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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je vais être franche : je n'avais pas vraiment envie de lire ce roman de suite... Néanmoins, il allait peut-être faire partie du prochain club des lecteurs et il fallait que je prenne un peu d'avance dans ce genre de lectures... Finalement ? BOUM ! Une grosse claque ! J'ai adoré ! Ce mélange de "La peur" de Gabriel Chevallier et d'un roman policier m'a bouleversée. L'action se déroule en 1917, dans l'Aisne avec, évidemment, cette abominable bataille du Chemin des Dames. L'horreur de la guerre est très bien retranscrite que ce soit au niveau du front, des permissions, des scènes à l'infirmerie ou du quotidien des poilus. La Guerre vue sous tous les angles...

Cette enquête est menée d'une main de maître à travers divers chapitres qui sont en fait des lettres, des témoignages, des interrogatoires, des discussions ou des scènes rapportées. J'ai trouvé cela original. Ce ne sont pas de simples chapitres où la narration passe d'un personnage à un autre, mais bien des rapports, des échanges verbaux, des pièces qui constitueront le dossier de son enquête. Tout le monde donne son avis sur le soldat Jonas, alias "Tranchecaille". Un fainéant ? Un âne ? Un comédien qui joue le benêt ? Un homme mystérieux ? Un gosse au pantalon trop grand ? de la chair à canon parmi tant d'autres ? Un soldat au regard étrange ? Un assassin ? Chacun met son grain de sel. Hélas, le tribunal bientôt doit se réunir sur cette affaire afin de le déclarer ou non coupable Jonas. A-t-il tué son lieutenant ? Quelles vérités éclateront de cette sinistre affaire ? le capitaine Duparc tente de démêler ce sac de noeuds. Malheureusement, tandis que Jonas plaide son innocence, tout l'accuse... le jeune homme se montre également violent voire menteur... La menace du peloton d'exécution plane. Il ne reste plus beaucoup de temps...

On n'est pas au bout de nos surprises. Les pistes, jetées de-ci de-là, ne laissent rien deviner. Je suis tombée de haut plusieurs fois. J'ai douté. J'ai cru comprendre et détenir des réponses... Au fil des témoignages, on se rend compte qu'il y a une véritable intrigue et qu'elle est assez compliquée à résoudre. J'aime énormément les ouvrages où l'auteur balade son lecteur d'un coupable à un autre. Patrick Pécherot y est parvenu avec brio. Tout au long des pages, j'étais remplie de doutes et de questions. Mais la vérité ou la justice a-t-elle finalement son importance dans un tel univers où tout peut basculer du jour au lendemain sous les tirs ennemis ?

Je ne pensais pas que "Tranchecaille" me plairait autant, surtout avec une telle idée de récit. Mélanger le genre polar avec la Grande Guerre, il fallait oser ! Mais Patrick Pécherot s'en est sorti haut la main. Je m'en vais de suite conseiller cet ouvrage à quelques proches qui, je l'espère, apprécieront cette oeuvre même si le sujet n'est pas joyeux... Quant à vous, potentiels lecteurs, je ne peux que vous recommander ce livre "historico-policier" passionnant !

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Chemin des Dames, bataille de 14 jours et 40000 morts : une boucherie
Jonas, poilu parmi d'autres, se plaint auprès de son lieutenant que son pantalon est trop grand, lieutenant que l'on retrouvera mort d'un coup de baïonnette dans le dos, baïonnette française.
Tout accuse Jonas.
Duparc, capitaine sera son avocat et démêler le vrai du faux.
On ne peut pas lire ce roman sans penser au film "le pantalon rouge" ni au film "joyeux Noël " ou "les sentiers de la gloire".
Très beau roman, qui relate bien la dureté des combats, les tranchées, surtout ces hommes nos aïeux brisés, abîmés.
Un roman fort que je conseille
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Quand au printemps 1917 l'offensive Nivelle s'embourbe au Chemin des Dames laissant sur le carreau des dizaines de milliers de poilus, désertions et mutineries commencent à se propager. Dans ce contexte, il convient de faire des exemples. Et justement, ce soldat Jonas, accusé du meurtre de son lieutenant au motif qu'il lui aurait proposé de porter le pantalon d'un mort pour remplacer ses braies trop larges qui lui ont valu le surnom de Tranchecaille, en ferait un bien beau, d'exemple. Pour le capitaine Duparc, chargé de défendre Jonas et aidé de son greffier le caporal Bohman, la tâche s'avère ardue. D'autant plus que Jonas, qu'il crie trop son innocence où qu'il ne le fasse pas assez selon les jours et les circonstances, apparaît bien trop comme un coupable idéal.

Après les années 1930 et la Seconde Guerre Mondiale, Patrick Pécherot se penche donc sur la Première Guerre mondiale. Pour cet auteur qui s'intéresse avant tout à tirer toute leur humanité de ses personnages et qui aime à cheminer dans ses romans aux côtés des révoltés, les mutineries de 1917 apparaissaient presque comme un passage obligé.

Pas de suspense à outrance ici. le roman s'ouvre sur la fin de l'exécution de Jonas. Nous reste à essayer de deviner avec Duparc et Bohman si celui-ci était vraiment coupable. Et quand bien même le serait-il, les raisons qui l'ont mené au poteau peuvent-elles être bonnes ? C'est à cette réflexion que nous convie Pécherot dans un roman éclaté en courts chapitres alternant témoignages, interrogatoires, retours en arrière, enquête, correspondances intimes… le tout magistralement mené, s'emboîtant cruellement à la perfection tant il apparaît que ce paysan mal dégrossi de Jonas est le plus mauvais de ses défenseurs, incapable de se sauver, écraser sous le poids d'une machine implacable fermement décidée à en faire un exemple.
Avec Duparc et Bohman, Pécherot pousse finalement le lecteur à chercher autre chose que la vérité ou même la justice. D'un regard humain sur un lieu et des circonstances qui ont cessé de l'être.

Ce récit prenant, souvent saisissant et toujours juste bénéficie par ailleurs de la grande maîtrise de la langue de Pécherot, cette gouaille que l'on avait déjà relevé ici à propos de Boulevard des branques, ce sens du rythme… et la capacité à transmettre la violence du champ de bataille, la trouille, la pluie d'acier, les amputations à la chaîne, en même temps que la situation de l'arrière où se mêlent embusqués et population oscillant entre culpabilité et vague aigreur vis-à-vis des poilus.
Autant dire qu'il s'agit là d'une lecture hautement recommandable. À lire en écoutant la Chanson de Craonne où la moins connue mais tout aussi belle Butte rouge de Montéhus.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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En 1917, le moral de l'armée est au plus bas, un meurtre est commis dans les tranchées, un exemple doit être donné, vous avez 300 pages pour trouver le coupable. Bienvenue dans « Tranchecaille » de Patrick Pécherot, un roman qui m'a sacrément secouée 😰

J'ai eu un véritable coup de coeur pour la plume de Patrick Pécherot dans ce roman ! Une expérience incroyable que je m'en vais tenter de vous expliquer.
Tout le roman suit l'enquête du colonel Duparc, l'avocat de Tranchecaille, soldat accusé d'avoir assassiné son lieutenant. Mais cette enquête est loin d'un polar ordinaire. Tous les chapitres alternent entre discussions entre Duparc et Tranchecaille, dialogues bruts, jamais coupés par de la narration, et les témoignages d'hommes de l'armée racontés à la première personne. On lit ce qui ressemble au compte-rendu écrit d'une cassette, et j'ai trouvé cette écriture incroyable ! Incroyable d'immersion, puisqu'on suit TOUS leurs points de vue, sur 5-6 pages maximum, et terrible, puisque d'autres chapitres suivent un point de vue mystérieux pendant la guerre, compréhensible à la fin de l'énigme...

Vous êtes hypés ??
Laissez moi ajouter qu'il parle de la guerre, des relations dans les tranchées, de celles avec la hiérarchie, des traumatismes, des souvenirs, de la soudaineté de la mort...

C'est un roman cru qui fait mal, mais que j'ai trouvé absolument renversant. Je vous le conseille grandement rien que pour l'expérience de lecture ! Et l'enquête bien sûr, finalement très logique bien que rendue moins facile parce qu'il n'y a aucun accès aux pensées du colonel, on doit tout déduire nous-mêmes.
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Chemin des Dames, 1917. L'armée française n'avance plus, le combat tourne en hécatombe. Les tranchées, la pluie, la fatigue, les morts quotidiens, les blessés mutilés et défigurés. Dans ce contexte, toute anicroche est mal vue par l'état-major. L'assassinat d'un lieutenant par un de ses camarades pendant le combat demande un bouc émissaire. Jonas sera celui-là. Un peu simple, un peu décalé, il s'empêtre dans son uniforme trop grand et ses questions naïves. Un jour qu'il réclame un uniforme à sa taille, le lieutenant lui propose de prendre celui d'un de ses camarades mort. Jonas refuse. L'incident en reste là mais quand le lieutenant est assassiné, il est immédiatement soupçonné. Surtout que le jour où il va à Paris, sa marraine de guerre est elle aussi assassinée. le capitaine Duparc est chargé de sa défense et il n'aura de cesse de rassembler tous les morceaux de puzzle en interrogeant, observant, argumentant.

Patrick Pécherot a construit son livre en juxtaposant dialogues, tranches de vie, extraits d'interrogatoire et courriers. L'ensemble donne une extraordinaire impression de vie et on en ressort très ému par cette plongée dans cette réalité sordide. C'est la vie dans les tranchées de 14-18 telle qu'on a pu la voir dans des films comme "Les sentiers de la gloire" ou "Le pantalon" (le thème du pantalon du mort est le thème central de ce film).

L'auteur réussit vraiment à donner vie aussi bien à Jonas et ses copains qu'à l'époque tout entière avec les réflexions des uns et des autres, militaires et civils, gradés et simples poilus. L'ensemble donne un livre magnifique qui dépasse le cadre du simple "polar". Donc ne vous laissez pas influencer par le classement de ce livre en Série noire et n'hésitez pas à le lire si le thème vous intéresse.
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Entre documentaire sur la Grande guerre et enquête policière, Tranchecaille se dévore avec délectation pour ceux qui aiment le sujet.

Défendre un soldat accusé d'avoir tué son lieutenant, que tout accuse et qui n'y met franchement pas du sien pour se faire disculper, voilà la dure mission du Capitaine Duparc.

Alors, le soldat Jonas est-il sincère où est-il juste un simulateur hors pair ?! Innocent ou coupable du pire des crimes pour un soldat ?! le temps est en tout cas compté pour démêler le vrai du faux.

Outre l'histoire, les scènes dans les tranchées ou dans l'hôpital de fortune sont décrites avec réalisme et l'on imagine ce que les poilus ont enduré pour survivre à cet enfer.
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Je ne sais pas vous, mais il me semble que notre tant aimée littérature noire peut parfois elle aussi se laisser aller à succomber aux mêmes chimères et aux mêmes artifices qui ont, depuis plus longtemps déjà, gangréné le cinéma et la télévision. La tendance au toujours plus : plus d'effets spéciaux, plus de scènes époustouflantes, plus d'action, plus de ceci et de cela et le tout en 3D, Imax avec sièges virbro-machins pour bien vous immerger dans l'action… Vous faire vivre le truc… Ou comment donner du relief à des scenarii épais comme les fameux sandwiches sncf de la chanson… En l'occurrence, dans le roman noir, cela se traduit par une surenchère dans l'horreur, les crimes se doivent d'être de plus en plus atroces, détaillés, oserais-je écrire : disséqués, jusqu'à la nausée, parfois même au mépris de toutes vraisemblance. Et les meurtriers se doivent d'être de plus en plus pervers, et en série bien sûr, parce que, méchant romanesque, si tu n'as pas tué plus de 10 personnes à la fin du 4ème chapitre… tu as raté ta vie de papier… Et l'histoire dans tout ça ? Aux abonnés absents, bien souvent.

Mais pas de ça ici. Bien au contraire. En lui même, le crime qui sert de point de départ à l'histoire de Patrick Pécherot est techniquement presque banal : arme blanche, un seul coup mais bien placé, dans le dos. le contexte l'est beaucoup moins. Parce que pour le coup, l'horreur est ailleurs. L'horreur est partout. A faire passer le crime en lui même, les crimes même puisqu'il est aussi question d'un autre meurtre entrainant le principal, pour de petites anecdotes sans importances. La pire boucherie de l'histoire de l'humanité, la pire saloperie jamais commise par l'homme qui n'en est pourtant pas avare. le massacre pur, simple, imbécile et criminel de la jeunesse européenne : la première guerre mondiale.
« Tranchecaille » est un polar à n'en point douter : il y a des crimes, des suspects, un meurtrier et une enquête finalement résolue… ou pas d'ailleurs si on oublie notre condition de lecteur omniscient. « Tranchecaille » est un roman noir aussi dans la composition magistrale des personnages avec leurs failles et leurs faiblesses que les horreurs de la guerre exacerbent. Mais « Tranchecaille » est aussi un excellent pamphlet anti-militariste.

En ces temps où l'on ne devrait commémorer que le souvenir du calvaire de ces millions d'hommes partis pourrir dans les tranchés par la volonté de quelques uns et l'incompétence criminelle de Généraux engoncés dans leurs certitudes, nombreux sont encore ceux qui osent nous parler de victoire, de patrie, de bons et de méchants. Ce livre est donc sans doute salutaire, à l'instar du « Putain de Guerre » de Tardy et Verney. En quelques 300 pages, et tout en déroulant avec habilité son intrigue policière, Patrick Pécherot nous livre aussi une vision complète et sans concession de ce qu'ont pu vivre tous ces soldats pendant ces 4 ans de folie meurtrière. Les conditions de vie inhumaine, la peur quotidienne, la mort omniprésente, l'entêtement des officiers, la propagande, la totale déconnexion entre les deux mondes, le militaire et le civil (extraordinairement résumé dans le personnage de Paul…) Et alors que l'on peut parfois clore un des Thrillers dont je parlais plus haut en se disant : « Il exagère », en parlant de l'auteur, là, je suis persuadé que Patrick Pécherot n'exagère en rien, au contraire, malgré tout son talent, il est sans doute encore en dessous de la réalité de ce qu'ils ont pu endurer. Mais qui pourrait comprendre vraiment, qui pourrait nous raconter vraiment, et surtout, est-il possible de comprendre ce que fût cette guerre quand même les contemporains qui ne la vivaient pas directement ne pouvaient pas, ne voulaient pas, l'appréhender dans toute sa vérité crue…

Ce livre est donc aussi l'histoire d'une double voir d'une triple injustice. Celle de voir un homme mourir pour un crime qu'il n'a pas commis d'abord. Celle de le voir condamné non pas pour ce crime d'ailleurs mais pour servir une cause qui n'en est déjà plus une en 1917. Jonas, le protagoniste n'étant au final que le représentant de ces milliers de malheureux qui furent fusillés pour l'exemple, atroce barbarie, crime de guerre à jamais impunis et dont les auteurs voient encore leurs noms sur des plaques de Rues, d'Avenues, de Boulevards. Là est la troisième injustice quand ceux qui le condamnent sont cent fois plus coupables que lui de crimes bien plus atroces.

La construction du roman, une suite de courts chapitres, peut paraitre décousue mais est en fait remarquablement agencée, nous menant habilement de détails en détails à l'image d'ensemble. le style est habile, précis, ciselé, changeant de mode en fonction du chapitre, du personnage qu'il met en scène ou de l'action qui s'y déroule. Il nous plonge encore plus dans l'histoire.

Un grand livre. A lire pour ajouter au plaisir de l'intrigue policière, l'intelligence d'une réflexion sans concession sur cette page noire de notre histoire.
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Récit diablement entraînant.

Bien conté, de manière originale.
Belle trouvaille, que cette histoire développée au travers des témoignages de ces soldats, dans la tonalité narrative l'époque, celle de la grande guerre.

Un dénouement qui m'a plu aussi, et çà fait toute la différence.
(plus d'avis sur PP)
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Quel livre !!! Dès les premières pages j'ai été happée par l'histoire. L'absurdité de la guerre et de l'armée y est démontrée simplement et j'ai ressenti tant de colère et de tristesse.
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De la Grande Guerre, déjà (L'affaire Jules Bathias), à celle de 39-45 (Boulevard des branques) en passant par le Paris de l'entre-deux-guerres(Belleville-Barcelone, Les brouillards de la butte), Patrick Pécherot aime emprunter les chemins de l'Histoire et de la Mémoire. Amoureux du Paris populaire et du roman itou (Léo Malet...), il délaisse cette fois le bitume de Panam' pour les tranchées du Chemin des Dames. Nous sommes en 17, le général Nivelle lance l' "offensive du printemps". A défaut du Sacre. L'Etat-Major prévoit une percée foudroyante des lignes allemandes. Ce sera surtout l'Homme foudroyé. Par dizaines de milliers, en quelques semaines, pour quelques dizaines de mètres gagnés. Les trouffions en ont ras les godillots, les mutineries se multiplient, l'armée doit étouffer les rébellions : on va donc fusiller pour l'exemple.

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