Après «
Rosa candida », et en attendant de me plonger dans «
Miss Islande », me voici de nouveau charmée par cette autrice islandaise.
Jónas Ebenesser veut mettre fin à ses jours. Les trois femmes, toutes nommées Guorún, qui l'entouraient se sont éloignées de lui et il ne trouve plus de charme à cette vie qui fut la sienne. La première, sa mère, perd la tête dans une maison de retraite, son ex-femme l'a abandonné en lui avouant que sa fille n'est pas de lui, et cette dernière justement, âgée de vingt-six ans prend son envol. Début hyper joyeux me direz-vous ! Et bien oui, car figurez-vous que trouver un moyen de mourir sans faire subir à sa fille l'épreuve de voir le corps de son père abîmé est une question existentielle et totalement loufoque !
Oui ce livre a un côté absurde et décalé. Alors on suit Jónas dans ses pérégrinations pour trouver le moyen de disparaître proprement. Et quoi de mieux que de décider d'aller dans un des pays le plus dangereux au monde ? Et qu'emporter dans sa valise : une corde, une arme ? Non une caisse à outils avec dedans un sésame, sa perceuse !
On ne peut que faire un parallèle entre ce pays en ruine et ce personnage perdu mais terriblement attachant, plein de gratitude envers les femmes qui ont jalonné sa vie (même s'il ne se souvient pas de la plupart d'entre elles !). Alors dans ce pays en ruine, défiguré par une guerre qui vient de s'achever, où les rares étrangers sont davantage soupçonnés de pillages d'oeuvres d'art que de contributeurs à la relance du pays, il va oublier son projet initial. Qui est-il pour vouloir mettre fin à ses jours quand May, sa logeuse, lui explique ce qu'est vraiment la guerre et comment on fait après « La seule façon de continuer, c'est de faire comme si on menait une vie normale. Comme si tout allait bien. de fermer les yeux sur le désastre » ? Alors discrètement mais efficacement, le Jónas triste et désabusé, conscient qu'il y a plus malheureux que lui, va s'effacer et laisser la place à celui qui répare les murs, les tuyaux, et puis les âmes, y compris la sienne. Ah j'ai oublié de vous dire ör veut dire cicatrices ...
C'est beau, porté par une écriture pleine de tendresse et de poésie (accentué par ses phrases-citations de début de chapitre). Ça aurait pu être cafardeux et c'est un hymne à la vie que nous livre cette écrivaine islandaise.