- Peut-être que c'est pas si mal, tous ces doutes.
- Comment ça?
- Ben, tu vois... Ça crée un déséquilibre... Mais qui met en mouvement. C'est peut-être nécessaire, en fait.
Je me demande parfois si j'avais réellement si peu besoin des autres, ou si je me tenais à l'écart faute de pouvoir être moi-même au milieu d'eux.
Pas de questions à se poser...
Faire des petits...
Dormir...
Bouffer des carottes...
Ça doit être bien d'être un lapin...
Les heures sont des siècles, elles ne mènent nulle part. Il faudrait pouvoir disparaître et ne plus jamais sentir ce vide. C'est trop long toute une vie comme cela.
Son corps lui apparaît alors tel qu'il est. Friable, rempli de falaises de sable. Elles s'écroulent en silence au moindre faux pas, laissant alors la place à ce vide familier dont il est fait, autour duquel il s'enroule, faute de mieux.
Il m'est de plus en plus facile de me cacher, c'est devenu un réconfort. Je sais depuis longtemps qu'il est inutile d'essayer de partager ce qu'on ne comprend pas soi-même.
— Fais attention, le thé est brûlant.
— D'accord... Et toi, t'en prends pas ?
— Non, j'arrive pas à m'y mettre. Il faudrait... Le toubib m'a interdit le café.
— Et pour la cigarette, il ne t'a rien dit ??
— Si. Mais j'écoutais plus trop à ce moment-là.
- T'as peur de quoi ?
- Je sais pas, c'est arrivé d'un coup. Je réalise pour la première fois qu'un jour tout va s'arrêter. Je pense à toutes ces vies qui auraient été possibles. Et j'ai l'impression de ne pas en avoir vécu une seule...
«Je pense à toutes ses vies qui auraient été possibles et j’ai l’impression de ne pas en avoir vécu une seule. Au moins une.»
Je voudrais qu'on me pardonne mes erreurs, mais personne ne peut le faire. Il faut se contenter de son propre pardon.