Je dis ensuite au revoir à Anna pour la deuxième fois en lui souhaitant un bon voyage et lui répète une fois de plus qu'elle n'a pas besoin de s'en faire. Être un homme, c'est pouvoir dire à une femme de ne pas se faire de soucis superflus.
p. 226
- Jósef et moi, on n'aura qu'à loger à l'auberge."
Il parle comme dans un vieux livre, comme s'il n'y en avait qu'une, d'auberge, dans toute la ville. Comme s'ils s'attendaient plus ou moins à être laissés dehors faute de place et à devoir dormir dans une étable.
Quand tout est fini, il reste toujours quelque chose ; c'est comme les préparatifs de Noël [...].
Je cogite pour savoir s' il peut y avoir un risque caché à accepter l'invitation, voire si cela ne pourrait pas affecter mes plans d'avenir. Ceux qui arrivent à entrer un court instant dans la vie des autres peuvent avoir plus d'importance que ceux qui y sont installés depuis des années ; j'ai déjà fait l'expérience de ce que le hasard
peut-être sournois et lourd de conséquences.
Je suis peut-être encore à la recherche de moi-même, mais en tout cas je sais je sais ou je vais.
Il faut regarder la souffrance dans les yeux pour pouvoir partager celle de ceux qui souffrent.
Je mets ma main en visière et plonge le regard dans l'aveuglante clarté. C'est alors que je la vois, tout en haut, dans le vitrail du choeur, la rose pourpre à huit pétales, à l'instant précis où le premier rayon transperce la corolle et vient se poser sur la joue de l'enfant.
Zulma, page 333
Tu es le bienvenu, si tu veux passer voir les regrets avec moi.
- Les quoi ?
- La nostalgie. Il faut regarder la souffrance dans les yeux pour pouvoir partager celle de ceux qui souffrent.
Ça le laisse de marbre que j’aie fait toute cette route, que je me sois trouvé aux portes de la mort au début du voyage, pour me tenir à présent sur le seuil de l’une des plus célèbres roseraies du monde, où l’on trouve sans doute plus de variétés de roses en un seul et même endroit qu’en aucun autre lieu de l’univers.
C'est alors que je remarque, au milieu de la conversation, qu'il y a un pigeon mort sur le trottoir, tout près de la cabine.
A ce que je vois, il lui manque la moitié d'une aile et je pense aussitôt au chat. J'ai toujours eu horreur de voir des bêtes mortes et ensanglantées, surtout à plumes.
En sortant de la cabine, je vois que l'oiseau n'est pas mort ; le moignon d'aile bouge encore. Je ramasse l'oiseau blessé sans savoir quoi en faire. Au bout de quelques mètres, le petit coeur a cessé de battre dans ma paume.