- Pour bien lire, j'ai besoin d'écrire. L'écriture est le guide, le garde-fou des pensées déclenchées par la lecture. Sans guide, sans garde-fou, les pensées, je les connais, elles s'en vont n'importe où et ne revienne jamais.
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- Écrire est une navigation sur la terre ferme. La page blanche est un voile qu'on hisse. Les mots, un sillage qui s'efface.
Certains jours, pluie et tristesse semblent de mèche : elles tombent ensemble sur Lisbonne. Qui entraîne qui ? La pluie engendre-t-elle la tristesse ? Ou la tristesse, se sentant trop seule, appelle-t-elle la pluie pour l'avoir comme compagne ?
p115
Rien ne sert de regretter.
Nous sommes faits d'eau. Et, comme elle, nous suivons notre plus grande pente.
[...] la nuit accroît la peur. Et la peur est mauvaise conseillère. Elle porte à égorger celui qui ne te ressemble pas. On croit y voir un monstre.
Les bateaux ne partent pas que des ports, [...], ils s'en vont poussé par un rêve.
Les quatre voyages de Christophe appartiennent désormais à la chronique de la curiosité des hommes. Il a su tracer un chemin sur la mer, qui les efface tous. Il a doublé la surface du monde, il a peuplé l'horizon.
- Mais qu'est-ce qu'un vrai marin ?
- Celui qui traverse. Les autres ne sont que des caboteurs, des rase-cailloux, des cavaliers dont quelqu'un tient le cheval par une longe...
p370. Je pense aux trois caravelles de mon frère ; la Santa Maria, la Pinta, la Nina. En fait, la Santa Maria s'appelait la Marie- Galante. Et Pinta veut dire "peinte", "maquillée". Et Nina veut dire "fille". Les caravelles qui ont découvert le nouveau monde étaient des filles de joie. Ce rappel, chaque fois, me remplit de gaieté.
Pour bien lire, j'ai besoin d'écrire. L'écriture est le guide, le garde-fou des pensées déclenchées par la lecture. Sans guide, sans garde-fou, les pensées, je les connais, elles s'en vont n'importe où et ne reviennent jamais.
Et la peur est mauvaise conseillère. Elle porte à égorger celui qui ne te ressemble pas. On croit y voir un monstre.