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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Robey Childs, 14 ans, vit avec sa maman, Hettie, dans la ferme familiale, son père étant parti se battre avec les Confédérés. Mais, en ce dimanche de mai 1863, cette dernière lui apprit la mort d'un certain Thomas Jackson. Une mort qui, pour elle, elle en était certaine, annonçait la fin de la guerre. Aussi pressa-t-elle son fils de partir à la recherche de son père et de le ramener. Pour ce faire, elle lui avait confectionné une veste d'uniforme réversible brun-gris d'un côté, bleu de l'autre. Sans attendre le lendemain et après avoir reçu quelques conseils avisés de sa mère, Robey prit la route vers le Sud, chevauchant un bel étalon noir charbon prêté par le vieux Morphew...

La guerre gronde au loin. Cela n'empêche pas Robey, tout frêle adolescent, de se rendre sur les champs de bataille afin d'y retrouver son père et le ramener à la maison. Sur sa route, il croisera bon nombre de personnages, peu recommandables pour certains, attachants pour d'autres, mais toujours remarquables. Ce périple marquera à tout jamais ce jeune homme tant la guerre lui paraitra absurde et tant il découvrira, bien malgré lui, la véritable nature des hommes et le fond de leur coeur. de sa ferme de Virginie au champ de bataille de Gettysburg, ce n'est finalement pas tant son père que Robey trouvera mais bien lui-même. Malgré la noirceur des âmes, la violence des hommes, le sang, la putréfaction des corps, il ressort néanmoins de ce roman une faible étincelle d'humanité, de chaleur et d'espoir, incarnée en la personne de Robey. Robert Olmstead, de par sa narration puissante, son écriture riche, à la fois poétique et crue, ses descriptions magnifiques, nous offre un roman remarquable et subtil. 
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Robert Olmstead est né en 1954 et a grandi dans une ferme du New Hampshire. Après avoir fait ses études à l'université de Syracuse aux côtés de Raymond Carver et Tobias Wolff, il se lance dans l'écriture et l'enseignement. Aujourd'hui encore directeur du programme de Creative Writing de la célèbre université Wesleyan de l'Ohio, Robert Olmstead a écrit sept romans. Son dernier roman, le Voyage de Robey Childs, vient de paraitre en France.
Un matin de 1863, la mère de Robey Childs s'éveille bouleversée par un songe. Un grand danger planerait sur son mari, soldat de la guerre de Sécession. Elle envoie alors Robey, son unique enfant, âgé de quatorze ans, sur les traces de son père avec pour seule arme une veste réversible aux couleurs des uniformes de chacune des deux armées, « Tu vas partir à la recherche de ton père et tu vas le ramener chez lui ». Monté sur un cheval noir hors du commun, « A n'en pas douter, cet animal ressentait ce que lui-même ressentait », cadeau providentiel d'un de ses voisins, Robey se lance dans l'aventure.
Roman initiatique, l'enfant Robey traversera des champs de batailles, croisera des personnages plus ou moins recommandables, avant de revenir au pays plein « d'usage et raison » vivre en homme le reste de son âge, c'est-à-dire en sachant « que dans cette vie, il n'en avait pas terminé avec la violence et la mort. »
Un excellent roman servi par une écriture à la hauteur de ses ambitions, touchant mais sans lyrisme exagéré ou pathos appuyé. Robert Olmstead écrit avec une économie de mots - qui n'empêche pas la précision des descriptions de scènes atroces de guerre - ce qui en atténue la vision sans en minorer la force évocatrice, réussissant même à magnifier l'horrible, « … il assista, horrifié, à la dilatation progressive de leurs yeux qui sortaient des orbites, et au bout d'un certain temps, il les vit éclater sous la pression des gaz corporels pestilentiels et s'ouvrir comme de monstrueuses fleurs expulsant leurs pétales et leurs feuilles, les faisant gicler sur le sol alentour. »
Avec des termes simples, à un rythme lent et régulier, la force tranquille des mots exprime toute l'abomination de la guerre à travers ce roman ayant pour décor la bataille de Gettysburg qui rappelons-le, se déroula en juillet 1863 en Pennsylvanie pendant la guerre de Sécession. Cette bataille, la plus lourde de cette guerre quant aux pertes humaines, se conclut par la défaite des sudistes qui laissèrent le terrain aux nordistes et fut un tournant du conflit. le lecteur pensera au Wilderness de Lance Weller, à ce détail près que Robert Olmstead a écrit son roman en 2007, soit cinq ans plus tôt.
Beauté de la langue, empathie de l'auteur pour ses personnages et paradoxe sublime, un superbe voyage au milieu des ruines et des cadavres jonchant le sol, dans les pas de ce jeune garçon qu'on voit mûrir et découvrir la vie, c'est-à-dire connaître la mort et l'amour, les deux thèmes qui font que le monde est monde depuis toujours. Un bouquin plus que recommandable.
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Robey Childs, quatorze ans, vit avec sa mère dans la ferme familiale pendant que son père est parti combattre avec les Confédérés. En ce jour de mai 1863, la mère de Robey a appris la mort du Lieutenant Général Thomas « Stonewall » Jackson aux ordres duquel son mari combat. Une mort qui, pour elle, annonce la fin de la guerre ; c'est pourquoi elle confie à Robey la mission d'aller chercher son père et de le ramener à la maison avant la fin du mois de juillet. Avant les moissons. Vêtu d'une veste réversible dotée d'un côté gris confédéré et d'un côté bleu de l'Union, montant une vieille rosse avant qu'un voisin lui donne un étonnant cheval noir charbon, Robey Childs débute alors un périple qui va l'amener à connaître intimement la nature humaine et en particulier ses aspects les plus sombres.

Le voyage de Robey Childs est évidemment un roman sur l'horreur et l'absurdité de la guerre – « Il se dit que si tous ces hommes étaient morts en combattant la guerre, c'était donc que la guerre était en train de gagner » – et surtout de cette guerre civile qui, un siècle et demi après, continue de hanter la mémoire américaine, et constitue la première tuerie à grande échelle de l'ère industrielle :

« On pouvait trouver là, éparpillé sur ces quelques centaines d'hectares, tout ce qui constitue un être humain, à l'intérieur comme à l'extérieur. Il y avait assez de membres et d'organes, de têtes et de mains, de côtes et de pieds pour raccommoder corps après corps – il ne manquait que le fil et l'aiguille. Et une couturière céleste. »

Mais le voyage de Robey Childs est avant tout un roman, ou plutôt un conte tant on a souvent la sensation de flotter dans un monde onirique, initiatique. C'est plus à la recherche de l'homme qu'il va devenir que de son père que part Robey Childs. Et de sa ferme de Virginie au champ de bataille de Gettysburg, croisant en route bandes de francs tireurs, civils en déroute ou ce petit homme portant le scalp d'une vieille dame, véritable créature issue d'un conte des frères Grimm, le jeune homme apprend autant sur les autres que sur lui-même, sur la véritable nature du courage, sur la lâcheté, grande ou petite, qu'elle soit sienne ou d'autrui.

Parfois naïf mais d'une grande puissance d'évocation, le roman de Robert Olmstead se révèle être un fort beau livre dans lequel la fureur et le sang, s'ils plongent le héros dans l'horreur et le mènent à se confronter à ce qu'il y a de pire dans la nature humaine, ne parviennent pas a annihiler la part d'humanité qui subsiste chez la plupart des hommes et femmes que croise Robey, et encore moins celle de Robey lui-même qui, peut-être, donnera naissance au bout du compte à un homme nouveau.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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A la demande de sa mère, Robey part à la recherche de son père parti au front. c'est alors que commence la découverte de paysages inconnus et de grands espaces, une chevauchée possible grâce au superbe cheval noir qu'on lui a confié . Mais ce voyage initiatique va très vite devenir pesant. Durant ce périple, les rencontres, étranges et bouleversantes se multiplient et le modèlent petit à petit. Puis le champ de bataille est une leçon terrible.  Robert Olmstead avec son écriture sans faille fait de cette quête une épreuve, un supplice qui détruit tout espoir. L' enfant pourtant, ne perd pas pied; il observe, il feint, et traverse cette épreuve qui lui laisse de nombreuses cicatrices. La bataille de Gettysburg qui a eu lieu du 1er au 3 juillet 1863 constitue le cadre de ce massacre fratricide. C'est surtout la nature humaine qui est au coeur de ce roman. C'est aussi l'histoire d'un jeune garçon qui grandit trop vite et qui veut, malgré tout survivre.
le roman de Robert Olmstead est un fort beau livre dans lequel les tragédies de cette guerre plongent le héros dans l'horreur et le mènent à se confronter à ce qu'il y a de pire dans la nature humaine. Toute cette aventure conduira Robey Childs à devenir un homme nouveau.
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J'ai été un peu déçue par ce livre, mais pour de mauvaises raisons :

- Je ne suis pas à mon aise avec ce style d'écriture comment dire, lyrique, "universelle", désincarnée

- Ce n'est pas le livre auquel je m'attendais au vu du pitch, pensant que le récit allait développer, autour de la redingote réversible aux couleurs des deux camps de belligérants, les points de vue des parties en présence, les raisons et motivations de la guerre de sécession, l'ensemble coloré d'un fond historique documenté.

Tout faux!

"Le voyage de Robey Child" n'en est pas moins un récit initiatique profond et sensible, et sera resté imprimé dans mon esprit lors de lectures ultérieures sur la guerre de sécession, relevant toute son absurdité et ses horreurs.
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Un matin la mère de Robey lui demande partir à la recherche de son père : elle le sent, il court un grave danger. Nous sommes en 1863 et le jeune garçon s'apprête à partir pour un voyage des plus périlleux au travers des États-Unis déchirés par la guerre de Sécession. le voilà donc en route avec sa vieille jument et une chemise réversible : un côté pour chaque armée. Lors de la première étape, Robey se voit remettre les rênes d'un cheval noir magnifique, puissant et d'une intelligence troublante. Sur©Gallmeister son chemin, le jeune garçon va découvrir un monde qu'il ne connaissait pas et qu'il n'aurait jamais imaginé aussi cruel. Ses pas vont le mener sur le charnier de Gettysburg, mythique bataille qui, si elle n'est pas nommée, est aisément reconnaissable au vu du désastre humain, décrit avec un réalisme qui pourrait émouvoir les lecteurs sensibles.[...]
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Depuis Pastorale Américaine - de Philip Roth, j'ai eu le goût de me pencher sur la construction et la déconstruction de cet étrange pays, l'Amérique, à l'histoire si courte, au présent si disputé. On dit ce pays bâti sur de la violence. On le dit pour pas cher, tous les pays se sont bâtis sur de la violence, l'histoire anglaise est effrayante, l'histoire chinoise multiplie ça par cent, l'histoire russe est terrifiante, et notre histoire française n'est pas fabriquée sur un lit de violettes non plus. Dans le livre de Roth, c'est le XXè siècle qui se détricote après avoir atteint son acmé (jamais je n'aurais cru que j'utiliserais ce mot !). Et le XIXè siècle ne m'intéresse pas des masses. Mais quand même, lorgnons du côté de la Guerre de Sécession pour comprendre mieux ce qui fait qu'un Américain est américain - et encore, on ne sait rien de la guerre du Mexique, mais Steinbeck a l'air de dire que ça a été d'une grande violence aussi. L'Histoire avec un grand H, donc.
La voilà à hauteur d'humain. Américain.
J'ai revu le film "Retour à Cold Mountain" récemment. Il y a du cousinage entre le film et ce livre. La guerre de Sécession a donc été une infâme boucherie ? L'être humain a encore déployé ce qu'il a de pire en lui, à cette occasion ? D'accord. L'histoire de l'Amérique est violente.
Partons la visiter.
La mère de Robey lui dit "va chercher ton père. Pars ce soir". Robey a 14 ans. Il obéit.
Un voyage-songe. Galoper pour la vie, entre la vie et la mort. Avoir 14 ans, chevaucher un onirique cheval noir charbon qui ne porte pas de nom, et descendre vers les enfers en absorbant la nature pleine de vie. La vie la mort, quoi, le voyage de Robey Childs. Même son nom de famille porte la vie, il part pourtant retrouver son père, lui l'enfant, sans savoir si cet homme qui l'a construit, est encore en vie, déjà mort, ou entre les deux.
Il traverse un bout d'Amérique, l'enfant Robey. Il va vers la guerre, l'enfer de la guerre bien terrestre. Comme il n'y meurt pas, voyons ce qu'il pourra faire - et nous avec - de ce gâchis humain inhumain qui lui saute au visage. Car il va falloir vivre avec, avec ce souvenir d'horreurs provoquées par l'homme sur l'homme, sur la femme parfois. Vivre avec ce moment de la bascule aussi, où d'observateur, on devient par la force des choses participant, on entre dans la ronde, l'ange a craqué, sans ailes il lui reste les flingues. Et vivre ensuite avec.
Alors, faire quelque chose de ce gâchis ? Ce gâchis de chair qui pourrit, pue, puis se fait grignoter pour le régal de la vermine bien en vie. Allez, j'ai cherché, et tout ce que j'ai trouvé, c'est qu'on arrive à un stade où on peut relativiser toutes nos idées préconçues : est-ce bien important d'être en vie ? Est-ce si grave de mourir ? Voilà ce que j'ai trouvé comme seule réponse capable de me faire digérer cette horreur : un haussement d'épaule. Et si tout ce drame ne tenait qu'au fait qu'on s'accroche à la vie, alors que peut-être c'est seulement un enfumage sans vraiment d'intérêt.
Quant à notre douleur, eh bien, elle s'arrêtera bien un de ces quatre, d'une manière ou d'une autre. Est-ce que ça gâchera la nourriture de la vermine qui s'en suit ? Il parait que l'animal tué avec stress gâte la viande... La vermine, ou des cochons gloutons qui n'espérait pas un tel festin. Cochons que les vivants qui ont échappé au charnier mangeront à leur tour, nourris des ancêtres qui viennent de tomber, qui ont souffert le martyre avant de mourir, après tout, se nourrir c'est la vie non, et n'est-ce pas un curieux mais efficace mode de transmission que de manger son père à travers la viande d'un cochon...
Avec toutes ces réjouissantes question, en voilà une nouvelle : est-ce vraiment l'Amérique ? Il y a quelque chose de l'Illiade et l'Odyssée dans ce livre, avec un tout jeune Ulysse - tout comme, encore une fois, dans le voyage de Retour à Cold Mountain, où Ulysse devenu adulte, presque fantomatique, marche dans son purgatoire pour rejoindre sa belle Pénélope. Guerre de Troie, Gettysburg, Boutcha, à croire que la mort à la même odeur partout dans le monde, et à toutes les époques, même si les armes sont différentes. Récit universel donc, guerre de nationalité terrestre, à veste réversible. Guerre sans gentils sans méchants - si, quand même, les charognards sans gêne, toute écolo que soit leur démarche, difficile de prendre leur défense. Ils pourraient au moins, par savoir-vivre, attendre que la dépouille dépouillée soit vraiment morte, et que les familles ne se soient pas présentées ou soient reparties...

Autre impression assez troublante : je me disais, Robey, je le connais. J'ai connu des garçons comme ça, un peu plus âgés quand même, je les ai connus de près. Qui prennent ce qui vient de manière assez laconique, qui ne s'expriment pas, qui agissent juste ce qu'il faut, qui prennent sur eux et n'en font pas toute une histoire. Qui sont humains, respectueux, et n'en font pas toute une histoire. Qui ne font pas d'histoire, qui font à peine leur histoire à eux. Les discrets, les taiseux. L'impression, du coup, d'avoir retrouvé mes gars, et ça m'a fait bien plaisir.

Avec ça : peut-on conseiller de lire ce livre une fois qu'on a passé la cinquantaine et que les enfants sont grands ? Parce que c'est rude, la guerre oui, le gâchis de vie, de chair, la violence, l'effroi, l'enfer... Ou au contraire, devrait-on le faire lire aux gamins qui vont entrer, comme Robey Childs, dans l'âge adulte ? Pour les prévenir qu'il n'y a rien de romantique là-dedans, que mourir c'est plutôt moche, souffrir le martyre aussi, sinon plus. Pour leur dire que s'ils ont la chance de ne pas connaître ce genre de chose, ils doivent savourer cette chance infiniment, sans faire leur boudeur... Leur faire réaliser que cette chance ils doivent la peaufiner, la chérir comme un cadeau, tout faire pour qu'on ne détruise plus des vies, et que s'ils ont peur de s'ennuyer, il reste l'aventure de l'amour, par exemple, déjà très coton à vivre, il reste la créativité, et puis la savouration de tout ça - savouration, savourage, tiens, il n'y a pas de nom commun découlant du verbe savourer ?

Le voyage de Robey Childs reste fascinant, irréel, je l'ai avalé, acceptant cette écriture qui se donne des airs de fable. J'ai accepté avec lui tout ce qui lui arrive, du début à la fin. C'est la vie. Ou c'est la mort. Ou les deux, ou entre les deux... C'est la vie et sa liberté, c'est le souffle des vents et l'oeil affolé des chevaux, c'est les rencontres de hasard et ce qui lie les gens. Ou pas. Je n'ai rien appris de plus sur l'Amérique, mais j'ai appris sur les chevaux, sur les gens, sur mes gars, sur la vie.
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« Alors qu'auparavant le temps lui appartenait, désormais il n'en était plus maître. On l'envoyait dans le vaste monde, lui qui n'avait que quatorze ans, lui qui était si ignorant de la vie. »

Pour se faire une idée, imaginez l'idée d'envoyer un gamin sur le chemin des Dames….Pour Robey il lui faudra prendre la direction de la grande bataille de Gettysburg, avec juste de quoi se vêtir pour à la fois comme les sudistes, et comme les nordistes, et un cheval noir charbon pour fidèle monture. Sa mère lui a demandé de lui ramener son père.

Ce gamin va vivre là la plus cruelle des initiations en étant confronté à la fois aux combats de cette sanglante guerre, et aux inévitables dérives au sein de la société civile. L'écriture se veut néanmoins précise, mais sans emphase, et sans grandes envolées. Les descriptions y sont réalistes, très imagées et sans concessions.

A cette histoire aussi noire que la robe du cheval, l'auteur associe une écriture presque "blanche" et atone pour mettre en évidence la maturation de cet enfant sur lequel les épreuves et les évènements n'ont finalement que peu de prise. Seul compte pour lui de retrouver ce père et de verser autant d'humanité qu'il rencontre de noirceur.

Ce roman, qui est le premier volet d'une trilogie demande que l'on prenne le temps de s'y installer, d'en adopter le rythme pour parvenir à avancer avec Robey sur le chemin de la guerre, et de sa naissance à l'état d'adulte conscient du monde dans lequel il vit, et de ses premiers engagements d'homme.

« Il faut que tu saches mon fils. Ce qui s'est passé ici, ce n'est pas une question d'hostilité, ni de cruauté. »
« Ceux qui étaient ici n'étaient pas des fous furieux. Ils n'ont pas fait ça par amour, ni par avidité, ni par ignorance. C'était des fils de bonne famille, ils étaient instruits. Ce que tu vois ici, c'est l'humanité. le genre humain tel qu'il est. »

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À la demande de sa mère Mary, un adolescent de 14 ans, Robey Childs, se met en selle pour aller rejoindre son père, soldat de la guerre de Sécession. Et pourtant « Sa mère comprenait parfaitement qu'elle l'envoyait à la mort, mais elle ne pouvait pas ne pas l'envoyer. Et même s'il revenait vivant, elle ne se pardonnerait jamais d'avoir risqué la vie du fils pour sauver celle du père ».

Robey Childs traverse en partie les Etats-Unis en cette année 1863, vêtu d'une veste réversible, une couleur pour chaque camp adverse. Il fait des rencontres au gré du hasard, certaines bonnes d'autres mauvaises. Robert OLMSTEAD se plaît à décrire les paysages et la vie rurale alors en vigueur dans le pays. Quant au jeune Robey, il est fait prisonnier.

« le voyage de Robey CHilds » est une épopée guerrière, sanglante, où un jeune homme est tout à coup confronté à l'inexorable : la haine, la mort, homme perdu au milieu des décombres, des cadavres, des gravats, de la terre qui agonise de tout ce sang versé. Roman taiseux dont les dialogues épars sont brefs. Ce roman est aussi un parcours initiatique sur fond de tragédie, un apprentissage brutal du passage à l'âge adulte.

Plus le roman avance, plus Robey fait face à des scènes insoutenables : « Des lambeaux de chair et de tissu restaient accrochés aux os et là où ils étaient entassés, il était difficile de les dénombrer. Il n'avait personne pour le guider à travers ces régions fantomatiques de l'horreur et comme il n'avait que de très vagues notions du nombre d'individus vivant sur terre, il lui sembla à cet instant que la moitié d'entre eux étaient morts et avaient été laissés sans sépulture. Leur odeur était comme un poison frais qui prenait possession du vent pour devenir le vent lui-même ».

OMSTEAD est particulièrement adroit dans les images qui frappent, nombreuses sont les scènes brèves qui pourtant restent en mémoire par leur originalité en partie due aux personnages les animant dans un décor décalé. Ce livre est une complainte pacifiste contre l'absurdité de la guerre. Mais Robey ne se prend-il pas au jeu de massacre ? Ne va-t-il pas devoir tuer pour rester vivant ? Va-t-il revoir son père ? Ce dernier sera-t-il un cadavre de plus dans cette tragédie sans nom ?

OLMSTEAD ne dresse aucune réflexion historique sur la guerre de Sécession, il se contente de dépeindre un jeune homme découvrant la folie humaine, un paysage meurtri par la guerre, car les éléments relatifs à la nature, même s'ils n'entrent pas activement dans l'histoire, sont nombreux et tendent peut-être à apaiser la tension. Sans être un roman de guerre, il est plutôt un constat dressé par les yeux d'un jeune garçon arpentant une terre sur laquelle viennent d'avoir lieu des drames, comme si la providence faisait que Robey ne devait pas participer à la boucherie mais la suivre et la subir inexorablement.

Roman aux accents poétiques, il est de facture simple et le scénario peu élaboré n'en ressort que plus charpenté. Paru en 2014 dans la collection Nature Writing de chez Gallmeister (même s'il est permis de se questionner sur sa présence dans cette collection-là), il se laisse déguster au calme et peut être vu comme un antidote à la barbarie, ici dans une traduction de François HAPPE. Réédité en version poche toujours chez Gallmeister fin 2021.

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