracas : son genou qui la fait souffrir, le monde qui va mal, prendre soin de son frère (ex-toxicomane) afin qu'il ne rechute pas, comment venir en aide à sa mère qui ne gagne pas beaucoup d'argent et se montre très généreuse à l'égard des autres, penser à l'endroit idéal où vivre en cas de catastrophe terrestre qui prendrait des airs de fin du monde…
Partir à la découverte de tous ces personnages m'a procuré beaucoup de plaisir.
Ce livre rempli de fantaisies est ce qui, à mes yeux, en fait la force. J'ai eu l'impression de me retrouver des années en arrière dans un épisode de Seinfeld (ok, ça ne nous rajeunit pas) où les petites névroses de chacun donnent le sourire sans pour autant que des sujets plus sérieux soient abordés.
Le point fort du livre qui sera sans doute le talon d'Achille pour d'autres, c'est sa construction atypique. Ce roman fait de petits bouts de phrases, de réflexions, de petits moments de vie qui, mis bout à bout forment une histoire cohérente. Cette histoire est un ensemble de feuilletons bien différents les uns des autres mais qui ont un fil rouge.
Je sais que certains bloqueront sur la construction de ce roman et pourtant, c'est selon moi ce qui en fait sa force. Il suffit de se laisser porter et tout prend sens sans effort.
Un petit bijou de lecture ! Une réelle bouffée d'air frais qui m'a fait le plus grand bien.
La maison d'édition me souhaitait une bonne lecture dalvesque, ce qu'elle fut véritablement. J'ai hâte de découvrir plus en avant cette toute jeune maison car si elle révèle d'autres histoires aussi dalvesques, je suis preneuse. Bonne chance dans votre projet ! Belle lecture à tous !
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Un livre réjouissant à lire, des fragments de la vie de Lizzie, quarante ans, vivant à Brooklyn. Elle vit avec son mari Ben, créateur de jeux vidéo 3D à but éducatif, son fils Eli, huit ans, et son frère Henry qui squatte son canapé.
Le quartier de Brooklyn où ils vivent est appelé "Le petit Bangladesh" ou "le petit Pakistan" par ceux qui n'y vivent pas. Lizzie a mis son fils dans une école publique, après une école maternelle qui peut aiguiller les enfants vers une école primaire privée, les enfants passent des "examens" pour ça. Lizzie ne tient pas à faire d'Eli une sorte d'élite. Elle veut qu'il aille où il se sent bien. Et il se sent bien dans le public. Sa meilleure amie est Amina, du Bengladesh. Il y a dix pour cent de blancs dans cette école, et ces dix pour cent viennent de familles "hippies".
L'auteure utilise le terme "hippie" pour qualifier toutes les catégories de bobos, d'écolos militants, vegans, survivalistes, membres d'"Extinction Rebellion", extrémistes de tout poil, collapsologues, et tout ce qui peut tourner autour. Et elle travaille dans une bibliothèque fréquentée par des thésards ou des junkies, et tous ces hippies qui cherchent matière à réflexion. Elle a une prof qui lui demande de répondre à son courrier, plein de questions existentielles sur le changement climatique, la survie, la théorie de l'effondrement, les thèories apocalyptiques. Lizzie y répond. Elle a étudié tout ça avec Sylvia, qui lui demande aussi de l'assister pendant ses conférences qu'elle donne dans diverses universités. Et qui fait des podcasts, sur ces sujets-là, qui génèrent des mails à qui Lizzie doit aussi répondre.

Lizzie s'occupe aussi de son frère Henri, toxico parfois repenti, allant aux réunions des Addicts Anonymes, parfois rechutant. Il est aussi dépressif d'une manière chronique. Il ne veut pas voir de psy, il parle à sa soeur, uniquement sa soeur. Qui prend tout ça à bras le corps. Lizzie raconte tout ce qu'elle pense, ce qu'elle voit, sans aucun classement, par petits fragments, sérieux jusqu'à l'humour noir souvent. La vie, la vie des autres, les sans-abris qui veulent aussi raconter leurs soucis, Lizzie se rend compte qu'elle doit écouter et répondre à tout le monde, des gens du quartier jusqu'aux hippies et aux gens de plus en plus concernés par le climat, la fin du monde. Ceux qui pensent qu'ils sont une charge carbone pour la planète. La question qui revient sur le fait de faire des enfants. Sur ce qu'on laissera à nos enfants. Et pendant ce temps-là, son mari et Eli se débrouillent seuls.

Ces petites observations, fragmentées, ces questions et les réponses de Lizzie, les remarques agressives des extrémistes de tout poil, ses fatigues et sa bataille contre la dépression, on rit, on s'étonne, on apprend l'ampleur du phénomène dans les milieux "bobos" et estudiantins américains. C'est l'Atmosphère et l'atmosphère. Et autant la vie prise sur le vif est hilarante, autant les délires extrêmes sur le changement climatique et la probable fin du monde sont angoissants. Pas sur le coup, mais j'ai lu le livre hier, et aujourd'hui j'ai le moral à zéro. Suis-je sensible à ce point, ou est-ce que Jenny Offill a écrit ce livre dans le but de nous faire nous questionner ? À vous de voir. Moi je suis foutue pour la journée, je vous le dis.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Difficile d'exprimer mieux la quintessence de ce livre que ne l'a déjà admirablement fait ici Cathy Borie, et je vous invite donc à lire sa chronique* si vous souhaitez avoir un aperçu pertinent de cette oeuvre particulière.

En attendant, je me permettrai de la citer : "humour grinçant", "désespoir poli", "entre réalité banale et univers déjanté"... En ajoutant que personnellement, j'ai eu du mal à entrer dans ce récit volontairement hachuré, insidieusement angoissant de par son ambiance de décadence morose et son obsession pour la collapsologie climatique.

* et ses livres !
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critiques presse (1)
Psychologies
13 septembre 2021
Sans filtre, elle déroule le fil de ses journées, posant côte à côte réflexions sur la vie, inquiétudes, scènes comiques, listes de courses, tests idiots pêchés ici et là, inquiétudes climatiques, amour… Ce qui en fait la force et toute la poésie, c’est cela, cette manière de ne pas trier et de livrer sans hiérarchie la trame de nos vies.
Lire la critique sur le site : Psychologies
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Et puis je dois m’arranger pour que ma mère se fasse soigner les dents. Elle a une dent de sagesse infectée, une autre qui s’effrite. Elle me dit qu’elle compte faire les quatre heures de route jusqu’à la clinique universitaire. Il y a des gens qui viennent de bien plus loin, plusieurs centaines de kilomètres, et ils sont si nombreux qu’à l’arrivée il y a un tirage au sort pour savoir qui aura le droit d’être soulagé de sa douleur. L’Amérique est le nom de cet endroit où on peut tirer le gros lot. (p. 173)
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On ne doit pas oublier que la privation de sommeil est un instrument de torture. Pourtant, tous les gens que je connais essaient de dormir moins. L'insomnie est un insigne honorifique. La preuve qu'on reste attentif à ce qui se passe.
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Le problème d’un mariage assorti, avait-elle dit, c’est que sur le moment, il a l’air parfait. C’est comme une clef qui glisse toute seule dans une serrure. Mais la question, c’est : est-ce vraiment dans cette pièce là que vous avez envie de passer votre vie ?
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Depuis presque deux ans, je m’arrange pour ne pas croiser une mère d’élève de l’ancienne maternelle. Ce qui requiert une certaine habilité. Je suis vigilante quand je m’aventure à la boulangerie chic ou à la coopérative. Elle s’appelle Nicola et, de façon incompréhensible, son fils se prénomme Kasper.

Elle avait cette façon de parler de l’école primaire du secteur. Elle vantait dans le même souffle les mérites des petits immigrés qui la fréquentaient et des professeurs particuliers qu’elle avait embauchés pour que son fils y échappe. Des batailleurs, disait-elle d’eux.
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Est-ce qu’on doit se procurer une arme ? demande Ben. Mais c’est l’Amérique. Quelque-un qui tue moins de trois personnes ne passe même pas aux informations.
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Videos de Jenny Offill (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jenny Offill
Au sommaire de la Critique, deux livres :
"Atmosphère” de Jenny Offil Jenny Offill est née en 1968, elle a trois romans à son actif. “Atmosphère” est le récit à la première personne du quotidien d'une bibliothécaire à Brooklyn, un récit éclaté, par touches, images et notes.
“g.a.v.” de Marin Fouqué Marin Fouqué est né en 1991, il anime des ateliers d'écriture, fait de la boxe, écrit de la poésie, et aussi du rap, nous dit la quatrième de couverture. Son premier roman, “77”, avait fait parler de lui, c'était le monologue fleuve d'un jeune homme dans un abribus de la France semi-rurale.
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