Polar sympathique qui s'inscrit dans le genre de manière très classique sans pour autant se soustraire aux clichés,
Boccanera possède ce quelque chose de singulier et d'extravagant qu'on aime mais qu'on ne peut pas toujours expliquer.
Michèle Pedinielli révèle alors son art du rythme, du décor et du portrait, sans aucune condescendance sociale mais avec une brute acuité du monde et une économie des mots.
Nous insisterons sur l'aspect solaire et divertissant du livre, qui pour une raison que j'ignore encore, peut s'avérer être une tare littéraire : laissons cela de côté et abandonnons-nous à la visite touristique d'une Nice qui, bien sûr, camoufle de façon à peine tacite la radiographie d'une ville et de son système, l'exploration du milieu gay et de l'hostilité qui en résulte.
Boccanera est donc un polar, oui. Mais c'est surtout un roman qui, sans implicite, offre un sens des dialogues éclairant et intransigeant. À juste titre, son apparente simplicité se dérobe dans une langue choisie, précise et révélatrice. À l'insolite (et tout à fait sensationnel) bagout de Diou, l'enquêtrice qui nous embarque parfois malgré nous, nous prenons conscience des révoltes des uns et les privilèges des autres, la franche solidarité des communautés contre l'avarice d'un petit nombre.
L'autrice ne se soustrait pas au dispositif du roman policier et l'utilise ainsi comme une composante politique, un outil pour accueillir les marginaux et leurs questionnements hautement actuels. Avec Diou et Pedinielli, tout est dans la mesure du rythme qui, par sa vigilance accrue, permet de nouvelles unions, romantiques et amicales, entre les personnages qui se libèrent d'identités trop définies. Il faut dire qu'on s'est entichés d'elleux, même à l'excès. Alors on s'y prend, ça fonctionne et on en redemande (ça tombe bien, il y a une suite !).
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