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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Témoignage émouvant de ce parcours éprouvant et du combat qu'a mené Ruwen Ogien sur quelques années vécues au rythme des analyses et des traitements agressifs contre son cancer du pancréas.
C'est l ‘occasion de réflexions à la fois intimes, personnelles et professionnelles, philosophiques, sur la condition de malade dans notre monde occidental. Ce mélange des genres donne un ton presque confidentiel, éloigné d'un traité érudit sur le sujet. Il n'y a pas la rigueur et la méthode analytique cadrée des thèses , et cela renforce le sentiment de connivence avec le lecteur.

Dès l'entrée en matière, les questions affluent. Et l'un d'elle, fondamentale, et pourtant sans réponse : qu'est ce que ça veut dire « être malade »?

« Qu'est-ce que signifient ces mots « malade », « maladie »? Est-ce qu'on est malade quand on est alcoolique ou sourd-muet? Est-on « malade » quand on souffre d'une entorse à la cheville ou d'une piqûre d'abeille?
Et quand on est obèse ou chauve ou trisomique? »

A ces questions sans réponse, succède une diatribe contre le dolorisme. Ce qui ne nous tuerait pas nous rendrait plus fort. Les « avantages » liés à la souffrance, les bénéfices que peut occasionner la maladie : foutaises, nous dit le philosophe. Et pourtant la formule nietzschéenne fait florès : on la trouve aussi bien au début de Conan le Barbare et à la fin des Bronzés 3,

« ce qui n'est pas un label de qualité, mais une manifestation impressionnante de son pouvoir de pénétration dans tous ls esprits, même les moins versés dans la philosophie ».

Pour l'auteur,

« la souffrance physique est un fait brut qui n'a aucun sens, qu'on peut expliquer par des causes, mais qu'on ne peut justifier par des raisons.

Ruwen Ogien traite aussi de la relation patient-soignant, de son enfer pavé de bonnes intentions. du statut particulier que confère la maladie, qui devient un filtre inéluctable à toute relation sociale, et qui génère des codes de communication particuliers, et des théories comportementales qui ne donnent pas beaucoup de marge dans le cheminement d'une maladie chronique.
C'est d'autant plus compliqué que le statut de malade est en train de devenir une condition sociale, en particulier avec ces maladies de civilisation que sont le diabète ou l'hypertension, dont on ne guérira pas mais qui vont modifier le regard de la société sur la personne concernée.

La dernière partie est un journal, qui témoigne du caractère non linéaire du cheminement de ces mille et une nuits, au rythme des nouvelles plus ou moins rassurantes des résultats d'examen .

Un beau testament

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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La seconde moitié du livre est ma partie préférée : Ruwen Ogien y présente des extraits de son journal intime, il parle de son ressenti et ses nombreuses chimiothérapies. Il ponctue ses entretiens médicaux de réflexions philosophiques touchantes.

La première moitié est philosophique avec une « attaque » de la philosophie du dolorisme qui voit une opportunité dans la maladie parce que le malade aurait un avantage épistémique (mieux se connaitre et mieux comprendre la condition humaine) et un avantage moral (être plus empathique envers autrui, se libérer de ses attachements terrestres, s'élever spirituellement). Nul besoin d'être philosophe pour la comprendre : ce n'est pas une dissertation, il vulgarise à merveille.

La position de l'auteur est cohérente et montre un regard différent de celui couramment répandu dans les médias (se battre contre le cancer, la notion de résilience). L'auteur ponctue son livre de plusieurs références littéraires en rapport avec la maladie comme le pavillon des cancéreux d'Alexandre Soljenitsyne, La Mort d'Ivan Illitch de Léon Tolstoï et Mars de Fritz Zorn.

Challenge Multi-défis 2024
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Ce n'est pas un livre sur l'insomnie...
D'ailleurs, l'insomnie est-elle une maladie ? C'est l'une des premières questions que le philosophe pose : c'est quoi être malade. Pas si facile de répondre.
Pour circonscrire le propos de son essai, Ruwen Ogien choisit (si l'on peut dire) de parler de ce qu'il connait : la longue maladie dont on ne guérit pas, l'affection longue durée inscrite sur la carte vitale, celle dont il est atteint depuis quatre ans, le cancer.

Pas gai ? Non, mais pas triste non plus.
J'avais déjà lu "Mes mille et une nuits" le jour où Ruwen Ogien est venu sur le plateau de La Grande Librairie ; comme je ne regarde pas régulièrement l'émission, c'est au hasard d'une recherche de chaîne que j'ai croisé le regard intense et le sourire lumineux de l'auteur qui ne peut plus rien cacher de sa fragilité physique. Son livre n'est pas un roman, mais lui est héroïque.

Pas la peine de tourner longtemps autour du pot : ce livre je ne l'avais pas choisi par hasard. D'habitude je ne lis pas de philosophie. J'ai hésité à mon tour à partager ce que j'ai éprouvé à cette lecture (que du bon). Je me suis demandé si quelqu'un qui n'a pas été touché par une maladie grave a envie de savoir ce qui y est dit. Eh bien oui : que l'on soit proche d'un malade, malade soi-même, ou heureusement sans aucun rapport ni de près ni de loin avec ça, Mes mille et une nuits est un livre à lire pour comprendre les malades, les soignants, se comprendre, faire face à sa peur de la maladie, de la douleur.

Je l'avoue aussi, c'est la narration des moments vécus que j'attendais le plus dans ce livre. Parce que je reconnaissais des situations, des sensations, des interrogations, même si ce que Ruwen Ogien supporte est infiniment plus lourd et long que ce que j'ai connu entre 2015 et 2016. Alors je l'ai lu deux fois. Et la seconde fois, j'ai mieux porté mon attention sur les développements philosophiques, les références. Un lecteur moins émotif que moi se satisfera d'une première lecture ! Les raisonnements sont naturellement intégrés aux épisodes personnels, l'écriture est facile, le ton incarné, direct, sans pathos. Il paraît que c'est ce qui rapproche Ogien de l'école de philosophie analytique, je laisse les spécialistes apprécier.

Dès le début de l'essai, Ogien annonce la couleur : la maladie n'a aucun sens, elle n'a que des causes. Non, la souffrance ne fait pas grandir le malade, non, il n'y a pas de valeur morale dans la douleur, non, la réflexion sur le sens de sa maladie n'est pas au centre des préoccupations du patient. Hors sujet, ouste : le dolorisme, la résilience, la psychologie positive. Franc et brutal, le philosophe ! Malgré tout il conçoit que pour certains (dont je ne suis pas) la valorisation de la maladie soit essentielle, alors il adoucit un peu sa démonstration.

Une fois évacuée la métaphysique, Ruwen Ogien se penche sur la psychologie et la sociologie dans la relation de soin. Il analyse la comédie (ou le drame) que se jouent médecin et patient, leurs rôles respectifs et interactions forgés par l’asymétrie obligatoire de leur communication. Il aborde la question de la justice sociale qui devrait être désormais la préoccupation première des penseurs, chercheurs et experts autour de la politique médicale.

La littérature est elle-aussi mise à contribution car la fiction a souvent aidé Ruwen Ogien pour comprendre le comportement et les sentiments de malades, et les comparer aux siens : Beauvoir, Woolf, Zorn, Hitchens, Roth, et al. (dont Proust !).

Un émouvant témoignage sur la maladie avec de la philo dedans et un essai philosophique percutant avec du vécu dedans

Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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