Véronique OLMI.
le gosse.
Je suis dans la librairie et sur la table, au premier plan, le livre de
Véronique OLMI trône. Je m'en empare et en à peine deux jours, je lis cette histoire d'enfant pauvre, secouru par les services sociaux de l'époque, avant-gardistes.
Joseph Vasseur est né le 8 juillet 1919, à Paris. Son père, Paul a fait la guerre, mais il est très malade, des séquelles de ce putain de carnage ; il décède peu de temps après la naissance de son fils. Sa mère Colette est plumassière et partage son logement avec sa belle-mère, Florentine. Ce gosse vit avec ses deux femmes dans le quartier populaire de Belleville. Ici tout le monde se connaît, se fréquente et les enfants jouent dans la rue, sous la surveillance des grands-mères qui bavardent, assisses sur les pas des portes. Joseph mène une existence d'enfant pauvre, aimé, il va à l'école et cela lui plaît. de plus, il est bon élève. Colette, jeune veuve, aime beaucoup s'amuser ; elle s'éprend d'un jeune homme, Augustin. Elle envisage même de l'épouser mais il n'a que dix-neuf ans. Suite à un avortement clandestin, elle décède. Joseph demeure seul avec sa grand-mère florentine. Mais cette dernière, âgée, malade, usée, vraisemblablement atteinte par la maladie d'Alzheimer ne peut plus s'occuper correctement de son petit-fils. Elle est internée à l'hôpital Sainte-Anne et les services sociaux viennent saisir
le gosse : il est pupille de l'État et cet État va donc placer ce gamin dans une institution dument patentée, qui va se charger de l'éducation, du bien-être de cet enfant, de son avenir.
D'orphelinat en prison à la Petite Roquette, de prison à la colonie pénitentiaire à Mettray, , une création de notre République, Joseph va tomber de Charybde en Scylla, alors qu'il n'a même pas dix ans. La musique va constituer une échappatoire à cette véritable incarcération. Un homme prendra sous sa coupe ce petit prodige, lui donnera une certaine autonomie, lui trouvera du travail. Ce gosse va vivre à Paris, le Paris de son enfance …. Il fera de belles rencontres, connaîtra l'amour, dans les bras de femmes mais également dans les bras d'hommes. Quel sera donc son avenir, son devenir ? Comment parviendra-t-il à sortir de ce magma que sont les colonies pénitentiaires, agricoles essentiellement qui devaient, à l'origine remettre dans le droit chemin des jeunes enfants délinquants ou abandonnés. Pour moi, il s'agit d'établissements, visant à verser d'énormes dividendes à leurs créateurs. Personne ne s'inquiétait du sort de ces pauvres malheureux croulant sous les ordres, contrordres de leurs encadrants, souvent d'anciens militaires, vicieux, méchants, corrompus à l'extrême. Et tous ces sévices tant physique que mental que vont subir ces petits enfants ! Quelle honte et que de souffrances ! C'est une main-d'oeuvre bon marché qui est mise à la disposition de certaines classes sociales, soit dans des fermes ou ces enfants travaillent pour des sociétés privées, censées payer l' hébergement de ces pauvres petits êtres, condamnés à oeuvre dès leurs plus jeunes années. La dénomination du centre de Mettray est « la Colonie ». Ce terme, pour moi, évoque les vacances, les loisirs. Ici, c'est un univers carcéral, militaire et abusif. Il ne faut donc pa s'étonner que beaucoup d'enfants se rebellent, mentent, volent, etc.…
Avec une belle écriture, la naissance des comités Alexis DANAN nous est révélé par Véronique. Je la remercie du fond du coeur de nous plonger dans cet univers féroce. L'histoire est très bien ficelée. Ce roman est de la même veine que
Bakhita. J'ai lu ce récit, qui je dois l'avouer humblement m'a arraché quelques larmes. Je deviens de plus en plus sensible avec les années, de plus en plus intolérante à la mauvaise foi et aux odieux traitements appliqués à des personnes vulnérables et sans défense. de la révolte, de l'humilité, de l'humanité et beaucoup d'amour. Nul ne peut être insensible à ce gosse, joseph qui va rechercher et rendre visite à sa grand-mère. Et ces établissements ont perduré des années et des années, avant d'être fermés par décision administrative. Il faudrait peut-être encore que nos diverses instances politiques, sociales, culturelles se penchent sur le sort réservé à des enfants malheureux, issus des classes sociales défavorisées. Je suis encore quasi sûre que des enfants subissent des sévices corporels similaires à ceux que nous décrits Véronique. Encore une fois, toutes mes félicitations et tous mes remerciements pour ce beau texte. (28/01/2022)
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