Citations sur La République du bonheur (179)
Pendant que les haricots azuki cuisaient dans une marmite en terre, j’ai blanchi l’armoise sur l’autre feu. L’eau se teintait d’un vert profond à vue d’œil. Un parfum frais enflait, comme un concentré de printemps. J’avais l’impression d’être en forêt.
...on dit que si on se coupe les ongles après les avoir trempés dans l’eau des sept herbes sauvages, on passera toute l’année en bonne santé.
— C’est vrai ?
— Oui.
Pour tout avouer, l’an passé, je ne l’ai pas fait car cela me semblait inutile. Et je n’ai pas tardé à attraper un rhume. Je sais bien qu’il n’y a pas de lien direct. C’est une superstition, rien de plus. Mais se plier à cette tradition permet, par la force de l’esprit, de se convaincre qu’on ne s’enrhumera pas, et peut-être qu’alors le corps bloque les microbes.
Quand je pense à lui, j'éprouve une douleur dans la poitrine, comme si on me pinçait le cœur. Mais après, comment dire, c'est comme si un élixir sucré sourdait du plus profond de mon corps.
Bien manger à table avec ceux qu’on aime : rien ne surpasse un tel moment de bonheur et de luxe.
Moi, ma plus grande crainte, c'est de voir disparaître les boîtes aux lettres. Si plus personne n'écrit, un jour, il n'y en aura peut-être plus, de la même façon qu'avec la diffusion du portable, les cabines téléphoniques ont progressivement disparu.
Mais un plat n'a pas le même goût selon qu'on le mange tout seul, en silence,ou avec des êtres chers, en bavardant gaiement. Bien manger à table avec ceux qu'on aime: rien ne surpasse un tel moment de bonheur et de luxe. (p. 16)
Parfois, la vie change en un clin d’œil.
Mitsurô m’a porté sur son dos et moins d’un an après, nous nous sommes mariés. Au début, il n’avait été pour moi qu’une relation indirecte, le “père de QP”, avant de devenir un nom propre, “Monsieur Morikage”, puis, un beau jour, tout simplement, Mitsurô.
Après l'avoir raccompagné, je suis restée sur le pas de la porte, rêveuse.
Un papillon dansait dans les flaques de soleil. Il virevoltait de-ci de-là, comme fou de joie de pouvoir voler. Loin de se douter qu'il était observé, il évoluait, oublieux de tout, et il était beau.
Il exprimait de tout son être le bonheur d'être en vie.
Le papillon, Takahiko et QP étaient pareils. Ils vivaient, de toutes leurs forces.
- On vient à peine de manger, a remarqué le Baron.
- Les sucreries, c'est la nourriture du coeur, (...).
Quand il était encore petit, pour le jour de l'An, sa grand-mère partait en traineau distribuer les cartes de vœux.