Citations sur Une parfaite chambre de malade, suivi de 'La Désagrégatio.. (42)
Quand quelqu'un meurt, ceux qui restent doivent vivre avec le poids de toutes sortes de regrets le concernant , a-t-il conclut d'un ton docte avant de partir avec ses craies et ses cartes de présence, faire son cours à ses étudiants.
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Une parfaite chambre de malade:
Je suis presque aussi inquiète, peut-être même plus, pour moi que pour sa maladie. Je me demande si je ne vais pas avoir des regrets quand je me souviendrai de lui beaucoup plus tard, et que j'aurai un tel poids sur le coeur que rien, sauf peut-être des hurlements, ne pourra me soulager.
Elle a déjà oublié comment faire pour m'envoyer des signaux. Elle a oublié toutes sortes de choses très rapidement. Par exemple, le temps, les noms, l'appétit, la douleur, la parole. Pendant ce temps-là, son corps s'est flétri, s'est recroquevillé comme un foetus. Elle cherche à retourner quelque part. Dans une mémoire certaine, impossible à décrire comme la sensation du liquide amniotique. Une mémoire qui vous recueille comme la mer quand tout devient lourd à porter. Elle s'apprête à entrer dedans. Et elle abandonne ce dont elle n'a pas besoin. Par exemple, la prière, les mots, les larmes, moi.
Je ne m'étais pas aperçue que la neige s'était mise lentement à fondre. Un jour que je marchais sur le chemin en pente de l'hôpital, ayant reçu en pleine figure un vent chargé d'une odeur de soleil, je me suis arrêtée soudain, pour constater que la neige s'en était allée.
Plus j'essayais d'expliquer mes états d'âme, plus je sentais l'angoisse proliférer en moi.
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C'est pour cela que je suis triste. La tristesse arrive par à-coups comme si j'avais une crise.
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Serrez -moi encore plus fort .faites exploser la tumeur de larmes qui s'est cristallisée au fond de moi.
Je pleurais tellement que j'aurais pu fondre tout entière sur sa poitrine.En pleurant,j'avais l'impression d'entendre le bruit cristallin de la neige voltigeant dans le ciel au contact de l'air glacé.
Je ne suis pas encore habituée à ne le rencontrer que de cette manière dans mon souvenir. Je ne sais que faire de cette boule d'émotion qui m'étouffe à ce moment-là. Elle grossit à vue d’œil quelque part derrière mes côtes, comme si le sang stagnant à cet endroit faisait des nœuds en coagulant.
-Quelle sorte de séparation dois-je vivre avec mon frère ? Que dois-je faire pour lui ? Je suis presque aussi inquiète, peut être même plus, pour moi que pour sa maladie. Je me demande si je ne vais pas avoir des regrets quand je me souviendrai de lui beaucoup plus tard, et que j'aurai un tel poids sur la poitrine que rien, sauf peut être des hurlements, ne pourra me soulager. C'est pénible et je finis par me détester de ne penser qu'à moi, alors que c'est mon frère qui est malade.