Andrea Pittaluga a été battu à mort, il est retrouvé mort sur le port de Gène.
Ce jeune étudiant en architecture est le fils d'une bonne famille. Mais dans cette famille Italienne illustre Andréa a été élevé par son oncle car ses parents ont disparu mystérieusement. Pour autant Andrea est ouvertement homo comme ils disent et pas franchement acceptable pour son entourage mais aussi pour une grande partie de la société italienne.
Ce jeune Gay, venait de participer à une fête en soutien à l'union civile des homosexuels qui devrait malgré un climat délétère être voté dans le pays. Nous sommes en 2016 et l'Italie qui a été le dernier pays d'Europe à adopter une union civile entre personnes de même sexe.
Paolo Nigra, sous-préfet de police, se rend sur les lieux. Son équipe de policiers est déjà sur place et leurs premières constatations tendrait à indiquer qu'il s'agirait d'un crime homophobe. Mais Nigra ne veut privilégier aucune piste, surtout que la première semble trop évidente pour notre magistrat ouvertement gay lui aussi.
Vous l'aurez compris nous sommes ici dans un roman policier fortement ancré dans une réalité locale et sociale. On y découvre une Italie quelque peu à la traine sur les questions sociétale, une Italie parfois réactionnaire et réfractaire au changement. Une Italie marquée par deux millénaires de catholicisme. C'est marrant, enfin pas certaine que ce soit le terme adéquat, comme alors que sort ce roman en France on assiste dans la Botte au retour du fascisme au pouvoir.
On découvre Gênes, sous la plume de nos auteurs, une ville qui reste traumatisée par les d'événements tragiques des manifestations anti G8, réprimées avec une violence inouïe et qui 15 ans après, reste une plaie encore ouverte dans cette Italie en quête de rédemption. Une ville aussi que l'on a peu vu, pas vu pour ma part, dans la littérature policière. Une ville portuaire vivante et remuante au charme envoûtant indéniablement.
Et puis il y a aussi les personnages, et en premier lieu Paolo Nigra, un bel italien qui s'assume et vivant avec un homme, un acteur qui lui ne compte pas faire son coming-out, ayant trop peur de ne plus être bankable dans son milieu pro. Ce sujet est source de friction entre les deux amants. Notre héros étant quelque peu irritable sur le sujet, surtout que pour lui dans la police, on ne peut pas dire qu'être homosexuel soit bien perçu !
Mais notre sous-préfet peut compter sur son équipe, des flics que l'on apprend à connaitre tout au long de cette histoire et qui ont su m'apprivoiser. Des caractères bien trempés et bien campés aussi et qui participe eux aussi à l'attrait de ce sympathique polar.
Surtout qu'ici l'écriture est efficace, c'est bien balancé, rythmé, les dialogues acérés, ce qui rend la lecture plaisante. Il est surtout impossible de distinguer qui des deux auteurs a écrit telle ou telle partie, leur écriture à quatre mains se marie parfaitement. Bref j'ai littéralement dévoré les presque 350 pages de ce roman en deux jours.
Une belle découverte, surtout que nos deux jeunes auteurs si on y regarde de plus près, font de belles allusions à leurs pairs en glissant quelques références aux polars de Camillieri ou de
Giorgio Scerbanenco ou encore
Maurizio de Giovanni pour ne citer qu'eux. Une bien belle façon de s'affilier à la grande tradition du roman policier italien
Nous avions l'habitude ne nous promener en Sicile avec Montalbano, à Naples avec le commissaire Ricciardi ou encore à Bary avec
Gianrico Carofiglio et son avocat Guido Guerrieri, voire plus récemment longer le pô et parcourir Parme avec le commissaire Soneri de
Valerio Varesi, il va nous falloir se préparer à arpenter Gênes avec le sous- préfet de police Paolo Nigra.
J'ai vraiment apprécié cette première enquête du policier gay Paolo Nigra, maintenant j'attends la suite de la série...
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