AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 596 notes
Ör , cicatrices biologiques et cicatrices à l'âme.

31 mai : le narrateur se déshabille, sent le sang affluer dans tout son corps, sent le parquet sous ses pieds, se sent revivre ?

5 mai :
Jonas, 49 ans, traîne son malheur, son mal-être.
Un nymphéa tatoué sur le coeur.
Un voisin, Svanur, qui parle des conditions de la femme dans le monde et d'entretien de voitures !
Une mère, à l'esprit désormais brumeux, noyée dans les innombrables chiffres des innombrables guerres.
Le mois de mai, pour le chiffre 5, sera un bon mois pour terminer sa vie.
Mais dans les propos nébuleux de sa mère qui pensait qu'il allait partir en voyage ou à la guerre, va naître l'idée d'aller terminer ses jours dans un pays meurtri, au lendemain d'un conflit.
Il part donc « en vacances » avec la caisse à outils de sa perceuse pour accrocher le crochet destiné à sa fin de vie. Mais ses outils vont bien sûr lui servir à leur utilisation courante : le bricolage et les réparations !

Tout ceci, écrit en vrac à ma façon, semble quelque peu loufoque et pourtant il émane de cette histoire une tendresse infinie et les messages de vie sont nombreux, profonds et émouvants.
Auður Ava Ólafsdóttir sait utiliser des mots sensibles qui résonnent dans notre âme de lecteur.
Même sa façon de décrire ce pays ravagé est délicate et sublime. Avec de petites phrases qui semblent anodines, elle réussit à en faire ressortir des émotions et des interrogations sur le sens de la vie.

Un roman qui aborde d'une façon tout à fait originale et poétique le fait, incontestable, qu'il faut toujours tenter de relativiser sa souffrance. Un très beau message amené avec beaucoup de douceur.
Commenter  J’apprécie          74
Jónas est seul depuis son divorce, il y a huit ans et cinq mois. Sa mère âgée est malade, sa fille vient de devenir sa plus belle cicatrice, un Nymphéa (c'est son prénom) blanc, tatoué sur son coeur. Il en a assez de vivre. Mais pour ne pas imposer à sa famille le fardeau de la découverte de son corps mort, il décide de partir. Loin. Dans une zone à peine remise d'une guerre, tant qu'à faire ; plus le danger sera présent, plus vite il pourra en finir. C'est ainsi que cet homme de quarante-neuf ans au bout du rouleau part sans rien dire à personne pour l'hôtel Silence, au bord d'une mer qui pourrait être celle d'un pays de l'ex-Yougoslavie. Il emporte juste avec lui sa caisse à outils, comme d'autres partent avec leur trousse de maquillage ou leur brosse à dents : parce qu'il a de l'or dans les mains, qu'il bricole comme il respire ; et que peut-être il devra fixer un piton au plafond, pour se pendre.

« Je n'ai pas besoin de la regarder longtemps pour me rendre compte qu'elle est toute autre que l'océan houleux dont j'ai l'habitude : pas de vagues géantes ici, lourdes comme des portes de fer qui claquent, pas de ces crêtes blanches du ressac qui disloque la roche et aspire les bateaux ; ce que je vois depuis ma fenêtre est une immense piscine d'eau salée, ou un miroir flottant. »

Au départ j'ai pensé aux Petits suicides entre amis, du finlandais Arto Paasilinna (une autre excellente découverte), mais avec Auður Ava Ólafsdóttir, on n'est pas dans le registre de l'absurde ni du loufoque. Ör signifie « cicatrices », en islandais. C'est un terme neutre, identique au singulier et au pluriel, et qui s'applique tant au corps, qu'à un pays ou un paysage. Dans ce roman, il va être question de tout cela à la fois. « le chagrin est comme un éclat de verre dans la gorge. » Même si certains thèmes abordés sont durs, Audur Ava Olafsdottir a une sorte de génie dans les histoires qu'elle offre, pour saisir le lecteur par la douceur de ses plus belles émotions, en toute simplicité, sans aucune mièvrerie.

Ör est une belle histoire humaine pleine de mélancolie et d'intensité, d'humour et de poésie. J'ai pris un immense plaisir à cette lecture.

« Au lieu de mettre fin à ton existence, tu n'as qu'à cesser d'être toi et devenir un autre. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
Commenter  J’apprécie          70
Ör. Audur Ava Olafsdottir (Zulma ; 190P)
Blessures et tristesses. Mais pas que… Mourir un jour, bien sûr, mais quand, et doit-on le décider parfois ?
Jonas a tout pour être malheureux, au fond du trou. La vieille quarantaine usée, divorcé depuis des années, il apprend que sa fille unique qu'il chérit n'est pas « de lui ». Lui qui plus jeune fut gourmant de conquêtes féminines n'a pas touché le corps d'une femme depuis plus de huit ans. Tenté par une fin choisie, il décide de partir, très loin, dans un pays (jamais nommé, mais on peut penser à l'ex-Yougoslavie) ruiné par la guerre et dont les blessures sont encore à vif, dans les chairs comme dans les paysages. Jonas débarque dans cette ville déchirée, vide de touristes et encore très dangereuse avec juste, allez savoir pourquoi, sa perceuse et sa petite boite à outils (de quoi est-ce le symbole, puisqu'il ne semble pas prêt du tout à se réparer ?) le titre « Ör » signifie d'ailleurs cicatrice en islandais. Il se pose dans un hôtel quasi désert, découvre un monde où il doit se confronter aux plaies brûlantes de tout un chacun, peuplé dans les mémoires des survivants de morts atroces et de disparitions, de massacres interethniques, et peut-être aussi d'espoir, puisque survivre, c'est encore espérer.
Le grand mérite d'Audur Ava Olafsdottir dans ce petit roman est de ne pas nous plonger dans une désespérance sans fin dans un contexte d'horreurs crûment montrées des conséquences d'une guerre fratricide, de deviner la capacité à accueillir un sourire ou une attente - c'est-à-dire un désir, c'est-à-dire la vie. C'est certes d'une tonalité générale triste. C'est aussi très lent, mais c'est à l'aulne de ce temps retenu, quelques jours, à peine quelques semaines. C'est plein de pudeur, de poésie, de sensibilité, à l'envers d'un contexte et d'une réalité qui peuvent faire froid dans le dos. C'est bien écrit. C'est vite lu. C'est très touchant, plus qu'émouvant. Ça restera dans les mémoires je crois, alors c'est à lire.
Commenter  J’apprécie          60
Après « Rosa candida », et en attendant de me plonger dans « Miss Islande », me voici de nouveau charmée par cette autrice islandaise.

Jónas Ebenesser veut mettre fin à ses jours. Les trois femmes, toutes nommées Guorún, qui l'entouraient se sont éloignées de lui et il ne trouve plus de charme à cette vie qui fut la sienne. La première, sa mère, perd la tête dans une maison de retraite, son ex-femme l'a abandonné en lui avouant que sa fille n'est pas de lui, et cette dernière justement, âgée de vingt-six ans prend son envol. Début hyper joyeux me direz-vous ! Et bien oui, car figurez-vous que trouver un moyen de mourir sans faire subir à sa fille l'épreuve de voir le corps de son père abîmé est une question existentielle et totalement loufoque !
Oui ce livre a un côté absurde et décalé. Alors on suit Jónas dans ses pérégrinations pour trouver le moyen de disparaître proprement. Et quoi de mieux que de décider d'aller dans un des pays le plus dangereux au monde ? Et qu'emporter dans sa valise : une corde, une arme ? Non une caisse à outils avec dedans un sésame, sa perceuse !

On ne peut que faire un parallèle entre ce pays en ruine et ce personnage perdu mais terriblement attachant, plein de gratitude envers les femmes qui ont jalonné sa vie (même s'il ne se souvient pas de la plupart d'entre elles !). Alors dans ce pays en ruine, défiguré par une guerre qui vient de s'achever, où les rares étrangers sont davantage soupçonnés de pillages d'oeuvres d'art que de contributeurs à la relance du pays, il va oublier son projet initial. Qui est-il pour vouloir mettre fin à ses jours quand May, sa logeuse, lui explique ce qu'est vraiment la guerre et comment on fait après « La seule façon de continuer, c'est de faire comme si on menait une vie normale. Comme si tout allait bien. de fermer les yeux sur le désastre » ? Alors discrètement mais efficacement, le Jónas triste et désabusé, conscient qu'il y a plus malheureux que lui, va s'effacer et laisser la place à celui qui répare les murs, les tuyaux, et puis les âmes, y compris la sienne. Ah j'ai oublié de vous dire ör veut dire cicatrices ...

C'est beau, porté par une écriture pleine de tendresse et de poésie (accentué par ses phrases-citations de début de chapitre). Ça aurait pu être cafardeux et c'est un hymne à la vie que nous livre cette écrivaine islandaise.
Commenter  J’apprécie          60
Jónas, 49 ans, divorcé, est las de tout. Depuis qu'il a appris que sa fille n'était pas de lui, sa solitude lui pèse plus que jamais. Alors que l'hiver islandais touche à sa fin, il prend un aller simple pour un pays désertique dévasté par la guerre civile, bien décidé à y mourir. Il y trouvera, malgré lui, plus d'une raison de vivre... Avec la sobriété qui la caractérise, Auður Ava Ólafsdóttir esquisse en parallèle le portrait d'un homme en crise et celui d'un pays qui peine à se redresser.
Rappelant la veine de Rosa Candida, le premier grand succès d'Ólafsdóttir publié chez Zulma Éditions, Ör ("Cicatrice" en islandais) est un roman tout en délicatesse, plein de non-dits et de silences d'où surgissent parfois les échos de vaines batailles et de sentiments longtemps enfouis.
Commenter  J’apprécie          60
Je pensais baigner avec cette lecture dans l'atmosphère islandaise, commencer à me préparer à ma découverte de ce beau pays, dans un peu moins de 2 mois. Mais cela n'a pas été le cas car Jónas, à peine a-t-on fait sa connaissance, quitte son pays pour un autre bien différent, sortant à peine d'une guerre qui a laissé de nombreuses traces.
Jónas a passé l'essentiel de sa vie à agir selon les désirs de sa mère, puis de sa femme et enfin de sa fille, les "trois Guðrún de sa vie". Lorsqu'il apprend une nouvelle qui le remet en question, il décide d'en finir avec cette existence malheureuse et part "en vacances" dans un pays lointain, dans l'idée de se supprimer ; dans ses bagages, très peu d'objets personnels, ses journaux intimes d'adolescent et sa petite caisse à outils.
A son arrivée dans ce pays en ruines, alors qu'il cherche comment en finir avec la vie, il devient petit à petit indispensable de par ses talents de bricoleur, et se retrouve entraîné dans une dynamique d'entraide par les gérants de l'Hôtel Silence, où il réside. Jónas, habitué à se rendre utile, rend des services de bon coeur. Ce-faisant, il en oublie son projet initial et cette reconstruction qui à l'origine était celle de l'Hôtel Silence, devient également celle de Jónas.
L'écriture est belle et poétique et le texte est rythmé par des citations empruntées à des poètes, des philosophes, des écrivains, des compositeurs et même un sculpteur, tels ce vers de Steinn Steinarr :
"Le sais-tu ? Ce sont des larmes, des larmes de printemps qui tombent sur le sable noir"
Commenter  J’apprécie          62
A presque cinquante ans et divorcé, Jonas a perdu le goût de vivre. Personne n'a plus besoin de lui, sa fille est une adulte, sa mère vit dans un présent déconnecté et il apprend par son ex-femme qu'il n'est pas le père de sa fille. le voilà décidé à mettre fin à ses jours mais pas question pour lui de traumatiser sa fille et son voisin susceptibles de trouver son corps. Aussi, il décide d'accomplir son geste final à l'étranger, dans un pays ravagé par la guerre. Avec une perceuse et sa boîte à outil, Jonas arrive dans une ville désertée par les touristes.

A l'Hôtel Silence où il a réservé une chambre, sa présence étonne et intrigue les gérants, un frère et une soeur. Dans cette ville aux cicatrices béantes, Jonas obnubilé par sa propre souffrance va petit à petit ouvrir les yeux sur ceux qui l'entourent. Sans en dire de trop, Audur Ava Olafsdöttir nous parle d'entraide et de blessures que l'on peut essayer de soigner. C'est un roman teinté de la touche singulière, fantaisiste et poétique, de cette auteure. A partir d'un sujet qui aurait pu être plombant, l'auteure fait ressortir l'espoir, la confiance sans tomber dans la mièvrerie. Et ça fait du bien !

Juste un petit bémol pour la fin trop prévisible mais qui est largement compensée par l'humanité qui se dégage de ce beau roman.
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
Commenter  J’apprécie          60
J'avais beaucoup aimé Rosa Candidat. Dans la même ligne, et encore mieux, Ör est un livre très fort, d'une grande humanité et en même temps tout en simplicité et en finesse. Une grande leçon de littérature. Un livre à ne pas oublier.
Commenter  J’apprécie          60
Un très beau roman qui parle de la vie, de la mort, de nos doutes, de nos blessures, de nos cicatrices. Un homme décide d'en finir avec la vie. Il quitte tout et se découvre chaque jour de nouvelles raisons de vivre. C'est éblouissant, parfaitement bien écrit, rythmé et si juste. Un hymne à la vie, un hymne à l'amour.
Commenter  J’apprécie          60
Les livres d'Audur Ava Ólefsdóttir sont toujours comme ça .... une succession de phrases intelligibles mais qui ne se raccordent pas vraiment avec ce qu'il y a eu d'écrit avant ou ce qui sera écrit après !
Déstabilisants peut être, mais quelle puissance dégagent ces phrases à preuve le nombre impressionnant de citations.
Des reflexions si simples mais si justes qui nous sidèrent et parlent à notre intelligence et à nos sentiments.
"Le mot islandais ör signifie cicatrices. Il n'est ni féminin si masculin, mais d'un troisième genre qu'on appelle neutre. Ör est identique au singulier et au pluriel : une ou plusieurs cicatrices. le terme s'applique au corps humain, mais aussi à un pays, ou un paysage."
Ce livre est une démonstration de l'existence de ces cicatrices que nous portons chacun et chacune en nous, à la fois sur nos corps et dans nos âmes.
Le principe d'une cicatrice est que son existence démontre la guérison d'une plaie.
Nos corps, nos âmes, nos pays dévastés porteront certes des cicatrices qui peu à peu s'effaceront et qui nous laisseront le souvenir de ce que nous avons été, de ce que nous avons fait.
Partons avec Jónas découvrir ce pays dévasté mais qui a réussi à lui redonner l'envie de vivre !
Puissons nous chacun voir nos blessures et laissons les devenir des cicatrices ... de belles cicatrices qui nous permettront de vivre !
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (1147) Voir plus



Quiz Voir plus

Quizz Rosa Candida

Comment s'appelle le personnage principal?

Arnol Tharniljuifs
Arnljotur Thorir
Arnoldiu Tharak
Arnold Thyrolior

15 questions
252 lecteurs ont répondu
Thème : Rosa Candida de Auður Ava ÓlafsdóttirCréer un quiz sur ce livre

{* *}