Ils vont et viennent devant lui. Il faudrait tendre la main, passer définitivement de l’autre côté, se sentir coupable et honteux de chercher à survivre. Il ne parvient pas encore à s’y résoudre
Pourquoi faut-il porter sa vie avec soi comme un spectacle éphémère et invisible aux autres ?
Ils ne sont ni plus purs ni plus beaux que les autres. Mais ils me semblent parés, d’une forme de noblesse. Celle de celui qui combat pour sa survie, qui y engage toutes ses forces. Ils peuvent tomber, à tout moment. Ils le savent. Il y a de la beauté dans cette lutte pour tenir debout.
Mais je compris malgré tout quelque chose. Il y avait de l’orgueil dans cette peur. La crainte d’être traitée avec cette tendresse malsaine réservée à ceux qui, comme prévu, ont échoué, parce qu’il nous rassurent.
Elle aussi, à son tour, aux yeux de tous, devient lentement une image dans l’album du passé. Une mutation irréversible, difficile à admettre, mais c’est bien ainsi que la jeune femme l’avait vue. Enfermée à double tour derrière le masque de sa vieillesse
Je ne sais pas comment tu fais pour avoir envie d'adoucir le monde. J'ai l'impression que c'est comme vouloir détourner le cours d'une rivière en y déposant des grains de sable, un par un.
Il faut que je réduise mon ego. Ne plus me laisser envahir par ce que je ne suis pas.
Je bute tous les jours sur le mur insupportable de les limites, et pourtant je continue.
Com le sur un vélo.
Si je m'arrête, je tombe.
Je bute tous les jours sur le mur insupportable de mes limites, et pourtant je continue.
Comme sur un vélo.
Si je m’arrête, je tombe.
Certaines photos dans ces recueils sont devenues des mystères familiers. Des oncles lointains, des visages aux prénoms oubliés, des gros ventres, des yeux rieurs, des chapeaux, des voitures noires, des jardins. Immobiles. Pour toujours. Des vies transformées en figures abstraites sur le papier. Il lui semble presque impossible d'imaginer ces corps animés de désirs, d'espoirs ou de souffrances. La partie de campagne. L'enfant boudeur sur le tricycle, l'homme à la pipe adossé au cerisier, la nappe blanche et les bouquets fleuris sur la grande table lui paraissent irréels au point de rendre leur disparition sans importance.
Elle aussi, à son tour, aux yeux de tous, devient lentement une image dans l'album du passé. Une mutation irréversible, difficile à admettre, mais c'est bien ainsi que la jeune femme l'avait vue. Enfermée à double tour derrière le masque de sa vieillesse.
ʽʽ Holàlà, c’est pas croyable, qu’est-ce que ça fait plaisir de vous voir ! ʼʼ Je me demande toujours d’où viennent ces phrases malgré soi. Prononcées avec beaucoup de naturel, sans en penser un seul mot