Cet avis porte sur les neuf premiers tomes de la série.
On ne s'ennuie pas un instant à la lecture de l'Épervier, car outre le fait que l'époque traversée par les protagonistes de l'histoire soit passionnante (càd le milieu du XVIIIe siècle alors que France et Angleterre se disputent la suprématie sur terre et mer) ;
Patrice Pellerin, qui a la double casquette de scénariste-dessinateur, maitrise admirablement bien le rythme du récit.
On sent chez lui une volonté de poser solidement les bases de son univers afin que le lecteur se sente acteur plutôt que spectateur de sa lecture.
Ainsi pour le premier cycle qui voit le héros Yann de Kermeur, son équipage et ses ennemis partir à la recherche d'un trésor abandonné en Guyane; on passe d'abord un certain temps dans sa Bretagne natale à enchainer les rebondissements, les fusillades, évasions et autres joyeusetés. Tout ce temps passé à Brest notamment est tout à fait justifié par le scénario et permet d'installer les personnages avant que ne commence véritablement l'enjeu "principal" du cycle, la chasse au trésor.
Ne vous attendez cependant pas à trouver chez Yann de Kermeur, le héros de cette aventure, beaucoup de défauts (à l'inverse d'un certain Villeneuve)! S'il peut parfois faire preuve de colère, celle-ci reste le plus souvent légitime, compte tenu de tout ce qui lui est déjà tombé et va lui tomber sur les épaules. Courageux, intelligent, séduisant, une cicatrice de mauvais garçon, un certain talent de bagarreur et surtout un magnifique rafiot en la personne de "La Méduse"; vraiment il ne peut que nous plaire, et c'est vrai que le charme opère, on se laisse facilement emporter par la marée pour le rejoindre dans son aventure.
Quant au dessin, s'il est assez "classique" et manque peut être parfois un peu (avis purement subjectif) de couleur notamment pour les personnages lors du premier cycle ; il permet a contrario de magnifier la Bretagne: ses côtes et rias escarpés, la rade de Brest et ses navires...
Il s'agit d'un classique de la bd d'aventure que l'on peut comparer pour sa qualité avec "Les passagers du vent" de
François Bourgeon.