AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,35

sur 272 notes
Comment savoir si c'est Mme Oksanen qui n'écrit pas si bien ou sa traductrice qui fait de l'approximatif, voire les deux, impossible pour moi de le dire. En tout cas c'est presque illisible.
Ajouté à cela que c'est tellement décousu, farci de détails peut-être féminins mais qui, à moi, ne me parlent pas forcément, que je ne sais jamais laquelle des deux protagonistes on est en train de suivre...
Je n'arrive plus à avancer. Dommage parce que le côté documentaire sur ce choc bloc est contre bloc ouest semble très intéressant. Mais tant pis, j'ai les yeux qui piquent, j'abandonne.

Il paraît que Purge est d'un style très différent... Il faudra que je regarde ça.
Commenter  J’apprécie          41
Sofi Oksanen est une auteure finlandaise devenue mondialement célèbre après la publication de son roman Purge en 2008. Traduit dans plusieurs langues dont le français en 2010, ce récit-choc sur l'oppression sexuelle subie par deux femmes dans l'Estonie soviétique a été salué par la critique et a même fait l'objet d'un film en 2012.

En Finlande toutefois, Oksanen s'est fait un nom dès 2003 avec la publication de son roman Les Vaches de Staline (traduit en français en 2011 après le succès de Purge). Rédigé (en partie) à la première personne, ce livre de 440 pages raconte l'histoire d'Anna, une jeune Finlandaise souffrant de troubles alimentaires. Alors que sa mère, immigrée estonienne, lui demande de cacher ses origines de peur qu'on la prenne pour une « prostituée russe », son père délaisse le foyer conjugal pour des missions en Russie où il entretient des relations avec de jeunes femmes ayant les mêmes mensurations que sa fille.

Si le sujet du roman est extrêmement riche, c'est surtout le style de l'auteure qui en fait une véritable pépite. Oksanen utilise des phrases courtes, parfois à la manière de simples notes dans un journal intime, et un vocabulaire cru qui souligne la radicalité de son personnage. Anna est en effet une jeune femme aux opinions bien tranchées qui s'impose une discipline de vie extrêmement stricte et refuse tout compromis.

C'est sa voix qui domine la narration, même si le récit repose sur trois lignes du temps parallèles ayant chacune leur point de vue :
• Celui d'Anna, jeune adulte, dans la Finlande des années 1990 ;
• Celui de Katarina, la mère d'Anna, dans l'Estonie soviétique puis la Finlande des années 1970, où elle a suivi son mari ;
• Celui de la génération précédente dans l'Estonie des années 1940, dont Arnold, le père de Katarina, sa soeur Aino, et sa femme Sofia.

L'une des nombreuses qualités du roman est d'ailleurs d'établir un lien fort entre les trois périodes. Cela s'opère notamment à travers la description des relations entre Anna, sa mère (Katarina) et sa grand-mère (Sofia). Les traumatismes du passé, de la seconde guerre mondiale à l'ère soviétique, permettent de mieux comprendre la paranoïa de Katarina, la mère d'Anna, et la relation complexe qu'entretiennent les trois femmes.

Alors que les chapitres consacrés aux années 1940 et 1970 sont rédigés dans un style assez sec et factuel, les chapitres (majoritaires en nombre) consacrés au point de vue d'Anna se caractérisent par un ton acerbe fortement teinté d'ironie.

La narratrice joue même parfois des tours au lecteur, comme lorsqu'elle introduit un personnage ou une situation tout en laissant planer une certaine ambiguïté, afin de créer un effet de surprise. Les toutes premières lignes du roman en sont d'ailleurs un bon exemple : le lecteur s'imagine un certain scénario (accouchement ? premier rapport sexuel ?) avant de découvrir qu'il s'agit de tout à fait autre chose.

La relation maladive d'Anna à la nourriture est au coeur du roman. La « boulimarexie » dont elle souffre la fait alterner entre des périodes de jeûne et des périodes de gloutonnerie frénétique, suivies de vomissements provoqués. Décrites dans le détail, les crises d'Anna ont pour effet de l'isoler de son entourage et l'empêchent d'avoir une vie sociale normale. Son obsession pour la nourriture est telle qu'elle la décrit en termes religieux (« mon seigneur », « ma seule église, à moi, c'est la nourriture », etc.).

Face à cet engrenage infernal, le lecteur s'interroge sur les causes de ce mal-être : La honte des origines estoniennes, transmises par la mère ? La nostalgie de l'enfance et du « monde d'Anna », à jamais disparu ? L'infidélité du père, à l'origine d'un sentiment de mépris et de défiance à l'égard de tous les hommes ?

Quelles qu'en soient les causes, le mal-être d'Anna se manifeste avec force dans sa sexualité et ses relations amoureuses. Obsession de la féminité, peur de l'engagement, incapacité à exprimer son désir… le corps de la femme apparaît comme un champ de bataille permanent.

Au-delà du récit personnel très fort d'Anna, Les Vaches de Staline est aussi un roman à forte dimension historique. La seconde guerre mondiale est évoquée assez tardivement mais permet de comprendre l'implication des grands-parents d'Anna dans la résistance des « patriotes » estoniens contre les « libérateurs » russes. Déportée dans le goulag sibérien, la soeur du grand-père d'Anna et sa famille tentent de survivre dans des conditions atroces.

La période des années 1970, si elle apparaît moins violente, est caractérisée par un climat de peur et de délation. Les absurdités du système soviétique sont pourtant souvent décrites avec humour, de même que le choc culturel vécu par Katarina en arrivant en Finlande :

« La caisse du supermarché, c'est comme la douane. Sauf que la caisse sourit et dit bonjour, contrairement à l'éthique soviétique. »

Ce passage du monde soviétique à l'Europe occidentale marque profondément l'imaginaire de la petite Anna, qui voyage régulièrement en Estonie avec sa mère. Il nourrit des sentiments contradictoires : une honte des origines mêlée à une certaine nostalgie.

Tant au niveau du style que du contenu et de la psychologie des personnages, Les Vaches de Staline est un livre marquant que j'ai adoré lire et dont j'ai hâte de discuter dans le cadre de mon club de lecture !
Lien : https://histfict.fr/les-vach..
Commenter  J’apprécie          20
A travers plusieurs personnages , et deux femmes, Katariina et Anna on apprends ce qui s'est déroulé en Estonie entre 1940 et maintenant. La prise par les nazis durant la seconde guerre puis le pays est sous l'emprise des soviétiques jusqu'à l'indépendance du pays en 1992.
Histoire bien construite avec régulièrement des retours dans le passé. Les estoniens qui ont du quitter leurs pays pour aller dans les camps de Sibérie. Ceux qui se sont échappés en Finlande, comme Katariina et Anna. C'est Anna la narratrice du roman, et nous fait vivre à travers les lignes son pays d'origine , son Estonie, comme Sofi Oksanen qui elle aussi était de là-bas.
Commenter  J’apprécie          70
Se lancer à la critique d'un roman aussi gros, aussi lourd... voilà qui ne va pas être une mince affaire...
Ce roman est terrible, dur, l'ambiance est pesante, quelle que soit l'époque, l'intrigue en tant que telle peut-être trop légère en revanche, car finalement, je serais incapable de raconter l'histoire qui en serait le fil rouge. Il est bien écrit, je l'admets, l'auteure fait bien ressentir tant la dureté du régime soviétique que la spirale infernale de l'anorexie-boulimie. On ne parle jamais de toutes ces choses de l'URSS, et je trouve ça glaçant comme régime encore trop méconnu chez nous.
Seulement voilà, il y a un mais, vous vous en seriez douté.
A force de naviguer entre la mère et la fille, entre le présent et différents passés, entre les vomis et les calories et bien oui, on en arrive vite à satiété puis à un franc écoeurement. Au bout d'un certain nombre de pages, j'ai eu l'impression de toujours lire la même chose : elle vomit, sa mère passe des articles en fraude, elle vomit, sa mère passe difficilement la frontière, elle vomit, le grand-père de sa mère...
Alors j'ai aimé dans le sens où j'ai appris beaucoup de choses, seulement d'un point de vue purement littéraire, ça finit vraiment par vous peser sur l'estomac.
Lien : https://le-jardin-litteraire..
Commenter  J’apprécie          00
Dans un récit très fragmenté, comme si l'on regardait dans un miroir au verre brisé, Sofi Oksanen raconte l'histoire de l'Estonie de la fin de la seconde guerre aux années 1990, à travers les morceaux d'histoire de 3 générations. Katarina, Estonienne, quitte son pays et ses parents dans les années 1970, pour suivre son amoureux Finlandais, dont elle aura une fille, Anna. Katarina nie son identité estonienne, interdit à sa fille de la dévoiler et de parler estonien, un rejet identitaire qu'Anna traduit en anorexie.
Si je ne me suis guère attachée aux personnages, j'ai été séduite par l'écriture en fragments, heurtée, portant un témoignage dense sur 50 ans d'histoire balte.
Commenter  J’apprécie          12
A peine sortie de la lecture de "Purge", je me suis lancée dans celle des "Vaches de Staline". Un deuxième livre non moins réjouissant que le premier, mais néanmoins assez indigeste. Je ne fais pas référence à la boulimie du personnage principal mais plutôt à cette écriture croisée entre deux personnages/ période, qui je dois l'avouer, m'a un peu perdue. Je n'ai pas vraiment vu de lien entre ces deux histoires, Sofi Oksanen m'a perdue en route.

Bref, tout comme dans "Purge", l'histoire n'est pas réjouissante, on apprend des tas de choses sur la boulimarexie. Mais je me demande encore à quoi sert cette histoire. A quoi nous fait -elle réfléchir ? Que nous apprend-elle ?
D'autre part, l'histoire croisée de la mère Estonienne qui épouse un Finlandais est très confuse. Comme je ne suis pas une experte de l'histoire de la Russie, il faudrait sans cesse consulter un manuel d'histoire pour s'y retrouver.
Un livre intéressant, mais sans plus.
Commenter  J’apprécie          41
Sofi Oksanen signe un premier roman rude, âpre, en prise directe avec les destins, celui d'une mère et de sa fille.

Deux parcours marqués par les changements politiques d'une nation en désagrégation. Pour la mère la lutte pour l'intégration passait par « oublier et cacher » son identité de peur d'être stigmatisée et refusée. Pour la fille cela signifie ne pas comprendre qui elle est et somatiser sa quête d'identité et son refus d'oublier ses vraies origines par une plongée vertigineuse dans la boulimarexie.

Certains passages très crus sur les dessous de la boulimie/anorexie, sont durs à encaisser, on étouffe, on ressent le mal-être et la douleur.
Sofi Oksanen a le sens de la construction croisée, stratifiée, pour mieux nous alerter que le présent se nourrit du silence des générations précédentes.

Cette quête de passé et d'identité presque incongrue dans ce décor, vibre d'une vitalité et d'une force véritablement poétique, alliage réussi de ce roman original et poignant.


Commenter  J’apprécie          422
Le roman nous fait naviguer entre allers-retours ininterrompus entre l'Estonie soviétique de l'après seconde guerre mondiale aux années 1980 et les troubles anorexiques d'une jeune finlandaise de mère estonienne à notre époque. Critique sévère du communisme et description obsédante et parfois redondante de la maladie. Ecriture hachée et noire.
Commenter  J’apprécie          10
Un roman portant sur deux thèmes très intéressants : les troubles alimentaires et la vie d'une expatriée de l'est à l'ouest. Malheureusement je ne suis pas sortie de cette lecture très enchantée. le style m'a semblait très, trop décousu, et ma lecture a été très freinée par cela. J'ai voulu arrêté plusieurs fois mais je me suis accrochée. Des deux "histoires" celle qui m'a le plus plu est celle de la mère, plus fournie. L'histoire d'Anna, bien qu'elle soit bien expliquée et détaillée était fort redondante, en effet, durant tout le roman, elle mange, elle vomit, elle remange et elle revomi, entre deux "séances" comme elle les appelle, elle se pose des questions sur ses origines, et ces questions sont toujours les mêmes....
Un roman intéressant pour ses thèmes, mais décevant quant à son écriture.
Lien : http://jenta3.blogs.dhnet.be..
Commenter  J’apprécie          21
Les Vaches de Staline est le premier roman de Sofi Oksanen. Paru en France après Purge, il reprend le même cadre : la vie en Estonie, les rapports compliqués entre les peuples russes et estoniens. Auxquels vient s'ajouter ici la Finlande.

Cette fois-ci, ce sont deux femmes que nous allons suivre : une mère et sa fille. La première Katariina est estonienne. Elle a épousé un finlandais et est partie vivre avec lui en Finlande. A cette époque, l'Estonie communiste était complètement sous le joug de l'URSS et la Finlande, moderne, riche et prospère, considérée comme une terre promise. Les deux pays séparés seulement par un bras de mer sont un terrain propice au marché noir. Anna la fille est née en Finlande, mais sa mère lui interdit de révéler ses origines estoniennes : elles sont trop honteuses, la famille pourrait être considérée comme russe......Elle grandit donc dans le pays de son père mais se rend fréquemment en Estonie chez sa grand mère et chez sa tante. Enfant, elle voit bien les différences entre ces deux pays, mais elle se sent surtout estonienne, elle aime la vie qu'on y mène et certains produits qu'on ne trouve pas en Finlande. Elle sent aussi la nostalgie de sa mère qui a du abandonner son travail, sa langue et s'ennuie dans sa nouvelle vie d'autant plus que son mari travaille en URSS et mène une double vie. Anna est déchirée entre ces deux pays, ces deux cultures, mais elle ne peut en parler à personne. En grandissant, elle développe des troubles alimentaires : boulimie et anorexie combinées : ce qu'elle appelle "sa boulimarexie."

Dans ce roman, Sofi Oksanen décrit parallèlement la situation de l'Estonie placée sous le joug de l'URSS, la vie des deux femmes et surtout les troubles alimentaires d'Anna.

Elle évoque les déportations en Sibérie, les dénonciations qui permettaient aux envieux de s'approprier les biens de leurs voisins en toute impunité, au point que certains déportés préféraient rester sur les lieux de leur exil alors qu'ils étaient amnistiés, plutôt que de rentrer dans leur pays où on leur avait tout pris ; les échanges sous le manteaux : les finlandais se rendant en Estonie avec des baskets neuves aux pieds et plusieurs couches de vêtements sur le dos pour les vendre aux estoniens.
Et puis on suit l'évolution des désordres alimentaires chez Anna, et comment elle réussit à les cacher à tout le monde pendant de longues années. Rien du reste ne nous est épargné, ni les séances de gavages ni celles de vomissements.
Si j'avais énormément aimé Purge, il n'en a pas été de même des Vaches de Staline. le contexte historique m'a intéressée et j'ai appris pas mal de chose mais le reste m'a profondément rebutée. A aucun moment je n'ai réussi à entrer dans l'histoire de Katariina et Anna, sauf peut être lors des passages qui décrivent leur vie en Estonie. Je n'ai absolument pas été touchée par cette jeune fille qui se détruit à petit feu ni par sa mère qui s'est employée toute sa vie à lui voler son identité.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (570) Voir plus



Quiz Voir plus

Purge, de Sofie Oksanen

En 1939-1945, l’Estonie était rattachée à :

La Finlande
La Russie
L’Allemagne

10 questions
291 lecteurs ont répondu
Thème : Purge de Sofi OksanenCréer un quiz sur ce livre

{* *}