Je le détestais tout simplement alors que je n'avais aucune raison de le faire.
Mais je sens que la volonté et l'énergie font déjà partie du destin...Pour tout le monde le point final de la destiné est la mort, mais il n'y a sans doute pas beaucoup pas beaucoup de gens pour qui c'est une raison de perdre toute énergie vitale dès le départ.
Plus on est à l'étroit, plus on entend nettement sa propre voix, et l'on doit certainement avoir l'impression de se révéler dans la vérité de son coeur. C'est ce qu'il y a d'agréable dans le monologue.
À l'époque où nous nous aimions, il m'aurait certainement serrée dans ses bras d'une manière théâtrale. Lorsque l'ascenseur se serait arrêté, il se serait écarté précipitamment de moi en m'adressant un clin d'oeil significatif. Ensuite il se serait dirigé vers des chambres de malades où, avec les mains qui m'avaient caressée, il aurait glissé un tube dans le nez d'un patient, introduit du liquide dans un anus, aspiré l'eau accumulée dans un poumon.
Dans la mesure où nous n'avons aucune idée de ce qui va se passer l'instant d'après, nous devons toujours construire notre vie en ne comptant que sur nous-mêmes pour choisir ou décider.
On trouve partout ce genre de personnalité, qui ne change pas son rythme quoi qu'il advienne, insensible à l'embarras qu'elle cause aux autres. Tout en prodiguant ses excuses alentour, elle n'en pense rien à l'intérieur.
La profondeur du cœur humain est sans limites. Je me contentais de batifoler innocemment au bord.
Au lieu d'éprouver un vide au coeur d'avoir sorti tous ces mots, je me sentais lourde d'avoir aspiré le calme de la petite pièce à raconter où mes mots s'étaient dissous.
Comment peut-on ainsi se mettre à détester d'une manière aussi soudaine et fondamentale quelqu'un qu'on a aimé à ce point ? C'était la première fois de ma vie que je détestais autant.
[...]
Ce qui me fait le plus souffrir, c'est de ne pas avoir de raison "légitime". Je serais tellement soulagée si j'avais une raison que tout le monde puisse comprendre.
Le calme et le froid remplissaient l'intervalle entre les troncs comme un lac gelé.