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Citations sur Oeuvres Poétiques (166)

Arbre au-dedans/UN SOLEIL PLUS VIF

CONVERSER


Dans un poème je lis :
converser est divin.
Mais les dieux ne parlent pas :
ils font, défond des mondes
pendant que les hommes parlent.
Les dieux, sans paroles,
jouent des jeux terribles.

L'esprit descend
et délie les langues
mais il ne prononce pas de mots :
il prononce la lumière. Le langage,
par le dieu enflammé,
est une prophétie
de flammes et une chute
de syllabes brûlées :
cendre sans sens...

p.544
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Arbre au-dedans

          FRATERNITÉ
                  Hommage à Claude Ptolémée.


Je suis un homme : peu je dure
et la nuit est énorme.
Mais je regarde vers le haut :
les étoiles écrivent.
Sans comprendre je comprends :
je suis aussi écriture
et en cet instant même
quelqu'un m'épelle.

p.522
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MISE AU NET (1974)


Entendus avec l'âme,
des pas de l'esprit plutôt qu'ombres,
et ombres de la pensée plutôt que pas,
le long d'un chemin d'échos
que la mémoire invente, puis efface :
sans marcher, ils marchent
sur ce maintenant, pont
tendu entre une lettre et l'autre.
Comme bruine sur braises,
au fond de moi les pas s'avancent
vers des lieux qui soudain deviennent de l'air.
Noms : ils s'arrêtent,
et disparaissent, entre deux mots.
Le soleil chemine sur les décombres
de mes dires, le soleil rase les sites,
à peine ont-ils confusément
émergé de l'aube de cette page
le soleil ouvre mon front,
                    balcon sur l'abîme
intérieur.

p.485
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Le feu de chaque jour

Ville de Mexico
PÉTRIFIÉE PÉTRIFIANTE


…Vallée de Mexico
                 bouche opaque
lave de bave
           trône démantelé de la Colère
obsidienne obstinée
                  pétrifiée
pétrifiante
         Colère
               tour fendue
taille ployée comme une plainte
                             seins barbouillés
front offusqué
             morvesang vertesec
                               Colère
fixité qui s'enfonce dans la blessure                                                 colèrelame couteauregard
sur un pays d'épines et de piques…

p.457
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Poèmes (1989-1996)


III

triangles, cubes, sphère, pyramide
et autres figures de la géométrie,
pensées, dessinées par des regards mortels,
mais qui étaient là bien avant le principe,
sont le monde lisible, sa secrète écriture,
origine et raison de la ronde des choses
l'âge des mutations, fixité sans appui,
qui repose en soi-même, réalité sans ombre.
Le poème, la musique, le théorème,
présences non souillées, nées du vide
édifices sans poids
construits sur un abîme :
dans leurs formes finies tiennent les infinis,
leur symétrie cachée régit aussi le chaos.
Puisque nous le savons, hasard point ne sommes :
racheté, le hasard revient à l'ordre.
Attaché au sol et à l'heure,
éther léger qui ne pèse,
la pensée supporte les mondes, leur poids,
tourbillons de soleils convertis
en poignées de signes
sur quelque feuille de papier.

p.619-620
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Jours ouvrables

AMITIÉ


C'est l'heure attendue
sur la table tombe
interminablement
la chevelure de la lampe
La nuit rend la fenêtre immense
Il n'y a personne
la présence sans nom m'entoure

p.209
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Arbre au-dedans/AU VOL
ÉTOILES ET GRILLON


Grand est le ciel
là-haut des mondes sont semés.
Imperturbable,
perdure dans tant de nuit
le grillon vilebrequin.
p.512
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Le Feu de chaque jour/Configurations

TROWBRIDGE STREET


5

Voici que tu prends forme de pont maintenant
Sous tes arches navigue notre chambre
Du haut de toi nous nous voyons passer
Tu flottes dans le vent tu étais corps tu es lumière
Sur l'autre rive le soleil monte
                            à rebours
Ses racines s'enterrent dans le ciel
Nous pourrions nous cacher sous son feuillage
Avec ses branches nous allumons un feu
Le jour est habitable

p.446
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Arbre au-dedans/LA NUIT, LE JOUR, LA NUIT


8

Sous tes paupières dort
une foule impalpable :
des tourbillons avides,
ombres du toucher, s'incarnent,
boivent du sang, formes
changeantes du désir,
toujours la même :
visages successifs
de la vie qui est mort
de la mort qui est vie.

p.583
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ARBRE AU-DEDANS
Proème


Parfois la poésie est le vertige des corps et le vertige du
bonheur et celui de la mort ;
la promenade les yeux fermés au bord du précipice et la
kermesse dans les jardins sous-marins ;
le rire qui met le feu aux préceptes et aux dix commandements;
la descente des mots parachutés sur les sables mouvants
de la page ;
le désespoir qui embarque sur un bateau de papier et
traverse,
pendant quarante jours et quarante nuits, l’océan de l’an-
goisse nocturne et la mer de pierre de l’angoisse diurne;
l’adoration du moi, l’exécration du moi et sa dissipation;
l’épithète décapitée, l’enterrement des miroirs;
la récolte des pronoms fraîchement coupés dans les jar-
dins d’Épicure et de Netzahualcóyotl;
un solo de flûte sur la terrasse de la mémoire et un bal-
let d’étincelles dam l’oubliette de la pensée;
les migrations de verbes par myriades, d’ailes et de
griffes, de graines et de mains ;
l’ossature des noms aux racines plantées dans les ondu-
lations du langage ;
l’amour du jamais vu et l’amour de l’inouï, l’amour du
jamais dit : l’amour de l’amour.

Syllabes semences.

p.207
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