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En refermant ce livre, je me rends compte que je viens de lire une histoire que vivent encore aujourd'hui des milliers d'Iraniens. Azadi c'est l'histoire de toute une population, mais surtout de la classe moyenne et intellectuelle en Iran.


Le président Ahmadinejad est réélu, la population se sent bafouée et des manifestations s'organisent. Les étudiants sont en premières lignes, ils critiquent le régime en place et la république islamiste. Privés de beaucoup de droits, ils veulent faire savoir au monde entier que le résultat des élections est probablement truqué.

L'état tente d'étouffer la colère qui gronde en faisant des milliers de prisonniers. Parmi eux, Raha, étudiante architecte, qui n'a rien d'une agitatrice. Instruite, elle est bien sûr outrée de devoir suivre des règles qu'elle juge trop strictes, mais elle sait qu'elle n'a pas d'autres choix que de s'y plier si elle veut vivre. Au cours d'une rafle, Raha sera capturée puis emprisonnée. Lors de sa captivité, elle sera torturée et violée par trois gardiens de prison. Libérée grâce aux contacts haut placés d'un ami, elle va réclamer justice en entamant une procédure judiciaire contre les gardiens, un fait rare en Iran ou tout homme peut violer une femme à condition qu'il ait prononcé une formule de mariage provisoire.

"Azadi" c'est tout d'abord 160 pages qui nous apprennent énormément sur la vie en Iran, sur le comportement des habitants, leurs devoirs, le peu de droits qui leurs est accordé et surtout sur la condition de la femme iranienne et toutes les attaques qu'elles subissent au quotidien.

S'en suivent 300 pages sur l'incarcération et la bataille que va mener Raha pour pouvoir vivre libre à nouveau car n'oublions pas qu'en Iran, une jeune fille qui couche hors mariage peut être soumise aux pires sévices.

Un roman très bien détaillé sur la justice iranienne et son système judiciaire mélange d'état et de religion. Une histoire poignante, certainement due au fait que le comportement et la façon de penser de l'héroïne ressemblent tellement à celui d'une jeune occidentale si ce n'est qu'elle est très « humble » (entendez par là, voilée et habillée de façon à ne pas attirer les regards masculins). Une histoire où l'on se rend compte que dans certains pays, le meilleur est passé et certainement pas à venir.

A conseiller car en plus de l'histoire admirablement écrite, ce roman est "intellectuellement bénéfique" et ça, parfois, ça fait du bien.

Lien : http://que-lire.over-blog.co..
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Azadi signifie LIBERTE en persan. Un tableau de la société iranienne en 2009. le livre raconte les réactions d'une jeune femme et des personnes qui sont à son contact après les élections jugées truquées par tous et qui ont conduit à des manifestations étudiantes en 2009 à Téhéran ; les chapitres alternent avec les personnages si bien qu'une même situation est considérée
de plusieurs points de vue, ce qui donne une richesse et une profondeur à ce récit. L'écriture est à la fois pudique et très précise.
L'histoire montre que cette femme, qui perd une partie de ses illusions, conserve une force intérieure qui lui permet de rebondir avec de nouvelles perspectives. La toile de fond historique, vécue de l'intérieur, avec des interdits vestimentaires multiples et une police des moeurs stricte permet de constater la chape de plomb qui pèse sur les libertés qui nous paraissent naturelles comme celles d'avoir les bras ou la tête nus et de regarder un homme dans les yeux. Très beau roman, j'ai beaucoup aimé.
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Voilà un livre qui dès l'abord m'a paru intéressant, et par le cadre du récit, l'Iran actuel, un pays méconnu, si ce n'est à travers des films comme Une Séparation ou Une Famille honorable, ainsi que par son thème, les révoltes spontanées ayant suivi les élections présidentielles truquées de 2009, et réprimées avec violence.

Et pourtant quelle déception !
Impression générale : à mourir d'ennui... L'envie permanente de reposer le roman, en raison de sa banalité, l'absence complète du moindre intérêt pour l'action (quand il y en a) et pour les personnages, qui pourtant s'expriment à la première personne.
Cependant tous les ingrédients semblent y être... Des héros jeunes et bien situés dans leur cadre social, une situation politique mouvementée, des dialogues, des introspections, des péripéties très fortes, allant crescendo, une situation traumatisante, une réflexion sur l'état politique du pays...
Mais la mayonnaise ne prend jamais.
Que peut-on incriminer ?
D'abord la platitude du style, souvent lourd, parfois maladroit, et écrit pauvrement uniquement au présent de l'indicatif. L'absence totale de sensibilité dans l'évocation des lieux, des émotions, du ressenti des personnages. L'écriture est mécanique, raconte, bavarde, n'évoque jamais. Des personnages auxquels on ne croit pas, surtout les protagonistes masculins, dont le très improbable Hossein, un jeune "gardien de la révolution" secrètement amoureux de l'héroïne, dont le discours schématique relève d'une construction totalement artificielle. Une jeune femme, Raha, qui est victime d'événements très violents, sans toutefois qu'on s'émeuve ni qu'on vibre avec elle. Tout est raconté de façon clinique, fonctionnelle, narrative certes, mais sans relief et sans âme.
On n'arrive pas non plus à s'intéresser aux péripéties de la première moitié du roman, répétitives, peu suggestives, banales. La technique du récit est appliquée, c'est tout.

Et surtout le vrai sujet du roman, là où il est le plus sincère, le moins démonstratif et prévisible, c'est la peinture des classes aisées iraniennes et leurs lamentations sur le régime actuel, ruminations dont on sent qu'elles sont le propre des exilés qui critiquent à perte de temps, et de façon circulaire, les défauts supposés de leur peuple et sa responsabilité éventuelle dans l'existence de la théocratie iranienne. Comme on peut s'en douter, ces interrogations et autocritiques tournent en rond et n'avancent pas, et le livre fait du surplace, malgré la supposée intrigue, car une fois passées les péripéties, on retombe dans le bavardage.
Le seul atout du livre : l'évocation des accommodements auxquels les milieux aisés recourent, pour contourner les interdits du régime et ses contraintes, notamment vestimentaires, les réseaux de relations qui permettent aux privilégiés de mener une vie confortable, voire carrément luxueuse.

Bref, un livre que je ne vous conseillerai pas. Et qui fait d'autant plus regretter la grâce, la poésie et l'intensité d'un autre roman iranien, le trèfle bleu, de Firouz Najdi-Ghazvini, sur un sujet très semblable.
J'en suis d'autant plus désolée que je l'ai lu grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et aux Editions Belfond, que je remercie.
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Nous sommes en juin 2009, les élections ont été truquées pour que Mahmoud Ahmadinejad reste à la tête du pays. La jeunesse aisée s'empare de la rue et manifeste son mécontentement, avec allégresse, sur la place Azadi. Chaque jour, Raha, étudiante en architecture, et ses amis rejoignent les manifestants. Un vent de liberté semble souffler. Oui, mais voilà…

Raha violée, torturée en prison voit son monde s'écrouler et essaie de se reconstruire avec, entre autre, le procès contre ses bourreaux. Mais au fait, porter plainte pour viol en Iran, est-ce possible ? J'ai cherché et trouvé une vidéo où Saïdeh Pakravan répond sûrement impossible, ce dont je me doutais.
La force du livre de Saïdeh Pakravan est de nous montrer, à travers les conversations des protagonistes de ce roman plusieurs faces de l'Iran. J'y ai trouvé de grandes différences entre les ruraux et les citadins, la classe aisée et la classe ouvrière, les religieux et les laïcs (mais emploie-t-on ce mot ?). le régime iranien est passé maître es-rouerie et les iraniens dans le jeu du chat et de la souris. Gare s'ils se font prendre !!

Quelques bémols dans ce livre trop manichéen. La jeunesse dorée représente la liberté. Hossein, le gardien de la révolution qui sauvera 2 fois Raha, d'origine paysanne très modeste se situe du côté du pouvoir en place. Comme l'impression que les dés sont pipés dès le départ. Beaucoup de bavardages, de pages inutiles alourdissent le livre. Je crois que j'aurais aimé un livre plus resserré.
Une lecture mitigée. J'ai versé des larmes (je n'ai pas un coeur de pierre, que diantre) à la lecture du viol et de la destruction de Raha. J'ai goûté ces différents points de vue, mais…

Je remercie Babelio qui, par son opération Masse Critique ainsi que les Editions Belfond m'a permis cette incursion en Iran.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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En fin de lecture je reviens à la première page et relie l'avertissement. Il est difficile de penser qu'il s'agit d'une fiction tant est la puissance du témoignage et la réalité de la vie dans cet Iran d'Ahmadinejad. Très intéressant aussi le fait de lire ce roman après celui de Parisa Reza, les jardins de consolation, qui traite de la période précédente de 1920 à 1953.
L'auteur dans un style très agréable arrive parfaitement à nous transmettre cette ambiance de vie déshumanisée par tous ces interdits, ce manque de liberté qui influence même la pensée mais qui à force d'être contenue s'exprime en révolte, en colère ou en désespoir, en reniement et même en acceptation servile. Un vrai bon roman.
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Azadi signifie « liberté » en persan. Certains la rêvent et d'autres paient le prix pour la vivre.
Est-ce l'homme qui forge une société de valeur ou est-ce une société de valeurs qui doit forger ses hommes ?
Dans les deux cas, ces valeurs s'appuient-elles sur le respect des droits de l'homme 
La loi de « Dieu », quel qu'elle soit, suffit-elle à régir un ordre juste ?
L'auteure Saïdeh Pakravan pose les questions en filigrane et fait entrer les lecteurs de plein pied dans la société iranienne, là où cela « pèche », blesse.
L'histoire débute sur « L'élection présidentielle iranienne du 12 juin 2009 qui a reconduit au pouvoir, pour quatre ans, Mahmoud Ahmadinejad, le président de la République sortant ».
Un point de départ tumultueux qui fait parler les générations de tous âges, qui ont connu la période du Sha d'Iran pour certains ou l'établissement d'une république dont les lois n'ont semble t-elle pas apporter plus de libertés, d'équité et de justice. Les jeunes générations manifestent aussitôt dans les rues pour crier au scandale, il y aurait fraude électorale possible et ces jeunes-ci ne veulent plus de l'avenir qu'on leur impose.
Cela sera l'opportunité pour nous de découvrir les quelques personnages principaux, en tête la jeune Raha, étudiante des beaux quartiers Nord plus huppés et le jeune gardien Hussein, d'extraction plus modeste et sous les ordres de l'actuel gouvernement.
Les événements vont principalement s'articuler autour de Raha, les préparations des manifestations faites en secret, les discussions familiales et entre copains controversées sur la politique du gouvernement, les relations très cadrées hommes-femmes...
La rencontre entre Hussein et Raha est intéressante, au delà du profil de romance possible bien que Raha soit fiancée, c'est deux mondes qui se rencontrent.
Hussein est baigné d'idées reçues sur ces jeunes gens qui vivent et pensent comme l'Occident la scandaleuse. A la lecture, nous nous rendons compte qu'une religion islamique très intégriste pèse lourdement sur tous les aspects de cette société décrite. Les personnages sont pleins de contradictions, se réfèrent en permanence à la religion et pourtant semble la maintenir comme un vestige de culture et d'histoire, pour le respect du passé, la respecte mais la porte lourdement tant elle se montre entravante, ne permet pas de s'exprimer librement. Chacun des personnage n'ose dire tout haut ce tout le monde pense tout bas, le système lui-même semblant plus enclin à effrayer, soumettre plutôt qu'inspirer la protection.
Le sort de la pauvre Raha et tous les débats autour de son viol lors de son arrestation pour avoir manifesté posent là un malaise ambiant, une vraie tension maintenue tout du long, l'inégalité et le mépris de la femme y sont démontrés sans fard. Nous découvrons tout un système installé, une police vestimentaire, des contrôles de moeurs entre des jeunes filles et garçons qui se fréquentent dans les rues, les jeunes femmes peuvent être brutalisées sous couvert de comportements jugés indécents. La victimisation de la jeune fille se montre évidement cruelle et odieuse et le procès de Raha se trouve être bien plus que le combat d'une seule femme pour la dignité, c'est aussi briser la loi du silence, une façon de changer la société elle-même.
Si Kian abandonne bien vite sa fiancée «  souillée », Hussein », « l'ennemi », celui-là même qui sauva Raha du gaz de ces collègues militaires à la manifestation, celui qui partit à la recherche de la jeune fille disparue depuis dix jours dans les prisons du Ministère, cet Hussein se montre chevaleresque et est séduit par cette belle Raha, libre, éduquée, simple et généreuse, il montrera une distance au système, cela appellera une vraie remise en question pour de vraies valeurs de respect et de dignité.
C'est un récit dense, les non-avertis à la culture de Téhéran pourront passer outre les nombreux termes linguistiques pour cerner l'essentiel, les autres savoureront ces mots qui les replaceront dans un rapport familier et sans doute agréable. C'est une fiction poignante, percutante sur les libertés, la Liberté tout court qui se gagne durement, une lutte qui brise le silence et l'absurde.
Une oeuvre pour adultes et jeunes adultes sur la dignité humaine, le respect de l'individu, sur la jeunesse, l'envie d'insouciance et l'amour bien sûr.
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Raha est jeune, jolie, intelligente. Idéaliste comme le veut son âge et prête à descendre dans la rue pour manifester pour la liberté, pour « Azadi » Seulement voilà, Raha vit en Iran… Et être jeune, jolie, intelligente et idéaliste à Téhéran dans les années deux-mille, ça ne garantit pas vraiment une vie facile…

Prenant place au coeur des émeutes et manifestations qui ont suivi les élections truquées ayant ramené Ahmadinéjad au pouvoir en 2009, « Azadi » est un roman coup de poing qui nous plonge avec force et finesse dans un Iran moderne aussi riche, subtil et complexe que terrible, effrayant et dévastateur.

Chaque chapitre laissant tour à tour la parole aux différents protagonistes de l'histoire, c'est à travers les regards croisés d'une jeune fille, d'une mère, d'une exilée, d'un gardien de la révolution et de tant d'autres que nous découvrons les multiples facettes de ce pays lumineux qui semble avoir sombré du coté obscur.

Ne nous épargnant rien de la violence répressive du régime, Saïdeh Pakravan nous entraine dans l'histoire de Raha et nous conte son désir de liberté, qui est celui de toute une génération, que la jeune femme a dû payer au prix fort, mais qu'elle ne laissera pas mourir.

Réel essai sociétal et politique, « Azadi » est bien plus qu'un roman puisqu'il nous mène au coeur de la république Islamique d'Iran et nous propose de nombreuses pistes de réflexions profondément intéressantes pour tenter de comprendre sa situation actuelle. Il est vrai qu'à mon sens, cette mise en situation et les théories politiques présentées ne laissent pas toujours assez de place à l'histoire, qui est parfois complètement laissée de coté et traine en longueur, et je ne peux pas cacher que bien que satisfaite d'apprendre tant de choses sur l'Iran, je me suis cependant par moments ennuyée en attendant qu'arrivent enfin de nouvelles péripéties du récit. Mais quand celles-ci arrivent enfin, « Azadi » devient un réel page-turner et il est vraiment difficile de lâcher le livre sans regrets à certains moments de l'histoire…

Une belle plume, simple mais fine. Intelligente surtout. Des longueurs et des inégalités dans la construction du récit qui m'incitent à me limiter à trois étoiles mais une belle découverte littéraire quand-même, que je conseille à tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur l'Iran, sur les femmes en pays islamiques et sur la lutte pour les droits de l'homme. Attention quand-même, âmes sensibles s'abstenir, car certaines scènes sont vraiment pour le moins bouleversantes !
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Azadi, liberté en persan, en kurde également; un mot que crie toutes celles et ceux qui en manquent cruellement comme ces gens qui vivent en Iran. C'est eux que raconte ce roman. L'auteure rend plus particulièrement hommage à celles et ceux qui ont osé braver les autorités en organisant des manifestations pour dénoncer les fraudes électorales lors des présidentielles de 2009 qui ont porté à la victoire Mahmoud Ahmadinejad. C'est le mouvement vert qui n'a pas duré, qui a échoué, qui n'a pas su arracher la liberté. Mais ils ont au moins essayé. Ils ont au moins espéré. Et certain(e)s ont payé, dure, le prix de leurs essais. C'est le cas, ici, de Raha, étudiante en architecture, pleine d'espoir et d'envie pour son pays qui verra ses rêves et son corps brisés après une arrestation injustifiée. L'histoire est triste, forcément, malheureusement.

Saïdeh Pakravan réussit, dans ce roman, à me "réveiller". le temps de la lecture, elle me rappelle les souffrances et les douleurs de toutes celles et ceux qui vivent dans des régimes autoritaires, totalitaires. Elle me rappelle les risques que ces gens encourent lorsqu'ils osent exiger ce qui leur revient de droit. Mais malheureusement, ais-je envie de dire, ce que Raha subit, tout le monde, quelque soit le pays et son régime - même démocratique- peut l'éprouver. Il suffit qu'on ôte à l'individu ses droits et qu'on le soumette à un système qui donne à certain(e)s autres l'autorité pour que ceux-là ne se privent pas du sentiment d'impunité. Et pour que celle-là ne soit pas, il ne faut jamais abandonner, jamais se résigner. Il faut toujours opposer à l'autre qui veut nous avilir la puissance de notre droit à être et à exister. Ce roman nous le rappelle avec une certaine efficacité.

Tour à tour, en faisant parler différents personnages, Saïdeh Pakravan nous raconte également l'Iran. Sans jamais approcher le manichéisme, sans jamais faire dans le simplisme, elle dessine les portraits de possibles citoyens iraniens qui expriment leurs points de vue, leurs opinions et leurs sentiments sur leur pays et son régime. Ce sont des jeunes enthousiastes, des anciens désillusionnés, une iranienne expatriée, un sepahi ... ils contestent, dans l'ensemble, le régime, critiquent leur pays, parfois avec sévérité, pour avouer, au fond, qu'ils l'aiment, en vérité, profondément. Ils chérissent l'Iran et veulent, pour lui, un avenir brillant mais savent, qu'il faut, pour cela, s'émanciper de ce régime qui les briment tant. Mais comment y arriver? D'une écriture fluide, tout à fait jolie, presque poétique et même journalistique, Saïdeh Pakravan nous invite à ressentir la douleur de l'Iran, à percevoir ses difficultés, à entendre ses interrogations et à aller au delà des apparences. Petit bémol à son récit: elle fait parler tous ses personnages à la première personne du singulier sans jamais changer de style ni de ton. Résultat, j'ai eu le sentiment que tous parlaient de la même voix; une voix à l'image de la plume, féminine. C'est assez déconcertant quand il s'agit de lire le témoignage des protagonistes masculins. Mais le défaut est minime. Il n'entache pas la qualité de ce roman que je conseillerai avec empressement.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Quel plus grand privilège que la liberté ? C'est ce que je me suis dit en fermant ce livre bouleversant. Saïdeh Pakravan réussit le tour de force de présenter au travers de son héroïne Raha – étudiante en architecture - le quotidien des iraniens soumis aux incroyables vicissitudes juridico-religieuses imposées au pays par le gouvernement, les affronts et humiliations faits aux femmes mais aussi des éléments d'histoire de l'Iran avec ses puissantes racines persanes. C'est le grand avantage de la fiction que de donner à ressentir, à comprendre une réalité mieux que la réalité elle-même.

Ce roman choral donne la parole à plusieurs protagonistes : Hossein d'abord, un jeune sepahti – gardien – qui va aider Raha –– assommée lors des manifestations qui se sont déroulées à Téhéran après les élections truquées de 2009. Puis Nasrine, la mère de Raha, Kian son fiancé, Djamchid son oncle, Gita une amie de la famille revenue des Etats-Unis pour quelques mois. Chacun fournit une vision singulière sur la situation en Iran.
Ce sont surtout les approches de Hossein et Raha qui offrent une double perspective sur les événements. L'un confiant dans le pouvoir, les principes de la révolution islamique va voir sa vie bouleversée par l'intrusion de Raha, jeune femme cultivée, engagée dans les réformes qu'elle croit possible pour son pays. Elle est le principe féminin du roman, elle porte tous les maux de cette révolution. Elle est celle a qui l'on s'identifie pour voir par ses yeux un quotidien fait d'interdits et de mensonges.

Les récits s'entrecoupent au travers de nombreux personnages mais une ligne sombre coupe le roman en deux quasiment au milieu. L'enthousiasme du début va laisser place à une grande noirceur après l'incarcération de Raha dans une prison calamiteuse.

La maturité avec ses doutes et ses incertitudes va prendre la place de l'espoir. "Azadi", Liberté, est au bout du roman mais on sent que c'est aussi le cri du coeur de l'auteur pour son pays. Saïdeh Pakravan semble avoir confiance dans le sens de l'histoire - car les peuples finissent toujours par briser les jougs qu'on leur impose - mais le roman nous montre à quel point le prix à payer est/sera lourd.

Pour ne pas quitter le roman après l'avoir fermé, j'ai continué à explorer sur internet, les lieux et les évènements cités dans le livre, je me suis pris un bain d'histoire, de beauté mais aussi de terreur. On ne peut que souhaiter que les fils de Saïdeh connaissent – comme elle l'espère dans sa dédicace – « un jour un Iran meilleur »
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Azadi, c'est d'abord une plongée dans la Révolution iranienne, après 1979. le roman composé de courts chapitres où chaque personnage parle permet de donner différents points de vue. C'est aussi une description de la vie quotidienne en Iran. La plupart des personnages appartiennent à la bourgeoisie libérale. Leur instruction, leur contact avec l'étranger les amènent à porter un jugement critique sur la Révolution. Ils habitent de beaux appartements. Ils organisent des fêtes où on boit de l'alcool. Les filles échangent le tchador pour des habits à l'occidentale. le jeune Hossein , issu d'une famille pauvre a quitté la campagne pour devenir gardien de la Révolution. Des événements dramatiques vont le mettre en contact avec ce milieu.
Mais, Azadi, c'est le roman de la vie bouleversée de Raha. Jeune étudiante en architecture, elle est arrêtée au cours d'une manifestation;Elle est emprisonnée : expérience terrible qui bouleverse sa vie. Son regard sur le monde, son entourage, sur elle même en est radicalement transformé. Elle ne va alors cesser de témoigner, manifestant ainsi son droit à la liberté : azadi.
Saïdeh Pakravan réalise une véritable oeuvre littéraire. Elle n'a pas vécu directement ses événements. Et, pourtant, elle réussit à nous y plonger. Son récit n'est pas un reportage. Elle fait une analyse subtile de l'évolution de Raha. Aucun pathos, aucune sensiblerie ou excès romanesques. Mais, un plaidoyer intelligent et vibrant pour la place des femmes dans la société, leur droit à la parole et leur liberté.
Un roman à lire pour comprendre la révolution iranienne mais aussi pour soutenir l'engagement des femmes qui réclament leur azadi, leur liberté.
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