D'une certaine manière, ce tome est la suite de la série consacrée à Red Hulk. Ce tome contient les épisodes 58 à 62 parus en 2012/2013, avec un scénario de
Jeff Parker, et des dessins de
Wellington Alves et
Carlo Pagulayan. Mais, comme son titre l'indique, le personnage principal est maintenant Red She-Hulk (apparue pour la première fois dans Hulk vs. X-Force en VO, en réalité Betty Ross-Banner).
Quelque part dans une zone naturelle aux États-Unis, le général Reginald Fortean a convoqué des représentants du gouvernement pour leur faire la démonstration de l'utilisation des fonds publics : des super-soldats, sous l'appellation de Projet Échelon, à partir des recherches effectuées par June Covington. La démonstration de leur pouvoir (contre un tank et un avion de chasse) est interrompue par l'arrivée de Red She-Hulk qui casse tout et qui prouve que les super-soldats sont incapables de l'arrêter. Son objectif est de montrer que le résultat n'est pas viable et qu'il ne reste plus qu'à abandonner ce projet Échelon. Après cette action d'éclat, elle s'attaque à une base militaire. Mais Captain America (Steve Rogers) et Machine Man sont sur ses traces. Avant d'être rattrapée, Betty Ross a le temps d'aller consulter Eleanor Bennett et un individu qui ressemble à
Nikola Tesla.
Jeff Parker s'est spécialisé dans les séries de second ordre se nourrissant de la mythologie de l'univers partagé Marvel, telles que Agents of Atlas (VO) ou Dark Avengers. À l'occasion de l'opération "Marvel NOW", l'éditeur décide que Red Hulk (Rulk pour les intimes) fera partie de la nouvelle équipe des Thunderbolts écrite par
Daniel Way (à commencer dans No quarter VO). Qu'à cela ne tienne,
Jeff Parker se rabat sur un autre membre de la famille des Hulk. Il n'est pas besoin d'avoir suivi les précédentes apparitions de Red She-Hulk pour s'immerger dans les présentes aventures. Parker évoque bien sûr les relations de Betty Ross avec Bruce Banner, ou avec son père. Ceux qui ont suivi la série de Rulk voient réapparaître le général Fortean. Les lecteurs attentifs peuvent également reconnaître Aaron Stack, précédemment compagnon de Rulk,
Nikola Tesla (apparu dans La confrérie du bouclier), et même June Convington (également connue sous le nom de Toxie Doxie, apparue pour la première fois dans New Avengers 03 VO).
Mais le lecteur novice pourra tout autant apprécier l'histoire, sans rien connaître de ces personnages. le fond de commerce de
Jeff Parker est l'aventure de type pulp, avec des morceaux de violence (normal quand le personnage principal est un hulk), et des morceaux fleurant bon les romans d'aventure de la fin du dix-neuvième siècle (avec cité cachée dans la jungle, machine à prédire l'avenir, tunnels secrets souterrains, voiture volante, etc.). Parker écrit ça d'une manière premier degré, sans aucune trace de moquerie ou de dérision. Toutefois ce récit comprend des éléments qui lui permettent de sortir de la production habituelle de ce type d'aventures. Pour commencer il y a cet art consommé avec lequel il va piocher dans les riches recoins de cet univers partagé pour réemployer des éléments ayant peu servi. Ensuite, il y a l'idée d'adjoindre un compagnon de route à Red She-Hulk, qui sort de l'ordinaire. Finalement ses actions sont vues et commentées d'un point de vue extérieur par Machine Man que Parker écrit comme un croisement d'intelligence artificielle dépourvue d'émotion, et comme un individu pince-sans-rire. Parker trouve le ton juste pour transformer cet artifice narratif qu'est le duo mal assorti, en un révélateur des spécificités de Red She-Hulk. Il insère également une ou deux surprises bien trouvées relatives à ce personnage, et les innovations technologiques de Machine Man valent le déplacement.
Les dessins sont réalisés par
Carlo Pagulayan et
Wellington Alves, dans un style assez réaliste, avec des raccourcis propres aux comics de base. Parmi leurs points forts, le lecteur trouvera leur volonté de donner une apparence travaillée à Machine Man, une bonne capacité à représenter des éléments ordinaires de manière convaincante (les soldats de l'armée américaine, les modèles de voiture, la pièce de jeu d'Eleanor Bennett, l'intérieur d'une cafétéria), des mises en page de combat vivantes. Parmi leurs points faibles, le lecteur pourra remarquer leur tendance marquée à ne pas représenter les arrières plans pendant les scènes de combat (quel que soit l'environnement, il n'a aucune influence sur les mouvements ou les stratégies des personnages), une incapacité à gérer les déchirures dans le vêtement de Betty Ross quand elle est en She-Hulk, un décolleté trop prononcé pour Betty Ross qui ressort comme une titillation gratuite incohérente avec l'aspect fonctionnel de sa tenue.
Avec ce tome,
Jeff Parker continue à faire ce qu'il sait faire de mieux : prendre un personnage de second plan et le plonger dans des aventures divertissantes qui n'exigent pas une connaissance étendue de la continuité de l'univers partagé Marvel pour comprendre les enjeux. Cette première histoire atteint son objectif et comprend plusieurs trouvailles réjouissantes. Les dessins réussissent à transmettre les sensations d'aventure, même s'ils souffrent de quelques imperfections habituelles dans la production de masse.