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sur 100 notes
Du sang, de la sueur et des larmes, c'est certainement ce qu'il a fallu à l'auteur pour mener à bien cette oeuvre magistrale, ce magnum opus qui relate sur fond de guerre de Trente Ans les amours contrariées d'Apolline, jeune abbesse de la bonne ville de Remiremont (Vosges) et de Dolat (enfant de la douleur, s'il en fut) né d'une mère considérée comme à moitié sorcière, par les autres rustres, jaloux de sa beauté et de son intelligence à exercer une médecine basique.
D'accouchement sordide en bûcher en passant par l'amour de sa marraine, Apolline, Dolat deviendra « maître des mouchettes » c'est-à-dire qu'il sera le fournisseur attitré du miel de l'abbaye par son talent naturel à dénicher des essaims d'abeilles et à les domestiquer. Il y aura cette période paisible, érotique et idyllique avant que ne débarquent les soudards et mercenaires qui jette la Lorraine dans les tourments de la guerre de trente ans avec ses pillages, ses viols, ses meurtres, ses raffinements de cruauté où le coeur du lecteur doit se trouver bien accroché à lire certaines scènes de violence.
L'histoire se déploie sur plus de 1100 pages et les personnages séparés vieillissent : Apolline se retrouve vendue à un paysan non sans avoir enfanté deux filles et Dolat mène de son côté une guerre vengeresse sous le nom de « Galafe-Dieu », dans une folie paranoïaque, cruelle et superstitieuse. Bref, tout ce qu'on dit du moyen-âge côté villages s'y retrouve, la dureté, la noirceur, la faim et les croyances.
Parallèlement, un autre personnage passe dans le roman et « croise » en quelque sorte Dolat, Apolline et leur entourage : Lazare Grosdemange, journaliste amnésique revenant d'un reportage sur la guerre en Bosnie. Les parallèles sont clairs, une guerre qu'elle soit en l'an mil ou près de l'an 2000 –nous sommes juste après la tempête de 1999 dans cette partie du roman – n'est pas plus propre ni plus noble. Lazare, ressuscité de ce conflit, et en convalescence chez son frère, enquête sur les mines du Thillot que voudraient s'approprier les élus locaux aux noms parfois à peine voilés. Cette plongée – au sens premier du terme - dans l'histoire de son sol natal sera pour lui une révélation. La grande Histoire rejoint donc l'histoire individuelle et Lazare aussi aura, comme un roi Arthur à la quête du Graal, sa dame du lac ou plutôt de l'étang, Staella.
C'est aussi un peu l'auteur qui a fouillé les archives de la bibliothèque de Remiremont, riche en histoire locale avec son passé abbatial. L'auteur a aussi travaillé sa langue en ce sens où la narration de l'an mil se fait presque en langue de cette époque, avec patois local –dont il donne un lexique à la fin de l'ouvrage – mots inventés et sonores, métaphores et images foisonnantes, descriptions détaillées et fouillées de chaque scène qu'elle soit cruelle, naturelle ou érotique. Il y donc travail de restitution, de reconstitution, de recréation. Les phrases sont longues, toutes d'un souffle lyrique ou plutôt épique, on sent l'urgence de la vie à fleur de récit ; et de fait ça se lit assez vite mais j'avoue avoir un peu abandonné pour reprendre plus tard et du coup j'ai mis plus d'un an à lire ce roman. Pourquoi ?
Parce que d'abord, l'auteur y parle de ma ville natale. Il y habite assez près, dans cette vallée du Thillot qu'il connait de fond en comble, avec ses mines et ses forêts. Ensuite parce qu'avec ce titre emprunté à Aragon et mis en musique par Léo Ferré et Bernard Lavilliers, on se sentait bien entouré, ça ne pouvait pas décevoir. On ne peut pas dire qu'il y ait vraiment des longueurs dans ce livre mais le souffle qu'il transporte en devient presque épuisant, ces myriades de mots finissent par tout emporter, on y revient et on s'y fait prendre une fois encore jusqu'à la fin.
Un OVNI de la littérature d'une originalité absolue.
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Un sacré bouquin dont le souvenir puissant me poursuit des années après sa lecture. Cet aller retour entre un présent sous un prétexte d'enquête et un passé violent, douloureux, sombre, je l'ai retrouvé dans un autre roman de Pierre Pelot, Maria, roman beaucoup plus court, où le passé est toujours le sujet de la guerre, dans cette région frontière qui en a vu tant et de si violentes. Mais c'est un pléonasme, c'est la définition de la guerre, et Pelot la décrit comme un peintre, sans doute parce qu'il a commencé sa carrière par la bd. Fresque de froid, de feu et de sang, stupéfiante. Un grand grand livre.
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Un de mes préférés parmi les nombreux romans de Pierre Pelot. Comme j'ai aimé ce livre ! Pour moi Pierre Pelot est un des meilleurs écrivains actuel en France. Ce livre est juste un chef d'oeuvre. Je l'ai relu plusieurs fois, j'ai tout aimé malgré l'histoire sombre de la guerre de cent ans, malgré l'époque terrible mais est ce que les choses ont vraiment changées parfois quand on écoute l'actualité et l'horreur des guerres ou autres ?...la nature humaine s'adapte ou pas, il y a ceux qui veulent sauver, aider les autres, ceux qui sauvent leur peau, ceux qui survivent coûte que coûte, ceux qui ne comprennent rien et qui se trouvent là au moment moment ! Une longue quête...c'est si bien raconté !
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Il faut d'abord apprivoiser l'écriture: l'emploi du patois lorrain du XVIIème siècle n'est pas si habituel. Puis accepter les descriptions récurrentes d'immolations, décapitations, viols et autres délicatesses comptées dans le détail. Apparaît alors un grand roman: érudit, historique, horrifique, alternant le récit du destin d'un jeune paysan lorrain quatre cents ans en arrière et celui de la quête identitaire d'un journaliste contemporain. La seconde intrigue est dispensable: on lit en diagonale, saute des lignes, pour retrouver plus vite les forêts vosgiennes grouillantes, les horreurs de la guerre de trente ans et l'épopée de Dolat, orphelin d'une supposée sorcière sacrifiée sur le bûcher, filleul d'une jeune noble fougueuse et perverse, réceptacle de toutes les peurs d'une époque où l'on coupe des trognes à la hache, où les hommes sont émasculés ou tronçonnés en deux et les femmes basculées dans des chaudrons bouillants à moins d'avoir déjà crevé de la peste. L'écriture virtuose de Pierre Pelot révèle l'humain débarrassé du vernis social et culturel, on le dirait issu d'une peinture de Jérôme Bosch, loin, très loin de l'image grand siècle: dans toute sa trivialité, au plus proche de la nature, un organisme vivant qui digère, défèque, s'accouple, tue, guidé par l'instinct de survie. C'est ainsi que les hommes vivent: comme des bêtes en somme.
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Un livre que j'ai adoré ,dense ,riche,le talent de Pierre Pelot n'est plus à démontrer aussi bien dans les ouvrages courts:Maria que les imposants comme :C'est ainsi que les hommes vivent!!!! ......
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Quand on regarde la biographie de Pierre Pélot, on retrouve la même constante à chaque titre. L'auteur donne dans le populaire. La recherche d'une certaine forme de facilité n'exclut cependant pas la qualité de l'écriture. Ce n'est pas pour autant que " C'est ainsi que les hommes vivent " fait de Pélot un écrivain de l'histoire.
Toutes les critiques précisent qu'il ne faut pas laisser ce livre entre toutes les mains. C'est un truisme, tant la recherche de l'horreur dépasse l'imaginable. On y baigne et s'y repait. Trop c'est trop ! Un écrivain sait à quel point il a un devoir de réserve, l'ellipse est souvent plus payante que les détails sordides et se vautrer dans l'abominable n'est pas faire oeuvre de témoignage. C'est de la complaisance. À ne mettre en aucune main !
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Des deux époques contées ici, c'est indéniablement la partie historique du début du 17ème siècle qui occupe la plus grande part de cette fresque monumentale.
Tout commence par un procès en sorcellerie qui va aboutir à la réunion de deux jeunes êtres dans les murs des religieuses de Remiremont. Et c'est la vie de ces 2 personnages que tout aurait dû séparer que nous allons suivre au milieu des horreurs de cette époque qui verra son sommet dans les affres de la guerre de trente ans.

Un livre énorme dans tout les sens du terme, et qui deviens d'emblée un ouvrage incontournable de ma bibliothèque aux cotés des Piliers de la terre et autres Shogun.
Lien : http://www.amazon.fr/review/..
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Cet ouvrage était dans ma liste, des livres à lire depuis quelques temps. Pour qui, pourquoi, son heure était arrivé !
Un peu effrayé au début par le nombre de pages, cette lecture parfois un peu laborieuse, m'a pris deux semaines.
Je suis content d'être arrivé à la fin et sans regrets. Un roman historique, plein de rebondissements.
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Ca y est, je l'ai lu, ou plutôt je l'ai achevé. J'ai usé deux dictionnaires pendant la lecture de cette histoire, et malgré cela je n'ai trouvé que la moitié des mots recherchés.
Clauda est une femme enceinte accusée de sorcellerie, après avoir été arrêtée, elle a donné naissance à son fils dans sa cellule, après quoi elle a confessée sous la torture les charges de sorcellerie qui pesaient contre elle, et, par conséquent s'est fait brulée au bucher.
Une version cruellement abrégée bien sûr, mais ce que je viens de raconter a pris à l'auteur plus de cent pages d'écriture, ce n'est pas un homme à utiliser un mot ou deux mille mots suffiraient.
Et ses errances dans le temps, je ne savais pas où ou bien quand je me retrouvais au commencement de chaque paragraphe, je devais relire plusieurs passages des chapitres précédents afin de me situer.
Mais voilà c'est fait, peut être que quand j'aurai retrouvé le courage, je relirai quelques chapitres, il n'y a pas assez d'espace sur l'étagère pour laisser trainer ce livre pendant longtemps, en attendant, je vais devoir l'utiliser comme cale-porte.
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Un livre dense, touffu, pas facile à lire...
Mon avis complet : http://livres-de-moi.blogspot.com/
Lien : http://livres-de-moi.blogspo..
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