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C'est après une formation à l'analyse filmique où le formateur faisait souvent référence à Roland Barthes que j'ai voulu combler l'une de mes trop nombreuses lacunes. Pour une découverte, j'ai fait le choix d'Essais critiques , recueil de textes rédigés par l'auteur entre 1954 et 1963. le texte court me paraissait une bonne entrée pour me faire une idée de la pensée de Roland Barthes. Seulement mon attente ne fut pas totalement comblée, car ces essais portent sur la littérature (entre autres Robbe-Grillet, Baudelaire, Brecht, La Bruyère, Voltaire, Michelet, Queneau, Kafka, Bataille) et non pas sur l'image. J'aurais peut-être dû faire le choix d'une lecture ponctuelle de ces écrits pour éviter les effets de répétition quant aux thèmes et aux sujets questionnés, mais finalement les lire d'une traite m'a permis, d'une part, de m'imprégner de la méthode de pensée de Barthes et, d'autre part, de comprendre au fur et à mesure certains termes assez conceptuels utilisés par l'auteur. Parce qu'il est vrai qu'après une remarquable préface consacrée à l'écriture, l'intérêt pour le discours de Barthes s'est un peu émoussé du fait qu'il s'agissait avant tout de critiques portant sur des oeuvres littéraires, des peintures ou des pièces de théâtre que je ne connaissais pas forcément. Les romans de Robbe-Grillet y tiennent notamment une large place, et ma méconnaissance de son oeuvre portait préjudice à ma réceptivité. Enfin, le vocabulaire employé par Barthes laissait place aux équivoques et ses nombreux développements s'apparentaient pour moi à du verbiage d'universitaire, du baratin un peu pompeux. Par exemple, dans le texte intitulé "Tacite et le baroque funèbre", il est dit : « Dans tacite, d'année en année, la mort prend ; et plus les moments de cette solidification sont divisés, plus le total en est indivis : la Mort générique est massive, elle n'est pas conceptuelle ; l'idée, ici, n'est pas le produit d'une réduction, mais d'une répétition. » Bon d'accord… mais, à mon niveau de petit bac +3, je trouve qu'il manque beaucoup d'information : à quel terme s'applique la solidification ? Que signifie-t-elle ? Quelle différence entre Mort et mort ? Qu'est-ce que l'idée ? Des passages comme celui-ci, il y en a beaucoup d'autres, des propos de linguiste qui font du tord à la littérature. D'ailleurs, Barthes, dans ces passages trop confus, sort, à mon avis, de la littérature. Mais je serais trop sévère si j'accordais trop d'importance à ces quelques passages, c'est à moi de patienter pour peut-être un jour être à la hauteur de sa pensée, car dans l'ensemble la réflexion de Roland Barthes est époustouflante d'inventivité, d'érudition, de clairvoyance et de lucidité. Il y a des analyses, notamment celles du fait-divers et de l'imagination du signe qui sont remarquables, et qui raviront tous ceux qui s'intéressent de près aux questions essentielles de la littérature. + Lire la suite |
Le Japon charme autant les fans de mangas et de pop culture que les amateurs de jardins zen et de haïkus. Pour décrypter ce pays subtil, l'auteur Richard Collasse, chef d'entreprise résidant au Japon depuis près de cinquante ans, revient sur son "Dictionnaire amoureux du Japon" (Plon, 2021).
Passionné par le pays et le peuple japonais depuis son premier voyage en 1971, Richard Collasse leur a consacré sa vie. Diplômé de l'Ecole des langues orientales, il a gravit les échelons pour devenir président de Chanel Japon. Il y vit depuis bientôt cinquante ans, aux côtés de son épouse japonaise et de ses enfants. le premier conseil qu'il a reçu en arrivant au Japon c'est, comme il le rappelle : "regarde toi dans le miroir le matin, tu verras que tu as les yeux bleus et les cheveux blonds et que tu ne deviendras jamais japonais. En arrivant au Japon, il y a la tentation de la tatamisation, c'est-à-dire de devenir plus japonais qu'un japonais. L'assimilation n'est pas possible selon moi, mais la compréhension, oui."
Qui alors de mieux placé que lui pour livrer un Dictionnaire amoureux du Japon (Plon, 2021) ? Au fil de l'alphabet, il nous offre une déambulation dans le Japon d'hier et d'aujourd'hui, de la fondation de l'Etat japonais jusqu'à Haruki Murakami, en passant par Roland Barthes ou encore le cinéaste Ozu Yasujiro. On découvre les paysages de ce pays : les épiceries konbini de quartier, les cerisiers sakura qui fleurissent lors du hanami et les tsunamis qui peuvent secouer cette terre. Comme l'explique Richard Collasse : "Le Japon vit sur ce qu'on appelle le dos du poisson-chat qui se réveille souvent avec des tremblements de terre, des éruptions volcaniques, des tsunamis comme en 2011 et plus souvent des glissements de terrain. Ils ont dû apprendre à composer avec cette nature."