Anne Pauly vient de perdre son père.
L'après-décès est le moment de la souffrance, de l'enterrement, du tri des objets, du souvenir, des questions diverses, saugrenues, douloureuses, tendres.
- C'est un roman sur la famille; porter la mémoire, rétablir la vérité;
sorte d'enquête : qui on est à priori, en façade; et ce qu'il y a en-dessous.
- Les obsèques (église bondée), les formalités, le tri (papiers, meubles, vêtements, livres, agenda, courrier, ..), le notaire, les souvenirs, lui font redécouvrir, et aussi découvrir, multiples facettes du personnage qu'était son père; qui, ni ange ni démon, entre grandeur et décadence, mensonges et vérités, vie intime et vie publique, rires et larmes, se révèle tout simplement un être humain.
- La période du deuil est aussi le moment de se redécouvrir soi-même, de reconnaître ses vrais amis, d'en perdre certains, d'en trouver de nouveaux.
- C'est une période que l'on ne peut que vivre seul. Hors la famille très proche, quels amis, connaissances, nous parlent spontanément, un an plus tard, de l'être cher que l'on a perdu ? le deuil prend du temps.
- L'aspect obscène de la situation se fait jour rapidement. le thème revient assez souvent : le comique de la mort ! Cocasse et rocambolesque ! Car si la souffrance et le deuil sont bien présents, ils se heurtent constamment à la vie qui, à l'extérieur, et en nous, continue malgré tout.
Qui n'a d'ailleurs jamais connu des situations de fou-rire (rire fou) lors des enterrements ? Un palliatif instantané qui permet de se déconnecter un moment du réel; tout autant que la preuve de la vie autour de nous.
Dès le début -- m'attendais-je à un ton larmoyant ? -- j'ai été très surprise, et ravie, par le style, railleur, mordant, sarcastique; qui, nonobstant, sait laisser sourdre douleur et émotion, leur donnant, ainsi même, une densité tangible.
Belle écriture, douce, coulante, violente, crue, dure, selon les narrations.
Humour et tendresse, causticité et poésie, amertume et rire, ironie et émotion, douleur et bonheur, s'y côtoient en permanence, jusqu'à la page ultime qui se referme sur une belle et très émouvante image.
Toutes les personnes qui ont vécu un deuil, ne peuvent que se reconnaître en l'héroïne-narratrice.