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Qui se souvient des évènements ayant accompagné le sommet du G8 de Gênes en juillet 2001 ? Frédéric Paulin plus qu'un rappel dénonce ce qui s'est vraiment passé avec des violences policières à leur paroxysme comme si le gouvernement italien avait renoué avec ses méthodes fascistes d'autrefois.

Les romans de Frédéric Paulin reposent sur une documentation abondante et rigoureuse et il emmène le lecteur dans les rues et principaux lieux de Gênes y compris les casernes où la torture a sévi. Des victimes ont témoigné par la suite et les traitements qu'ils ont subis ont été reconnus par un arrêt de la cour européenne des droits de l'homme.

Des personnages fictifs très crédibles aident à s'immerger non seulement au sein des officiels présents lors du sommet du G8, y compris les forces de l'ordre, mais aussi au plus près des organisations et mouvements altermondialistes. Il y a Wag de la LCR, trotskiste mal dans sa peau, entraîné par son amour pour Nathalie dans la mouvance anarchiste. Nathalie n'appartient à aucune organisation, dans les manifs elle rejoint celles et ceux qui pensent comme elle. Ils sont autonomes. Ils ne se connaissent pas mais tous s'agrègent spontanément pour donner ce qui est appelé « black bloc ». L'immersion est instructive et permet au lecteur de s'y retrouver parmi les partis politiques, organisations et groupes présents lors du contre-sommet du G8.

Des personnages fictifs permettent de côtoyer les forces de l'ordre et plus généralement tous ceux qui s'occupent de la sécurité des chefs d'état. Il y a l'ambitieux Lamar, un conseiller communication de Chirac qui voudrait bien briller auprès de son mentor, et à Gênes pour se montrer il faut s'occuper de sécurité et de protection même s'il n'y connaît rien. Il y a aussi deux flics de la DST chargés d'infiltrer les antis G8 français. Il y a Génovéfa Gicquel une journaliste du JDD. Il y a Dario Calvini, modeste carabinier qui doute de sa place face aux manifestants. Franco de Calvi a été chargé de la mise en place du plan de sécurité de la ville de Gênes. Carli rêve d'une renaissance du fascisme en Italie. Sa nostalgie va devenir réalité.

Mais que serait une brillante reconstitution historique sans les personnages réels : Jacques Chirac bien sûr, Silvio Berlusconi et les autres chefs d'Etats et de gouvernements présents lors du sommet du G8. Tous ont droit à un portrait sans concession. le lecteur croise aussi Krivine et Besancenot et le cynique Gianni de Gennaro, directeur général de la sécurité publique.

Le récit des évènements survenus à Gênes à partir du 13 juillet 2001 est criant de vérité. Frédéric Paulin réussit habilement à faire ressentir au lecteur les sentiments qui gagnent Gênes : l'exaltation des préparatifs, l'inquiétude qui grandit parfois jusqu'à la paranoïa. Gênes est devenue une poudrière au milieu de laquelle tout le monde joue avec le feu. le 19 juillet, première manif. le 20 juillet, les grands dirigeants sont là et alternent séances de travail et rencontres informelles. La sécurité les a coupés du monde extérieur. Autour d'eux les saccages ont commencé. Un gamin est tué par balle. Les 21 et 22 juillet place à la répression policière et militaire. Traquer. Rechercher des armes et arrêter à tout va. Puis humilier et se venger. Dans le sang.

Avec Frédéric Paulin, le roman noir est témoignage, accusation, mémoire et hommage.

Frédéric PAULINLa nuit tombée sur nos âmes. Parution le 9 septembre 2021. Éditions Agullo, collection Agullo Noir. ISBN 978-2-38246-003-0
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Si le titre "La nuit tombée sur nos âmes" revêt -presque-un certain côté poétique, il n'en est rien de son contenu et de son histoire, car l'auteur, utilisateur habituel de l'histoire contemporaine dont il se sert comme matière première, évoque ici le tristement célèbre sommet du G8 de Gênes en juillet 2001, célèbre par sa violence, pour lequel l'Etat itlalien a été condamné, mais dont les auteurs des faits courent toujours, pour reprendre l'expression consacrée.
Frédéric Paulin retrace jour par jour le déroulé de ce G8, via les yeux d'un conseiller admirateur de Jacques Chirac -Lamar-, un haut fonctionnaire italien, Franco de Carli, deux agents de la DST infiltrés dans l'ultra-gauche, afin de prévenir et d'anticiper tout attentat violent et/ou atteinte à l'un des membres de ce sommet, un couple - d'amoureux-, Nathalie et Wag -ce dernier étant lui-même un "tonton" de la DST, engagés dans la lutte politique, et militants "altermondialistes", deux officiers et un subalterne, flics italiens, aux états d'âme fluctuants..., un journaliste photographe habitué des conflits et une jeune journaliste...novice.
Tous vont être confrontés, d'une façon ou d'une autre à la violence, "légitime" ou pas, "légitimée" ou pas, à la dure réalité qui n'arrive plus à cacher les apparence et les chausse-trappes, à l'idéologie rattrappée par cette même réalité, à la politique et la façon de la "mener", avec le dur envers du décor, et une finalité qui n'est évidememment pas la même, en fonction de la position occupée.
J.J Goldman n'a rien inventé en chantant" si j'étais en 19 à l'Eidenstat", oui, qu'aurions nous fait face à telle situation, face à un ordre venant de la hiérarchie? Comment rester soi-même, humains quand on vous parque des jours durant en pleine chaleur, quand vous subissez, et qu'à un moment donné..."on vous lache" dans l'arène?.
Frédéric Paulin peaufine ici son souci du détail, sans concession, ne juge pas, énonce calmement, méthodiquement, joue son rôle de "journaliste". Il rapporte, relate, informe.
Est-ce que vingt ans plus tard, la mort du jeune Carlo Giuliani, les coups et blessures infligés aux interpellés, ont-ils servi "de leçon"?
Pas si sûr.
L'action - les actions" des Black Bloc, tristement célèbres en France pendant les manifestations des Gilets Jaunes, est-elle " légitimée"? Saccager des établissements, brûler des voitures, s'attaquer à des monuments, fait-il avancer les choses et résout-il quelque problème? Pas si sur.
La nature humaine qui se révèle en fonction des circonstances et qui révèle parfois chaque individu à ce qu'il est réellement, à lui-même, est à coup sûr quelque chose de complexe.
En tant qu'entité propre, et en tant qu'appartenance à un groupe.
Quoiqu'il en soit, un témoignage-roman historique et d'histoire, prenant, vif, incisif, sans concession, et qui met en avant le fond et la forme des oeuvres d'un Frédéric Paulin dont, à mon sens, on ne parle pas assez dans le monde littéraire ( même si, je n'avais que moyennement apprécié "La guerre est une ruse")..
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Frédéric Paulin a le don de nous plonger en plein coeur d'événements politiques et d'actualité comme si nous étions nous même témoin des scènes s'y déroulant.
Gênes, 20 juillet 2001, les militants d'extrême gauche du monde entier se retrouvent pour manifester contre le sommet du G8 et contre le capitalisme. le black bloc est présent et a décidé d'en découdre.
Mais la police italienne manipulée par le gouvernement Berlusconi, fascisée va déployer une violence sans précédent allant jusqu'à la mort d'un manifestant.
Paulin nous place à la fois dans les bureaux d'un conseiller de Chirac, dans les rangs des carabiniers, dans ceux des black bloc, au sein de la DST et avec des journalistes.
Sans manichéisme, Paulin nous place en témoin de ce déchaînement de violence d'un côté comme de l'autre.
Un roman brillant comme toujours avec cet auteur.
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Je connaissais l'auteur, Frédéric Paulin, de nom pour sa trilogie « Tedj Benlazar » constituée des tomes « La guerre est une ruse », « Prémices de la chute » et « La Fabrique de la terreur » dont le plus grand bien avait été écrit sur internet. Je n'ai pas pu m'empêcher de me procurer ce livre récemment mais peu de temps avant, son dernier roman est paru lors de la rentrée littéraire en 2021 avec « La Nuit tombée sur nos âmes ».

Ici, Frédéric Paulin se concentre sur le sommet du G8 de 2001 qui s'est déroulée à Gênes en Italie et qui s'est soldée par la mort d'un manifestant, tué d'une balle dans la tête par un carabinier.

C'est une plongée totalement immersive que l'écrivain offre à ses lecteurs. Cette immersion l'est tant du côté des manifestants altermondialistes que du côté des politiques réunis à l'occasion de cette réunion et de celui des forces de l'ordre. J'ai trouvé que c'était intelligemment écrit et absolument captivant !

Par la lecture de ce bouquin, le lecteur a lui-même l'impression de se trouver sous le soleil plombant de Gênes, évoluant dans les rues, sous la pression constante et permanente des policiers et carabiniers où la moindre étincelle risquait de mettre le feu aux poudres, comme cela fût d'ailleurs le cas en 2001.

Il faut se rappeler qu'à titre précurseur, plus tôt dans l'été, un précédent sommet international avait eu lieu et des échauffourées s'étaient déjà déroulées. Afin d'éviter de potentiels débordements, les forces de l'ordre avaient été massées en masse dans la ville de Gênes. Cela en vue d'éviter le même résultat, par le contre-sommet organisé par des associations altermondialistes et gangrené par la présence de membres d'extrême-droite. Maintenant que l'on connait la suite, ce fût encore bien pire !

Le style fluide est très visuel et permet de revivre le désastre où les victimes se sont comptées par centaines. Car, en plus de la mort d'un manifestant, des jeunes et moins jeunes ont littéralement été tabassés gratuitement par de nombreux fascistes présents au sein des forces de l'ordre elles-mêmes.

En faisant quelques recherches sur ce sommet, pour lequel je n'ai que des brides de souvenirs (soit parce que j'étais assez jeune ou soit parce que les terribles événements qui se sont déroulés 2 mois plus tard lors des attentats du 11 septembre ont totalement occulté mes souvenirs), je suis tombée sur un article de 2017 où le chef de la police italienne tentait de faire son mea culpa en reconnaissant des actes de tortures sur des manifestants !

Tout dans ce bouquin m'a tenue en haleine. Même si on connaît les dégâts au final bien avant la fin, on ne peut s'empêcher de « vivre » ce moment hors du temps, comme si on faisait un saut plus de 20 ans en arrière. Documenté et enrichissant, c'est une lecture à ne pas passer à côté !

Si comme moi, les faits de société vous intéressent, ce livre en est un parfait représentant pour une lecture immersive, totalement aboutie et saisissante.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Nath et Wag font partie d'un black-bloc et sont présents au Congrès de Göteborg et Gênes. Mais rien ne se passe comme prévu … Je vous laisse découvrir la suite.

C'est un livre très bien écrit, très fouillé et on apprend même des choses, même si cela reste romancé. Les personnages sont ignobles entre eux. Tout n'est que mensonge, violence sur fond de politique. La mort ne suffit pas à arrêter les gens dans leur violence, on dirait des animaux déchainés dans certaines scènes. L'auteur dénonce à travers son livre une politique à contre-courant de la réalité et personne, même les plus hautes autorités, ne sont à un mensonge près. Dans ce genre de sommet politique, l'humanité n'existe plus. On peut parler de dictature avec des scènes de torture au moment des arrestations à la fin du sommet. Rien n'est fait dans la légalité. 20 ans après, l'humanité n'a pas pris acte du véritable problème, chaque Etat tirant la couverture de son côté. Certains font quelques concessions mais personne ne veut prendre le problème à bras le corps. On passe un très bon moment de lecture et on ne voit pas passer le temps.

Je conseillerai ce livre à un public adolescent et adulte car la population doit prendre la mesure du problème.
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Wag, est un doctorant sans perspective d'avenir, un gars de la LCR, éloigné de son parti depuis qu'il côtoie Nathalie, une anarchiste. Il est aussi sur une corde raide depuis qu'il est devenu indicateur pour deux agents de la DST. 

Les choses se compliquent encore davantage pour lui, lorsqu'il se retrouve à Gênes pour le sommet anticapitaliste de 2001. Car c'est une véritable poudrière qui l'attend, ainsi que tous les manifestants présents. 

Les politiciens italiens au pouvoir et la hiérarchie policière entendent bien que le chaos du conseil de l'Europe, tenu la même année à Göteborg, ne se reproduise pas à Gènes. Que tout doit être fait pour mater les « communisti », que rien ne peut être exclu pour ce faire, ni la provocation ni la violence la plus bestiale. 

Ce roman est percutant. Tout d'abord par son style, pas de grandes envolées lyriques mais des phrases courtes, uppercut de mots. On passe du point de vue des manifestants, à celui de policiers puis de politiques italiens ou de journalistes. Un maelström pour mieux comprendre le fil des évènements. 

Mais surtout, ce roman est très réaliste. Petit instant confession : j'ai participé à un tel sommet dans le cadre d'un stage au cours de mes études. J'ai retrouvé l'ambiance, les différents mouvements antagonistes dans leur méthodes d'actions mais aussi l'organisation, la vie d'un tel contre-sommet. Cela démontre le travail mené par l'auteur sur le sujet.

Ce roman raconte les tortures, les coups indignes, les entorses aux règles de droit d'un état démocratique. La situation de non-droit qui a régné durant ces quelques jours en Italie. « La nuit tombée sur nos âmes » révolte car il ne donne pas une vision idéalisée des uns ou des autres mais il montre comment, les actions d'hommes politiques et de policiers fascisants, a pu conduire à un tel massacre. 

Ce roman est un bon roman et c'est aussi un roman nécessaire. Deux bonnes raisons pour l'ajouter à votre bibliothèque.

À moins que ce ne soit déjà fait !
Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Le crépuscule de nos espoirs.

Gênes 2001. le sommet du G8 s'annonce mouvementé. le mouvement altermondialiste est à son acmé, et les puissants en ont assez de se faire contester.
La tâche de clore cette plaisanterie sera confiée au plus ridicule chef d'état de l'époque, Silvio Berlusconi, qui ne boude pas son plaisir pervers de transformer "la Superbe" en poudrière.
À l'abri des odeurs de souffre derrière les ors du palais ducal, les puissants peuvent continuer de parlementer et de singer la solidarité.

Bien sûr il y aura de beaux discours, à l'exemple du président français de l'époque, Jacques Chirac, personnage croquignolesque s'il en est de ce roman. Ses belles idées battent autant d'air que ses grands bras, alors que dans les faits le peuple étouffe au sens propre comme au figuré. Les manifestants qui n'arrivent plus à respirer à travers la nuée lacrymogène lancée sur la ville, seront pourtant les plus chanceux. La répression se voulait sanguinaire. Elle sera sanglante.

Les chiens sont lâchés. Une horde d'hommes surarmés, caparaçonnés et lobotomisés aux idéaux fascistes a carte blanche pour "se venger" d'une "fange" prolétaire qui viendrait menacer le pouvoir de leurs maîtres.

Grâce à des personnages parfaitement incarnés implantés aux quatre coins du sommet international et de sa contestation, Frédéric Paulin parvient de façon magistrale à nous faire vivre un des moments clés de la scène politique et de l'engagement de ce siècle.

Si vous n'avez jamais vécu de manifestation, violente qui plus est, vous devez lire ce livre. Si vous n'avez rien compris aux Gilets Jaunes aussi, car on y retrouve les mêmes procédés de manipulation de l'opinion, notamment au niveau médiatique.

La nuit est tombée sur beaucoup d'âmes à Gênes, dont celle sans trop m'avancer de Frédéric Paulin qui était présent.
Elle est tombée aussi sur le corps d'un étudiant de 23 ans ce soir-là, Carlo Giuliani. Ne l'oublions pas.
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Chroniques d'une catastrophe annoncée.
Frédéric Paulin quitte ses mémoires algériennes pour se rapprocher un peu plus du jour d'aujourd'hui et nous rappeler les tragiques événements de 2001, lors du sommet du G8 à Gênes.
Mieux vaut réviser un peu son Histoire très contemporaine avant d'attaquer La nuit tombée sur nos âmes, pour pouvoir profiter pleinement du bouquin.
En 1999, état d'urgence et couvre-feu s'abattent sur ce qu'on a carrément appelé la bataille de Seattle lors du sommet de l'OMC et la planète découvre la détermination altermondialiste (... et celle de l'autre camp).
En 2000, le sommet du FMI à Prague cristallise à nouveau manifestations et répression.
En juin 2001, à Göteborg le sommet européen se solde par un mort par balle (ce sera le sommet de l'angoisse dans la soi-disant si tranquille démocratie suédoise).
Ce sont les années de la naissance des fameux black blocs, du moins de leur naissance médiatique.
Autant dire que quelques semaines après la Suède, en juillet 2001, les puissants sont sur les dents et pètent de trouille à l'approche du sommet gênois : l'escalade de la violence et de la répression est à son paroxysme et chacun des camps affute ses armes pour en découdre, au sens propre souvent.
George Bush dormira même sur un navire de l'US Navy ancré dans la baie.
Frédéric Paulin était sur place à Gênes et en est revenu bouleversé par des scènes dignes des dictatures fascistes sudaméricaines : la boucherie de l'école Diaz, les tortures de la caserne de Bolzaneto et bien sûr le décès de Carlo Giuliani abattu par un carabinier pris au piège.
Paulin s'empare de ces événements et les met en perspective dans un sacré roman.
Et il développe tout son art pour camper, aux côtés des 'vrais' protagonistes de l'époque, il développe tout son art pour camper une galerie de personnages de tous bords et nous faire (re-)vivre de l'intérieur ces événements que l'on a oubliés seulement vingt ans après.
Nous voici donc en Italie en compagnie d'un couple de jeunes altermondialistes qui écument les sommets, celui de Gênes après celui de Göteborg.
Un militant du MSI italien devenu conseiller en sécurité du nouveau gouvernement de Berlusconi compromis avec les néo-fascistes.
Un jeune conseiller en communication du cabinet Chirac.
Un duo de flics de notre DST.
Une journaliste qui voulait jouer les reporters de guerre.
Tout le monde est en place pour trois jours de violence déchainée et l'on tourne tourne les pages sans pouvoir reposer le bouquin.
Un thriller passionnant comme on les aime, appuyé par une rigoureuse enquête de journaliste comme on les aime : que du bonheur pour ce salutaire travail de mémoire contemporaine.
Un devoir de mémoire indispensable parce que quelques semaines plus tard, le monde entier oubliera Gênes lorsque deux tours s'écrouleront à New York.
Et un rappel salutaire : c'était hier tout juste et l'actualité nous montre que le fascisme n'est jamais aussi loin qu'on voudrait bien le croire.
On peut aussi, pour se mettre dans l'ambiance, jeter un oeil sur le film américain inspiré des événements de Seattle (qui n'arrive pas à la cheville du bouquin de Paulin).
Un livre qui éclaire également les violences policières plus récentes et l'incapacité (plus ou moins assumée) de nos polices à préserver la sécurité en même temps que la liberté de manifestation.
Pour celles et ceux qui aiment L Histoire.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
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La ville de Gênes a connu malheureusement les feux de la rampe en août 2018 avec l'effondrement du pont autoroutier Morandi faisant 43 morts et le chaos dans la ville. Mais la capitale ligurienne avait déjà connu une autre forme de chaos 17 ans plus tôt. Elle avait accueilli le sommet du G8 en juillet 2001, sous le règne de Silvio Berlusconi et les mouvements altermondialistes avaient décidé d'y installer un contre sommet, ce qui n'était pas du tout du goût du "cavaliere", qui entendait bien montrer au Monde que l'Italie ne laisserait pas faire écho à ces organisations. 9 jours de tension que dépeint de l'intérieur Frédéric Paulin dans "la nuit tombée sur nos âmes", son dernier roman paru chez Agullo.

Le G8 se réunit à Gênes en juillet 2001 et il n'est pas question pour les ONG altermondialistes qu'il n'y ait la bas qu'un son de cloche. Elles seront présentes aussi. le gouvernement italien avec Fini à l'Intérieur, fasciste avéré, définit une zone rouge infranchissable et compte bien user de tous les moyens pour la sécuriser. Les services policiers français le savent, ont dépêché officieusement des émissaires sur place ainsi que des indics parmi les manifestants en vue d'anticiper les mouvements des black block. de son côté, Nathalie et Wag, deux militants, sont prêts à en découdre. Mais ce à qui ils vont être confrontés dépassent l'entendement démocratique, avec une apogée mortifère : la mort du jeune Carlo Giuliani.

Frédéric Paulin sort de sa brillante trilogie policière paru aussi chez Agullo avec ici un roman certes mais s'appuyant sur des faits réels commis par les forces de l'ordre italiennes durant le sommet du G8 à Gênes. Il fait vivre ces neuf jours avec une tension dans les rangs des différentes parties prenantes et présentes qui montera crescendo au fil des jours. Des préparatifs à la mise en action, Paulin aborde tous les aspects imaginant même les réactions des dirigeants aux faits, avec un Chirac qui saura se singulariser à son escient. Il montre aussi la violence employée par les forces de l'ordre italiennes, sous le joug de la pensée fascisante d'une partie du gouvernement. Paulin n'épargne pas non plus les leaders des ONG et mouvements, souvent en décalage avec la masse des manifestants. Avec "la nuit tombée sur nos âmes", vous plongerez dans ce fait historique, voyant apparaître de nouvelles formes de contestation comme les black block mais aussi cette forme de répression d'une autre pensée que celle entendue par les états les plus forts , usant de moyens qui font furieusement penser à ceux mobilisés durant une guerre civile. Passionnant récit livré par l'auteur de la fabrique le terreur pour nous éclairer et ne pas tomber dans la noirceur tombée sur nos âmes.
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Juillet 2001, le G8 se tient à Gênes et un demi million de personnes se rendent sur place pour manifester leur désaccord aux « grands » de ce monde.
Les affrontements qui ont eu lieu à Göteborg lors du précédent G8 font craindre d'autres émeutes.
De part et d'autre, du côté des manifestants comme de celui des forces de police, on se prépare.
Et puis les manifestations commencent sous une chaleur accablante et rapidement ça dégénère, jusqu'à la mort d'un manifestant.
L'escalade de la violence est partout, on veut croire que ça va s'arrêter, que les choses vont se calmer, que les hommes vont revenir à la raison, que les petites manoeuvres politiques des uns ou des autres vont échouées.
Et aussi que les relents fascistes de certains membres de la police italienne vont être étouffés dans l'oeuf par d'autres plus sensés, plus intelligents, plus mesurés.
L'écriture de Frédéric Paulin énergique, rapide, sans filtre nous fait passer de la curiosité, à la stupéfaction puis à l'horreur, sans qu'il soit possible de lâcher ce récit.
A peine 2 mois plus tard, les attentats de New York feront oublier au monde ce qui s'est passé à Gênes, sauf pour ceux qui l'ont vécu et qui resteront marqués à jamais.
Roman noir ultra percutant, qui ouvre les yeux sur quelques jours de notre histoire récente, pendant lesquels une barbarie que l'on pouvait penser d'un autre temps a refait surface. Choquant mais sans doute nécessaire !
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