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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Peter Hunter, directeur adjoint de la police de Manchester, est chargé de mener une enquête secrète sur les meurtres de "l'éventreur du Yorkshire" pour le compte du Ministère de l'intérieur. C'est une mission délicate puisqu'il doit reprendre les dossiers de ses collègues du West Yorkshire qui supportent mal cette ingérence. Mais la liste des victimes ne cesse de s'allonger et les autorités doivent répondre à la pression des médias et de l'opinion publique. Enquêter sur ces crimes, c'est mettre au jour les pratiques irrégulières des policiers du West Yorkshire... Prends garde à toi Peter...

"1980" est le troisième volet du "Quator du Yorkshire" et une nouvelle fois, David Peace choisit un narrateur différent, ce qui lui permet de changer d'angle tout en traitant de la même affaire. La trame du récit, plus classique, est menée par un policier expérimenté et apprécié de sa hiérarchie. Il parait plus sain que les protagonistes précédents du Quator, n'étant miné que par les problèmes de fertilité de son épouse. Mais la bonne santé mentale est quelque chose de très précaire dans le nord de l'Angleterre...

Les paysages urbains baignent dans un jour terne : la lumière est grise, les arbres nus, la pluie continue, le froid du mois de décembre saisit les corps, les rues sont désertes... On pourrait croire à un décor post-apocalyptique mais il s'agit d'une ville en déclin minée par la pauvreté :"Décrépitude locale, décrépitude industrielle…" .

L'atmosphère pesante devient progressivement anxiogène. Le récit est sous tension, les phrases courtes s’enchaînent donnant au texte un rythme syncopé et obsessif , impression renforcée par les répétitions. Le lecteur est emporté par l'action et l'avancée de l'enquête. Et il part à la dérive dans les flux de conscience du narrateur. Les alternances entre la réalité et le rêve, le présent et le souvenir sont permanentes. Et puis il y a ces passages qui ouvrent les chapitres, sans ponctuation ; si on peine à deviner qui prend la parole, la douloureuse litanie qui parait sans fin nous saisi aux tripes.

C'est un roman d'une grande noirceur, tout y contribue : l'atmosphère, le cadre, les personnages, le style et l'intrigue. Peace a su composer avec tous ces matériaux un polar "radical".
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1980 est le troisième volet du Quatuor du Yorkshire de David Peace.
En 1974, le journaliste Edward Dunford enquêtait sur les meurtres de petites filles.
En 1977, ce sont des prostituées qui sont sauvagement assassinées par un tueur à qui la police mais surtout les médias attribuent très vite le surnom de « l'étrangleur du Yorkshire ». Si Edward n'est plus là pour mener son enquête de journaliste, Franck Whitehead, lui, est bien décidé à découvrir qui se cache derrière celui qu'on appelle l'Eventreur du Yorkshire.
En 1980, alors qu'en 1977, ni la police, ni Whitehead, n'avaient réussi à arrêter le tueur en série, l'enquête est confiée à Peter Hunter qui constitue une équipe d'élite pour reprendre toute l'enquête depuis le début. Plusieurs années de témoignages, treize victimes, des policiers abattus, d'autres qui sont décédés depuis.
Hunter va secouer la poussière et marcher sur une mine qui risque bien de lui exploser à la figure. Et plus il se rapproche de la solution, plus les cadavres s'amoncèlent autour de lui.
Soyons clairs, si 1974 et 1977 peuvent être lus indépendamment, 1977 et 1980 sont indissociables l'un de l'autre. Beaucoup de personnages de 1977 réapparaissent dans ce troisième volet, que ça soit dans les souvenirs des protagonistes ou au cours des recherches que mène Hunter.
David Peace continue ici à dresser un tableau fort peu flatteur de la police de son pays et pas seulement du Yorkshire. Corruption, malversations, proxénétisme, meurtres, extorsion, Hunter fait face aux pires facettes de certains de ses collègues.
Le style reste le même, un style unique et bien particulier, un texte qui se focalise sur un personnage bourré de défauts mais courageux et entêté. Des phrases souvent très courtes, des scènes très violentes, des descriptions qui ne laissent aucune place aux doutes et encore ces « encarts » de longs monologues sans ponctuation où l'on se retrouve dans la peau, soit d'une des victimes, soit dans celle du tueur sans que jamais le lecteur n'ait une longueur d'avance sur l'enquêteur.
Peace, comme Ellroy ou Winslow, et quelques autres, c'est la quintessence du polar.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Chef d'oeuvre radical 3 : Merci d'être un ami.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/08/27/note-de-lecture-1974-1977-1980-1983-le-quatuor-du-yorkshire-david-peace/
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Comme les deux précédents volumes du "Red Riding Quartet", David Peace confie la narration à un personnage, ici Peter Hunter, le directeur adjoint de la police de Manchester. Certes, une violence différente dans ce troisième volet, mais toujours la même puissance dans l'horreur et la corruption. L'enquête reprise à zéro permet de mieux saisir certains aspects plus psychologiques et de l'ampleur de la corruption policière. Et l'enfer dans lequel entre quiconque veut déméler l'affaire...
A suivre !
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Lors d'un précédent billet, je vous avais parlé de 1974, chef d'oeuvre de David Peace qui était en fait l'ouverture d'une sombre et sinistre tétralogie chroniquant les affres du Yorkshire et du libéralisme outrancier qui ravagea la région.



En 1977, année du Jubilé, le tueur du Yorkshire sévit depuis plusieurs années, semant la terreur dans la région de Leed alors que la police impuissante s'échine à déployer des moyens considérables, mais inadaptés pour tenter de retrouver ce meurtrier. Nous suivrons le parcours de deux personnages secondaires du premier opus que sont le journaliste Jack Whitehead et le sergent Fraser qui tiennent les premiers rôles de cette tragédie. Car au-delà des apparences, certains crimes attribués à l'éventreur du Yorkshire pourraient révéler des histoires plus sombres qu'une troupe de policiers corrompus souhaiteraient dissimuler à tout jamais. Fraser, Whitehead, enquêteurs chevronnés mais minés par des tragédies personnelles vont-ils parvenir à faire éclater la vérité !?

1980, troisième opus de cette chronique atroce, est le plus linéaire et le plus classique des 4 romans. Peter Hunter, de la police de Manchester est chargé d'analyser la masse de dossiers concernant l'éventreur du Yorkshire qui n'a toujours pas été interpellé. Il continue à sévir en toute impunité et c'est pour cette raison que l'on diligente une enquête parallèle au grand dam des enquêteurs du Yorkshire qui n'apprécient pas cette intrusion. Est-ce seulement par orgueil ou pour d'autres raisons bien plus inavouables que ces policiers s'emploient à mettre des bâtons dans les roues d'un Peter Hunter qui va très vite se retrouver dépassé par les événements et découvrir les sombres magouilles de flic corrompus.

1983 clôture le Red Ridding quartet. Un chant incantatoire à trois voix pour solder les comptes. Tous les comptes.

1ère voix incarnée par le « Je » de Maurice Jobson, alias la Chouette, policier véreux à la tête d'une horde de flics pourris qu'il entraine dans des sombres affaires immobilières, de minables trafics de pronographies et surtout d'enquêtes bâclées avec des tabassages en règle qui se déroule dans le sous-sol d'un commissariat. Une salle d'interrogatoire que l'on surnomme « le Ventre » qui engloutit aveux et dénégations des suspects pour ne régurgiter qu'une « vérité acceptable ». Un soubresaut de conscience poussera ce flic malfaisant à enquêter sur une nouvelle disparition de fillette tout en faisant le lien avec un autre enlèvement datant de 1969. Si les coupable ne sont pas ceux qu'il a désigné, qui peut bien enlever et tuer toutes ces petites victimes !?

Seconde voix incarnée par le « Tu » de John Piggott, avocat minable et alcoolique qui va prendre en charge les affaires de mères désespérées qui savent leurs fils innocents de tous les crimes monstrueux dont ils sont accusés. Ces petites filles qui disparaissent et qui meurent encore et toujours. Il découvrira l'enfer du Ventre, salle d'interrogatoire monstrueuse de la police du Yorkshire qui contraint les hommes à avouer l'inavouable et l'innommable. Qui est le véritable responsable de ces disparitions. John Piggott égrènera les jours qui le mèneront vers cette terrible vérité. Cet enfant du Yorkshire, fils d'un flic déchu, pourra-t-il seulement faire face.

Troisième voix incarné par le « Il » de BJ, petite frappe minable et jeune prostitué malfaisant. C'est le personnage central de toute la série, l'homme qui aiguillera les enquêtes d'Eddie Dunford, de Jack Whitehead et Peter Hunter qui les mèneront tous à leur perte. C'est le personnage qui partagera les derniers instants de certaines des victimes, précédent leur assassinat sauvage. Victime, témoin, c'est surtout le jeune homme qui connaît l'ange du mal manipulateur qui brise les hommes, les femmes et surtout les jeunes fillettes du Yorkshire.

En achevant ce quatuor, vous vous retrouverez laminé par tant de noirceurs et tant de tragédies. Aucun espoir de rédemption pour les protagonistes de ces tragiques épisodes car le Yorkshire engloutit ses secrets sous une trombe de pluies sombres et de boues malfaisantes et pestilentielles. David Peace, bien plus que l'atrocité des meurtres qui émaillent ses récits, s'attache à nous décrire le désespoir des victimes survivantes et surtout les affres des familles et proches qui ont perdu tout espoir avec les atrocités qui les ont frappés. Comme si l'inhumanité des crimes commis renvoyait à la fragile humanité d'hommes et de femmes ordinaires qui se retrouvent plongé dans un enfer sans nom. le style de l'écriture n'est pas sans rappeler celle de James Ellroy, mais pour nous entrainer dans un univers bien plus tragique que la déconstruction de la mythologie du rêve américain. Car Peace nous dépeint le Yorkshire de son enfance. Une région secouée par la fermeture des mines et des entreprises métallurgiques. Une région dépourvue de mythe ! Et c'est par petites touches, par le biais d'annonces radiophoniques, d'entrefilets des quotidiens de la région que l'écrivain nous fait prendre conscience de cette Angleterre qui sombre dans le déclin économique, irrésistiblement attirée par les mirages d'un libéralisme monstrueux qui fera bien plus de victime que l'éventreur du Yorkshire.

David Peace c'est un style féroce et un regard sans complaisance sur une société à la dérive qu'il se plaît à décortiquer sous la lumière impitoyable d'une écriture incandescente.
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Dans ce troisième épisode de la tétralogie de Peace consacrée à l'éventreur du Yorkshire, on suit Peter Hunter, directeur adjoint de la police de Manchester, chargé de réunir une équipe de flics de grande compétence pour résoudre enfin la série de meurtres qui mine la région de Leeds.
Mais très vite, Hunter sera confronté aux policiers du coin et devra composer avec leur hostilité.
L'écriture de David Peace est hypnotisante et rend très bien les sentiments des personnages comme leur désespoir et celui des habitants de la région.
La guerre entre policiers et les conflits hiérarchiques sont causes de nombreuses complications dans l'enquête et on comprend rapidement que tout cela ne relève pas forcément du même meurtrier.
L'auteur ne nous épargne rien quant au sordide et fait de nombreuses références aux volumes précédents.
Un cycle parmi les classiques du genre, qu'on pourrait difficilement plus noir.
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Angleterre, décembre 1980...
Margaret Thatcher a débuté un an et demi auparavant ce qui deviendra le plus long mandat de premier ministre au Royaume-Uni.
Depuis octobre, des républicains irlandais emprisonnés ont entamé une grève de la faim.
Le 8, John Lennon est assassiné à Liverpool.

Dans le Yorkshire, le redoutable Eventreur court toujours.
L'assassinat de Laureen Bell porte à treize le nombre de victimes qui lui sont attribuées depuis le début de sa macabre croisade contre les prostituées en 1975.
La police de Leeds piétine.
Peter Hunter, directeur adjoint de la police de Manchester, est mandaté pour prendre la tête d'une "super brigade", chargée d'une part de pointer les dysfonctionnements liés à l'enquête sur l'Eventreur et, accessoirement, d'arrêter ce dernier. Autant dire que son arrivée à Leeds n'est pas perçue d'un très bon oeil... Mais Peter n'en n'a cure, il est là pour accomplir une mission, et compte bien tout mettre en oeuvre pour la mener à bien, quitte à se faire quelques ennemis.

C'est d'ailleurs principalement la personnalité du personnage principal -et narrateur- de "1980" qui différencie ce troisième opus de la tétralogie du Yorkshire de David Peace des deux précédents.
Edward Dunford, dans "1974", tout comme Bob Fraser et Jack Whitehead dans "1977", dévorés par leurs démons, à la fois cyniques et désespérés, semblaient se fondre dans leur environnement corrompu et violent, quand Peter Hunter paraît en comparaison plutôt équilibré. Il faut en tout cas lui reconnaître un sens certain du devoir, et la volonté de faire preuve d'intégrité et de droiture.
Et c'est sans doute parce qu'on se sent plus proche d'un personnage comme celui-là que d'un Dunford ou d'un Fraser, et que l'on aimerait le voir réussir, que l'on a d'autant plus de mal à encaisser sa chute, même si elle est prévisible, et ce dès le départ... parce que le lecteur qui aura d'abord lu les deux précédents volumes le sait d'emblée : il est impossible de sortir indemne de ce cloaque de malveillance, de corruption et de violence qu'est le monde vu à travers le regard à la fois lucide et désillusionné de David Peace. A partir du moment où Peter Hunter met les pieds dans ce nid de guêpes que représentent les services de police du Yorkshire, il ne peut qu'en sortir broyé, détruit.

Le ton est toujours incisif sans jamais tomber dans la caricature. La trame policière du récit est traitée ici de façon plus conventionnelle que dans "1974" et "1977", ce qui permet sans doute de mettre encore davantage l'accent sur la chute du personnage qui passe du statut d'enquêteur plus ou moins ordinaire à celui d'un paria qui sombre peu à peu dans le désespoir.
David Peace semble en tout cas y atteindre une plus grande maîtrise, un peu comme s'il était parvenu à se débarrasser des fioritures superflues de sa partition pour la jouer avec plus de justesse.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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noir c'est noir
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