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Citations sur Le gardeur de troupeaux (66)

XIII

Léger, léger, très léger,
un vent très léger passe
et s'en va, toujours aussi léger.
Et je ne sais pas ce que je pense
ni ne cherche à le savoir.

p.26
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XXXIV

Je trouve si naturel de ne pas penser
que je ris parfois tout seul,
je ne sais pas bien pourquoi, mais c'est pour quelque chose
qui est en rapport avec le fait qu'il y a des gens qui pensent…

Que peut penser mon mur de mon ombre ?
Je me pose parfois cette question mais je cesse
dès que je me rends compte que je me pose des questions…
Alors je me sens mal à l'aise et cela me dérange
comme si je prenais conscience de vivre
avec des fourmis dans les pieds…

Que peut penser ceci de cela ?
Rien ne pense rien.
La Terre aurait-elle conscience de ses plantes et de ses pierres ?
Si elle en a conscience, très bien…
Que voulez-vous que cela me fasse ?
Si je pensais à ces choses
je ne pourrais plus voir les arbres et les plantes
et je cesserais de voir la Terre
pour ne plus voir que mes pensées…
Je serais triste et je resterais dans le noir.
Et c'est comme ça, sans y penser,
que je possède la terre et le ciel.

p.41-42
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X *

« Salut, gardeur de troupeaux,
là-bas au bord de la route,
que te dit le vent qui passe ? »
« Qu'il est le vent et qu'il passe,
qu'il est déjà passé
et qu'il repassera.
Et toi, que dit-il ? »

« Bien d'autres choses encore
il me parle de bien autre chose.
De mémoires et de nostalgies
et de choses qui ne furent jamais. »

« Tu n'as jamais écouté le vent.
Le vent ne parle que du vent.
Ce que tu prétends là est mensonge
et le mensonge est en toi. »

p.25
* traduction de Rémy Hourcade et Jean-Louis Giovannoni
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XXI

Si je pouvais croquer la terre entière
et lui trouver une saveur,
je serais un instant plus heureux...
Mais je ne cherche pas toujours à être heureux.
Il faut être de temps en temps malheureux
pour pouvoir être naturel...

Il n'y a pas que des jours de soleil,
et la pluie, quand elle manque trop, on la réclame ;
C'est pourquoi je prend malheur et bonheur,
naturellement, comme celui que n'étonnent pas
les montagnes et les plaines
les rochers et l'herbe. ..

Ce qu'il faut, c'est être naturel et calme
dans le bonheur ou le malheur,
sentir comme on regarde,
penser comme on marche,
et, au bord de mourir, se souvenir que le jour meurt,
que le couchant est beau,
et que belle est la nuit qui demeure...
Il en est ainsi et qu'il en soit ainsi...

p.31-32
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XLVIII

De la plus haute fenêtre de ma maison,
avec un mouchoir blanc je dis adieu
à mes vers qui s'en vont vers l'humanité.

Je ne suis ni gai ni triste.
Tel est le destin des poèmes.

Je les ai écrits pour qu'ils soient montré à tous
et je ne peux pas faire autrement
pas plus que la fleur ne peut cacher sa couleur
ou l'arbre qu'il produit des fruits.

Les voilà qui s'éloignent comme s'éloigne une diligence
et moi, sans le vouloir, j'éprouve du chagrin
comme une douleur dans tout le corps.

Qui donc les lira ?
En quelles mains tomberont-ils ?

Fleur, mon destin est d'avoir été cueilli pour les yeux.
Arbre, on a arraché mes fruits pour les bouches.
Rivière, le destin de mon eau était de me quitter.
Je me soumets et je me sens presque heureux,
un peu comme celui qui ne veut plus être triste.

Partez, quittez-moi !
L'arbre meurt, disséminé dans la Nature.
La fleur fane mais sa poussière dure toujours.
Le fleuve coule, entre dans la mer
mais son eau est toujours celle qui fut la sienne.

Je passe et je suis-là, comme l'Univers.

p.51-52
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XXIX

Je ne suis pas toujours le même quand je parle
et quand j'écris.
Je change mais je ne change pas beaucoup.
La couleur des fleurs n'est pas la même au soleil
et lorsqu'un nuage passe
ou que vient la nuit
et que les fleurs ont la couleur de l'ombre.
Mais qui regarde bien voit que ce sont les mêmes fleurs.
Aussi quand je parais n'être pas en accord avec moi-même,
faites bien attention :
si j'étais tourné vers la droite,
me voici tourné vers la gauche
mais c'est toujours moi, planté sur mes deux pieds ―
toujours moi-même, grâce au ciel et à la terre,
à mes oreilles et à mes yeux grands ouverts
et à la claire simplicité de mon âme…

p.37-38
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XX

Par le Tage on va vers le Monde,
au-delà du Tage il y a l'Amérique
et la fortune pour ceux qui la trouvent,
personne n'a jamais pensé à ce qu'il y a au-delà
de la rivière de mon village.

La rivière de mon village ne fait penser à rien.
Qui est près d'elle est simplement près d'elle.

p.31
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XXV

Les bulles de savon que cet enfant
s’amuse à lâcher au bout d’une paille
sont dans leur transparence toute une philosophie.
Claires, inutiles, et provisoires comme la Nature.
amies des yeux comme des choses,
elles sont ce qu’elles sont
avec une précision rondelette et aérienne,
et personne, pas même l’enfant quand il cesse de jouer,
ne prétend qu’elles sont autre chose
que ce qu'elles paraissent.

Certaines se voient mal dans la luminosité de l'air.
Elles sont comme la brise qui se lève, touche à peine les fleurs
et nous savons qu’elle passe
quand quelque chose s'allège en nous
et que nous acceptons tout plus clairement.

p.34
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Je me sens né à tout instant
à l'éternelle nouveauté du Monde...

II, p.11
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Tout ce que je vois est net comme un tournesol.
J’ai l’habitude d’aller le long des routes
Tout en regardant à droite et à gauche,
Et de temps en temps derrière moi…
Or ce que je vois à chaque instant
Est cela même qu’auparavant jamais je n’avais vu,
Et je sais fort bien m’en rendre compte…
Je sais maintenir en moi l’étonnement
Que connaîtrait un nourrisson si, à sa naissance,
Il remarquait qu’il est bel et bien né…
Je me sens nouveau-né à chaque instant
Dans la sereine nouveauté du monde…

Je crois au monde comme à une marguerite,
parce que je le vois. Mais je ne pense pas à lui
Parce que penser, c’est ne pas comprendre…
Le monde ne s’est pas fait pour que nous pensions à lui
(Penser, c’est être dérangé des yeux)
Mais pour que nous le regardions et en tombions d’accord…
Moi je n’ai pas de philosophie : j’ai des sens…
Si je parle de la Nature ce n’est pas que je sache ce qu’elle est,
Mais c’est que je l’aime, et je l’aime pour cela même,
Parce que lorsqu’on aime, on ne sait jamais ce qu’on aime
Pas plus que pourquoi on aime, ou ce que c’est qu’aimer…

Aimer est la première innocence,
Et toute innocence est ne pas penser…
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