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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un techno-thriller haletant sur l'importance du souvenir à l'ère numérique … Olivier Paquet met en effet en valeur dans son dernier livre « Composite » l'influence des réseaux sociaux, des algorithmes et de l'Intelligence Artificielle (IA) sur nos souvenirs.

France, 2035, dans ce futur proche aux IA plus élaborées et sophistiquées qu'aujourd'hui, nous continuons à léguer quotidiennement aux réseaux sociaux nos vidéos et nos photos, piliers de nos mémoires et illustrations de nos sensibilités, témoins des moments clés de nos existences…miroirs de notre narcissisme aussi…L'auteur imagine qu'une IA modifie subrepticement ces souvenirs et que ce vol, cette vidéo changée, cette photo modifiée, même légèrement, va influencer notre vie présente, en se basant par là même sur l'hypothèse que nos souvenirs passés façonnent notre devenir, nos réactions, notre caractère. de quoi nous libérer d'un passé lourd ou de chaines invisibles, ou de quoi manipuler des masses jusqu'à l'insurrection.

Ce dernier point, la manipulation des foules par les réseaux sociaux, me rappelle d'ailleurs l'excellent essai de Giuliano Da Empoli « Les ingénieurs du chaos », permettant de comprendre comment certains partis d'extrême droite manipulent les électeurs afin d'orienter leurs choix de vote. Il m'avait permis de réaliser, avec un certain effroi, à quel point les formes de manipulation existent d'ores et déjà, et ce roman d'anticipation ne fait que forcer un peu plus le trait, ce qui parait complètement probable et réaliste d'ici une petite quinzaine d'années. Probable et réaliste également les nouveaux métiers imaginés par Olivier Paquet, métiers que la transition numérique va apporter, sur cet aspect-là j'ai trouvé le livre carrément visionnaire.

Tout démarre avec Esther, une éco-restauratrice. Esther nous interpelle immédiatement avec ce « vous » employé afin de nous expliquer en quoi consiste son métier, celui de connecter des gens à des réminiscences. Ce « vous » nous embarque aussitôt dans le récit. le réchauffement climatique a modifié profondément les paysages, le rôle d'Esther consiste à élaborer une restauration écologique de ces paysages transformés en se basant sur les images et les vidéos conservés sur nos téléphones et nos ordinateurs. S'inspirer des paysages qui créaient, par le passé, des moments heureux, des instants de communion, des spectacles de beauté, pour tenter de prévoir quelles plantes faire pousser, quel décor apporter, quelle organisation spatiale déployer afin de s'en approcher le plus. Esther utilise donc les bases de données de nos images et vidéos sans les transformer ni les voler mais juste pour s'en inspirer. L'objectif, en redonnant vie au souvenir, est que les générations actuelles et futures se sentent solidaires des générations plus anciennes.

« J'aimerais quelques chênes de plus à cet endroit, des frênes plus hauts et un vieux saule trempant ses branches là-bas. Bien sûr, quand tous les travaux seront terminés, je ne verrai que des jeunes pousses, des faces de pierre encore blanches et un flot toujours glauque à mes pied. Dans deux ans, les relevés géologiques confirmeront l'évolution que j'ai initiée, peut-être faudra-t-il procéder à une ou deux retouches, mais le résultat définitif n'aura de sens que dans trente ou cinquante ans ».

Une notification reçue sur son téléphone, notification se basant sur le simple rappel d'une photo ancienne prise durant le confinement de 2020, crée un trouble chez la jeune femme. C'est un souvenir heureux et précieux de son adolescence ce moment, cette promiscuité forcée avec son père, ce balcon en début de soirée au soleil couchant et pourtant, elle se sent perturbée au point de rompre avec son petit ami. Elle comprend peu après que la photo a été modifiée.

Experte en informatique, Esther va déceler une IA cachée derrière cette action et va réussir à joindre d'autres personnes qui vont subir prochainement une violation de leurs souvenirs. C'est ainsi qu'elle rencontre Vincent, policier au passé lourd, surnommé par tous « le fils du monstre ». Il s'occupe d'interroger les enfants victimes d'abus sexuels et est aidé, pour traquer les délinquants sexuels, d'un ensemble d'IA « les Chéris » qui se font passer pour des enfants afin d'être la cible des prédateurs précisément. Il va lui subir un vol de photo. Et étrangement, il va se sentir libérer du terrible souvenir associé.

D'autres rencontres, dont une certaine Manon qui transforme l'art vivant en mesure de popularité au moyen, là encore, d'IA, d'autres violations…et en ligne de fond une société en plein délitement…J'ai aimé la façon dont l'auteur plante le contexte politique, social, sociétal et écologique de cette France de 2035. Les écologistes sont à la tête du pouvoir, le changement climatique se fait un peu plus sentir, les réseaux sociaux ont une influence grandissante. Intelligent cette façon de nous toucher en faisant allusion aux grands événements récents comme l'épidémie de Covid 19, les Gilets jaunes (qui sont désormais Foulards blancs), l'attentat du Bataclan…Points névralgiques qui excitent les tensions que nous avons en nous et qui nous rend le récit émouvant et touchant, preuve s'il en est de l'importance des souvenirs même collectifs dans notre façon d'appréhender la vie en société, ici de plus en plus fracturée, binaire et manichéenne, bestiale même, réfléchissant uniquement en 0 et 1 sans pont possible entre les deux camps. Cette analyse est particulièrement bien rendue à la fin du livre et m'a particulièrement marquée.

De très bonnes interrogations sur le rôle du souvenir dans la construction d'un individu, un contexte sociétal en écho à nos traumatismes récents, une anticipation réaliste où l'on entrevoit nouveaux métiers engendrés par la transition numérique et nouvelles menaces dont on connait déjà les prémisses, une analyse sociétale dans laquelle nous percevons aussi bien les bienfaits de la technologie que ses dangers ; tout cela entremêlés à quelques maladresses de style, à de petites invraisemblances de scénario que je vous laisse découvrir ou à des petites difficultés de compréhension technique par moment. Un livre qui reste cependant intéressant, agréable à lire et sur certains aspects je dirais nécessaire même.

IA sans conscience est assurément ruine de l'âme.
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Au voleur, au voleur, on m'a volé mes souvenirs !

En tant que lecteur premier degré, la première fois que j'ai entendu le pitch dans La Science CQFD, je me suis posé ces questions :
1. Des objets souvenirs ? Une tour Eiffel en plastique, une fève Mont Saint Michel, une boîte en forme de calisson. Super le pitch, très vendeur, un sujet rarement traité en SF en plus !
2. Des souvenirs modifiés ? du cyberpunk donc. Pas très fan de ce genre et puis j'ai déjà lu/vu Total recall
3. J'ai mal entendu.

Et bien forcément, j'ai mal entendu. Esther réaménage les paysages désormais disparus en essayant de capter leur essence en parcourant les photos que les gens ont prises des lieux, en tentant de retranscrire la chaleur d'un lieu. Un jour, une notification lui montre une ancienne photo de sa jeunesse. Cependant elle ne semble pas coller au souvenir qu'elle en avait...

Nous savons tous que nous nous faisons des films sur notre passé, on enjolive, mais surtout notre cerveau s'amuse à en donner une image parfois complètement fausse. Lorsqu'il s'agit d'un souvenir marquant ou traumatisant, son usurpation peut-elle influencer la personnalité ? Vaste question qui ne semble pas trop intéresser l'auteur qui préfère s'appesantir sur l'enquête pour trouver qui a intérêt à modifier en masse les photos stockées en ligne.

En fait je n'ai trop rien à reprocher à ce roman, si ce n'est une intrigue linéaire et parfois tirée par les cheveux. Mais je n'ai pas accroché ni aux personnages ni à l'histoire. Alors que ce monde futur se veut réaliste, je n'ai pu m'y projeter et cela m'a semblé vide de sens. En outre, le réalisme de cette société future ressemble bien trop à la notre, du copier/coller d'événements récents, autant lire le journal...
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Première excursion dans l'univers d'Olivier Paquet avec Composite, un thriller de science-fiction assez déstabilisant. Pour moi en tout cas, qui n'ai pas du tout l'habitude de ce genre de littérature. Comme toutes les personnes un peu ébranlées, je m'interroge encore sur ce que j'ai lu et, si ce n'est pas un mal en soi, je suis bien en peine de dire à quel point j'ai apprécié ce roman… ou pas.

L'intrigue prend place en 2035. L'État français est gouverné par les écologistes, suite aux premiers gros bouleversements climatiques. Esther est éco-restauratrice, elle reconstitue des paysages aujourd'hui disparus grâce aux photos que des millions d'anonymes ont posté sur les réseaux sociaux. Déjà là, je me rends compte que, dès le départ, j'étais perdue. Concrètement, ça veut dire quoi, au juste ? Aucune idée ! Mais bon, admettons. Un jour, elle reçoit une notification, un souvenir d'un événement de son passé, mais elle se rend vite compte que la photo n'est pas du tout telle que dans sa mémoire. Dès lors, elle se met à changer et remet en cause des choses qu'elle avait jusque-là considérées comme acquises.

Là encore, j'ai été perturbée par le fait qu'elle fasse si vite le lien entre son souvenir volé et ses propres interrogations psychologiques. Je veux bien croire que la disparition d'un souvenir traumatisant change une personnalité et encore, pas si vite, et l'individu en question ne devrait pas s'en rendre compte. Mais que le vol d'une photo sur un réseau social change vos souvenirs, là… Je suis profondément sceptique. Or, c'est la base de cette histoire et quand on n'adhère pas au point de départ, il est difficile de se sentir pleinement concerné. Bref, Esther mène l'enquête et prend contact avec Vincent, un cyber-policier qui traque les pédophiles sur Internet. Il a lui-même subi un sacré traumatisme quand il était adolescent et ce souvenir lui a été volé.

Dans une France paralysée par les “foulards blancs”, un groupuscule qui prend très vite de l'ampleur sous l'égide d'un agitateur bien particulier, tous deux vont remonter jusqu'à la source et tenter d'éviter le pire. Finalement, c'est la partie que j'ai le plus appréciée. L'auteur nous jette notre actualité au visage : de l'influence néfaste des réseaux sociaux en passant par la pandémie, les attentats, la désinformation et les manifestations de plus en plus violentes, la France d'Olivier Paquet est, un peu comme la nôtre en somme, en plein chaos. La solution étant bien évidemment de se retourner contre nos politiques parce qu'on ne sait pas bien quoi faire d'autre.

Une lecture qui fait réfléchir, cela ne fait aucun doute. Les thématiques sont nombreuses et intéressantes. Je regrette cependant de n'avoir pas pu adhérer au point de départ, ce qui a considérablement faussé mon ressenti. Un techno-thriller de science-fiction, dense et complexe, pas inintéressant bien au contraire, mais un peu déséquilibré à mon sens.
Lien : https://etemporel.blogspot.c..
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(Lu dans le cadre d'une opération Masse critique, mille mercis à l'éditeur et à Babelio pour cette lecture)

Plein de bonnes choses dans ce roman de politique-science-fiction. A commencer par les thèmes abordés, des souvenirs aux intelligences artificielles en passant par les relations familiales et les mouvements contestataires. le potentiel était immense, et le traitement sous forme de thriller permet de les aborder de façon dynamique pour le lecteur.

Mais, que de maladresses dans l'écriture, dans les dialogues, dans les comportements et plus généralement dans le déroulement de l'histoire ! A commencer par le coeur de cette histoire : en quoi la modification d'une vieille photo stockée sur un serveur pourrait modifier nos comportements et nos pensées ? Même l'un des personnages principaux se pose ouvertement au milieu du livre cette question qui restera sans réponse jusqu'à la fin. Une fin d'ailleurs complètement expédiée et qui laisse le lecteur en plan.

Tout au long de ma lecture, et encore plus après l'avoir terminée, je me suis dit que c'était dommage que le potentiel de cette histoire soit mal exploité, mais que ce probable premier roman maladroit était prometteur pour les prochains livres de l'auteur. Hum, bon, après j'ai vu que, en fait de débutant, Olivier Paquet est un auteur reconnu de romans et nouvelles de science-fiction. Pas de maladresse de débutant donc, mais de gros problèmes de cohérence et de crédibilité dans l'écriture et la relecture, par ailleurs très prenante.

La comparaison avec Damasio qui est faite en 4e de couverture est pour le coup franchement excessive, on se rapproche plus de "404" de Sabri Louatah, qui lui aussi traitait de sujets intéressants sous des dehors de techno-politique-fiction peu convaincante.
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