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J'ai découvert cet auteur grâce à un manuel scolaire. Son court texte intitulé "L'unanimité moins une voix" m'ayant conquise, je me suis laissée tenter par tout le recueil. le thème principal est le travail. Yves Pagès mélange avec brio réalité et fiction. Tous ses personnages sont enfermés, engoncés dans une situation dramatique. On sent une profonde tristesse. C'est notamment le cas de Mado, personnage principal de la nouvelle dont je parlais. L'auteur part d'une réalité : l'accident du 12 juillet 2008 sur les Champs-Elysées. En effet, alors que la foule est en liesse, victoire oblige, une voiture folle remonte "la plus belle avenue", laissant dans son sillage un mort et plus de 80 blessés. Ce véhicule est conduit par une fonctionnaire d'une quarantaine d'années.

Yves Pagès va alors, par le ton employé, transformer ce critique fait divers pour en faire une nouvelle dont la chute surprendra, comme il se doit, le lecteur. Il appuiera sur le côté psychologique afin de donner à son texte une atmosphère mimétique de la dépression dans laquelle semble s'enfermer son personnage.

Si ce texte est un de mes préférés, il n'en reste pas moins que les vingt-deux autres sont également de qualité. Dénonciation des petits boulots aliénants, ce recueil fait la part belle au ressenti des personnes face à ce problème de société. Les jeux de mots enrichissent ces courts récits. Yves Pagès est un auteur à découvrir !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Une vingtaine de courts tableaux liés au travail. J'y ai trouvé quelques pépites qui me poussent à continuer à découvrir cet auteur atypique, mais dans l'ensemble, je n'ai pas trop accroché à ce recueil-ci.

Après une thèse consacrée à Louis-Ferdinand Céline, Yves Pagès s'est exercé à plusieurs genres : textes courts, romans, fictions radiophoniques, théâtre,... Je l'avais découvert lorsqu'il avait édité « Sorbonne 68 », qui reprend les slogans de Mai 68 que ses parents avaient méticuleusement retranscrits des murs de la Sorbonne, où ils travaillaient à l'époque. Yves Pagès reste visiblement intéressé par le sujet car il a récemment fait paraître « Tiens, ils ont repeint ! 50 ans d'aphorismes urbains de 1968 à aujourd'hui ».

D'après les quelques livres que j'ai lus de lui jusqu'à présent, il me semble prendre plaisir à observer la société dans laquelle il évolue et à la dépeindre en mode de croquis. C'est du moins le cas dans ce recueil-ci, qui pousse le réel aux frontières de l'imaginaire ou qui compose des tableaux surréalistes en créant des associations inattendues. Je citerai par exemple «  Les camelots du moi » où l'auteur commence par présenter un mendiant dans une rame de métro. En quelques phrases, il se présente aux voyageurs, espérant gagner leur compassion pour récolter quelques pièces. L'auteur compare ensuite cette situation à un entretien d'embauche, dans lequel certains voyageurs ne manqueront pas de se reconnaître. «  Cadres supérieurs ou petits intérimaires, venus mendier un emploi, tous ont dû résumer leur curriculum vitae en deux cents mots piégés et justifier leur passage à vide entre deux dates d'activité. »

Dans «  Police de caractères », le narrateur fait passer une dictée lors d'un examen d'entrée à la police. Il rapproche le texte de la dictée avec les graffitis qu'il trouve dans les toilettes du centre d'examen: « ‘Nike ta grammaire', ‘pd de ta rasse', ‘bande de cus nuls', ‘toi-m'aime'... Et tant d'autres interpellations qu'aspirant policiers et cancres suspects s'étaient échangés dans l'anonymat ».

A priori, ce recueil avait tout pour me plaire : de l'imagination, parfois un peu de surréalisme, parfois de la poésie et de l'émotion, souvent de l'humour. Néanmoins, à part pour quelques textes, j'ai eu du mal à accrocher. Je ne sais pas trop pourquoi... Un manque de fluidité dans la langue et les idées, je pense. Ma lecture précédente d'Yves Pagès, «  Encore heureux », m'avait beaucoup plus enthousiasmé, tant par la forme que par le fond. Malgré ma déception pour ce recueil-ci, je vais continuer à suivre cet auteur atypique. J'ai réservé « Le Théoriste » à la bibliothèque, je vous en donnerai des nouvelles...
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Depuis la parution en 2000 de ce livre ironique et mordant dès son titre, les «Petites natures mortes au travail», ces travailleurs fragiles qui résistent mal aux petits métiers, sont sans doute plus mortes que jamais, car la précarité et le chômage n'ont pas cessé de gagner en vivacité.

«cdd d'aujourd'hui, dcd de demain, videurs posthumes de greniers, ex-psychiatrisés en rééducation taylorienne, retourneurs de crêpes en hiver, cracheurs de white-spirit, fleuristes itinérantes, opératrices de saisie bancaire, licencies en sociologie du licenciement, yogi à grande flexibilité horaire, porteurs de perche hors champ, pigistes pigeonnés sous presse, junkies sevrés à la tâche…»

Après un premier chapitre en forme de liste de petits métiers pas si improbables que ça, Yves Pagès nous décoche vingt-trois flèches, vingt-trois courts récits saisissants entre témoignage et fiction, des portraits qui dénoncent l'aliénation et la précarité du salariat moderne, mais sans simplification outrancière, tout en montrant les contradictions ou continuités surprenantes dans lesquels nous sommes nous-mêmes plongés, à l'image de cette femme ayant choisi l'agritourisme pour ses vacances et qui se retrouve dans une ferme concentrationnaire, élevage de 28 000 poussins. Epouvantée, elle passe ses vacances alitée, avant de retourner à son poste de travail.

«À l'autre extrémité de ce cauchemar à la chaine, quand Alice retrouvera son poste de caissière et les vingt-huit mille codes-barres mémorisés par le lecteur optique de l'hypermarché, elle se sentira presque soulagée de s'en être sortie vivante.»

Un homme étouffant dans un costume de Pluto à Disneyland, des consultants réducteurs d'effectifs, une femme africaine sans papiers embauchée au noir pour faire de la figuration au cinéma, la femme enquêtrice pour un institut d'études qui remplit elle-même tous ses questionnaires, ou encore le clochard acteur face à son public dans le métro : Avec une virtuosité pour tordre le langage et nous faire profiter de son pouvoir de subversion, un sens aigu de la provocation, les shots du travail précaire d'Yves Pages seraient totalement jubilatoires, si tout ceci n'était pas si familier.

Touchée, coulée.
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(...)

Littérature pâlotte sous la lumière blafarde des néons d'usines, c'est un réalisme qui donne prétexte aux délires les plus variés, du syndrôme delphinien aux Vigiles exposés aux soldes monstres.
Hotesses d'accueil à grossesse rétroactive, correcteur alcoolique, Pluto étouffant sous son costume, bref...

La misère et les déserts affectifs, bien réels et navrants, donnent lieu à une série d'élucubrations fictionnelles sombres et drôles. On nous offre ici une véritable "ethnologie" (Dabitch précité) du boulot précaire, vil et crasseux.

Mais c'est truffé de clichés, plus agaçants les uns que les autres.

http://lelabo.blogspot.com/2006/09/yves-pags-petites-natures-mortes-au.html
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Très bon livre de Yves Pagès qui nous parle du monde du travail en 23 petites histoires dans lesquelles les personnages se retrouvent exclus, licenciés, en tout cas hors du circuit normatif que la vie en société nous impose. Mais à travers ces tableaux, c'est un féroce coup de griffe au système qui égratigne le capitalisme qui méprise l'humain au profit du rendement tous azimuts et n'autorise aucune faiblesse, aucune maladie, aucune absence, aucun état d'âme. Ce livre dénonce les dysfonctionnements de nos sociétés modernes tout en gardant la poésie que recèle le quotidien.
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En cours de lecture.. Pas convaincue jusqu'à présent.
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