Jean-Marie PELT, professeur émérite de biologie végétale et de pharmacologie à l'Université de Mets remet l'église au milieu du village, les pendules à l'heure. En 3 livres qui constituent l'ouvrage, il nous démontre que la théorie de Darwin est incomplète en soulignant que sélection naturelle et solidarité naturelle vont de pair au service de la vie. Les deux effets régulent la biodiversité des écosystèmes. Il apparaît que le principe biblique de la manne dans le désert, le juste équilibre entre surabondance et disette, ni trop, ni trop peu en quelque sorte, est essentiel. Ceci pourrait se comprendre comme un principe de justice naturelle pour les végétaux et les animaux. Quant aux sociétés humaines il s'agit de la régulation économique que préconisa Joseph, l'un des fils de Jacob, devenu Premier ministre et administrateur des vivres de Pharaon (l'un des prédécesseurs du Pharaon de Moïse), lorsqu'il interpréta le rêve des sept vaches grasses et des sept vaches maigres. Pour illustrer, l'auteur mentionne que la loi de la jungle, la sélection, est faible devant la solidarité qui domine dans les sous-bois aux ressources rares. Elle prédomine dans la dense végétation qui borde les torrents où la lumière et l'eau sont en abondance.
Bien qu'une extrapolation soit toujours à envisager avec prudence, constatons que nous devons faire face, en ce début de 21ème siècle à une crise de l'abondance qui coïncide avec l'existence d'oligopoles d'une puissance inégalée, le GAFAM à l'Ouest, les BATX à l'Est. Est-ce fortuit ?
Ajoutons, à cet exemple l'enthousiasme du président
Franklin Delano Roosevelt, en 1944, en fin de Seconde Guerre Mondiale, pour la Déclaration de Philadelphie. En effet, cette déclaration soulignait les aspirations à "une paix universelle et durable fondée sur la justice sociale". La paix étant une condition sine qua num de l'abondance régulée.
De quoi faire réfléchir les économistes qui construiraient de nouveaux modèles durables fondés sur des lois naturelles.
Notons que la nature articule les compléments tels que la sélection et la solidarité. Elle trouve l'énergie pour éliminer les extrêmes délétères, les outrances et bâtir ainsi une géodésique de la vie. Comment les sociétés humaines, dénaturées , pourraient -elles amorcer une réconciliation ? Il s'agirait vraisemblablement d'harmoniser le local et le global, le marchand et le non-marchand, le véhiculaire et le vernaculaire, l'universel et le particulier, l'édifiant et le frugal, l'individu et l'humanité, le capital et le travail. Cette harmonie reflèterait la contribution, la participation des compléments au tout, la coopération au combat pour l'essentiel, pour la vie. En bref, il s'agirait d'orchestrer une mutualité de sociétaires toujours à l'oeuvre.
Quant aux modèles économique, les avancées numériques du moment nous donneraient accès à certaines rondeurs non-linéaires qui nous émanciperaient des platitudes, des linéarités, des ornières qui , même en première approximation, demeurent insoutenables. À commencer par une réflexion au sujet d'un indicateur pertinent de la mesure de la régulation des richesses et des misères, d'une réactualisation du concept de participation qui permettraient de piloter les effets des incertitudes qui nous écarte de la géodésique du soutenable. Rappelons que le PIB, le produit intérieur brut fut inventé en 1934, à la demande du congrès américain, par
Simon Kuznets , pour crée une comptabilité nationale aux États-Unis, La performance de cet indicateur résulte d'un équilibre subtil entre sa pertinence et son acceptation. Une prouesse qu'il serait temps de renouveler.