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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alan Paton - Pleure, ô pays bien-aimé - 1948 : C'est l'histoire de Stephen Koumalo, un homme bon qui officie comme pasteur dans un petit village d'Afrique du sud. Cet homme au crépuscule de sa vie va être confronté en se rendant à la capitale à sa propre négritude et à celle de ses frères. Nous sommes en 1946 et l'apartheid commence à prendre forme sans réaction de la communauté internationale implicitement reconnaissante à ce pays pour son implication dans le combat contre les nazis au côté de la grande Bretagne. L'inégalité raciale devant les lois pousse alors la plus grande partie du peuple noir dans une implacable misère sociale. La famille de Stephen Komolo cristallise tous les effets de cette politique honteuse. Tandis que sa soeur Gertrude se prostitue pour survivre, son fils Absalon attend en prison son exécution pour avoir tué un blanc lors d'un cambriolage. La jeunesse indigène étouffe sans travail et sans perspective d'avenir, refoulée dans l'arrière-cour d'une société qui prône à visage découvert la suprématie de la race blanche. Stephen Koumalo ne connait pas encore cette oppression dans sa campagne ou le peu de propriétaires afrikaners travaille en bonne entente avec le reste de la population. La descente aux enfers que vit alors cet homme simple et innocent en se rendant à Johannesburg glace le sang du lecteur révolté devant un tel chaos. le racisme institutionnel est là devant ses yeux prolongeant la ségrégation raciale qui sévit en Amérique depuis la fin officielle de l'esclavage. La délinquance explose dans les townships chez une population coupée de la possibilité de vivre honnêtement de son travail. Quand l'état Sud-Africain officialisera sa politique liberticide l'excuse sera toute trouvée, il prétextera la protection des biens et de la population pour justifier ses mesures indignes. Ce livre est une borne dans l'histoire de l'humanité. On le compare souvent à "la case de l'oncle Tom", l'ouvrage qui permit au monde de prendre conscience de la servitude des africains en Amérique. L'impact de ce texte fut le même sur la communauté internationale même s'il fallut encore quelques dizaines d'années pour que Nelson Mandela devienne le premier président noir d'un pays devenu aux yeux de tous la nation arc en ciel. Alan Paton tout comme André Brink un autre écrivain champion de la cause anti-apartheid était un enseignant blanc qui ne put supporter que sa patrie soit le symbole du racisme et de la ségrégation de masse. A sa suite le lecteur moderne s'affligera profondément d'une situation qui fera encore honte à l'humanité quand bien des siècles se seront écoulés... une oeuvre terrifiante
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Il neige et je pense à l'Afrique.
Il fait froid et pourtant je pense à l'Afrique du Sud.
1946. Prémices de l'apartheid.

Soleil fondant dans un ciel de glace.
Plaines de maïs desséché, troupeaux faméliques, enfants exsangues.
Désert. Exode noir vers les grandes villes.
Et pourtant, dans ce début d'enfer, il y a Stephen Koumalo, pasteur, « umfudisi ».
Koumalo aime son pays brûlé, ses gens épuisés.
Car plus haut, l'Afrique est belle : « prairies vallonnées et charmantes », « herbages touffus », où « s'entend au loin le cri mélancolique du titihoya ».
Koumalo rêve...
Il rêve de sa région ressuscitée. C'est un homme bon. Mais simple.

Et puis l'épreuve terrible tombe sur Koumalo et sur sa femme. Plusieurs épreuves, mais une d'où il est difficile de se relever.
Koumalo est obligé de partir à Johannesburg, lui, l'homme du vent et des prairies.
Koumalo dans les rues grouillantes, dans la pauvreté crasse, dans les mauvais rires, dans la peur, toujours la peur.
La peur des hommes blancs de perdre le pouvoir sur les Noirs. La peur des Noirs face aux hommes blancs. La peur des femmes pour leurs enfants qui perdent la raison et l'éducation. La peur des enfants qui deviennent grands et qui tombent, pourtant.
Oui, pourtant... Koumalo l'expérimente, cette terrible vérité. Son fils, parti depuis longtemps sans laisser de nouvelles, il le recherche, et il le retrouve. Mais trop tard.
L'horrible épreuve vient de commencer. Epreuve mêlée aux hommes blancs.
Mais curieusement, de cette épouvante peut sortir l'espoir.

Car ce roman magique est un roman d'espoir. Sombre, mais brillant. Désespéré, mais plein de bonté.
« Quand l'orage menace, l'homme craint pour sa maison ; mais quand la maison est détruite, il y a quelque chose à faire. Contre l'orage, il ne peut rien, mais il peut rebâtir une maison ».

Epoustouflant de vérité. Criant d'humanité. Bouleversant.
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Lettre à Alan Paton
Avant d'écrire ces quelques lignes, je feuillette à nouveau l'exemplaire de « Pleure ô pays bien aimé » dont je ne me sépare jamais lorsque je suis en voyage. Je profite donc d'une escale rapide au coeur de l'Afrique pour m'adresser à vous. Une simple édition française du Livre de poche, mais un compagnon fidèle pour tous ces instants où le voyage éprouve la solitude et le rapport au monde. Pour tous ces moments où l'on ne comprend pas vraiment ce qu'on fait là, où le voyage devient l'épreuve du temps plutôt que celle de l'espace. J'ai acheté ce livre il y a bien longtemps, à une époque où je m'intéressais à la situation en Afrique du Sud, dans les années quatre-vingt. Depuis, j'ai l'impression de l'avoir lu des milliers de fois. Alors, je me dis que c'est bien le lieu, en cet endroit où l'Afrique parle à l'européen en creux, pour vous adresser ma reconnaissance. Je ne trouve pas de mot plus juste pour qualifier ce compagnonnage discret avec votre oeuvre. Souvent jeté dans la valise à la dernière minute, parfois sans en sortir de toute la durée du voyage, mais toujours là à portée de main. Je me rappelle mon premier atterrissage à Dakar, Pleure ô pays bien aimé en main. Je me rappelle la traversée du Maroc en taxi collectif, ce même livre bientôt usé dans la poche. Je crois que je n'aurais pu aimer l'Afrique autant sans ce livre. J'en ai bien sûr lu des dizaines depuis, mais le vôtre fut le premier, d'une intensité restée vivace à mon esprit. L'ouverture sur les reliefs du Karoo et la nature qui joue son rôle. Quiconque a posé le pied en Afrique sait que le premier choc vient de la nature, omniprésente. J'ai retrouvé plus tard, dans la nuit africaine, cette sensation de petitesse dans la nature, et souvent pensé alors à votre livre. L'histoire de l'Afrique du Sud est aussi une histoire de conquête de la nature. Votre magnifique roman présente l'histoire tragique d'un homme simple dans un monde qui change, qu'il ne comprend pas. Que faut-il avoir éprouvé de la marche du temps pour comprendre qu'un monde s'éteint ? A la relecture – multiple, il m'a semblé que la politique de votre pays n'y était pas si présente. J'y lis toujours ce monde changeant, opposé – rural/urbain, ancien/moderne, noir/blanc, à l'image de la société sud-africaine d'alors. le temps de la nature contre celui de l'homme. Au moment où vous écriviez ce livre, le gouvernement Malan organisait la séparation des Blancs et des Noirs, l'apartheid venait de naître. C'est une société dure que vous décriviez, dure plus encore pour les Noirs. Mais ce n'est pas un texte contre l'organisation de la société sud-africaine, c'est un texte qui veut comprendre le sens tragique que tout cela prend. Les peines et les douleurs n'y sont épargnées à personne. Mais surtout, j'y lis à chaque fois un cri d'amour pour l'Afrique, bien qu'assorti de grande tristesse. J'avoue que je suis tenté, le plus souvent, de ne retenir que le cri d'amour, pour laisser de côté le désespoir. Et c'est bien là le drame de l'Afrique, aujourd'hui encore : se trouver bouleversé par la force de cette terre, et oublier ses déchirures. Plus que jamais au moment d'écrire ces lignes, l'Afrique saigne des maux que vous décriviez alors. Aimez l'Afrique pourtant.
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"Pleure , ô pays bien-aimé" est un roman d 'Alan Paton .Ce dernier est un Sud-Africain blanc .Le livre est publié en 1948 .
Ce roman peut être considéré comme un témoignage sur
l ' Apartheid en Afrique du Sud .La publication coïncide avec l 'instauration de l 'abominable système politique
qu 'est l ' Apartheid .
le protagoniste principal du récit est Stephen Koumalo Ce dernier est un vieux pasteur zoulou d 'un petit village reculé du pays .Ce pasteur est très sage et a des qualités humaines qui sont celles d 'un homme pieux , juste et probe .Il prêche la parole de Dieu avec beaucoup de sincérité et d 'amour.Là où il est , il mène une vie paisible .
Un jour il reçoit un message de sa famille vivant à
Johannesbourg . Dans cette grande ville faite pour les
Blancs et les noirs ne s 'y rendent que pour le travail et le
soir ils quittent les lieux pour la laisser exclusivement aux
Blancs .Les Noirs doivent rejoindre les bidonvilles .
le pasteur découvre l 'intolérable : la misère de la
population noire , l 'injustice de l 'Apartheid , la
déchéance humaine . Il apprend la prostitution de sa
soeur cadette , Gertrude qui s 'adonne aussi à l 'alcool !
le brave pasteur est confronté à une réalité qui le
dépasse .Autre drame du pasteur , son fils unique est
en prison pour un meurtre d 'un Blanc .La justice c 'est
à dire l 'administration judiciaire est entre les mains des
Blancs .
A Johannesbour , nous sommes dans une ville où règnent
l 'injustice de l 'Apartheid , la déchéance humaine .
Que reste-t-il au pauvre pasteur dans cet océan où
règne la ségrégation raciale , l 'injustice et la déchéance .
Il ne reste au pauvre et brave pasteur que les larmes pour
pleurer sur son pays bien-aimé .En tant qu 'Africains nous
pouvons que pleurer sur la tragédie de l 'Afrique du Sud
des années noires mais il reste une chose très importante
l 'Espoir que le soleil brillera pour ce peuple et ce pays !
c 'est-à-dire l 'indépendance totale du pays et les gens
vivront dignement dans leur pays quelques soient les
aléas .


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« Pleure, ô pays bien aimé » a été un vrai coup de coeur, livre acheté au hasard d'un vide grenier de campagne, j'ai tout d'abord été attirée par son titre et ensuite interpellée par la quatrième de couverture. Ce roman traite essentiellement de la ségrégation raciale en Afrique du Sud dans les années 1940, d'injustice et de l'amour d'un père pour son fils.

Koumalo, vieux pasteur noir d'un petit village d'Afrique du Sud est appelé par sa soeur Gertrude, exilée à Johannesburg comme la plupart de sa famille, pour venir la rejoindre d'urgence. A son arrivée, il apprend par cette dernière que le fils unique du pasteur a disparu, son fils Absalon qu'il n'a pas revu depuis des années.
Le pasteur découvre alors à Johannesburg la misère de la population noire, l'injustice de l'Apartheid, la déchéance et s'aperçoit malheureusement que sa soeur se livre à la prostitution et sombre dans l'alcoolisme. Koumalo qui jusqu'à maintenant n'a vécu que dans l'amour et la charité auprès de son petit village, se voit confronter à une réalité qui le dépasse.
Koumalo déterminé, décide de retrouver son fils, après de pénibles et interminables recherches, il apprend que Absalon est incarcéré dans un pénitencier pour le meurtre d'un blanc lors d'un cambriolage.
Le vieux pasteur va essayer de comprendre le geste de son fils, et découvrira par la suite beaucoup d'ambiguïté dans cette affaire. L'acte de son fils ne fut qu'un terrible et regrettable incident mais la justice de Johannesburg ne tiendra pas compte des témoignages et condamnera à mort Absalon...

Ce roman est une blessure qui nous marque douloureusement par l'intensité d'émotions et de sentiments qu'il émane, le lecteur suit le vieux pasteur koumalo si attachant et plein d'humanité dans sa quête de vérité. Nous sommes en totale immersion dans ce Johannesburg où règne l'injustice de l'Apartheid, nous assistons à la brutalité d'une réelle déchéance, nous pleurons sur la tragédie de cette Afrique du Sud des années noires.
Une fois le livre achevé, vous gardez longtemps en mémoire ce père courageux à l'âme pure et juste, il devient comme un manque...
Un roman bouleversant à l'écriture juste, intuitive, et linéaire.

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J'ai ce titre dans mon inconscient depuis l'adolescence ; je l'avais vu passer, en avait entendu parler….et puis plus rien. Pas moyen de remettre la main dessus. Il n'est plus édité depuis longtemps ; les libraires en ont les bras qui tombent à l'évocation du titre " Ma pauvre dame, il ne se lit plus depuis longtemps, il est épuisé…"Alors mon exemplaire est vieux, le graphisme du livre est d'un autre âge, les feuilles sont jaunies, et il sent bon le vieux livre.

Alan Paton signe là un très beau roman. Si sa structure est très classique, linéaire, parfois un peu désuète lorsque, comme moi, on lit plutôt du moderne, son contenu est on ne peut plus d'actualité. Certes l'Afrique du Sud s'est débarrassée de l'Apartheid, mais les clivages qui se révèlent dans ce livre trouvent encore écho dans notre monde. Bien qu'écrit il y a 60 ans, on y retrouve tous les maux actuels de ce pays, mais l'auteur nous y livre tous ses espoirs.

« Je ne vois qu'un espoir pour notre pays et il sera réalisé quand les hommes blancs et les hommes noirs, n'aspirant ni au pouvoir ni à l'argent, désirant seulement le bien de leur pays, s'uniront pour y travailler. » Ceci est écrit en 1948……

Alan Paton, donne beaucoup d'humanité à ses personnages, en particulier au Révérend Koumalo qui accepte sa condition d'homme de couleur dans un pays qui ne les aime pas bien que majoritaires, et sa condition d'homme d'Eglise tout à son sacerdoce et à la défense des siens, qu'ils soient noirs ou blancs.
S'il n'occulte pas le problème croissant des villes où la violence, le crime et les heurts entre communauté se multiplient, l'auteur fait la part belle à la vie paisible des grandes plaines où blancs et noirs vient plus intelligemment. Certains, comme Arthur Jarvis, seront même en avance sur leur temps.

La langue a le charme d'autrefois, et si certaines élocutions peuvent choquer de nos jours, il faut les remettre dans le contexte historique.
Homme blanc ; indigène
Le contexte politico –économique est bien évoqué. L'époque est au développement minier. le climat social importe peu, pourvu qu'il y ait des bras pour exploiter le sous-sol qui regorge de richesse.
La vie et l'engagement d'Alan Paton sont étroitement liés à l'humanité qui se dégage de ce très bon roman qui laissera son empreinte.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Trouvé dans une boîte à livres, ce roman de 429 pages écrit en 1948 par l'écrivain sud-africain Alan Paton (1903-1988), m'a attiré par son titre original et qui laisse espérer une certaine poésie.

L'histoire est simple, ce qui pourrait me déplaire, s'il n'était pas rapidement clair que cette simplicité a pour but de faire vivre au lecteur l'Afrique du Sud telle qu'elle était juste avant la mise en place de la politique ségrégationniste et inégalitaire de l'apartheid. Ceci est fait avec une remarquable économie de moyens, le contexte sous-jacent étant montré seulement comme une catastrophe humaine inévitable, en raison de la peur des uns et des autres. Ce roman raconte le parcours d'un homme, l'umfundisi Stephen Koumalo, et montre les conséquences concrètes du délitement des tribus et des liens sociaux et des valeurs morales qu'elles préservaient (si j'ai bien compris) avant l'exploitation des mines.

Sur la forme, c'est un roman facile à lire, d'une sobriété exemplaire. Comme l'histoire elle-même m'a beaucoup touché et qu'elle s'inscrit dans une période et un pays méconnus, je ne vois pas comment ne pas mettre 5 étoiles.
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La terre fatiguée ne nourrit plus les hommes. Seul y demeurent ceux qui n'ont plus l'énergie ou non pas le choix : vieillard, mère et enfant. Les indigènes adultes, flot incessant de forces vives et exploitables, déferlent sur Johannesburg, qui, tels les sables arides du désert les absorbe avidement pour ne les rendre plus.

Stephen Koumalo, pasteur anglican, vieil homme éprouvé par la misère des siens, s'en va dans la ville tentaculaire et inquiétante, lieu de perdition, pour retrouver sa soeur que l'on dit malade, et qui ne donne plus de nouvelles, à l'image du reste de sa famille. Très vite, à ce projet initial se substitue la recherche de son fils unique qui a succombé aux tentations d'une vie aventureuse, sous l'influence de fréquentations mal choisies. Cette quête dans la grande Babylone devient une épreuve, semblable à un chemin de croix, pour l'homme pieux.

Pleure, ô pays bien-aimé est une oeuvre puissante et bouleversante. Bien que s'inscrivant dans le contexte de l'apartheid, là n'est pas le fond du sujet. On y verra un hymne à la communauté des hommes dans le pardon et la douleur partagée de deux pères. L'histoire, d'une intense charge émotionnelle, s'élève parfois au niveau de la parabole des Écritures Saintes, tant il est vrai le texte est irrigué du message évangélique. Pleure, ô pays bien-aimé, dès sa parution en 1948, a connu un vif succès, jamais démenti à travers les générations de lecteurs, ce qui lui vaut la distinction amplement méritée de classique intemporel. À classer dans une liste scolairement dirigiste des cent livres du XXème siècle à lire.
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Histoire remarquable, je propose ce roman au panthéon livresque..
J'ai connu ce titre grâce à Kim Peek, il en parle dans une vidéo.
Roman sud-africains publié en 1948, contemporain des débuts de l'apartheid, à lire pour comprendre, s'émouvoir, discerner, et bien d'autres épithètes que je pourrais employer..
J'ai eu de l'émotion lors de la lecture, chose assez rare.
Je le conseille vivement, je suis étonnés qu'il ne soit pas plus connu que cela.
De la même lignée que "Homme invisible, pour qui chantes-tu ?" de Ralph Ellison et "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Harper Lee. de très bons romans !
Vite lisez-le, et/ou les..


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Pleure, ô pays bien-aimé / Alan Paton (1903-1988)
le révérend Stephen Koumalo est le pasteur noir d'un petit village d'Afrique du Sud, Ndotshéni. C'est un homme humble et bon, charitable et paisible. Nous sommes en 1946 et les débuts de l'apartheid. Il est appelé par sa soeur cadette Gertrude qui est à Johannesburg pour rechercher son mari, et il espère aussi y retrouver son fils unique Absalon ainsi que son frère John qui est menuisier. Il rencontre son collègue Msimangu qui va le guider dans la grande ville des Blancs, une cité de misère pour les Noirs qui ont perdus leurs racines, transplantés dans un monde sans repères; il découvre alors la brutalité, la criminalité et l'apartheid. Son frère John milite pour la libération de ses congénères et Gertrude se prostitue occasionnellement pour nourrir son petit garçon.
L'auteur nous décrit bien les scènes de la vie quotidienne, les problèmes de logement sous la forme d'une lamentation : « Pleure, ô pays bien-aimé, sur l'enfant qui n'est pas encore né et qui héritera de notre peur. Puisse-t-il ne pas aimer trop profondément cette terre. Puisse-t-il ne pas rire avec trop de joie lorsque l'eau coulera entre ses doigts, ne pas se taire trop gravement lorsque le couchant fera flamboyer le veld. Puisse-t-il ne pas être trop ému lorsque les oiseaux de son pays chanteront, ne pas donner trop de son coeur à une montagne, à une vallée. Car s'il donne trop, la peur lui prendra tout.»
Cri d'amour de l'auteur pour son pays, antienne tragique et aveu d'impuissance, la peur omniprésente. Stephen Koumalo découvre que son fils est devenu un voleur, un vagabond vivant épisodiquement avec une fille qui n'est guère qu'une enfant et père d'un enfant qui n'a pas de nom. Cependant il garde espoir de retrouver et regrouper toute sa famille : « Il s'abandonna avec soulagement à des pensées de reconstruction, imagina le foyer qu'ils bâtiraient, sa femme et lui, au soir de leur vie, pour Gertrude et son fils et pour son propre fils, la jeune femme et l'enfant. »
Stephen apprend que son fils Absalon qu'il n'a pas retrouvé a mal tourné et il parcourt en tout sens Johannesburg pour le retrouver à tout prix. Un chemin de croix pour cet homme que la tragique réalité va écraser de douleur. Pèlerinage aux sources de la détresse pour cet homme de Dieu.
Sont évoqués dans ce très beau roman d'Alan Paton, écrivain engagé, publié en 1948, tous les problèmes consécutifs à la disparition de la tribu, avec perte de l'identité pour aller gagner un salaire de misère dans les mines, la ségrégation, la misère, la peur réciproque sous toutes ses formes, et la criminalité qui s'ensuit. le contexte socio-économique lié au développement minier est bien évoqué qui permet de comprendre une telle situation.
Cependant l'espoir se dessine dans la dernière partie de ce roman, une lueur pleine d'humanité qui mettra des décennies a porter une petite lumière avec Nelson Mandela et Frédérik de Klerk.
Koumalo : « J'ai appris que la bonté et l'amour peuvent payer de la douleur et de la souffrance. »


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