Connu des services de police, habitué de la justice des mineurs, Zakarya fait un coupable idéal pour le meurtre de Paco, d'autant qu'il refuse de s'expliquer. Tandis que démarre son procès, on découvre sa personnalité et sa vie par bribes à travers des retours en arrière à différentes périodes. Les jeunes lecteurs auront peut-être du mal à "rassembler les morceaux" mais j'ai personnellement trouvé l'écriture d'
Isabelle Pandazopoulos addictive.
Zakarya est un adolescent à fleur de peau, traversé d'émotions intenses qu'il ne maîtrise pas toujours. Au "tempérament rebelle et colères incontrôlables", il a surtout un fort sentiment d'injustice, de ne pas connaître son père, du refus de sa mère de parler de son passé. L'injustice, il va finir par s'y résigner (en ne se défendant pas au procès) et le mutisme, à s'y enfermer également (en refusant de dévoiler qui il protège), mais pour des raisons qui lui sont propres. de toute façon, "ça ne sert à rien que je parle ou que je me taise" car juge et jurés semblent déjà s'être faits "une idée sur moi" avant même que son avocate ne s'exprime.
Le récit donne entre deux une idée du quotidien sordide en prison: les cellules insalubres, les conditions de détention exécrables, les humiliations qu'on lui fait subir. On voit Zakarya dépérir au fur et à mesure que se révèlent les personnages-clés de son histoire, objets de bien des tensions. Il y a tout d'abord la belle Aïssatou et son geôlier de frère aîné qu'il vaut mieux éviter. Et aussi Zoé la séductrice volage, qui fait plus de ravages qu'il n'y paraît. A qui Zakarya a-t-il fait une promesse qu'il est déterminé à tenir, quel qu'en soit le prix? Et laquelle?
Lucie l'avocate, à qui le refus de se battre du jeune homme est insupportable, approchera tout près de la vérité. La vérité toute "bête". A laquelle on pourrait trouver une solution. Mais son parcours fait que Zakarya, pourtant très jeune encore, a "tourné le dos au monde et renoncé, avec un fatalisme effrayant".
Ce roman, c'est, d'une certaine façon, une histoire de déterminisme social. Et c'est bien triste.
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