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Citations sur La gloire de mon père (271)

Cependant, comme les enfants viennent trop tard pour faire l'éducation de leurs parents, il faut respecter leurs incurables manies, et ne jamais les chagriner.

(p.59)
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Telle est la faiblesse de notre raison : elle ne sert le plus souvent qu'à justifier nos croyances.
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Le jeudi était un jour de grande toilette, et ma mère prenait ces choses-là très au sérieux. Je commençai par m'habiller des pieds à la tête, puis je fis semblant de me laver à grande eau: c'est à dire que vingt ans avant les bruiteurs de la radio-diffusion, je composai la symphonie des bruits qui suggèrent une toilette.

J'ouvris d'abord le robinet du lavabo, et je le mis adroitement dans une certaine position qui faisait ronfler les tuyaux: ainsi mes parents seraient informés du début de l'opération.

Pendant que le jet d'eau bouillonnait bruyamment dans la cuvette; je regardais, à bonne distance. Au bout de quatre ou cinq minutes, je tournai brusquement le robinet, qui publia sa fermeture en faisant, d'un coup de bélier, trembler la cloison.

J'attendis un moment, que j'employai à me coiffer. Alors je fis sonner sur le carreau le petit tub de tôle et je rouvris le robinet- mais lentement, à très petits coups. Il siffla, miaula et reprit le ronflement saccadé. Je le laissai couler une bonne minute, le temps de lire une page des Pieds Nickelés. Au moment même ou Croquignol, après un croche-pied à l'agent de police, prenait la fuite au-dessus de la mention " à suivre", je le refermai brusquement. Mon succes fut complet, car j'obtins une double détonation, qui fit onduler le tuyau.

Encore un choc sur la tôle du tub et j'eus terminé, dans le délai prescrit, une toilette plausible, sans avoir touché une goutte d'eau.

(pp.54-55).
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"Un parfum puissant s'éleva comme un nuage, et m'enveloppa tout entier.
C'était une odeur inconnue, une odeur sombre et soutenue, qui s'épanouit dans ma tête et pénétra jusqu'à mon cœur.
C'était le thym, qui pousse au gravier des garrigues."
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J'adorais ces conférences politico-sociales de mon père, que j'interprétais à ma façon, et je me demandais pourquoi le Président de la République n'avait jamais pensé à l'appeler, tout au moins pendant les vacances, car il eût fait en trois semaines le bonheur de l'humanité.
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…nous allons ce matin chez le brocanteur des Quatre-Chemins. »
Mon père avait une passion : l'achat des vieilleries chez les brocanteurs.
Chaque mois, lorsqu'il revenait de « toucher son mandat » à la mairie, il rapportait quelques merveilles : une muselière crevée (0 fr. 50), un compas diviseur épointé (1 fr. 50), un archet de contrebasse (1 fr.), une scie de chirurgien (2 fr.), une longue-vue de marine où l'on voyait tout à l'envers (3 fr.), un couteau à scalper (2 fr.), un cor de chasse un peu ovalisé, avec une embouchure de trombone (3 fr.), sans parler d'objets mystérieux, dont personne n'avait jamais pu trouver l'usage, et qui traînaient un peu partout dans la maison.
Ces arrivages mensuels étaient, pour Paul et pour moi, une véritable fête. Ma mère ne partageait pas notre enthousiasme. Elle regardait, stupéfaite, l'arc des îles Fidji, ou l'altimètre de précision, dont l'aiguille, montée un jour à 4 000 mètres (à la suite d'une ascension du mont Blanc, ou d'une chute dans un escalier) n'en voulut jamais redescendre.
Alors, elle disait avec force : « Surtout, que les enfants ne touchent pas à ça ! »
Elle courait à la cuisine, et revenait avec de l'alcool, de l'eau de Javel, des cristaux de soude, et elle frottait longuement ces épaves.
Il faut dire qu'à cette époque, les microbes étaient tout neufs, puisque le grand Pasteur venait à peine de les inventer,
et elle les imaginait comme de très petits tigres, prêts à nous dévorer par l'intérieur.
Tout en secouant le cor de chasse, qu'elle avait rempli d'eau de Javel, elle disait, d'un air navré :
« Je me demande, mon pauvre Joseph, ce que tu veux faire de cette saleté ! »
Le pauvre Joseph, triomphant, répondait simplement :
« Trois francs ! »
J'ai compris plus tard que ce qu'il achetait, ce n'était pas l'objet : c'était son prix.
« Eh bien, voilà trois francs de gaspillés !
— Mais, ma chérie, si tu voulais fabriquer ce cor de chasse, pense à l'achat du cuivre, pense à l'outillage spécial qu'il te faudrait, pense aux centaines d'heures de travail indispensables pour la mise en forme de ce cuivre... »
Ma mère haussait doucement les épaules, et on voyait bien qu'elle n'avait jamais songé à fabriquer ce cor de chasse, ni aucun autre.
Alors mon père, avec condescendance, disait :
« Tu ne te rends pas compte que cet instrument, peut-être inutile par lui-même, est une véritable mine ! Réfléchis une seconde : je scie le pavillon, et j'obtiens un cornet acoustique, un porte-voix de marine, un entonnoir, un pavillon de phonographe ; le reste du tube, si je l'enroule en spirale, c'est le serpentin d'un alambic. Je puis aussi le redresser pour en faire une sarbacane, ou une conduite d'eau, en cuivre, note bien ! Si je le scie en tranches fines, tu as vingt douzaines d'anneaux de rideaux ; si je le perce de cent petits trous, nous avons un collier à douches ; si je l'ajuste à la poire à lavements, c'est un pistolet à bouchon... »
Ainsi, devant ses fils émerveillés, et sa chère femme navrée, il transformait l'instrument inutile en mille objets tout aussi inutiles, mais plus nombreux.
C'est pourquoi ma mère, au seul mot de « brocanteur », avait hoché la tête plusieurs fois, avec un petit air d'inquiétude.
Mais elle ne formula pas sa pensée et me dit seulement : « As-tu un mouchoir ? »
Assurément, j'avais un mouchoir : il était tout propre, dans ma poche, depuis huit jours. disant : « Mon Dieu ! Mon Dieu !... »
...

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Il y a trois genres littéraires bien différents : la poésie qui est chantée, le théâtre qui est parlé et la prose qui est écrite.
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Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers.
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Le mulet fut remis entre les brancards, et nous sortîmes du village : alors commenca la féerie et je sentis naître un amour qui devait durer toute ma vie.

Un immense paysage en demi-cercle montait devant moi jusqu'au ciel: de noires pinèdes, séparées par des vallons, allaient mourir comme des vagues au pied de trois sommets rocheux.

Autour de nous, des croupes de collines plus basses accompagnaient notre chemin, qui serpentait sur une crête entre deux vallons. Un grand oiseau noir, immobile, marquait le milieu du ciel , et de toutes parts, comme d'une mer de musique, montait la rumeur cuivrée des cigales.

(p.87)
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Sa langue roulait les "r" comme un ruisseau roule des graviers.
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