- Je veux mon papa.
Le petit est entré dans notre chambre, s'est campé devant notre lit, et a déclaré :
- Je veux mon papa.
C'était un matin de juin. Juin dernier. Six heures et demie, sept heures moins le quart, par là. Moins de sept heures, en tout cas. Belleville se réveillait à peine, les poubelles n'étaient pas passées. Monsieur Malaussène, le dernier-né de la tribu, en écrasait dans son hamac au-dessus du lit matrimonial, et Julius le chien ne battait pas la porte de sa queue pour me rappeler à l'existence de sa vessie. il n'était pas sept heures.
- Je veux mon papa.
Roman court mais efficace.
Encore une histoire incroyable de Daniel Pennac avec une fin improbable, mais où trouve-t-il toutes ses idées ??
C'est la marque des âmes fortes : chagrins et bonheurs n'y sont que parenthèses sur la route du devoir.
p.41 :
"Thérèse et Jérémy cultivent depuis toujours cet art du quiproquo qui fait le sel de leurs relations. D'accord sur tout, ils ne s'entendent sur rien. Leur façon de supporter le bail perpétuel de la fraternité."
_ Il y avait longtemps que je ne m'étais pas fait braquer, fit Hadouch, avec le sourire du sportif enfin sorti de convalescence. Tu as vu ? Je lui ai piqué son feu.
Hadouch posa l'arme entre nous.
_ Bon matériel. 11,43. Je vais l'offrir à Simon, c'est son anniversaire après-demain. Depuis le temps qu'il doit changer le sien. Justement, on n'avait pas d'idée de cadeau, Mo et moi.
Il le gifla, lui tira les oreilles et lui tordit les mamelons. Il lui fit des oreilles de lièvre, sa torsion des seins tordit nos bouches, et ses gifles étaient des baffes authentiques. Hadouch lui-même en fut impressionné. Simon le Kabyle eut un commentaire des plus sobres :
_ Je savais pas que j'étais toubib.
Le corps médical appréciait hautement le sien.
C'était un après-midi pluvieux. Nous ramenions maman de l'hôpital, vide d'enfant et pleine de larmes, sous un ciel qui vidangeait. L'ambiance était à la vengeance divine, je m'en souviens très bien. Il pleuvait continûment depuis trois jours. Le Seine menaçait de tout nettoyer. Les mieux pistonnés songeaient déjà à s'offrir une arche.
Bon Dieu, cette réponse... l'éternelle et même réponse de tous les salauds du monde, avec ou sans uniforme:
- J'obéissais aux ordres.
Là, j'ai perdu patience.
-Arrête de me faire chier avec tes mots en italique et tes précautions à l'anglaise, Loussa! "je crains que...", "tu veux dire...", "je suppose...", "en quelque sorte...", nous ne sommes pas deux anciens de Cambridge occupés à parler cul en ménageant les formes, putain de merde!