May Otto fait le choix audacieux et fascinant d'aborder un sujet totalement inédit dans le genre de la romance. le classer en New Romance m'a légèrement inquiétée. J'avais peur de voir le sujet survolé et abordé avec banalité. Je suis contente de m'être trompée. En effet, le livre fait preuve d'une maturité évoluant tout au long du récit, sur fond de romance. Ce choix m'a complètement séduite. Je l'ai même dévoré jusqu'à me coucher tard dans la nuit.
Ainsi, l'auteure nous narre l'histoire d'une jeune femme, Rosanna Lantz-Thompson, atteinte du Syndrome de Gilles de la Tourette. Une maladie complexe dont on ne connaît que très peu l'existence et qui pourtant, touche un grand nombre de personnes.
« Elle est la rose, il est l'épine. Pour la cueillir, il faudra souffrir.
Alors qu'elle n'a que vingt-deux ans, Rosanna pense être condamnée a vivre recluse chez elle jusqu'à la fin de ses jours. Atteinte du Syndrome de la Tourette et soucieuse de l'image que cela renvoie d'elle, la jeune femme se laisse aller à l'idée que l'amour et l'amitié ne sont définitivement pas faits pour elle.
Pour sa tante et son médecin, il est temps d'agir : Rosanna doit se changer les idées et découvrir ce qui se cache derrière les murs de sa chambre. Ils l'inscrivent donc en première année de lettres à l'université de San Diego dans l'espoir qu'elle y fasse ses premières expériences de vie. Seul petit hic : Darian Harrison n'était pas censé en faire partie. Diamétralement opposé aux gens que Rosanna a l'habitude de côtoyer, ce jeune homme froid et mystérieux l'intrigue dès les premières secondes.
Comment donner sa confiance a un inconnu quand celle-ci a été tant de fois mise à mal ? Se peut-il que l'amour soit plus fort que la maladie ? »
Dès le prologue, l'auteure nous plonge dans le vif du sujet. Cette entrée in media res nous met déjà en avant les difficultés de cette maladie, que va nous narrer l'écrivaine.
May Otto nous présente son roman sous la forme d'un journal intime. Grâce à cette narration interne, le lecteur peut s'identifier avec facilité et entrain, et constater les réelles difficultés que peuvent poser ce syndrome. On y découvre le quotidien difficile d'une SGT, rythmé par des routines, des rendez-vous médicaux, des médicaments à prendre pour lutter contre l'apparition des tics etc.
May Otto parvient aussi à nous faire ressentir tout le poids psychologique, que peut éprouver l'héroïne : l'angoisse d'être observée, scrutée, la peur de se sentir jugée, de ne pas pouvoir contrôler les apparitions de Gilles lorsque le stress la gagne, mais encore, les moqueries, la cruauté que peuvent témoigner les autres à l'égard de sa personne. Tout cela m'a énormément touchée. On se demande pourquoi la différence fait-elle aussi peur ? Pourquoi avons-nous peur de l'inconnu ? Est-ce que nous devons changer pour les autres nous aimes enfin ?
Rosanna est une jeune fille introvertie, attachante et striée de fêlures qui l'ont marquées psychologiquement au fond d'elle. Elle se révèle être tout aussi marrante que touchante, au caractère bien trempé. C'est un personnage bien différent de ceux que l'on retrouve dans la New Romance. C'est un vrai bol d'air frais, à la lecture. Darian, lui, est un personnage charismatique mais taciturne. Son côté froid ne le rend pas moins attachant, car il se montre être un garçon bienveillant et très protecteur avec Rosanna. L'auteure a veillé à s'éloigner du cliché du Bad boy ou du gentille prince charmant, rendant ce personnage plus vrai que nature.
L'histoire d'amour entre Rosanna et Darian est loin des clichés romantiques et très proche d'une certaine réalité. En effet, elle suit son cours et ressemble au premier amour que l'on est tous susceptibles d'avoir connu ou de connaître un jour. Rosanna et Darian sont comme chien et chat. Leurs complicités témoignent d'une vraie attirance et d'une vraie alchimie entre eux. Si parfois, on peine à comprendre certaines réactions de Darian, l'auteure nous donne l'occasion au travers de Rosanna, la possibilité de rétorquer. L'auteure a su jouer sur les sentiments et la personnalité singulière de ses deux personnages pour rendre leur relation unique et riche. Une manière d'écrire très addictive et qui attire la curiosité du lecteur au fil des chapitres.
Je suis aussi agréablement surprise de constater que l'auteure n'utilise pas la maladie de Rose pour lui donner tout son caractère spécial. Au contraire,
May Otto met en valeur ce syndrome et la singularité du personnage. On peut sentir son désir de rendre l'histoire de Rosanna vraie et crédible. le défi était pour l'auteure de traiter une maladie sans pour autant endormir le lecteur avec une masse de vocabulaire médicale. Les informations sont placées de manières parcimonieuses tout au long du récit. C'est pourquoi, j'ai beaucoup apprécié de découvrir une belle histoire où l'on ressent toute la détresse et la souffrance de Rose sans effets d'apitoiements. Ainsi, le texte orne avec détails des moments de joies et de rire à la vie de Rosanna. En effet,
May Otto apporte beaucoup de fraîcheur et de légèreté, en ajoutant des scènes comiques à son récit. J'ai d'ailleurs souvent eu des éclats de rire par ces scènes loufoques ou ces répliques bien pimentées de la part des personnages.
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