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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« le radio-réveil s'allume deux minutes avant le journal du matin. C'est une vieille habitude, cela me laisse le temps de m'asseoir sur le bord de mon lit, d'ouvrir le tiroir de ma table de nuit et d'en sortir le 357 Magnum chargé que j'ai soigneusement préparé la veille avant de m'endormir. Je laisse tomber un comprimé d'aspirine effervescent dans le verre d'eau posé près de ma lampe de chevet. le comprimé se dilue dans un frétillement de bulles ; je vide la moitié du verre en une seule gorgée. Je mets le canon argenté du revolver dans ma bouche et j'appuie sur la détente. Ma tête explose ; des dizaines de petits morceaux d'os s'incrustent dans les murs du papier peint bleu sombre constellé d'étoiles que j'ai posé l'été dernier ; un bout de mon hypophyse atterrit dans le verre ; le sang nettoie ma chambre d'une propreté rouge. Quitte à perdre quelques minutes de sommeil, je préfère me tuer avant les informations. Après, ça va mieux. »

Le ton est donné, il va falloir s'y faire et…. Pas besoin de pistolet sur la tempe pour apprécier.
IL, puisqu'il n'a même pas de nom, anonyme chez les anonymes, vit seul dans un appartement aseptisé qu'il « retapisse » à sa façon ….. « J'ai toujours la même surprise en m'apercevant qu'il n'y a personne pour m'aimer et me trahir
« Il y a des anniversaires de mariage et de rencontre amoureuse : c'est charmant ces cadeaux, ce gâteau. Il y a aussi des anniversaires quotidiens de célibat : c'est charmant ces riens, ce rien. »

Son travail lambda ne lui procure aucun plaisir : « Je m'emballe dans mon costume de travail. La cravate est le ruban du paquet cadeau que j'offre chaque jour au capitalisme mondial. C'est très frustrant car je suis un cadeau que personne ne déballe »
Nous avons droit à une réflexion sur l'eugénisme industriel concernant le carrelage. Moi qui n'avais jamais envisagé la chose, je vais surveiller le carreleur lorsqu'il viendra poser la faïence dans ma nouvelle salle de bains ! Il faut ABSOLUMENT faire quelque chose !!!!
La complainte du grille-pain, la théorie sur la terre ronde, y aviez-vous pensé…… LUI, oui.

Lorsque vous allez aux toilettes, vous pouvez avoir une conversation avec vous-même tranquillement. LUI, non, les siennes sont hantées et il écoute Clinton préparant ses discours
« le pantalon baissé, j'ai bien été obligé de l'admettre le personne qui parle à l'autre bout du tuyau, c'est le président des Etats-Unis. »

Son toubib lui découvre une maladie, ou plutôt, un parasite interne. Un grand requin blanc l'habite, cause de ses vives douleurs. Pensez, lorsqu'il bouge, l'aileron, les grosses dents…. Lui touillent les intestins !
Pour la médicamentation, ça se déguste !!

Et les morceaux de bravoure publicitaire qui ponctuent certains chapitres : un régal

Ce bouquin est de la dynamite en page, de la poésie en absurdité !

Sous de belles phrases, de bons mots, Martin Page parle de la solitude du travailleur trentenaire, solitaire dans une société dirigée par l'apparence, du stress…. Mais IL a un jardin secret et quel jardin, ainsi qu'un orchestre de musiciens mexicains, quoi de plus normal !!!
J'ai vraiment adoré le ton pince-sans-rire, les bons mots, les phrases où l'absurde se dispute à la poésie.
En nous parlant de phantasmes de tentatives de suicide, Martin Page nous montre son comparse essayant, à tout prix, de vivre, de survivre dans ce monde de requins (ils ne sont pas qu'à l'intérieur de LUI). Et si le plus dangereux n'était pas de se suicider mais d'essayer de vivre en société ?
Je vais acheter d'autres ouvrages de cet auteur, j'adore cet humour sarcastique.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Du réveil jusqu'au lendemain matin, le personnage d'Une parfaite journée parfaite tente de se suicider. de toutes les manières possibles et imaginables, réalistes et absurdes. Il les fantasme plutôt. Car tout à coup, le suicide a lieu là devant ses yeux au sein d'une normalité apathique.

Malgré le sujet, ce livre ne frôle jamais l'apitoiement ou le négativisme. Bien au contraire, c'est avec un humour fin, noir et décalé, et qui se joue de l'absurde (décalages de tons, incongruité, …) qu'est abordée la journée parfaite du personnage.

Et à travers cette journée, c'est une enfilade de vérités vraies tout au long du livre, de ces phrases si bien trouvées qu'on est obligés de demeurer quelques secondes (au moins) là, à contempler la phrase qui passe dans notre esprit, comme « Pour être heureux, je crois qu'il suffirait que je me balade nu sous une douche portative. Il n'y a pas que chez soi que l'on a besoin de se relaxer, de se débarrasser des puces de stress. Je rêve d'un chouette monde idéal avec des douches partout, dans les salles de classe, le métro, les supermarchés et dans la rue à côté des cabines téléphoniques. » (p. 14) ; avouez qu'on ne peut pas rester de marbre face à ça, on ne peut retenir au moins un rictus et aussi un petit rire étouffé.

Sauf que dans ce court roman (111 pages), ça ne s'arrête jamais. le rythme est dynamique, condensé, juste et enivrant. On le lit facilement en quelques heures, en une après-midi parfaite de lecture parfaite.

Dans sa postface, Page prévient tout de suite : il ne cherchait aucunement à faire une critique sociale de son contemporain. On peut y voir ce qu'on veut, c'est sûr, mais personnellement je me suis surtout dit que ce livre est un bel hommage à la vie justement.

Le personnage a beau être suicidaire, neurasthénique, vidé et désespéré, la vie toujours révèle sa force tranquille : il va falloir plus que ça pour m'user, mon joli, alors qu'est-ce que tu attends, plutôt que de lutter, pour en profiter ?

Et tiens, une dernière pour la route, parce que j'adore celle-là et qu'elle parle de musique!

« Les ouvrages les plus solides sur Terre, nous assure-t-on, sont les pyramides d'Egypte, rien n'a dépassé leur forme millénaire. Mais ces gigantesques pierres sont constituées de multitudes de grains, et entre ces grains, il n'y a que de l'air. Prenons maintenant le cas de la musique. Une musique est constituée de notes, et entre ces notes, il y a du silence. Comme l'air entre les grains de pierre, ce silence ne peut pas être deviné, il est invisible à nos oreilles, mais ce silence est le ciment des notes, il est leur liaison. Et si l'air peut disparaître, bouger, le silence, lui, est inaltérable. On peut démolir une pyramide ; on ne peut ébrécher la musique. Ce qui fait de la musique la seule architecture qui peut se mesurer à l'infini. » (Paris : Points, DL 2010, cop. 2002, p. 54-55).
Lien : https://justine-coffin.me/20..
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Un ouvrage décalé, sans queue ni tête. L'auteur réussi à nous faire aimer son héros.
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