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Perplexe et déroutée par ce portrait de femme, cette Antigone nouvelle, dixit la 4ème de couverture, évoluant lors des manifestations de 2009, au sein d'un peuple souvent décrit comme impoli et adepte de la manipulation: manipulant et manipulé. Je souhaitais lire ce livre pour mieux connaitre cette période. Ce livre s'est avéré bavard (les deux personnages d'exilés commentent et critiquent largement, bien plus qu'ils n'agissent, la scène du restaurant est assez emblématique), émaillé de mots en persan (pourquoi mettre centre culturel en persan? pourquoi ce concours linguistique?). le personnage d'Hossein, personnage non aisé, extrêmement religieux, sans trop d'éducation (et surtout pauvre!) est l'équivalent d'une bonne fée, réglant tous les problèmes avec une facilité et une célérité déconcertante, totalement et chastement ébloui par Raha, cette jeune fille, belle, riche, cultivée, athée et totalement inculte de religion. Là où c'est déroutant, c'est le parti pris par l'auteur, son azadi, de faire preuve de fiction dans les moyens de cette Antigone. Il est impossible de faire un procès dans ce cadre là. L'auteur l'a indiqué en interview et c'est son bonheur de pouvoir en faire une fiction. Et c'est cela que je trouve déroutant. Pourquoi à la fois, vouloir s'inscrire dans un cadre quasi-documentaire, usage pléthorique du persan, conversation soporifique de l'oncle sur la situation de l'Iran, vision de l'Iran par l'oeil de Gita, l'exilée américaine de retour au bercail et inventer cette partie, quand même essentielle, sur la compréhension que peut espérer le lecteur de cette période? Je me sens un peu manipulée...
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J'ai lu ce livre car j'ai eu l'occasion de rencontrer l'auteur lors d'une rencontre dans une bibliothèque de quartier. Dans le cadre du festival Hautes tensions, en novembre 2015 sur Bordeaux, deux auteurs sont venus rencontrés les lecteurs. Il s'agit de Saîdeh Pakravan, pour son roman « Azadi », qui se passe à Téhéran et Ali Bader pour le roman, « Papa Sartre ». Cette rencontre très intéressante a permis d'appréhender la façon de travailler des écrivains. Cette rencontre a été intéressante par la rencontre de deux auteurs, l'un d'Iran et l'autre d'Irak.
Avec « Azadi », nous sommes à Téhéran en 2009, lors des manifestations qui ont essayé de changer la vie politique de ce pays. Raha est une jeune fille qui est étudiante et qui va participer aux manifestations, puis va subir la répression dans son corps pendant et après une détention. Il y a aussi Hossein qui est un jeune militaire et qui fait partie de la police politique et qui va rencontrer lors d'une échauffourée Raha. Il y a aussi la famille de Raha, ses parents très tolérants et qui vont essayer de sauver leur fille de cet engrenage politique. Des tantes, l'une fait partie de la bourgeoisie et est très friande du luxe occidental mais aussi Gita qui vit exilée aux états Unis et qui vient passer quelques jours en Iran. Il ya aussi la famille plus modeste d'Hossein et en particulier, son frère qui est revenu handicapé de la guerre contre l'Irak et qui est devenu un islamiste virulent.
Grâce à ce romanesque et le portrait de ces différents personnages on appréhende la vie à Téhéran et à la transformation de la société et de la politique de ce pays. J'ai été très impressionnée par les descriptions des « datesh », qui sont des processions religieuses et cela m'a fait penser aux cortèges de pénitents lors des semaines saintes en Espagne. La façon de vivre de façon excessive et intégriste des religions produisent malheureusement les mêmes excès.
Une lecture très plaisante malgré tout car malgré la noirceur des événements, de sentiments sont partagés par l'ensemble des protagonistes.
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Cet ouvrage nous raconte quelques mois de la vie de trois jeunes iraniens nés sous le régime de la République Islamique :
Raha, étudiante en architecture, vit dans un quartier favorisé de Téhéran avec ses parents, sa grand-mère et son oncle, ancien professeur d'une université américaine,
Kian, son fiancé, de parents divorcés, sa mère Homa est chirurgienne,
Hossein, d'origine paysanne. Grâce à un oncle il exerce un emploi chez les Gardiens de la Révolution.

L'histoire se situe en 2009 après la réélection contestée de Ahmadinejad. La réélection donne lieu à des manifestations pacifiques, réprimées avec violence. Raha participe à ce mouvement avec Kian. Ils rêvent de liberté. Au cours d'une manifestation, légèrement blessée Raha est sauvée par Hossein .Au cours d'une autre manifestation elle est arrêtée et conduite dans une prison qui se situe dans les sous-sol du ministère de l'intérieur. Après y avoir subi des violences inouïes elle sera libérée, grâce une nouvelle fois à l'intervention d'Hussein.Malgré sa rupture avec Kian - jeune homme peu courageux - et très entourée par sa famille elle réussira à retrouver un sens à la vie.

J'ai aimé l'histoire de cette jeune iranienne et apprécié de découvrir une vie quotidienne et privée qui ne ressemble pas tout à fait à l'image que nous renvoie habituellement les informations sur l'Iran. L'image que nous en avons est celle d'un régime théocratique dans lequel la pratique de la religion islamique est obligatoire.Or, Raha est issue une famille aisée - on ne connaît pas l'activité de son père - et plutôt athée. Elle n'a reçu aucune éducation religieuse et n'a pratiquement jamais mis les pieds dans une mosquée. L'alcool n'est pas un tabou, il est présent dans les soirées d'adultes comme dans celles des jeunes et le soir son père boit un whisky, son oncle de la vodka. Il doit donc exister des établissements plus ou moins clandestins pour leur permettre de se ravitailler ? L'essentiel est de ne pas être surpris par les gardiens de la révolution.
L'auteure nous fait comprendre que si une certaine liberté existe dans le cercle privé la vie quotidienne à l'extérieur est très surveillée et réglementée particulièrement pour les femmes : tenue vestimentaire, comportement en compagnie d'un homme...
La vie du jeune Hossein est bien différente de celle de Raha. D'origine modeste et très religieux il respecte les règles de l'Islam et ne remet pas en question le gouvernement de la République Islamique. Il est l'un des personnages intéressants de ce roman dans lequel il apparaît surtout comme beaucoup plus honnête et sympathique que Kian.
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Lu d'une traite, ce roman terrible et foisonnant de vie, tout à la fois traité politique, tragédie et étude sociale, m'aura donné une magnifique occasion de plonger par la fiction dans la complexité du réel, celle de la société iranienne contemporaine.
Il ne fallait pas moins que la forme du roman choral pour rendre cette complexité, entre modernité et tradition, orient et occident, et chacune des voix qui s'exprime tour à tour vient apporter sa nuance tout en impulsant un rythme singulier au récit. Même si ce rythme s'essouffle par moment, le cauchemar vécu par Raha ne laisse pas insensible et l'on brûle de savoir si elle parviendra à obtenir réparation dans un univers si masculin, si chahuté et si fanatisé.
Une expérience immersive et enrichissante, loin de mes bases.
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En 2009, à Téhéran sur la place Azadi (liberté en persan), des jeunes gens manifestent pour protester contre les élections truquées. C'est cet événement réel qui sert de prétexte à l'auteur pour dresser un portrait contrasté de l'Iran contemporain et de ses habitants. Pour nous occidentaux, l'Iran est fait de rêve et de cauchemar, la Perse des Mille et Une Nuits versus la République islamique entre modernité et obscurantisme religieux. C'est exactement ce qui apparaît à la lecture de ce récit.
Raha, jeune étudiante en architecture est arrêtée et violée en prison. A sa sortie, elle décide de porter plainte (en Iran, en tant que femme violée et contre la police) ! L'auteur brosse une galerie de portraits représentatifs de l'humain et de la société iranienne contemporaine. Raha, jeune bourgeoise cultivée, si forte et si fragile saura-t-elle surmonter son traumatisme, se reconstruire, faire face aux réactions contrastées et excessives qu'elle suscite, rester en Iran ? Elle rencontre des soutiens inattendus et c'est là qu'est la force de ce roman, dans ses personnages non manichéens. Kian, son fiancé dont on découvre la vraie nature n'en sera pas (au désespoir de sa propre mère qui soutient celle qui aurait pu être sa belle-fille). En revanche quels personnages admirables en la personne de Mina, gardienne de prison dont le témoignage sera capital et Hossein, membre des gardiens de la Révolution et pourtant humain et généreux qui l'aide sans rien attendre en retour. Tous deux sont issus de milieux pauvres, pieux, a priori plus fermés, bien différents de celui de Raha et ne la comprennent pas toujours, c'est pourquoi leur relation humainement riche ne passe nécessairement pas par la parole.
Une multiplicité de personnages et de points de vue accompagne le récit de ces événements. Un pays contrasté, complexe, aux paysages sublimes, au passé glorieux, des habitants nostalgiques de cette Histoire riche. Les thèmes de la reconstruction, de l'impossible pardon, du long cheminement vers la démocratie sont également traités. Le roman aurait toutefois gagné à être plus resserré notamment dans sa première partie trop longue à mon goût.
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Bien. L'histoire est bien menée au début mais patauge à la fin. On apprrend beaucoup sur la révolution verte et les problèmes de la jeunesse iranienne.

Malheureusement le style littéraire est pauvre teinté de beaucoup de naïveté qui gâche le roman qui reste malgré tout appréciable.
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Magnifique roman à 4 voix, profond et intelligent. L'iran, une jeunesse qui tente de se révolter,un viol, un procès...
La condition de la femme dans un monde d'homme. D'un réalisme et d'une dureté à ne pas lire si vous êtes sensible. Magnifique texte, puissant. Je vous le recommande.
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Azadi, c'est d'abord une plongée dans la Révolution iranienne, après 1979. le roman composé de courts chapitres où chaque personnage parle permet de donner différents points de vue. C'est aussi une description de la vie quotidienne en Iran. La plupart des personnages appartiennent à la bourgeoisie libérale. Leur instruction, leur contact avec l'étranger les amènent à porter un jugement critique sur la Révolution. Ils habitent de beaux appartements. Ils organisent des fêtes où on boit de l'alcool. Les filles échangent le tchador pour des habits à l'occidentale. le jeune Hossein , issu d'une famille pauvre a quitté la campagne pour devenir gardien de la Révolution. Des événements dramatiques vont le mettre en contact avec ce milieu.
Mais, Azadi, c'est le roman de la vie bouleversée de Raha. Jeune étudiante en architecture, elle est arrêtée au cours d'une manifestation;Elle est emprisonnée : expérience terrible qui bouleverse sa vie. Son regard sur le monde, son entourage, sur elle même en est radicalement transformé. Elle ne va alors cesser de témoigner, manifestant ainsi son droit à la liberté : azadi.
Saïdeh Pakravan réalise une véritable oeuvre littéraire. Elle n'a pas vécu directement ses événements. Et, pourtant, elle réussit à nous y plonger. Son récit n'est pas un reportage. Elle fait une analyse subtile de l'évolution de Raha. Aucun pathos, aucune sensiblerie ou excès romanesques. Mais, un plaidoyer intelligent et vibrant pour la place des femmes dans la société, leur droit à la parole et leur liberté.
Un roman à lire pour comprendre la révolution iranienne mais aussi pour soutenir l'engagement des femmes qui réclament leur azadi, leur liberté.
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Ce roman nous emporte dans les turbulences de la politique iranienne à la découverte de l'histoire contemporaine et la vie de la classe moyenne iranienne, lors des mouvements étudiants en 2009.

Saïdeh Pakravan prend le parti du détail pour raconter l’urgence du soulèvement populaire, l’horreur de la répression, la torture, le viol… les amours contrariées, les indécents banquets de personnes futiles ignorant ce qu'il se passe à deux pas de leur porte .

Et l'on voit que quelque soit ses difficultés, sa nationalité, son pays et sa vie, chaque jeune adulte, étudiant ou non, aspire aux mêmes idées dont en priorité la Liberté et l'Amour. "L'essentiel est invisible pour les yeux "comme le disait si bien Saint Exupéry.

Le style est sobre, la construction à plusieurs voix renforce l'effet dramatique ainsi au fil des pages, les entraves imposées par le régime étouffent et le chemin de la liberté se dessine hors frontières...
Un magnifique roman à lire sans faute !

Merci à Babelio et à l'éditeur pour cette lecture.
Avec toutes mes excuses pour cette critique tardive car je l'avais écrite juste en fin de lecture sans voir qu'elle ne s'était pas enregistrée.
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En fin de lecture je reviens à la première page et relie l'avertissement. Il est difficile de penser qu'il s'agit d'une fiction tant est la puissance du témoignage et la réalité de la vie dans cet Iran d'Ahmadinejad. Très intéressant aussi le fait de lire ce roman après celui de Parisa Reza, les jardins de consolation, qui traite de la période précédente de 1920 à 1953.
L'auteur dans un style très agréable arrive parfaitement à nous transmettre cette ambiance de vie déshumanisée par tous ces interdits, ce manque de liberté qui influence même la pensée mais qui à force d'être contenue s'exprime en révolte, en colère ou en désespoir, en reniement et même en acceptation servile. Un vrai bon roman.
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