- Cela me fait penser, dit-il alors, à un vieux film que j'ai vu il n'y a pas longtemps, avec Yves Montand et Romy Schneider, si je ne me trompe, et que tu aurais intérêt à voir. Comme tu dis, poursuit-il, résumant ce dont je n'ai pas soufflé mot, ce n'est pas la première nuit qui est risquée, mais la deuxième, quand la magie de l'inconnu a disparu mais pas celle de l'imprévu. Je crois me souvenir que c'est Romy qui dit ça.
il y avait de la lumière dans les cheveux de maman , comme dans ceux de l'enfant , comme si on les avait saupoudrés de paillettes scintillantes , et il y avait de la lumière dans son sourire .
"Rosa gallica, Rosa mundi, Rosa centifolia, Rosa hybrida, Rosa multiflora, Rosa candida", énumère frère Matthias.
Tandis que je le parcours avec lui, le Merveilleux jardin des Roses célestes, tel qu'il est nommé dans les vieux livres, prend corps peu à peu dans mon esprit. Il va falloir commencer par arracher les mauvaises herbes et tailler les plantes - ce qui pourrait prendre deux semaines en travaillant dix heures par jour ; ensuite il faudra élaguer et planter à nouveau. Je choisi déjà un endroit abrité et ensoleillé pour la nouvelle variété de rose que je vais ajouter.
Etre un homme, c'est pouvoir dire à une femme de ne pas se faire de soucis superflus.
Je suis tout contre elle mais aussi serrés que nous soyons, il y a un océan entre nous car nous ne sommes pas un. Je sens que je suis en train de la perdre, comme j’ai perdu maman au téléphone, comme le sable de la grève qui vous file entre les doigts. Et c’est moi qui reste sur le carreau, à lécher mes doigts salés.
Comme tu dis, (...), ce n'est pas la première nuit qui est risquée, mais la deuxième, quand la magie de l'inconnu a disparu mais pas celle de l'imprévu.
[...] Les femmes ont une très longue mémoire et sont sensibles à l'effet des choses singulières qui se sont produites dans leur famille au cours des deux cents dernières années ; après quoi elles vont essayer de me relier à leurs racines historiques.
Papa ne croit pas aux coïncidences, du moins pas quand il s'agit des évènements primordiaux de l'existence, comme la naissance et la mort ; la vie ne s'allume pas, ne s'éteint pas comme ça, par hasard, dit-il. (...) Papa pense les choses autrement, le monde tient par des chiffres ; ils sont au coeur même, de la création et on peut lire dans les dates une vérité profonde, y voir de la beauté. ce que moi j'appelle hasard ou occasion, selon le cas, est pour papa un élément d'un système complexe. Trop de coïncidences, ça n'existe pas, une à la rigueur, mais pas trois ; pas de coïncidences en série, dit-il : l'anniversaire de maman, la date de naissance de sa petite-fille et le jour de la mort de maman, tout ça le même jour du calendrier, le sept août.
L'incarnation de ma négligence en matière de contraception me regardait en face.
Je sens que je suis en train de la perdre, comme j'ai perdu maman au téléphone, comme le sable de la grève qui vous file entre les doigts.
Et c'est moi qui reste sur le carreau, à lécher mes doigts salés.