Vous voulez que je vous dise, M'sieur ?
Ici pas besoin de barbelés ni de gardiens.
C'est la nature qui fait la loi.
- Alors Monsieur Londres, que dîtes-vous de cela ? N'est-ce pas une terre paradisiaque ?
- Et bien, je n'ai pas pour habitude de me fier aux apparences, ni aux premières impressions, mais cette forêt au loin semble bien accueillante après 20 jours de mer...
- Ha ha ! Vous avez raison de ne pas vous y fier. Ce pays suinte la crasse et la pourritude par chacun de ses pores. Vous en avez eu un petit aperçu dans les cales de ce navire.
- Je n'ai vu pour l'instant que de pauvres bougres entassés comme du bétail dans des cages.
- Ne soyez pas naïf... N'importe lequel d'entre eux vous égorgerait sur le champ, et sans une once de remords, pour voler votre chapeau.
- Voilà un verdict aussi tranchant qu'une lame de guillotine...
- Vous ne croyez donc pas à la justice de votre pays ?
-Ma foi, contrairement à elle, j'accorde aux hommes le bénéfice du doute.
Je demeure convaincu qu'un journaliste n'est pas un enfant de cœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses.
Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.
Albert Londres
Tu es libre de choisir mais prisonnier de tes choix.
27 Février, Paris, Rue Nollet.
- Tu m'en veux ?
- Non.
- Est-ce que... tu l'aimes?
- Oui.
- Je l'aime comme je t'aime, toi. D'un amour libre et joyeux. Je sais que tu ne me comprends pas, mais c'est ainsi, Eugène.C'est la société qui a décidé que nous ne devions aimer qu'une seule personne à la fois. Mais c'est impossible. C'est une notion bourgeoise de l'amour. Moi, je suis vivante et je refuse de choisir.
- Je ne sais pas, Louise... J'ai juste... peur de te perdre.
- Mais on ne s'appartient pas, Eugène. Je ne veux pas te posséder, tu comprends ? Pas plus que je ne te laisserai disposer de moi...
- Je veux te choisir à chaque instant, parce que je ne peux aimer que sans compromis ni renoncement... (p. 28)
On peut dire sans risque de se tromper que La Guyane est juste une putain de forêt vierge où l'homme n'a pas sa place. (p. 5)