Citations sur Petit précis de mondialisation, tome 1 : Voyages au pay.. (66)
Que celui qui ne supporte pas d'attendre n'entreprenne jamais aucun voyage. Tout voyage explore les pays du temps aussi bien que ceux de l'espace.
Que celui qui ne supporte pas d'attendre n'entreprenne jamais aucun voyage. Tout voyage explores les pays du temps aussi bien que ceux de l'espace.
Les marques, qui résument notre époque, sont jalouses des légendes. Avec quelque raison. Celles-ci distinguent quand celles-là banalisent. Qui rêvera jamais devant une enseigne Sofitel ? Plus grave, on devine chez ces marques la haine du divers. Elles tentent de raboter le voyage. Comme si le pareil au même était le comble de la douceur, alors qu'il n'est qu'un avant-gout du trépas, très pas : beaucoup de rien. Vous avez traversé la moitié de la planète? Illusion, puisque ce soir vous dormirez dans une chambre en tous points semblables à la précédente. On a beau faire, hisser la voile, sauter d'un avion à un train, on ne quitte jamais ces nouveaux mornes pays qui ont précompté nos nuits et s'appellent Hilton, Hyatt, Sheraton ou Sofitel. p 177
331 avant Jésus-Christ.
"Maitre désormais de l'Egypte, Alexandre voulait y fonder une ville grecque, grande et populeuse, à laquelle il laisserait son nom" (Plutarque, Vies parallèles).
"Les architectes avaient commencé de tracer avec de la craie une ligne d'enceinte, quand la craie vint à manquer. Justement, le roi arrivait sur le terrain. Les intendants des travaux mirent alors à la disposition des architectes une partie de la farine destinée aux ouvriers. Et ce fut avec cette farine que fut tracée une bonne partie des alignements de rues. Le fait fut interprété, parait-il, comme un très heureux présage" (Strabon, Géographie).
Au XVIème siècle, certains tisserands du Midi de la France avaient créés une étoffe particulière, mélange de soie et de laine, tissée en diagonale. Très vite elle acquit la célébrité sous le nom de "serge de Nîmes", par référence au lieu où elle avait vu le jour.
Les tisseurs anglais cherchaient à donner de la valeur à leurs produits. La méthode française de tissage leur plut. Il décidèrent de l'adopter et aussi de lui fabriquer un nouveau nom. "Serge" pouvait être oublié, puisque la lune et la soie n'étaient plus employées. Quand à l'origine "de Nîmes", on allait la contracter pour plus de commodités. Le mot denim était né, qui allait bientôt désigné les cotonnades les plus sommaires et les plus solides.
Pendant ce temps les marins de Gênes utilisaient de spantalons particulièrement résistants, faits d'un mélange de coton et de laine ou de lin. Leur collègue français les adoptèrent et les baptisèrent gênes, qui devint jean.
Nous roulons depuis trois heures. Un jour, parviendrons-nous à quitter Sao Paulo ?
Et d'ailleurs peut-on quitter Sao Paulo ?
Peut-etre que la plus grande ville du monde a envahi le monde ?
Une autre heure passe. Et voici une colline à moitié boisée : les bâtisses ne montent qu'à mi-pente. Et puis une autre et encore une autre. Sao Paulo a du finir par s'arrêter.
Mais, tout de suite après Sao Paulo commencent les usines. Partout des usines et des cubes. Des cubes solitaires ou des cubes entassés, sans doute les maisons où vivent les humains qui travaillent dans les usines.
M. Machado aime la vérité. C'est pour cela qu'il hait le numérique et non parce qu'il lui a couté son emploi. Le numérique permet de tricher, de changer la réalité jusqu'à ce qu'elle corresponde à nos souhaits. Mais la réalité ne change qu'en surface. Elle fait semblant. En profondeur, la réalité continue son métier de réalité comm devant. Et le numérique n'y peut rien.
Chacune des mondialisations a eu ses élites.Celle du XVIème siècle, l'espagnol, avait ses jésuites. Malgré leur état religieux qui limitait les transmission génétiques, je suis sur qu'habités par la même pensée, quels que soient les lieux et les climats, ces saints pères avaient finis par se ressembler tous.
Il était une fois, dans les temps très ancien, une jeune fille de Lydie (aujourd'hui l'ouest de la Turquie). Elle était fille d'un teinturier de pourpre et s'appelait Arachné. Très habile de ses mains et ne doutant de rien, un beau jour elle osa défier Athéna dans l'art de la tapisserie. Irritée par cette impudence, Athéna se changea en vieille femme, vint visiter la Lydienne et lui recommanda la prudence. Arachné persista dans son audace. Le concours eut lieu, Athéna tissa une toile représentant les mortels présomptueux tandis qu'Arachné, décidément bien insolente, choisit d'illustrer la vie scandaleuse des dieux. Deux fois rnedue folle de colère, par le sujet du travail et par sa qualité miraculeuse, Athéna frappa sa rivale avec sa navette et déchira le chef-d'oeuvre. De désespoir Arachné se pendit. A l'instant même, elle fut métamorphosée en araignée.
Après cent soixante de débats, la ville surgit au milieu de nulle part.
Brasilia.
Une ville pensée comme aucune autre avant elle.
Et pour cela même, tellement pensée, réfléchie, ordonnée, disposée, découpée qu'elle en est devenue folle.
Pas de marche possible, pas d'ombres où s'abriter, pas de terrasse où parler, pas de centre qui permette de s'orienter...Rien que du fonctionnel : carré des banques, double carré des hôtels, rectangle des ministères, ellipses des hôpitaux, grand lac (artificiel) pour humidifier l'atmosphère et baigner les villégiatures chics. Cette ville n'est pas un corps vivant, plutôt une table de dissection où l'on aurait, les uns à coté des autres, disposé tous les organes de la vie. Et on attend la vie. On espère qu'elle va venir. Mais la vie ne vient pas. La vie reste ailleurs. A Rio, le weekend, pour les riches. Plus près sur les collines alentour, dans les taudis pour pauvres.