Cette critique se rapporte aux quatre volumes de la série de bande dessinée « Légendes de la Garde », que j'ai lus dans l'ordre de leur publication.
« Des héros insignifiants, une intrigue insignifiante, et pourtant il arrive à en faire une histoire », c'est ce que j'ai dit en lisant cette bande dessinée, et M'sieur Raton, qui l'a beaucoup aimée, a trouvé ça très péjoratif, alors que ça n'était pas l'intention. J'ai probablement moins apprécié cette lecture que M'sieur Raton, ce qui m'a fait prendre conscience que je ne suis pas sensible aux livres qui sont avant tout centrés sur la création d'un univers. C'est peut-être pour cela que je n'ai jamais réussi à lire [[[
Le Seigneur des Anneaux]]] (même si je ne désespère pas), alors que M'sieur Raton adore ce livre.
Bon, après ces considérations personnelles, il serait bon que je commence enfin à parler du livre. Il est donc question de tout petits héros, d'une histoire plutôt ténue, et pourtant, avec seulement cela,
David Petersen arrivé à créer une grande fresque aux accents d'épopée.Car la série des Légendes de la Garde est une bande dessinée basée sur la création d'un univers, un peu comme
Tolkien a créé ses Terres du Milieu, et non sur une histoire ou sur des personnages. D'ailleurs, l'impression de déjà vu (ou lu pour être plus exact) n'est jamais loin tant cette histoire reprend sans les modifier les codes des épopées héroïques.
Mais l'intérêt et la grande réussite de cette série n'est pas là mais dans les dessins et l'univers graphiques. Comme pour beaucoup de lecteurs, c'est la couverture, entraperçue dans les bacs de la bibliothèque de mon village qui m'a amenée à emprunter et lire ce livre (presque toute ma famille Raton a fait de même, c'est pour cela que j'aime bien laisser traîner quelques temps les bd empruntées sur la table du salon). Trois petites souris avec des épées minuscules (enfin, proportionnées à leur taille) et un regard fier et farouche écartant de belles feuilles d'érable aux couleurs automnales. Un mélange de douceur (dans les couleurs, dans le décor) et de caractère (dans le regard et le geste déterminé des souris), cette couverture est un résumé parfait du livre, qui est un alliage parfaitement équilibré entre ces deux contraires. le meilleur exemple de cela est une vignette dans le premier tome , où les méchants partent assiéger les gentils. Ils sont harnachés en conséquence, leur chef fait une déclaration à la Poutine (« Il faut aux Territoires un chef unique, qui garantisse sécurité et prospérité, qui n ‘hésite pas à chasser nos prédateurs. Un chef qui soit davantage qu'un simple garde. », chapitre 5, “L'Aube de Minuit”, p. 107-108), et on voit les souris (les méchantes, donc) traverser une rigole d'eau sur des pommes de pin, dans un paysage baigné de lumières crépusculaires et sous une pluie battante, c'est mignon comme tout...
Pas besoin d'en dire beaucoup plus. Les dessins sont d'une grande douceur, avec des couleurs un brin passées et une profusion de détails qui fait de cet univers médiévalo-celtique un endroit très agréable où se promener. C'est mignon, c'est reposant, et si je peux me permettre ce néologisme, c'est évadant. Cette bande dessinée vaut avant tout pour ses superbes dessins, tant de la nature que des villes où habitent les souris, c'est un très bel univers pour qui aime se plonger dans ces mondes qui, bien que n'étant pas idéaux, font rêver.