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Une lecture très intéressante, passionnante même puisque j'ai dévoré ce livre en cette période de début des fêtes. La posture de Mathieu Palain, auteur et journaliste, semble très sincère. Il se livre autant qu'il nous raconte l'histoire de Toumany Coulibali, un paradoxe vivant, athlète de haut niveau le jour et délinquant la nuit. Leurs rencontres au parloir et leurs discussions nous donne un aperçu de l'univers carcéral français, ainsi que des coulisses de la justice. J'ai quand même l'impression d'avoir un peu tourné en rond dans cette histoire : à la fin du livre, je ne peux pas dire que je comprends mieux "l'énigme Coulibali". J'ai d'ailleurs l'impression que c'est en grande part resté un mystère pour l'auteur lui-même. Par contre, Mathieu Palain aura sans aucun doute réussi à me le rendre sympathique, à m'indigner pour lui et à penser moi aussi "Je voulais qu'il change. Qu'il s'en sorte. Qu'il arrête de voler et qu'il devienne champion Olympique. Je rêvais." Même si la fin de ce livre reste ouverte...
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Août 2020. Mon parcours de lectrice me fait rencontrer, via son roman, un auteur atypique que je ne saurais ni définir, ni classer si on me le demandait. Mathieu Palain. Un écrivain qui m'avait raconté l'incroyable destinée de Wilfried dans Sale Gosse, roman qui avait inscrit son auteur dans un coin de ma tête, histoire que je n'oublie pas de le relire. Sauf que, débordée par les sorties et mes envies, j'ai oublié. Oublié de me pencher sur le parcours et les publications de l'auteur, mais jamais totalement oublié non plus : Sale Gosse fait partie des romans que j'offre tant je l'ai profondément aimé et vécu. Mais, ouf, je n'ai rien raté !
La rentrée littéraire 2021 nous a offert des sorties plus ou moins attendues ; très peu de surprises concernant les auteurs mis en avant, encore moins concernant les quatrièmes de couverture et les chroniques qui ont pullulé avec les service presse. Et dans la masse, un livre et un auteur discrets : Ne t'arrête pas de courir de Mathieu Palain. L'heure des retrouvailles a sonné.

Il était, pour moi, difficile de faire mieux que Sale Gosse. Rien dans ce livre ne m'était destiné. Je ne suis pas sportive, je ne connais absolument rien aux milieux sociaux et familiaux desquels viennent les “personnages” de Mathieu Palain, et, quelque part, je ne suis pas en mesure de totalement comprendre leurs histoires, leurs problèmes et leurs dérives, tant leur vie est à mille lieues de la mienne. Et pourtant, Mathieu Palain a su poser les mots justes, saisir les parfaites émotions, raconter l'essentiel avec une tendresse certaine, et le tout a parfaitement fonctionné. Sale Gosse fait partie de mes livres préférés, et j'ai encore les papillons dans le ventre que j'ai ressentis pendant la lecture, chaque fois que je pense à ce bouquin. Je redoutais donc le second livre de l'auteur tant j'ai aimé le premier. Et puis rien ne s'est passé comme je le redoutais : Ne t'arrête pas de courir est un livre extraordinaire, et j'aurais dû m'en douter.

Tout a commencé dès le départ, par l'écriture. Des retrouvailles qui font chaud au coeur parce que cette écriture et moi, nous nous entendons vraiment bien. Chaleureuse et sensible, elle enveloppe le lecteur, l'accompagne et le berce pour lui raconter des histoires ancrées dans le réel, pas toujours drôles donc, mais terriblement humaines. C'est cette humanité que j'apprécie chez Mathieu Palain, la façon qu'il a de dire les choses, avec bienveillance et empathie, sans juger les Hommes dont il parle, ici, Toumany Coulibaly. Bien au contraire, c'est avec délicatesse que l'auteur va nous narrer l'histoire incroyable et vraie de cet homme à double visage. Certes, Mathieu Palain dresse le portrait judiciaire de Toumany, mais loin de se contenter de relater des faits et des discussions, il s'attarde aussi sur l'environnement familial de Toumany, sa personnalité, ses valeurs et son état d'esprit. C'est finalement toute une existence qui est couchée sur papier, et l'on pourrait se dire que c'est indécent. Mais non. C'est en réalité une vie mise à nu avec pudeur dans le choix des mots et sans jamais enfoncer l'homme dont il est question. Pour comprendre, en fait ; montrer la face sombre de Toumany, oui, mais toute la lumière qu'il peut dégager, aussi. C'est délicat et brillant. Humain, avant tout.

Une nouvelle fois, les sujets n'étaient pas censés m'attirer et me plaire. Je lis une catégorie de roman noir depuis si longtemps, que j'ai oublié la saveur de certaines autres lectures. J'aime être confrontée à la noirceur des âmes, à l'ambivalence de certains personnages, aux états mentaux et psychiques des protagonistes ; j'aime les âmes torturées, le pessimisme, la noirceur de certains romans, et peut-être Ne t'arrête pas de courir a-t-il de ça, lui aussi. Oui, définitivement. Mais il a surtout une magnifique histoire d'amitié, humaine, et il a Mathieu Palain. Certes, il est aisé pour un écrivain de donner une certaine image de lui-même, plus encore à travers un livre , lorsqu'il a le temps de dresser son autoportrait de sorte qu'il soit le plus luisant possible. C'est vrai, c'est peut-être un peu facile de parler de la bienveillance de ce monsieur dans ce livre, alors qu'il en est l'auteur. Mais tout de même. L'angle choisi pour parler de Toumany ; l'écriture, les mots si importants car déterminants dans leur choix ; l'ambiance générale du bouquin, le ton employé, l'humilité et le retrait de l'auteur dans ce récit, alors qu'il est un personnage principal de l'histoire : tout ça me donne envie de croire que l'auteur est fondamentalement bon. Bon dans ses intentions, sincère dans sa démarche, et talentueux dans tout le reste. Sous sa plume, Toumany prend le visage d'un homme torturé, perdu, mais d'une humanité touchante, si bien qu'on désire le serrer dans nos bras en lui soufflant que tout va bien aller, exulter avec lui, hurler en choeur, et lui souhaiter que l'avenir soit fait de douceurs. Alors qu'il aurait été si facile de le juger et/ou de l'enfoncer, de faire dans la surenchère et le spectacle, il n'en est absolument pas du tout question dans ce livre. C'est peut-être ce qui le rend différent et puissant.

Terminer un livre de Mathieu Palain, le refermer, et même le ranger, c'est un déchirement. J'ai envie de rester dans chaque scène, chaque histoire, chaque destin. Il y a dans les ouvrages de l'auteur une authenticité qui peine à se montrer dans la littérature en général, mais chez Palain, jamais rien ne sonne faux. Et puis il y a ce côté humain très prononcé ; cette bienveillance salvatrice alors que le concept-même tend à s'échapper de nos vies. Les histoires sont dures, mais les ouvrages de Mathieu Palain font du bien. Quelle joie de savoir que d'autres lecteurs auront le bonheur de le découvrir…
Lien : https://aufildelhistoire.com..
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Mathieu Palain est journaliste en free-lance, Toumany Coulibaly, un champion de 400 m incarcéré à Reau suite aux nombreux vols dont il s'est rendu coupable en parallèle. Entre eux est née une véritable complicité : ils ont vécu leur enfance dans les mêmes lieux et se parlent sans fard.
Guidé par l'envie d'enquêter pour écrire un livre, Mathieu s'engage bien plus que de raison. Toum devient un ami et le mystère de ces vols qu'il a commis, alors qu'il a tout pour devenir une star du 400 m, reste entier. On découvre un homme gentil qui ne sait pas dire non, quelqu'un qui éprouve une poussée d'adrénaline quand il vole…Il lui faut faire un long travail sur lui-même pour en connaître les raisons profondes.
Cette enquête nous fait entrer dans le monde carcéral, elle nous fait découvrir la vie d'un homme qui compte patiemment les jours avant de pouvoir mieux connaître ses enfants et revivre sans avoir peur de plonger…On comprend qu'il y a aussi un côté confortable à l'incarcération, on sait qu'on n'a pas à s'exposer aux mauvais choix. Son expérience d'athlète de haut niveau montre aussi que malgré tous les sacrifices qu'il engage, l'athlétisme ne signifie pas richesse. D'autres valeurs fondamentales s'y forgent et son entraineur a vu juste : « Mais il y a quelque chose dont je suis certain, c'est qu'on ne sauve pas les gens malgré eux. Il faut qu'ils aient envie de se sauver. ».
Pour Mathieu, enquêter sur Toum devient aussi une enquête sur ses propres motivations : pourquoi l'univers carcéral est-il si important à ses yeux ? Pour cela, il lui faut replonger dans le passé de son enfance et de sa famille.
Différent des romans qui m'attirent habituellement, ce livre m'a intéressée par la sincérité de la relation et des échanges entre ces deux hommes différents. le style est agréable, la lecture aisée. La fragilité de Toumani est aussi captivante car encore une fois, on constate que la société n'est pas toujours tendre avec certains milieux. On sent une évolution chez chacun d'eux et on espère que la fin de la peine pour Toumany sera synonyme d'une vraie liberté !
Une petite citation pour finir :
Il ne faut jamais s'arrêter de courir. C'est au bout du chemin qu'on trouve la liberté.
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Qui est Toumany Coulibaly ? Vous connaissez peut-être ce nom, au moins ce qu'on a pu en lire dans les journaux, entre deux faits divers. C'est ainsi que Mathieu Palain découvre son histoire, alors qu'il parcourt la presse quotidienne : « le 22 février 2015, quelques heures après avoir remporté le titre de champion de France du 400 m, Toumany Coulibaly ne sabre pas le champagne [...] il pose sa médaille sur la table de la cuisine, attrape une cagoule et rejoins quatre complices pour cambrioler une boutique de téléphones portables »
Etrangement touché par cette histoire, Mathieu Palain qui n'a que 6 mois d'écart avec Coulibaly, qui a grandi dans le même coin de banlieue, décide de lui écrire une lettre, à Fresnes. Coulibaly est en prison pour différentes affaires, et il pourrait y rester jusqu'en 2023.
Naît alors une amitié spontanée et sincère, entre l'athlète-braqueur et le journaliste, des entretiens, des SMS, des visites au parloir. Palain nous raconte sans jugement Coulibaly, son enfance, son talent incroyable pour la compétition, les gens qui croient en lui, ceux qu'il a déçus, le gâchis de sa carrière, ses récidives incompréhensibles. Toumany, lui, continue à courir, à s'entraîner à la dure, dans les couloirs bondés de Fresnes, et le lecteur est partagé entre la compassion et l'envie de le secouer, et puis l'espoir d'une vie meilleure, bientôt.

Mais le texte devient passionnant quand, à partir de ce récit de vie brûlée, le journaliste cherche à comprendre ce qui résonne en lui, le bouscule et l'interpelle. Il y déploie également une réflexion intéressante sur la justice, sur les prisons et la détention, la vie dedans, l'après, dehors. Un document plein d'humanité et de révolte, dans lequel Palain touche à l'intime avec élégance. Et il me donne envie de découvrir le premier texte de l'auteur "Sale gosse".

« Il ne faut jamais s'arrêter de courir. C'est au bout du chemin que l'on trouve la liberté. »
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C'est l'histoire d'une rencontre : l'auteur Mathieu Palain rend régulièrement visite en prison à Toumany Coulibaly dans l'intention d'écrire un livre sur lui.
La première partie raconte ainsi le parcours de ce jeune malien, être double : gentil garçon, athlète accompli le jour, voleur et braqueur la nuit. Plusieurs fois arrêté, emprisonné, la justice lui redonne sa chance et à chaque fois il replonge . Mathieu Palain essaie de comprendre pourquoi et voudrait lui redonner envie de courir. Pourtant il finit par être interdit de parloir, et, grâce à l'intervention d'une psy, il s'interroge sur son propre comportement et l'intérêt qu'il a toujours éprouvé pour les gens incarcérés, oubliés. de quelle faille dans son enfance sont-ils la résurgence ?
Double portrait en miroir en quelque sorte et documentaire intéressant sur la vie (ou la non-vie) en prison. le livre a bien mérité les nombreux prix reçus !
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Mathieu Palain raconte Toumany Coulibaly, grand sportif et grand délinquant. Toumany joue entre le sport qui est une vraie addiction, sa vie et celle de sa famille. La nuit il prend sa dose d'adrénaline en braquages de tous genres.

Issue d'une histoire vraie, un lien se créé entre les deux personnages. Et toujours une lueur d'espoir au bout du chemin pour le journaliste. Toumany Coulibaly n'est pas un homme mauvais, il vit dans une société qui le malmène, c'est aussi un rêveur, un voyou. Mathieu Palain le suivra et l'aidera autant qu'il le peut.

La lecture de ce documentaire ou reportage est un vrai marathon. Toumany ne souhaitait plus recevoir de journaliste, il fera pourtant une exception pour Mathieu (tous deux issus du même lieu). Il se raconte, au fil des parloirs du centre de détention de Réau. C'est là que leur amitié nait.

Il en ressort que la violence physique et ou morale au sport et celle de l'incarcération sont pratiquement au même niveau. de plus les moyens financiers, que demande la pratique sportive à haut niveau, sont une condition indispensable pour y arriver!

J'ai beaucoup aimé ce récit, que j'avais vu passer sur les réseaux. Il est à la hauteur de ce que j'en attendais. J'ai aussi été faire la curieuse en cherchant sur la toile les articles concernant Toumany Coulibaly, il y est décrit le plus souvent ses condamnations, dommage, car il a été une super athlète! Une histoire qui m'a beaucoup touchée.

Ce titre a reçu de nombreux prix

Lien : https://passionlectureannick..
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Dans ce livre, à mi-chemin entre la biographie et l'enquête journalistique, Mathieu Palain porte sa casquette de journaliste mais pas uniquement. Au début, on sent qu'il est attiré par Toumany Coulibaly, parce que c'est un jeune "comme lui". Né à la même époque, et pas très loin. Puis par la suite, on découvre qu'il y a d'autres liens qui les unissent. Et le livre devient de plus en plus personnel.
Leur relation se construit d'abord au parloir de la prison de Toumany, puis à travers des lettres, des sms.
Mathieu Palain raconte l'histoire de ce jeune champion, qui explose les records d'athlétisme avec une facilité déconcertante. Mais après l'entrainement, après même les compétitions, il quitte la piste, change à peine de tenue et part cambrioler des magasins: pharmacies, magasins de téléphonies... Parfois pour payer ses déplacements en compétition, parfois pour pas grand chose. Mais à chaque fois il y retourne. Même s'il est pris, que ses peines s'accumulent.
Alors il alterne périodes d'entrainement en prison et semi-liberté. Les échanges avec Mathieu Palain lui font du bien, l'aident à avancer dans son propre cheminement. Mais le vol semble être une addiction et plus fort que lui. D'autant que l'athlétisme ne font pas vivre sa femme et ses quatre enfants.
C'est vraiment un livre que j'ai apprécié. Tout d'abord parce que je ne connaissais pas du tout l'histoire de Toumany Coulibaly. C'est aussi l'occasion d'avoir un petit coup de projecteur sur les prisons, le fonctionnement de la justice, du monde du sport. Mais plus généralement sur la quête d'un homme, tiraillé par ses démons. Il a la force de résister à tout ce qu'il y a de mauvais en prison et de ne pas s'enfoncer davantage. Mais ce qui lui fera vraiment du bien et ce qui l'aidera à s'en sortir c'est de comprendre pourquoi il est attiré par cette adrénaline du vol.
Pour l'auteur aussi c'est une relation qui le fait avancer, qui le questionne. Ainsi, ce n'est pas qu'un journaliste qui observe et qui raconte son objet d'étude.
Mathieu Palain donne toutes les clés au lecteur pour se faire son propre avis et de ne pas juger trop vite. Et il arrive même à nous donner envie d'aller tenter un 400m sur piste, juste pour ressentir cet acide lactique qui tétanise les jambes...
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Un récit d'enquête de grande qualité, dans lequel le journaliste, Mathieu Palain, se dévoile autant que son sujet, Toumany Coulibaly.
La relation de confiance et de respect entre les deux hommes est traduite avec justesse et l'auteur dresse ici un portrait sans concession du monde de l'athlétisme, de la justice et du milieu carcéral, des luttes avec nos "démons" intérieurs.
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Mathieu PALAN. Ne t'arrête pas de courir.

Mathieu PALAIN est né en 1988 à Ris-Orangis. Toumany COULIBALY est né en 1988 à Montreuil. Ces deux communes se situent toutes les deux dans la grande banlieue de la couronne parisienne Deux garçons qui ont fait leurs premiers pas quasiment sur les mêmes trottoirs ; ils ont fréquenté des écoles similaires, joué aux billes dans les cours de récréation. de très nombreux points communs entre ses deux êtres. L'un est devenu journaliste, l'autre a été un grand sportif, spécialiste du 400 mètres, il a porté les couleurs de la France lors de compétitions mondiales : un vrai champion.. Mais c'est également un champion cambrioleur. Actuellement, il purge une peine de prison.

Mathieu PALAIN rencontre Toumany COULIBALY en 2019 à la prison de Réau, en Seine-et-Marne. Incarcéré depuis trois ans, sa sortie est fixée en 2023. Mais comment un jeune homme, sportif de haut niveau a-t-il pu sombrer dans la délinquance ? Chaque mercredi, Mathieu rend visite à ce prisonnier hors norme pendant deux années et c'est à partir de ces conversations que Mathieu dresse un portrait de ce détenu particulier, passionné par le sport, courant le jour, braquant des commerces, dévalisant des pharmacies la nuit. Avec brio, il retrace l'enfance, l'adolescence de Toumany. Il n'émet aucun jugement, ne donne que peu de conseils à ce nouvel ami. Avec sincérité, il décrit l'enfermement, la surpopulation carcérale, l'entraînement que poursuit cet ancien champion. En effet, ce dernier souhaite retrouver ses performances à sa levée d'écrou, et vivre normalement. Il s'éloignera de la pègre de ces banlieues et de toutes les tentations offertes aux plus faibles. de plus c'est un père de famille : il a trois enfants à charge de son épouse et un quatrième d'une précédente compagne. Au fil du récit, Toumany témoigne de sa volonté de se réinsérer dans la société, désirant fuir toutes les tentations, rompre avec son passé de délinquant, mais redevenir un grand champion. Pourra-t-il vivre sereinement, à sa sortie ? Il lui faudra certainement beaucoup d'aide, mais il a trompé ses entraîneurs, ses amis. Il va devoir faire pénitence, abstraction de la double vie qu'il a mené pendant de longues années. C'est un fonceur et nous lui souhaitons de réussir ce difficile pari. L'avenir est entre ses mains, dès qu'il aura fini de payer sa dette à la société.

Un bon documentaire. L'histoire est fluide, bien écrite. Je vais me plonger dans le précédent livre de Mathieu : « Sale bourge ». de l'humilité, de l'humanité, de l'empathie et beaucoup d'espoir émergent de ce livre. Je vous conseille d'ores et déjà la lecture de ce récit. Classé dans la catégorie roman, il aurait pu aussi bien figurer dans les essais. C'est un roman autobiographique et Mathieu vient de recevoir le prix Interallié avec ce récit. Il le mérite et je le félicite. (16/11/2021).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Ne t'arrête pas de courir, c'est une injonction mais dans la bouche de Mathieu Palain, cela ressemble plutôt à une prière : celle qu'on fait le soir tout bas en espérant de tout son coeur que quelqu'un change. Parallèlement, ne t'arrête pas de courir, dans la bouche de Toumany Coulibaly, c'est la fuite vers l'avant, la fuite de son passé, de ses expériences, de ses fréquentations. Courir c'est évoluer, avancer, changer, s'éloigner. Courir devient alors la seule solution.

Toumany Coulibaly, c'est un homme issu d'une fratrie extrêmement nombreuse, né dans un quartier pauvre. Il est talentueux, il court, il est vite repéré et est destiné à faire de grandes choses. Il le fait, il devient champion de France du 400 mètres. Oui mais voilà, Toumany, lui, il dit « J'ai plus d'adrénaline quand les flics me courent après qu'en remportant un 400 mètres. ». Alors il vole, par nécessité au départ, par habitude ensuite. Il vole sans doute parce que l'adrénaline lui fait pousser des ailes, parce qu'il ne sait pas dire non et parce que tous ses copains le font.

Mathieu Palain, lui, est journaliste, son rêve c'était d'être footballeur mais il explique qu'il n'était pas assez talentueux pour faire carrière.

Alors comment ces deux hommes arrivent-ils à se rencontrer ? En fait, Mathieu est issu du même quartier que Toumany, ils ont le même âge, ils auraient pu se croiser sur un terrain de foot ou en bas d'un immeuble mais non, leur premier lieu de rencontre sont les parloirs d'une prison dans laquelle Toumany est enfermé. M. Palain lui écrit une lettre, sûrement parce qu'il se retrouve un peu dans Toumany ; Toumany lui répond. Ils se rencontrent aux parloirs et au fil des visites, se lient d'amitié.

C'est d'abord une belle rencontre entre ces deux hommes, dont l'enfance embrasse des traits communs mais dont les destinées se distinguent.
C'est ensuite, une belle histoire de vie : celle de Toumany, talentueux athlète luttant contre ses envies et ses habitudes, contre le rôle aussi que lui ont assigné la société et les médias « Pour la première fois, Toumany comprend ceux qui ont passé vingt ans à tourner dans une cour de promenade et qui, une fois dehors, ont l'impression d'avoir le mot « taulard » tatoué sur le front. », contre ses fréquentations, contre lui-même parfois aussi.
Mais c'est surtout, enfin, un roman qui questionne sur tant de sujets peu connus de notre société. C'est un livre à placer entre toutes les mains : celles averties de l'univers carcéral et plus généralement du monde de la justice ; mais surtout entre celles profanes qui ne connaissent que si mal leurs pairs derrière les portes de nos cellules françaises, comme le dit Charles Bukowski dans Journal d'un vieux dégueulasse en parlant de la prison « On transporte dans un autre élément la société humaine dans son entier (…) Un taulard est un perdant qui aura essayé ». C'est un très beau témoignage du destin d'un être humain, qui regorgent de (tentatives ?) d'explications sur le passage à l'acte puis d'exploration des différents facteurs de désistance : la naissance d'un enfant, l'envie de se poser, l'âge...

Ce roman est un véritable coup de poing qui donne à réfléchir, en transparence, authenticité et empathie. C'est un roman plein d'espoir même si, comme le dit si bien l'auteur, « On ne sauve pas les gens malgré eux. Il faut qu'ils aient envie de se sauver ». Chapeau à vous deux Messieurs !

Lien : https://littecritiques.wordp..
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