Anne Perry reprend le thème des querelles religieuses qu'elle avait déjà exploré dans
Ashworth Hall. Elle y ajoute cependant des thématiques telles que l'irruption de la science dans le débat au travers de la thèse de l'évolutionnisme de Darwin.
Ce tome est nettement plus réussi que le précédent cité plus haut. Les personnages sont clairement identifiés et décrits, y compris dans leur profondeur psychologique, ce qui ne laisse pas l'impression de confusion que j'avais ressentie à la lecture de
Ashworth Hall.
Les thèses sur le féminisme naissant sont toujours très présentes dans l'oeuvre d'
Anne Perry et cet opus n'échappe pas à la règle. Globalement le contexte historique est bien exploité et l'intrigue correctement menée, même si on devine largement avant la fin de l'enquête le nom du coupable. L'idée intéressante du bouquin reste que malgré les croyances fondées plus ou moins sur la raison, malgré les théories scientifiques, l'homme (et la femme...) restent dominés par leurs sentiments qui parfois peuvent les pousser aux extrêmes. Ce livre explore également les possibilités de rédemption de l'homme, les déchirures entre passion et raison.
Le personnage de Dominic Corde, que l'on avait découvert dans le premier tome de la série est central dans celui-ci. C'est finalement autant ce dernier que Pitt qui mène l'enquête et qui nous fait découvrir les différents personnages du drame. Au travers de cette réutilisation de personnages déjà rencontrés,
Anne Perry donne un peu au lecteur l'impression d'évoluer entre vieilles connaissances, de se référer à un membre de la famille. Cet effet littéraire permet de créer une connivence qui n'est pas sans contribuer au charme de ses romans.
L'oeuvre d'
Anne Perry n'aura probablement pas la force de devenir une série policière mythique comme ont pu l'être les Sherlock Holmes , les Hercule Poirot ou autres
Agatha Christie. J'en veux pour preuve le fait qu'au bout de trois mois, vous avez en grande partie oublié les détails de l'intrigue et parfois même jusqu'au nom du meurtrier. Cependant, au fil des tomes, il vous restera l'impression d'un peu mieux connaître le couple d'enquêteurs qui lui pourra vous rester en mémoire et la délicieuses sensation d'avoir passé un bon moment dans l'Angleterre Victorienne d'
Anne Perry. C'est somme toute une littérature de pur loisir qui a quand même le mérite de faire fonctionner nos petites cellules grises comme dirait le sieur Poirot