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3,51

sur 146 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce n'est pas un coup de coeur, c'est un livre "coup de poing" qu'il faut lire et partager, peut-être encore davantage aujourd'hui au vu des derniers événements à Haïti... La langue est brute et imagée, elle ne cache rien de la réalité quotidienne des bas-fonds. Elle essaie de se tenir au plus près de la violence assénée ou reçue, par des êtres humains qui n'ont pas choisi leur destinée.
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Haïti 12 janvier 2010.
"A toutes les putes de la Grand-Rue emportées par le violent séisme du 12 janvier 2010"

Mackenzy Orcel signe un roman incantatoire. Trois voix se mêlent à celle de l'écrivain, la pute, la mère et la petite à travers les mots de son journal intime.
La petite se fait appeler Shakira , elle a quitté la maison familiale, fui une mère bigote qui préférait la soumission à la rébellion. Elle s'est réfugiée chez la pute et a appris le métier pour être enfin libre, libre de vivre comme elle l'entend , libre de dévorer les livres , libre d'aimer ...
La Grand-Rue ...
Mackenzy Orcel manie les mots sans tabous ni pudeur.

Ce premier roman a reçu le Prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres en 2012.
Un roman qui ne peut laisser indifférent.
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"Les Immortelles" de Mackenzy Orcel est une oeuvre captivante qui explore les réalités sombres et poignantes de prostituées à
Haïti au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010.

L'auteur relie habilement des récits entrelacés de femmes fortes confrontées à la violence et à l'injustice. L'auteur peint un tableau saisissant de la vie quotidienne, mêlant la beauté à la cruauté et dévoile des destins marqués par la résilience et la lutte pour la survie.

L'atmosphère envoûtante de Port-au-Prince devient un personnage à part entière, intensifiant l'impact plein d'émotion du récit.

Ce roman offre une réflexion profonde sur la nature de la vie, de la mort et de la survie dans un contexte social complexe. C'est une oeuvre qui invite à la contemplation, plongeant le lecteur dans un tourbillon d'émotions et de questionnements sur la condition humaine.

Merci à mon fils Alexis pour ce beau cadeau de Noël.
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Victoire par K-O pour les prostituées de la Grand-Rue de Port-au-Prince face à l'humble lectrice que je suis, à l'autre bout du monde.
Makenzy Orcel fait honneur, dans ce roman, à celles qui pratiquent, pour diverses raisons, le plus vieux métier du monde et leur rend, par ce court récit, l'hommage qu'elles méritent. Certaines ont survécu au grand tremblement de terre. D'autres sont mortes sous les décombres.
Toutes sont des victimes.
De la furie de la terre.
De l'ignorance des hommes.
De la pauvreté d'un coin de terre.
Du regard des autres.
Du manque d'amour.

Les immortelles est un roman atypique, percutant et sauvage.
Un de ceux qui ne laissent pas indifférent.
Un de ceux qui viennent nous triturer les tripes et les secouer sans ménagement. le vocabulaire est cru, sexuel, violent. C'est celui de la rue qu'on ne peut totalement comprendre que de l'intérieur.

Les immortelles c'est un roman d'amour aux soeurs de galère, à la Petite qu'on a pris sous son aile, à un pays riche de beaux humains mais en manque de tout !
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Les immortelles un roman bref dont les petits chapitres sont comme un cri du coeur, dans un style poétique, limpide et parfois cru qui décrit le monde de douleur de ces femmes.
Nous somme à Port-au-Prince après le violent séisme du 12 janvier qui a dévasté Haïti et plus précisément dans la Grande-Rue où vivent, travaillent ces prostituées. L'une d'elles va proposer à un client écrivain de coucher sur le papier l'histoire de ses consoeurs qui sont mortes lors de ce tremblement de terre et en échange, un marché simple elle paierait avec la seule chose qu'elle possède son corps. « Editer à compte de sexe ». Elle témoigne surtout l'histoire de Shakira, une petite qui a quitté sa mère à l'âge de douze ans, qui aimait les livres et plus particulièrement ceux de Jacques Stephen Alexis, elle succombera après douze jours sous les décombres.
Un roman caustique dans un style puissant ne m'a pas laissé indifférente à la vie de ces femmes.
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Récit fragmenté comme les décombres épars du tremblement de terre qui a frappé Haïti et sa capitale Port-au-Prince le 12 janvier 2010.
Un énième tremblement de terre qui a endeuillé ce pays pauvre, en proie à des régimes politiques gangrenés, instables, dictatoriaux souvent, corrompus toujours, violents, criminels, sanguinaires, sur une île où se multiplient les catastrophes naturelles contre lesquelles, pour toutes les raisons évoquées précédemment, la population est démunie.
Aucun système de gestion des risques comme il y en a dans des pays comme le Japon ( c'est l'exemple le plus parlant ).
Au sortir du séisme du 12 janvier 2010, le bilan fait état de plus de 220 000 morts, 300 000 blessés et 1,5 million de sans-abri.
Makenzy Orcel à travers ce qui est une ode aux anonymes, aux petits, aux oubliés, rend hommage aux putains pour les immortaliser, elles et leurs "semblables"...
Au bordel, une putain propose à un écrivain des passes "gratuites" :
- "Elle s'est dirigée vers la fenêtre pour regarder, non sans amertume, l'immense vallée de béton et de poussière blanche dehors. L'irréparable. L'inénarrable. le désespoir qui coule dans les yeux des gens. La ville-décombres, déchiquetée, saturée de morts connus, inconnus, synthétisés, dessinant toutes sortes de figures géométriques..."
Son marché est le suivant :
- "Je parle, tu écris. Tu transcris."
Il accepte.
- "Je devais juste d'abord écrire et ensuite la sauter. Ça me plaisait bien cette idée...Éditer à compte de sexe."
La prostituée va lui conter l'histoire de sa rencontre avec Shakira, une belle gamine fugueuse de douze ans, qu'elle va prendre sous son aile, héberger, à qui elle va apprendre le métier et dont elle va s'éprendre à la manière de la mère qu'elle fut.
Shakira qui a fui un père et mari violent, une mère bigote, lâche, vendeuse de bibles, qu'elle déteste, va devenir la coqueluche de la Grand-Rue.
Il faut dire que outre sa beauté, Shakira n'est pas une putain ordinaire.
C'est une jeune fille libre, rêveuse, passionnée par les livres et la lecture... elle voue un véritable culte au grand écrivain haïtien Jacques Stépen Alexis qui, en dehors d'avoir été pressenti pour le Goncourt, est connu pour son opposition sans failles au régime de "Papa Doc".
Exilé, il tentera un débarquement clandestin sur son île, tentative qui lui vaudra d'être torturé, exécuté... sa dépouille "inhumée" sans laisser de trace.
Shakira, c'est aussi celle qui va s'éprendre d'un professeur de lettres de trente-six ans son aîné, avec lequel elle a des discussions sur la littérature et autres sujets déroutants pour ses coreligionnaires.
Shakira a un vrai don de voyance... troublant pour lesdites coreligionnaires...
Une dispute va opposer Shakira à sa "mère d'adoption", dispute à la suite de laquelle la jeune fille va disparaître un an sans donner de nouvelles... au grand dam de sa protectrice.
De retour après cette année mystérieuse, la terre va s'ouvrir sous ses pieds et le béton d'un building l'ensevelir douze jours.
Douze jours sans secours, sans eau et sans nourriture.
Douze, un chiffre récurrent dans cette histoire ( je vous laisse découvrir ).
Avant de mourir, elle va confier à la "narratrice" qu'elle a un enfant... quelque part.
Ce va être désormais la raison de vivre de la porte-voix de ces prostituées de Port-au-Prince, désormais immortalisées par l'écrivain... comme les légendaires Fedna-la-pipeuse ou Geralda Grand-Devant.
Un livre à trois voix.
Un livre qui, s'il ne nous apprend pas grand-chose que ne nous aient déjà appris des Lyonel Trouillot, des Denis Laferrière, des Émile Ollivier, des René Philoctère et autres... nous offre des bribes habitées d'un authentique souffle poétique.
Et dans ce genre, les plumes haïtiennes excellent.
Pour conclure, je laisse les mots de la fin à l'auteur :
- "Loin des clichés ou de la complaisance graveleuse, Makenzy Orcel, élève ici un somptueux tombeau à une petite morte qui porte en elle toutes ses soeurs de misère." "On n'a pas fini d'ausculter le corps abîmé d'Haïti, mais les bien-pensants se sont occupés de tout sauf des putes, ces immortelles qui donnent sens, vie et tendresse au corps de la ville", écrit Makenzy Orcel dans ce roman qu'il leur dédie.
Un grand petit bouquin !
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J'étais assez sceptique concernant ce livre. En le feuilletant, j'avais vu ses chapitres très brefs, ses phrases courtes et parfois tronquées. Je craignais que tout cela ne soit qu'un effet de style un peu artificiel. J'étais dubitative mais bon, le texte était court, je n'avais pas grand-chose à perdre.

Et le texte m'a conquise.

Une prostituée de Port-au-Prince raconte à un écrivain de passage son quotidien. La rue, les clients, le sexe et surtout « la petite » qu'elle a comme adoptée quand celle-ci a rejoint le métier encore si jeune. La petite qui a bouleversé sa vie. La petite avec sa passion pour la lecture si originale, sa liberté de pensée si déroutante, sa générosité. Et sa terrifiante agonie dans les décombres du tremblement de terre de 2010 en Haïti.

Le style reflète l'oralité, il est abrupt et cru. le ton m'a convaincue puisqu'il correspond parfaitement au récit, à la personne qui le fait et au contexte de ses vies meurtries par la vie elle-même et par la nature. J'ai ressenti l'urgence de dire, de déballer presque à cet écrivain toute la fragilité et la sensibilité invisibles contenues derrière un aspect un peu grossier. J'ai ressenti aussi la souffrance et la colère face à l'impuissance alors que la vie et la mort se mêlent.

Oui, ses femmes sont devenues immortelles pour moi.
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Dans une chambre de Port-au-Prince, une prostituée de la Grande-Rue confie son histoire à un écrivain en échange de son corps.
Elle lui raconte le prostituées, les immortelles, emportées lors du tremblement de terre. Une en particulier, surnommée Shakira, passionnée de littérature, éprise de liberté, en rupture avec sa famille, devenue prostituée à 12 ans. Celle qui raconte est celle qui l'a recueillie, qui lui a tout appris. Une sorte de mère de substitution. Alors qu'elle lui reprochait de passer trop de temps dans ses livres, elle demande à un homme de lettres de retranscrire sa vie, le tremblement de terre lui ayant rappelé la fragilité de l'existence, et que ce qui reste, après, ce sont les écrits.
Elle raconte aussi les autres de la Grande-Rue: Geralda Grand-Devant, sorte de figure tutélaire. Emma ravagée par une maladie sexuellement transmissible, trop faible pour fuir le désastre qui s'annonce.
Elle évoque enfin la quête de la mère de Shakira (la vraie), femme d'une grande ferveur religieuse, dévastée par la disparition de sa fille, qui plonge de tout son être dans les bas fonds de Port-au-prince.
Bref roman construit comme une ode. Les souvenirs s'entremêlent, les voix se superposent, la douleur demeure.
Texte à la sonorité envoutante, au langage charnel, Makenzy Orcel livre le témoignage bouleversant du petit peuple haïtien, celui qui écoute mais que l'on n'entend pas, celui qui apaise mais que l'on ne protège pas.
Les prostituées de Port-au-Prince viennent d'atteindre l'immortalité.
Lien : https://alombredeslivresblog..
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Un joli petit livre concis et fort. Une prostituée, contre service, demande à un client écrivain d'écrire sur ses collègues tuées par un séisme à Haïti. Il est surtout question de ‘la petite' et de la relation avec sa mère. Pour la rendre ‘immortelle' dit la narratrice. Une histoire plus à lire qu'à commenter. Une question subsiste : Pourquoi toujours le chiffre 12 ? Chapeau bas pour ce premier roman !

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Il y a quelque chose de terriblement touchant dans le premier roman du poète Makenzy Orcel. Une humanité, une tendresse, un regard sans concession, mais attendri sur celles qu'il appelle « les immortelles », qui pratiquent « le plus vieux métier du monde », lesquelles ont disparu de la Grand'Rue de Port-au-Prince après le séisme de janvier 2010. Où sont-elles? Certaines ont-elles survécu? Où sont leurs clients, et ceux avec qui elles avaient un lien plus fort qu'un simple échange commercial?

C'est à elles, à eux, à celles qui sont là depuis toujours, à celle qui a choisi cette vie de plein gré, au prof de littérature qui les fréquente, aux témoins de cette vie d'avant, aux disparus, que le narrateur, « l'écrivain », prête voix dans Les immortelles, allant de l'un à l'autre, de l'une à lui-même, entremêlant les histoires, déroulant le fil de celles-ci, créant ainsi une toile qui se déploie en nous livrant des portraits plus vrais que nature.

Le résultat est un premier roman composé de fragments qui se répondent et s'imbriquent les uns dans les autres, unissant ainsi ces voix qui nous semblent d'abord disparates, mais qui semblent parfois n'en faire qu'une. le cri d'une immortelle prend alors toute la place alors que la mort a pris une des siennes, celle qui aimait tant lire et qui avait choisi ce métier pour s'accorder des pauses avec Jacques Stephen Alexis, dont les livres lui tenaient lieu de maison, de rêve et d'espoir.

D'elles, d'eux, il reste une poignée d'histoires racontées ici sans fausse pudeur, à lire et relire en attendant que la Grand'Rue redevienne ce qu'elle était. Quand vivait encore celle a qui Makenzy Orcel a prêté ces mots : « Pour moi, il existe deux grands voyages. La lecture et le somptueux voyage des corps enlacés. »
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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