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sur 272 notes
Katariina, ingénieure de travaux en Estonie, ne jette pas un regard derrière elle lorsqu'elle suit son futur mari en Finlande. L'Estonie est alors, depuis le début de la seconde guerre mondiale, sous l'emprise du joug russe et la vie en Finlande représente un affranchissement certain pour les estoniens. de cette union finlando-estonienne naîtra Anna, le personnage central du premier roman écrit par Sofi Oksanen.

Ne pas dévoiler ses racines, ressembler aux finlandaises, parler le finnois, refuser les relations avec les expatriées estoniennes sont les obsessions de Katariina et elle veille à les transmettre à sa fille:

« Je devais devenir finlandaise. Je devais parler, marcher comme une Finlandaise, avoir l'air d'une Finlandaise, même si je ne me sentais jamais au bon endroit, en quelque sorte jamais à ma place, comme dans un manteau avec des manches de longueurs différentes et trop petit pour moi, dans des chaussures qui m'écorcheraient à chaque pas. »

Pour l'école Anna invente des ancêtres finlandais et essaie de taire ses connaissances sur les méthodes soviétiques et l'occupation russe.

La mère et la fille effectuent de nombreux allers-retours entre leur maison finno-finlandaise et la ville de Tallin -la capitale de l'Estonie. Les visites à la campagne pour aller voir la grand-mère sont plus rares et aléatoires car soumises aux "invitations" que certains membres de la famille refusent parfois de délivrer. C'est pourtant là que Anna nourrit ses racines familiales estoniennes .

Adolescente, Anna développe des troubles du comportement alimentaire, elle devient boulimique-anorexique. le comptage des calories, la préparation d'orgies alimentaires sont alors sa principale préoccupation perturbant sa vie sociale et amoureuse et ses études.


Ne vous fiez pas à la couleur rose de la couverture; le noir ou le rouge aurait mieux reflété l'ambiance de ce livre aussi froide et coupante que du verre.

Anna est sous la coupe de sa mère qui lui met la pression pour qu'elle devienne une vraie finlandaise. Les relations qui régissent la vie de ces femmes sont distantes et peu chaleureuses. A Tallin, Katariina ne relâche pas sa surveillance et même à la campagne Anna ne peut plus mettre les mini jupes - connotées filles de l'est- qu'elle affectionne. Katariina vit dans un pays capitaliste et riche, elle se sent redevable envers les siens et se charge de quantité de provisions à chaque voyage vers son pays d'origine. Il est difficile pour Anna de construire sa propre identité au coeur de cette ambiguïté.

Il faut lire l'histoire d'Anna et de Katariina éclairée par L Histoire tourmentée de l'Estonie. Il faut remonter à la seconde guerre mondiale et à l'occupation russe pour mieux comprendre la honte, le rejet de ses origines et les peurs de la mère.

le manque de linéarité, les allers-retours incessants entre les différentes époques, entre les deux pays et la narration qui passe de la première à la troisième personne créent un désordre et ne servent pas le lecteur. Je me suis plusieurs fois égarée dans l'arbre généalogique d'Anna. Il m'a manqué les repères spatio-temporels qui étaient présents dans Purge. Je me suis concentrée sur la vie d'Anna et de sa mère, occultant sciemment la génération précédente.

Les vaches de Staline disent le gâchis des origines non-assumées et les souffrances endurées par une génération qui marquent en profondeur celles qui suivent.

C'est un récit de grande envergure qui s'inscrit comme Purge dans une page incontournable de l'Histoire des pays baltes. Mais je n'ai pas trouvé ici le climat angoissant et le suspense qui m'avaient aimantée dans Purge.

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Malheureusement pour moi, je n'ai pas du tout adhéré à ce roman de Sofi Oksanen.

Elle nous livre ici des fragments d'histoires. Chronologiquement c'est désordonné. A lire, c'est assez pénible. le lecteur est constamment coupé dans le récit.
De plus, il y a un manque d'approfondissement qui entraîne une redondance désagréable. S'ajoute à cela un personnage principal auquel je n'ai pas trouvé beaucoup d'intérêt et dont l'histoire est monotone à n'en plus finir.

Bien qu'historiquement parlant il y ait des bribes du récit très intéressantes, ce livre est une déception.
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Oksanen Sofi, - "Les vaches de Staline" - Livre de poche, 2013 (ISBN 978-2253167365)
titre original "Stalinin lehmät", publié en Finlande en 2003.

NB : ce roman précéda "Purge", publié chez Stock en 2010 (cf recension).
Par d'incessantes et subtiles allées et venues, se succédant sans ordre apparent en des chapitres brefs, entre les tranches historiques que traverse l'Estonie entre 1940 et la fin des années 1980, l'auteur s'attache à montrer avant tout – mais pas seulement – les dégâts mentaux considérables que la partition de l'Europe entre pays "capitalistes" et pays "socialistes" engendra, tant dans les générations nées du temps de l' "Estonie libre", que dans celles qui subirent de plein fouet le "socialisme triomphant" et enfin celles nées juste avant la disparition des pays communistes européens.
Il y a dans ce récit une descente inexorable dans les tréfonds de certains comportements typiques de cette époque, comme – entre autres réalités – cette prostitution latente et permanente qui se manifestait dans tous ces pays dès que leurs populations étaient confrontés à la moindre "ouverture" aux gens de l'Ouest, ou encore cette véritable plaie qu'était l'alcoolisme dans ces pays-là.

Pour moi qui ai vécu en DDR-RDA, dont la population était en contact permanent avec la population d'Allemagne de l'Ouest, je retrouve dans ce récit maintes descriptions de la dure réalité, aussi fines que fouillées, obtenues par descentes concentriques successives (un peu à la Proust) dans les souvenirs et le psychisme de la narratrice principale, une femme née de père finlandais et de mère estonienne à la fin des années 1970 (comme l'auteur), souffrant de graves désordres alimentaires.
L'auteur fait également quelques allusions à celles et ceux qui – bien à l'abri dans les pays d'Europe de l'Ouest – n'ont pas vécu dans ces pays, qui sympathisaient même avec les communistes, et qui adoptèrent la posture consistant à refuser de constater qu'une telle réalité ait pu exister. de même que la majorité des allemands se réfugia après-guerre dans la soit-disant ignorance des camps de concentration, de même la population d'Europe de l'Ouest se boucha bien volontiers les yeux pour ne surtout pas voir ce qui se passait à l'Est – et la couche de nos intellectuels "engagés" porte une large et effarante responsabilité dans cette cécité volontaire.

On ne peut qu'admirer l'écriture sèche et sans emphase, la cohérence d'un récit oscillant pourtant constamment et rapidement entre diverses strates historiques, entre diverses intrigues, ainsi que beaucoup d'autres qualités littéraires.
Attention, c'est un récit dur, à épargner aux âmes sensibles.
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Lire les vaches de Staline et
Traduire, mercredi,
En estonien, kolmapäev, le troisième jour,
En finnois, keskiviikko, le milieu de la semaine,
Je pense que ce n'est pas vous qui allez me contredire !

Lire les vaches de Staline et
Connaître Vilen ?
Vilen ?
Alias Vladimir Ilitch Lénine. Un vieux surnom.
Plutôt drôle comme raccourci !

Lire les vaches de Staline et
Chercher, si nous sommes plutôt "radis" ou "renne",
Ou encore, "fraise" ou "myrtille".

Lire les vaches de Staline et
Découvrir qu'il a pu exister un contrôle annuel des machines à écrire dans un grand pays où le peuple était le grand guide des masses laborieuses !

On a peur de comprendre, la condamnation du régime est telle que ce n'est même pas une condamnation c'est du mépris, de la haine ....
Qui, que, quoi, où, comment ?
On reprend comment, où, qui, que, quoi, pourquoi ?
On reprend encore et encore, dans un sens et dans un autre !
Ce n'est pas de l'anticommunisme primaire, c'est bien pire que cela, c'est du vécu et du vrai, pas une comédie hollywoodienne à l'eau de rose !

On a peur devant les troubles du comportement alimentaire, on a peur devant les dégâts occasionnés sur les corps martyrisés.

On est affolé par le mépris envers l'Estonie, l'"Eesti" envers tout ce qui se rapporte à cette culture qui a pourtant existé mais qui a été piétinée, pillée, niée par des voisins envahissants et par ses habitants rendus honteux !

La découverte de l'histoire conjointe de trois nations, Finlande, Estonie et Russie.
Le parcours de femmes au milieu de tout ce cirque....
Je suis qui moi ? Une estonienne, une finlandaise
Je suis quoi moi ? Une pute, une femme respectable
C'est confus, c'est brouillon, on s'y perd, ....
Mais comme c'est douloureux et même pas désespérant !
Katariina et Anna comme Sofi et sa mère ont réussi à survivre et à vivre .... Alors il reste encore de l'espoir !
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Ce roman m'est tombé des mains, je n'ai pu rentrer dedans.
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Pourquoi une critique si basse?Ce n'est pas que l'écriture soit si mauvaise que ça,je le trouve même attachant et audacieux ce petit ton saccadé,cette association d'idée et ce courage de parler avec beaucoup de vulgarité.
Non,le truc qui a vraiment tout cassé c'est l'idéologie qu'il y a derrière,et le comportement du personnage principale,l'auteur elle même.Cette fille est à l'image de son estomac.Vide.On ne peut pas discuter avec le vide.Elle est tarée.
Son rapport à la bouffe est ce qu'il est,de toute façon j'ai vraiment du mal avec les anorexiques,sûrement parce que je suis l'une des plus grosses mangeuses qu'il n'ait jamais existé.Surtout le fait de vomir on peut m'expliquer en quoi c'est sexy?Encore pire que chier comme elle dit "Incapable de chier doucement à cause de mon métabolisme".
Mais le pire on va y venir.Son rapport à l'Europe Soviétique.Déjà,elle traite les russes de putes à toutes les pages,il y a au moins 250 Svetlana avec des poils sur la lèvres.
Mais l'Estonie,et la Finlande.Les finlandais ne sont tout de même pas si cons de penser que le peuple qui est le plus proche de leur ethnie est russe?Un estonien c'est un balte ougrien,un russe c'est un slave oriental.Ce qui n'a rien à voir!Donc bizarre qu'un peuple que j'aime autant traite une balte de pute russe.Et puis genre les finlandais détestent tous les étrangers.N'importe quoi.
Ne pas assumez sa double origine à ce point là c'est fou.Je suis franco-polonaise,on a connu les goulags et on en fait pas toute une histoire.Et la France n'a aucun lien ni culturel ni ethnique avec la Pologne.
Mais le pire reste cette citation:
"Mais les juifs,bien sûr,ne sont pas considérés comme des êtres humains."
Trois justes seulement en Estonie,un hasard?Finalement,elle a eu peut-être bien raison de renier ses origines antisémites estoniennes.
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Livre lu à sa sortie et à nouveau ces jours ci pour le plaisir car il m'avait laissé un bon souvenir. Nous sommes toujours en Estonie( comme dans "purge") et nous partons à la rencontre de deux femmes ; Katariina, la mère et Anna sa fille. Katariina a vécu en Estonie et a connu les traumatismes infligée par l'ère Soviétique, les privations, les emprisonnements, les déportations en Sibérie… Elle rencontrera un Finlandais qui l'épousera, grâce à lui la vie sera plus douce. Elle fera des allers retours dans son pays natal, les valises chargées de produits de première nécessité mais aussi des vêtements, des chaussures… Elle est déchirée entre ces deux pays, et voudrait tant oublier l'Estonie. Anna est elle aussi déchirée, sans doute ne trouve-t-elle pas ses racines, elle se réfugie dans l'anorexie, la boulimie jusqu'à frôler l'irrémédiable. Deux beaux portraits de femmes, attachantes mais tellement malmenées par la vie. Extrait, c'est Anna qui parle : « Ma première fois, c'était différent. Je croyais que ce serait atroce, compliqué, sale et gluant. Je croyais que mes entrailles cracheraient du sang et que j'aurais deux fois plus mal au ventre. Je croyais que je n'y arriverais jamais, que je ne pourrais pas, que je ne voudrais pas, mais quand les premiers craquements de mes abdominaux me sont parvenus aux oreilles, mon corps en a décidé pour moi. Il n'y avait pas d'alternative. C'était divin… J'ai été bonne à ça pendant quatorze ans, et personne ne l'a remarqué, sauf quand j'en parle moi-même, mais malgré cela on ne veut pas voir ce que je raconte. Ou si on le voit, on se sent impuissant. Alors mon Seigneur me donne ce que je veux : un corps féminin parfait, parfait pour moi, parfait pour mon Seigneur, parfait pour le monde. Et un corps féminin parfait, ça fait de moi une femme parfaite. Une femme bonne. Une femme désirable. Intelligente et enviable. Une qu'on regarde. Une qu'on admire. Beauty hurts, baby. » Nena
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Cette écriture là ne prend pas de gants pour dire les choses , c'est certain . Cela peut rebuter , mais il faut reconnaitre que ce livre ne peut laisser indifférent . La crudité qui est présente ici n'est pas gratuite . Il n'y a pas de volonté de faire dans le glauque pour vendre . Sofia Oksanen nous envoie une vision qui est tout sauf politiquement correcte , mais qui s'avére d'une franchise remarquable . Ce livre c'est une grosse claque , il faut s'y prendre à deux fois , mais l'expérience est salutaire . Un grand ouvrage .
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SYNOPSIS
Deux personnages dans ce roman : Anna, une jeune fille qui souffre de graves troubles alimentaires. Sa mère Estonienne Katariina, mariée à un Finlandais. En décrivant leur vie, le narrateur ou Anna racontent l'histoire politique d'un pays, la misère morale, le manque d'amour, l'anorexie boulimie.
CE QUI M'A PLU MALGRE TOUT
Ce roman est le premier de Sofi Oksanen, (« la purge ») et, manque sans doute de maturité. le récit déstructuré, et les allers retours maladroits dans le temps, évoquent bien le mal-être d'Anna ( sa « boulimarexie » ,dixit l'auteur). J'ai été saisi par cette ambiance sombre où la peur est omniprésente. Restent malgré tous des longueurs et un manque de cohérence dans le récit. 3/5
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Ce roman retrace la vie quotidienne en Estonie, ancienne république d'URSS et en Finlande des années 50 aux années 90.
Katarina, la mère d'Anna, a rencontré un finlandais à Tallin ( "le renne"), l'a épousé et a tu à jamais ses origines estoniennes malgré de fréquents passages de frontière pour voir sa mère.
sa fille Anna souffre de graves problèmes d'anorexie, liés à ces non-dits.
C'est un livre sur les préjugés, la violence de ce régime autoritaire.
Je l'ai trouvé très noir, dur, voire insupportable avec un style haché, confus qui m'a gêné.
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