«
Ned Pic, détective » est un roman initialement publié en 1933 aux éditions Baudinière et signé de la plume de
Jean Petithuguenin.
Jean Petithuguenin est un auteur de la littérature populaire de la première moitié du XXème siècle (il est mort en 1939).
De son vrai nom
J.A. de Saint Valry, il a énormément écrit pour des collections sentimentales, jeunesse, science fiction, policière et patriotique (dont la fameuse collection « Patrie » aux éditions Rouff).
Il faut savoir que «
Ned Pic, détective » est, en fait, une réédition de deux titres de la collection « le Roman Policier » des éditions Ferenczi : « La tragédie du Gourmel » et « le crime d'un revenant » en 1919.
Ces deux titres mettaient en scène un personnage récurrent de l'auteur : Fred Cabosse, que l'on retrouve également dans les titres « Crime et sorcellerie », dans la même collection et « le visiteur invisible », dans la collection « Police et Mystère », des mêmes éditions Ferenczi (un éditeur culte dans le milieu de la littérature populaire en général et la littérature populaire policière fasciculaire, en particulier).
Mais alors, me direz-vous, si «
Ned Pic, détective » est une réédition des aventures de Fred Cabosse, comment justifier ce titre ? Tout simplement parce que l'auteur, le petit malin, probablement pour des problèmes de droits, en proposant son oeuvre à un autre éditeur (pour passer de chez Ferenczi à Baudinière), s'est contenté de changer les noms de tous les personnages ainsi que ceux des lieux.
Ainsi, Fred Cabosse devient Ned Pic ; Perrette France, Eva Pompadour ; Pierre Arnaud devient Jean Mortal ; le cap du Gourmel, le cap du
Broquet ; le Gouffre Maudit, le Trou du Diable ; Jusserac, Daverot... etc. etc.
Dans les productions dantesques des uns et des autres, personne n'y voyait goutte ou n'y trouvait à redire (de toute façon, en matière d'éditions, Ferenczi n'était pas un doux agnelet).
Ned Pic est en vacances, au bord de l'océan, vers Marignes, proche du cap du
Broquet et du Trou du Diable.
Un soir, il assiste à une représentation de « L'abbé Constantin » et, ensuite, il décide de flâner dans la campagne pour profiter de la douceur de la nuit.
Il aperçoit une signal lumineux étrange, mais, étant en vacances, il décide de ne pas s'en préoccuper même si son esprit est déjà en train d'analyser le phénomène. Une demi-heure après, il aperçoit une sorte d'éclair puis une détonation, provenant peu ou proue de la même direction. Il décide donc de se rendre sur place, un château habité par un couple et un jeune homme.
Sur la route, il bute dans un corps sans vie.
Arrivé au château, le portail n'est pas fermé à clef, la porte est ouverte (la serrure a été démontée de l'intérieur) et dans les chambres il n'y a personne. Ni chez l'homme ni chez la femme ni chez le neveu.
Ned Pic décide alors d'aller prévenir un douanier qui habite un peu plus loin et tombe sur le neveu qui prétend être sorti en pleine nuit pour se promener dans la nature...
Dans un style classique,
Jean Petithuguenin nous délivre une enquête non moins classique menée par un policier somme toute classique. Bref, tout est classique dans cette petite histoire jusque dans les bases de l'intrigue que le lecteur découvre au fur et à mesure, grâce à l'enquête menée par Ned Pic.
Jean Petithuguenin avait cette facilité ou cette propension à faire du « classique », sans déborder de la ligne, sans non plus prendre de risques, ce qui assurait des textes qui, à défaut de révolutionner un genre, ou de surprendre le lecteur, leur offrait un bon moment de lecture, ce qui n'était pas donné à tous ses confrères de l'époque.
Aujourd'hui, on dirait que
Jean Petithuguenin était un bon « faiseur », mais n'est-ce pas ainsi que l'on pourrait qualifier des auteurs de romans policiers à succès actuel comme
Guillaume Musso ou
Marc Lévy ? (bon, je ne sais pas, je n'ai toujours lu aucun roman de ces deux auteurs).
Toujours est-il que le lecteur suit sans déplaisir les actions et les réflexions du policier et parvient même, souvent, à avoir une petit longueur d'avance sur l'enquêteur jusqu'à ce que celui-ci explique l'entièreté de l'intrigue au juge d'instruction qui, comme souvent, s'était un peu empressé à considérer un innocent comme coupable.
Au final, un bon petit roman policier de facture classique écrit de la part d'un des piliers de la littérature populaire de son époque.