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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je suppose que l'auteur s'est appuyé sur un solide travail de documentation et à ce titre le livre offre un intéressant point de vue sur le stalinisme. Cependant, des longueurs rendent sa lecture par moment un peu ennuyeuse. La construction style "poupées russes" : le narrateur raconte ce que lui a raconté quelqu'un, à qui le principal protagoniste de l'histoire l'a lui même raconté, est un peu lourde d'autant plus que chacun des narrateurs a sa propre vie dans le roman. La fin est connue, mais on se sent soulagé de la voir enfin arriver.
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Le livre alterne 3 récits : l'exil de Trotski jusqu'au Mexique, l'histoire de Mercader (celui qui a assassiné Trotski de coups de piolet) et la vie à Cuba du narrateur, un écrivain raté car victime de la censure qui se retrouve indirectement lié à cette histoire quand il rencontre par hasard Mercader sur une plage.
A travers l'histoire de Mercader qui est « dressé » pour devenir un stalinien parfait qui obéit aux ordres, le livre nous fait nous interroger sur l'engrenage de l'endoctrinement et les folies de l'esprit grégaire.
J'ai également beaucoup appris la vie de Trotski pourchassé, devenu l'ennemi numéro un déclaré de la Révolution. On entrevoit avec son sort ce qui va causer la chute du communisme : l'enfermement dans l'arbitraire et le totalitarisme.
Un roman historique comme on les aime : documenté, rythmé et subtil.
J'ignore quelles libertés Padura a pris avec la réalité (il rappelle dans ses mots de remerciement qu'il s'agit d'un roman ) mais je recommande vivement pour retraverser l'Histoire pendant plus de 70 ans (sur 800 pages !).
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Quel livre ! Et quel écrivain !

Ce roman historique de la vie de Trotsky (Lev Davidovitch), de son assassin Ramon Mercader et d'Ivan, un jeune homme se rêvant écrivain est tellement précis qu'on est parfois à la limite du document. C'est un livre passionnant (le travail de documentation est phénoménal) mais aussi, très exigeant.

La construction sous forme de triptyque (trois personnages, trois époques, trois vies) permet de maintenir un suspense réel, alors même qu'on connait l'issue de cette histoire. Bravo pour cette prouesse, d'autant que Padura réussit à tisser trois destinées qui vont se rejoindre, sans perdre le lecteur dans les différentes époques.

Bravo aussi d'avoir réussi à m'intéresser à la vie de Trotski, ce qui n'était pas gagné. Ceci étant, j'avoue avoir dû m'accrocher, surtout pour les développements politiques. Je me suis perdue (et un peu ennuyée) autour du communiste, de son idéologie, des espions, contre-espions, manipulations et mensonges divers. Je ne suis pas toujours parvenue à bien comprendre les relations et buts des uns et des autres. Mais ce n'est pas grave, car j'ai aimé tout le reste, les relations entre les personnages, leur profondeur, l'évolution du récit, la mise en scène pointilleuse des lieux et des périodes, l'atmosphère de crainte et de secret et cette densité narrative que sert une plume qui m'a envoûtée.

Ce livre est une découverte marquante autant d'une oeuvre que d'un écrivain.

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Bon , comme j'ai lu ce livre il y a quelques temps , je vais en résumer l'essence et non la trame chronologique .
Il s'agit d'une oeuvre monumentale qui relate la vie de Léon Trotski , de sa disgrâce à son exécution. Mais sans doute, cela serait trop simple et Leonardo Padura s'attache aussi à nous décrire la vie de son assassin , ainsi que l'évolution de la mouvance trotskyste à travers le monde ou encore la stratégie de Staline.

On plonge dans un monde de paranoïa , de lutte , de conviction, de trahison .
Un monde où la foi dans la cause l'emporte sur l'amour , où la trahison est partout où les intérêts de la mouvance sont en jeu.

Un livre référence sans aucun doute mais un livre qui se mérite . 800 pages avec une foultitude de personnages , des références à foison , rendant l'ouvrage à peu de choses près exhaustif sur cette période de la vie de Léon Trotski.
L'auteur , en plaçant une partie de l'énigme sur son ile , Cuba , revient également sur le délabrement de ce pays où l'émigration devient l'activité essentielle : "Que le dernier à partir pense à éteindre le phare ".
Le travail de l'écrivain , du biographe , est exceptionnel et mérite à lui seul quelques étoiles .
Je garderai la cinquième car je ne m'attendais pas à un livre si dense . Mais la mise en place des derniers jours de Trotski, l'immersion dans la tête des principaux protagonistes et le travail de l'historien / écrivain sont remarquables .
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Le roman historique : peut-être la meilleure et la plus évidente façon pour la littérature d'être « utile » ; lorsque le romancier atteint le sommet de son art, il peut faire avaler la plus indigeste quantité de faits et de dates sans que jamais le lecteur n'ait envie de quitter la classe, ni de regarder les marronniers pousser par la fenêtre... On ne peut que le remercier de nous avoir fait revivre un pan entier de notre Histoire sans avoir à sacrifier au sacro-saint Divertissement…

La mission est ici remplie avec brio ; un colossal morceau d'Histoire, des révolutions russes à la guerre d'Espagne, avec les vies de Trotsky et de son assassin Ramon Mercader comme socles statuaires.

Construction en trois couches — en aller-retour temporel — trois vies, dont une contemporaine cubaine du narrateur, tentation autobiographique, racontant sa vie plutôt tragique, et comme acmé sa relation avec un Mercader en fin d'incroyable parcours, d'une existence qu'aucun romancier n'aurait osé imaginer.

La langue est discrète, efficace, et les effets narratifs s'avèrent au final plutôt rares, ce qui pour un si gros morceau d'Histoire semble à double tranchant, la sobriété finissant par lasser face à une telle montagne de faits ; ce n'est pas que l'on s'ennuie (loin de là), mais on aurait aimé davantage de changements de rythme ou de personnalité romanesque… en parler semble quelque peu difficile, tant ce qui manque à ce livre reste insaisissable, et cette critique n'aidant pas comme elle devrait à synthétiser cela…

La strate cubaine apparait comme le maillon faible : trop pleine de pathos, laissant le lecteur glacé d'effroi devant les questions qu'elle soulève, le narrateur-écrivain potentiellement victime de sa liberté de ton face à un système pseudo-communiste, stalino-castriste en voix de complet essoufflement, questionnant sur la liberté du livre tout en cherchant ce qui aurait pu être suggéré, occulté, en vue de ne pas trop froisser le Régime local, lequel n'est finalement jamais évoqué de front.
Le doute demeure face à cette possible subtilité, laissant de côté ce qui aurait pu définitivement justifier ce tiers de roman, alourdissant au final l'ensemble.

Le parti pris de s'intéresser à l'intimité de personnages dont la simple existence fût soufflé par L Histoire en marche s'affadit par la relative distance conservée. La focale employée apparait floue, incertaine, comme si l'auteur n'avait jamais su correctement établir le degré de familiarité à employer pour cette entreprise.

L'ensemble restant cependant très bien mené, jamais son côté sérieux ne tombant dans l'austérité, garantissant une lecture fluide, remplissant avec succès sa délicate mission de nous conter un si gros pan d'Histoire mondiale, ses relatifs défauts étant aussi gage de qualité, l'équilibre vie privée / vie publique — si périlleux à tenir — se portant ici comme un charme ( haaaa… le flou hamiltonien… ).

Reste que ce roman manque d'une « magie » qu'aurait pu y insuffler par exemple un Albert Sánchez Piñol, ou un Max Aub, Guerre d'Espagne oblige ; toutefois, je m'associe à tous ceux qui vous en recommande la lecture : les canons du roman historique réussi y étant largement réunis.
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Je ne sais plus ce qui m'a inspiré cette lecture, en attente depuis plusieurs années ! Je m'y suis lancé "à l'aventure" sans même connaitre le sujet, dont le titre n'est pas prémonitoire et qui de prime abord aurait pu me rebuter. Après quelques dizaines de pages, j'ai réussi à entrer pleinement dans le sujet, passionnant, qui permet d'approfondir le sujet du socialisme et du communisme vécu par des femmes et des hommes "créatures tragiques dont le destin est commandé par des forces supérieures qui les dépassent et les manipulent au point de les anéantir".
Je suis surpris aussi de retrouver régulièrement dans différentes lectures Trotsky, ce personnage central du roman dont la vie ne m'avait jamais intéressé jusqu'à présent mais que je croise régulièrement.
A noter que ce livre grand format, de près de 700 pages, très dense demande de nombreuses heures de lecture mais pour une grande satisfaction.
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Difficile de critiquer ce livre.
Pour résumer, je pourrais dire que je l'ai abordé comme une fiction (ce qu'il est) mais que j'aurais peut-être dû l'aborder comme un documentaire.
L'écriture de Leonardo Padura est magnifique, c'est indéniable.
Mais j'avoue que le foisonnement de faits historiques au fil du récit m'a un peu perdue.
C'est vrai que cette période est riche et il est certain que l'auteur a fait un travail de recherche important.
Toutefois, je pense qu'il faut vraiment aimer l'Histoire pour aborder ce roman sans se perdre.
Il y est question de haine : la haine entre deux hommes (Trostski et Staline), la haine du capitalisme, la haine d'un fils pour sa mère (ambiguë quand même) ; mais aussi de peur, de suspicion et de manipulation idéologique.
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J'achève ce matin le pavé que forment les pages de L'Homme qui aimait les chiens. Je ne répéterai pas ce que d'autres contributeurs ont écrit sur les trois romans qui composent cet opus impressionnant, et le courage aussi qu'il a fallu à l'auteur pour se colleter cette difficile et douloureuse question , la question de l'utopie dévoyée. A l'heure où d'autres utopies que celles qui sont nées avec l'ère industrielle voient le jour, la question mérite vraiment d'être posée. A l'heure aussi où une guerre se déroule à l'est et menace les équilibres bien fragiles de notre monde globalisé et où nous sentons avec angoisse que nous pourrions être les victimes innocentes d'une histoire qui nous dépasse....Nous ne pouvons que remercier Padura car il pose cette question avec talent et habileté. C'est pourquoi, c'est la partie cubaine de l'oeuvre que j'ai préférée. Chapeau aussi pour la partie consacrée à Ramon Mercader, l'homme qui aimait les chiens et la mer, et sa mère aussi, sans mauvais jeux de mots. Les motifs complexes qui expliquent son geste meurtrier sont tissés avec sensibilité et intelligence. Tout cela fait de cet "Homme qui aimait les chiens" un portrait subtil de perdants magnifiques.
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La lecture commune avec La jument verte de Val c'est toujours un grand plaisir. C'est un très beau roman que L'homme qui aimait les chiens. Il m'a demandé attention, patience et temps. Mais il apporte sur les idéologies du siècle passé un éclairage d'une grande profondeur. Je n'ai pu le lire que pas à pas et j'ignore à cette heure ce qu'en dira ma copilote régulière Val.📚😊 Faire connaissance avec cet homme, celui qui aimait les chiens, cest s'embarquer pour 802 pages et plonger dans le monde des années trente dans toute sa complexité. Mais ils sont plusieurs dans ce roman à aimer les chiens à commencer par ce mystérieux inconnu promenant deux slendides barzoïs sur une plage de la Havane. Je ne suis pas sûr qu'ils soient si nombreux à aimer les hommes. Ivan, écrivain en panne, recueille les confidences de cet homme malade, affaibli, qui aurait connu Ramon Mercader/ Jacques Mornard/ Frank Jacson/ Ramon Pavlovitch Lopez. Pas de panique, il s'agit du même homme, qui assassina Trotsky, réfugié à Mexico, le 21 août 1940.

Trotsky n'est jamais désigné autrement que Lev Davidovitch, probablement Leonardo Padura a voulu appuyer sur la double appartenance de l'homme politique, juif et russe. Mais tout est compliqué dès le départ dans l'horrifique histoire de la Russie du XXème siècle. L'auteur cubain, assez au fait des tyrannies, dissident de l'éternel régime castriste, explore les trois vies, deux réelles et la fiction Ivan Cardenas avec la précision d'un entomologiste. Curieux insectes que ces trois personnages en quête de leur propre vérité.

L'homme qui aimait les chiens passionne, mais en mode transsibérien (pas d'allusion autre que la longueur du voyage). On finit par saisir, certes partiellement, les infinis méandres du stalinisme dans toute sa grandeur, mais aussi les rivalités entre les différentes factions des républicains espagnols auxquels appartient Ramon Mercader. Un livre bouillonnant, à mille lieues des insipides leçons moralisantes qui font florès. Personne n'en sort grandi, grand ou petit, un nom dans L Histoire ou pas. Pour Staline, Mercader, Trotsky lui-même, on le sait maintenant depuis assez longtemps. La célèbre Passionaria non plus, loin de là, et le No pasaran souvent repris par bien des défilés a connu des heures sombres. Quant aux "immenses" Diego Rivera et Frida Kahlo, qui un temps hébergèrent Trotsky...bof.

Rien n'est simple à l'évidence. Mais le roman de Padura, si bien construit, nous conduit intelligemment à un peu moins d'ignorance. Cette ignorance parfois abyssale dans notre siècle, le XXIème qui semble n'avoir rien a ppris. J'encourage vivement à prendre le temps de faire connaissance avec Ivan Cardenas, notre guide, sensible et fragile, des plages cubaines aux geôles soviétiques, en passant par les jeux si troubles des différents services secrets et les haines tenaces qui menèrent au fatal piolet de Mexico.
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L'homme qui aime les chiens c'est cet homme qui dans les années 80 sur une plage de Cuba voir un homme avec deux beaux barzoi. Attiré, il discute avec lui, perçoit le non-dit. L'Homme qui aimait les chiens, c'est ce jeune homme lors les prémices de la guerre civile en Espagne qui dois renoncer à son amour des chiens pour une destinée qui lui échappe. L'homme qui aimait les chiens c'est cet exilé de l'URSS, celui que Staline chasse à travers les continents, c'est Troski dont tout le monde connaît la fin tragique. Leonardo Padura réussit à tracer trois vies qui se rencontrent et qu'il nous raconte avec force details historiques qui parfois sont difficiles à appréhender tant les nuances du marxisme sont fines quand elles sont l'enjeu du pouvoir. Comme dans Hérétiques, Padura jongle avec le temps.
C'est un livre un peu long, de ceux qui laissent des traces parce que justement on ne les a pas lus d'une traite. Au-delà de la grande histoire, on y découvre des hommes qui doutent, parce que justement, leurs actes vont laisser une trace. Sauf peut-être le cubain. Lui, il est peut-être le double de l'auteur, qui, justement, peut avoir l'âge et le métiers de son héros, avoir traversé ces années où l'île était fermée et où elle s'est ouverte.
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