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Citations sur Le gardeur de troupeaux (66)

Qu'il serait bon d'être la poussière de la route
Et que les pieds des pauvres viennent me fouler...

Qu'il serait bon d'être les fleuves qui s'écoulent
Et que les lavandières viennent sur mes berges...

Qu'il serait bon d'être les peupliers sur la rive du fleuve
Et d'avoir le ciel seul en contre-haut en l'eau en contrebas...

Qu'il serait bon d'être l'âne du meunier
Et qu'il me batte et me câline...

Plutôt cela que d'être celui qui traverse la vie
En regardant derrière lui et sujet au chagrin...
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Je crois au monde comme à une marguerite,
Parce que je le vois. Mais je ne pense pas à lui
Parce que penser, c'est ne pas comprendre...
Le monde n'est pas fait pour que nous pensions à lui
(Penser c'est être dérangé des yeux)
Mais pour que nous le regardions et en tombions d'accord...
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Une fois j’aimais, et je crus qu’on m’aimerait, 
mais je ne fus pas aimé.
Je ne fus pas aimé pour l’unique et grande 
raison
que cela ne devait pas être.

Je me consolai en retournant au soleil 
et à la pluie
et en m’asseyant de nouveau à la porte 
de ma maison.
Les champs, tout bien compté, ne sont pas 
aussi verts pour ceux qui sont aimés
que pour ceux qui ne le sont pas.
Sentir, c’est être inattentif.
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XLVI

D'une façon ou de l’autre, 
selon que ça tombe bien ou mal, 
ayant parfois le pouvoir de dire ce que je pense, 
et d’autres fois le disant mal et d’impure façon, 
j’écris mes vers involontairement, 
comme si l’acte d’écrire n’était pas une chose 
faite de gestes, 
comme si le fait d’écrire était une chose 
qui m’advînt
comme de prendre un bain de soleil.

Je cherche à dire ce que j’éprouve 
sans penser à ce que j’éprouve.
Je cherche à appuyer les mots contre l’idée 
et à n’avoir pas besoin du couloir 
de la pensée pour conduire à la parole.

Je ne parviens pas toujours à éprouver ce que 
je sais que je dois éprouver.
Ce n’est que très lentement que ma pensée
traverse le fleuve à la nage 
parce que lui pèse le vêtement que les hommes 
lui ont imposé.

Je cherche à dépouiller ce que j’ai appris, 
je cherche à oublier le mode de pensée qu’on 
m’inculqua,
à gratter l’encre avec laquelle on a barbouillé 
mes sens,
à décaisser mes émotions véritables, 
à me dépaqueter et à être moi — non 
Alberto Caeiro,
mais un animal humain produit par la Nature.

Et aussi me voilà en train d’écrire, désireux 
de sentir la Nature, même pas comme 
un homme,
mais comme qui sent la Nature, sans plus. 
Ainsi j’écris, tantôt bien et tantôt mal,
tantôt touchant sans coup férir ce que je veux 
exprimer et tantôt me blousant, 
ici tombant, et là me relevant, 
mais poursuivant toujours mon chemin comme 
un aveugle obstiné.
N’importe... Et malgré tout je suis quelqu’un. 
Je suis le Découvreur de la Nature.
Je suis l’Argonaute des sensations vraies.
A l’Univers j’apporte un nouvel Univers 
parce que j’apporte à l’Univers l’Univers 
lui-même.

Cela je le sens et je l’écris,
sachant parfaitement et sans même y voir,
qu’il est cinq heures du matin
et que le soleil, qui n’a pas encore montré la tête
par-dessus le mur de l’horizon,
même ainsi on distingue le bout de ses doigts
agrippant le haut du mur
de l’horizon plein de montagnes basses.
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XXXIX

les choses n’ont pas de signification : elles ont une existence.
Les choses sont l’unique sens occulte des choses.
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IX

Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées 
Et mes pensées sont toutes des sensations. 
Je pense avec les yeux et avec les oreilles 
Et avec les mains et avec les pieds 
Et avec le nez et avec la bouche.
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VI

Penser a Dieu c’est désobéir à Dieu 
Car Dieu a voulu que nous ne le connaissions pas,
Aussi à nous ne s’est-il pas montré...
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II

[...] que celui qui aime ne sait jamais ce qu’il aime, 
ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c’est  qu’aimer...

Aimer, c’est l’innocence éternelle, 
et l’unique innocence est de ne pas penser.
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Ce n'est pas tous les jours qu'il fait soleil,
Et la pluie, quand elle manque beaucoup, on la demande.
C'est pourquoi je prends le malheur avec le bonheur
Naturellement, comme qui ne s'étonne point
Qu'il y ait montagnes et plaines,
Ainsi qu'herbes et rochers...
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XVIX

Je rentre et je ferme la fenêtre.
On apporte la lampe et on me souhaite bonne nuit,
Et d'une voix joyeuse je réponds bonne nuit.
Si seulement ma vie pouvait être toujours comme ça :
Le jour plein de soleil ou lavé par la pluie,
Ou tumultueux comme si le monde finissait ici,
Un soir calme et des groupes qui passent
Que j’observe avec intérêt de ma fenêtre,
L'ultime regard ami posé sur la paix des arbres,
Et enfin la fenêtre refermée, la lampe allumée,
Sans rien lire, sans penser à rien, sans dormir,
Sentir la vie couler en moi comme un fleuve dans son lit.
Là-bas, dehors, un grand silence comme un dieu qui dort.

mars 1914
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