Jonas est seul... Les 3 Güdrun de sa vie l'ont quitté, sa femme d'abord, puis sa fille s'est éloignée et enfin sa mère, qui enfermée dans un monde bien à elle, croupie en maison de retraite, et ne parle que de la guerre...
Il n'aime plus la vie, surtout la sienne et imagine emprunter un fusil à Svanur, son voisin pour se supprimer...
Après maintes hésitations, il décide plutôt de partir dans un pays étranger où règne le chaos, afin de ne pas imposer à son entourage la découverte de son corps...
C'est ainsi qu'il débarque, avec sa caisse à outils, à l'Hotel Silence, dans une ville touristique désertée, d'un pays dont une trêve vient d'être signée, après une longue période de conflits...
Alors qu'il est venu pour se donner la mort, il rencontre May, qui avec son frère et son fils, essaie de remettre en état ce lieu appartenant à leur tante, celle ci ayant migré. Elle lui raconte la guerre, le pays à feu et à sang, les familles disséminées, les vies massacrées... et sa volonté farouche de survivre...
Bientôt Jonas va paraitre à tous indispensable grâce à son génie du bricolage et ainsi il va cesser de regarder sa première cicatrice, son nombril, pour s'intéresser aux cicatrices des autres, les aider et reprendre goût à la vie.
"Dans la langue islandaise, ör est un mot neutre qui signifie cicatrice. Ce sont à la fois celles du corps, mais aussi celles faites à un pays ou un paysage modifié par la guerre ou les constructions."
Audur Ava Olafsdottir sait rendre l'atmosphère douce malgré la dureté des circonstances, pour les transformer en petit miracle lumineux.
L'ambiance de ses livres est à chaque fois magique avec des personnages forts merveilleusement campés, une trame de base minimaliste, des descriptions simples et limpides, qui entrainent le lecteur à la découverte des confins d'une contrée lointaine... sa propre existence.
Coup de coeur... A lire sans hésiter comme ses autres titres.